Le pot de Nutella en promo à 1€41, un aperçu de la fin du monde

[Cleos]

J'ai entendu l'info ce matin à la radio allemande. Oui oui, la radio allemande. Entre deux infos sur la coalition gouvernementale au Bundestag. Non mais?!
L'info a aussi été relayée sur le réseau social de mon boulot, d'après un article anglais... à la limite que ça finisse un peu partout sur les réseaux sociaux, bon, on a vu pire, mais dans la presse, étrangère en plus, mais vraiment? On a besoin de se moquer des gens à ce point?
J'avoue j'ai même pas regardé la vidéo, je pense que ça me mettrait très mal à l'aise après tout ce que j'ai pu lire. Je suis surtout outrée de l'ampleur que ça a pu prendre...

 

[lamarie84]

Je ne sais pas si qui me choque le plus, cette émeute ou beaucoup de commentaires écrits ici? ... :S

 

[Leinea]

Personnellement, ce qui me fait dire que ces sont des gens avec peu de revenus, c'est qu'ils connaissent suffisamment le prix du Nutella pour se dire que c'était une très bonne affaire.
J'achète parfois du nutella, c'est assez exceptionnel, mais je suis bien incapable de donner le prix du pot . En tant que personne en couple qui n'a pas a se plaindre de sa situation, oui je regarde les prix quand je fais mes courses, je compare les prix au kilo, mais je suis bien incapable de vous donner le prix au kilo de la courgette ou du nutella.
Donc si on me dit "promo sur le Nutella à 1€40" ba, déjà j'y vais pas, parce que je peux en acheter quand je veux et je ne cours pas après les promo et ensuite parce que je ne réalise pas forcément l'ampleur de la promo vu que je ne connais pas le prix de départ

 

[PoussiM]

Un peu de hors sujet mais...
En réponse à certains commentaires, le bio n'est pas forcément plus cher que les produits issus de l'agriculture conventionnelle. Par exemple les pâtes en vrac chez Biocop (magasin cher) sont moins chères que les pâtes de supermarché, et c'est le cas pour de nombreux produits. Après bien sûr, les fromages, le lait ou la viande bio c'est hors de prix. Tout dépend de ce que l'on achète. Pareil pour les fruits et légumes, sur les marchés, dans les halles, les producteurs locaux et/ou bios vendent à des prix abordables pour de nombreuses personnes (mais malheureusement pas tout le monde, j'en suis consciente).

Et pour l'huile de palme, sa production est un désastre écologique. Alors quitte à manger de la pâte à tartiner non bio, autant éviter l'huile de palme (marque Noisette chez Casino je crois) et éviter de se faire avoir sur le prix (parce que Nutella c'est cher...)

 

[BBDG]

@Castette @Flowercream- et à d'autres sûrement (et je vous dé-cite si vous voulez parce que je vous réponds pas vraiment directement, je rebondis sur vos remarques, donc faut pas prendre comme une attaque personnelle ce que je dis ici, vraiment)

Je suis d'acc' avec vous que le capitalisme c'est LE MAL. Ça a l'air sommaire dit comme ça froidement sur un forum mais sérieux, c'est un des trucs qui me fout le plus les glandes, le système de A à Z, le comportement des multinationales, l'impact sur les gens et l'environnement, etc. etc. etc.

Maintenant qui entretient les multinationales ? Qui leur permet de continuer à exister ? Et de continuer à grandir, grossir, passer de plus en plus au-dessus des lois ? C'est nous. Et quand on se jette sur du Nutella en promo, on envoie le message que au final c'est pas grave, les exactions du groupe Ferrero, parce que quand même dès qu'on peut acheter du Nutella on va en manger. Parce que "c'est du réconfort", parce que "oui mais les MDD sont moins bonnes" etc. etc.

Bon et là c'est l'exemple du Nutella mais ça marche comme ça avec plein de produits alors que, comme disait paraît-il Coluche (je connais pas toute son œuvre) :

"Ces saloperies-là, il suffirait que les gens arrêtent d'en acheter pour que ça se vende plus"

 

[Leinea]

@PoussiM Je viens de regarder et dans ma ville, il n'y a aucun Biocoop dans les "quartiers" ou "banlieues" entourant la ville. Et c'est pareil pour tous ces types de magasin, ils sont tous dans le centre. Et c'est pas là qu'habitent les personnes les moins fortunées. Et elles n'ont pas forcément de voiture pour aller faire leur course.

Et encore une fois, les personnes moins fortunées ne sont pas forcément éduquées à cet aspect de l'alimentation, au bio, au végétarisme. Elles ne connaissent pas forcément les classes d'aliments, etc... C'est bien souvent les catégories les plus pauvres qui sont le moins bien nourrie.
Ces personnes ne sont pas non plus forcément éduquées à l'impact écologique de l'agriculture. Leur premier réflexe c'est de savoir comment boucler la fin du mois où comment nourrir la famille avec 30€ pour la semaine. Enfin tout ça @Flowercream- l'a déjà très bien dit

Et désolé mais les autres marques de pâte à tartiné ne ressemblent en rien au Nutella. C'est comme de recommander le chocolat premier prix par rapport à du Lindt ou du Côte d'Or, ça n'a rien à voir .

@BarbieDroguée Bien sur que dans un monde idéal, ça serait cool d'arrêter de manger du Nutella et de soutenir des groupes industriels pourris. Mais il y a la théorie et la pratique. Les notions de priorité. Pour toi, c'est important l'impact écologique du groupe Ferrero sur la planète, pour d'autre la priorité sera de savoir comment payer la facture du chauffage à la fin du mois.

 

[Let_Them_Eat_Cake]

J'ai une question très conne mais, vous croyez vraiment que vos trucs bio sont réellement plus sains que les autres? Que dans les champs de tomates les pesticides du champ d'à côté vont s'arrêter à la frontière et dire "ohh putain c'est du bio ici les gars on va pas y aller hein"?
J'ai vraiment du mal avec cette folie du bio quand on sait que l'air est ultra pollué. Pour moi le bio ça ne veut rien dire, c'est juste une mode pour que les gens claquent encore plus de tunes.

 

[Leinea]

Je vais citer Melenchon pour le coup car je suis d'accord avec lui :
"Quand l'émeute montre la misère, l'idiot regarde le Nutella"

 

[Gressinni]

@Let_Them_Eat_Cake alors le bio peut être nul nutritionnellement aussi, mais au moins ça enlève le sucre blanc (le summum de la calorie vide, y'a même pas de minéraux dedans histoire de dire), les huiles ultra raffinées (les procédés de raffinage bien dégueu sont interdits en bio)... C'est pas magique, il faut encore lire les étiquettes mais ça enlève quelques problèmes.

Pour ce qui est de la contamination depuis le champs d'à côté : c'est bien pour ça que c'est pas si simple d'avoir la certification bio dans certains endroits, puisqu'il y a une zone tampon non traitée obligatoire entre champs conventionnels et parcelles en bio. Déjà ça ça limite la quantité de produits phytosanitaires qui se promène vers les cultures en bio, même si ça ne suffit pas.
Mais l'avantage du bio, c'est qu'on n'a pas rajouté autant de produits phyto dans la terre qu'en conventionnel industriel, le bilan global est meilleur. Et perso je mange bio pour l'environnement avant tout, pas pour ma santé.

Pour ce qui est de la mode, j'ai grandi élevée par une mère ingénieur agronome donc formée dans ce domaine, qui milite pour le bio depuis des décennies. Donc ma thune je la claque dans une cause dans laquelle j'ai grandie, et si on trouve que je suis une victime de la mode ben tant pis. Je continuerai à manger bio tant que je peux, en boycottant le bio industriel et les dérives du greenwashing qui pourrissent bien la philosophie initiale du mouvement. Et puis aussi, je continuerai de rappeler que l'agroécologie bien menée reste un des meilleurs moyens d'assurer du travail dans des conditions correctes, de la nourriture saine et un environnement moins dégueu.

 

[Leinea]

A aucun moment la violence n'a été justifiée par quelque personne que ce soit. C'est juste que personnellement, même si je trouve ça fou toute cette violence, je peux comprendre qu'on se jette sur des pots de Nutella comme ça.

Et pour ceux et celles qui disent que c'est facile de manger bio et qu'il suffit de se renseigner, voilà un article paru il y a quelques mois :
"Premier constat : si se nourrir est un besoin fondamental, ce n’est pas la première préoccupation des personnes pauvres. « Elles veulent avant tout payer leurs factures, leurs dettes et leurs loyers », assure le mouvement ATD Quart-Monde.
L’alimentation vient après et, bien souvent, le budget se limite à 1 euro par jour et par personne. Alors, au supermarché, « on calcule tout, on n’a pas le choix », explique Catherine**.

La priorité, c’est de nourrir les enfants. « On a un devoir envers eux, on est dans cette situation [de pauvreté], ils la subissent mais ils n’ont pas tout à subir. C’est notre faute s’ils sont comme ça… », souffle une maman. Une autre confie n’avoir jamais assez de nourriture pour se servir. Souvent, elle espère que l’un de ses enfants ne finira pas son assiette… Ce qui arrive rarement. Alors, « on boit un verre d’eau, un verre de café et puis… Les enfants, ils n’ont pas demandé à être là… Nous non plus, mais bon… »

« On n’a pas envie de se mettre à table ensemble »
Si le repas est un moment de convivialité et de partage dans de nombreuses familles françaises, il est pour les plus démunies une source quotidienne de stress et de peur. Quand on demande à Marie-France ce que signifie pour elle le mal-manger, elle répond : « C’est quand on n’a pas de plaisir à se mettre ensemble… C’est trop dur dans les regards. Quand on a des problèmes, on s’engueule, on se fuit, on se regarde par en dessous et on n’a pas envie de se mettre à table ensemble pour constater qu’on n’a pas les moyens de manger. »

Les témoignages le prouvent : les personnes pauvres savent que le mal-manger nuit à la santé. Et même, elles le voient, comme en témoigne Marie*** : « Mes dents tombent toutes seules comme les feuilles des arbres en automne, et ça me handicape tellement pour parler aux gens, ou même sourire, ou manger… ».

Pour autant, elles sont excédées d’être pointées du doigt : « On est matraqués sur notre poids ! On nous dit qu’on a qu’à acheter des fruits et des légumes et de la viande rouge. Mais avec ce qu’on a pour vivre, ils rigolent, non ? ». Une autre raconte comme elle a « peur de manger », parce qu’elle sait que les plats à 1 euro rendent « les gens malades », mais qu’elle n’a pas le choix.

Et puis, la nourriture est parfois source de réconfort : « Quand ça va plus – tous ces problèmes, mon homme au chômage, ma vie qui part en vrille –, je me relève pour manger de la mayo. Ça me calme, ça calme mon angoisse. Je me rendors après, je prends des kilos… Si la vie était juste “normale”, je suis sûre que je maigrirais », confie Oriane."

Je rajoute que bien souvent la nourriture est la seule source de réconfort. Les personnes avec peu de moyen n'ont pas forcément la possibilité d'avoir de passe-temps, de hobby, de manière de se détendre. Du coup, ça passe par la nourriture, et autant vous dire que l'aspect santé est déjà pas leur priorité (et qu'ils n'en ont pas les moyen) mais alors l'aspect écologique encore moins

 

[PoussiM]

@Leinea C'est vrai que les magasins bios ne sont pas implantés dans les ''banlieues'', je ne connais pas la taille de ta ville, mais souvent il est possible de se déplacer en transports en commun pour aller de temps en temps au Biocoop si on le souhaite, acheter 3kg de pâtes lorsqu'on se rend dans le centre ville. Et bien sûr je suis d'accord avec toi, pour l'éducation à la ''bouffe saine/bio/etc" et je comprends que les personnes/familles les plus pauvres ne soucient pas prioritairement de l'impact de l'agriculture sur l'environnement. Tout cela c'est un problème d'éducation dans notre société, et le respect de l'environnement ne coûte souvent pas plus cher.

Je ne conseille pas de manger n'importe qu'elle pâte à tartiner premier prix pour ''remplacer'' le Nutella, mais certaines sont un peu plus écolos, au même prix et ont pratiquement le goût.

Je trouve dommage que ''être écolo'' soit associé à une certaine catégorie de personne plus aisée, les bobos des centres-villes par exemple. Pour ma part je suis écolo, je bosse dans ce domaine mais je ne me considère pas comme une personne aisée, je bosse 6 mois l'année, après je fais de l'intérim, je touche le chômage donc mon pouvoir d'achat n'est pas très élevé. L'écologie est pour moi une cause qui me tient à coeur et une partie de mon budget y passe. Je conçois que ça ne soit pas une cause partagée par d'autres personnes, notamment les plus pauvres. Mais on aurait tout à y gagner à ce que tout le monde prenne soin de le l'environnement et de la terre, mais ça c'est un autre débat.

 

[Spill]

@BarbieDroguée Je trouve ton commentaire un peu condescendant.
Ca a été expliqué déja bien en détail au dessus, mais déja le fait de manger bio/respecteux de la planète et de l'environnement suppose déja d'avoir quelques moyens, d'être informé, et d'avoir aussi l'énergie et l'espace mental pour s'occuper de ces choses là, ce qui n'est clairement pas le cas de tous le monde, d'autant plus quand on fait des journées de travail épuisantes pour pouvoir joindre les 2 bouts, ou quand on est au RSA et qu'on est déja fatigué de compter le moindre centime.
Un changement politique ne repose pas seulement sur un changement de comportements de consommation, c'est quand même bien plus complexe que ça. Certes c'est important de prendre conscience de l'impact de son mode de consommation sur la planète par exemple, mais il faut arrêter de faire culpabiliser les gens en leur disant que c'est de leur faute si ce système odieux persiste.

Sinon on en parle des géants de l'agroalimentaire qui font absolument tout pour que nous ne soyons pas informés sur le contenu nutritionnel de leurs produits ?

edit : sans parler des évolutions du marketing, des additifs dans la bouffe industrielle qui nous rendent accros etc. Vraiment, blâmer les gens en supposant que ce n'est qu'une question de volonté, pour moi c'est ignorer complètement tous les paramètres qui rentrent en jeux et qui nous poussent à cette folie de la consommation