Le pot de Nutella en promo à 1€41, un aperçu de la fin du monde

[Leinea]

@PoussiM Alors quand je parle de ma ville, je parle de Lyon donc oui c'est possible de prendre les transports en commun mais en fonction de là où on habite, ça peut facilement prendre une heure. Et s'il faut se rendre à chaque fois dans le magasin le moins chère pour chaque groupe d'aliment, on passe sa journée à faire des courses.

Et sans aller jusqu'à dire qu'être écolo c'est associé aux bobo, c'est juste qu'il faut avoir du temps pour s'intéresser à cette problématique. Quand je vivais chez mes parents, qu'on bouffait au resto du coeur ou que mes parents étudiaient tous les catalogues de prix pour savoir où étaient les bonnes affaires, ba ils avaient juste pas le temps de s'intéresser en plus à la problématique de l'écologie. Je ne me suis intéressée à cette problématique que lorsque j'ai commencé à gagner ma vie et à vivre plus confortablement. (EDIT : je ne dis pas que c'est le cas de tout le monde, c'est juste un exemple de disponibilité et de choix de priorité)
Et tu le dis toi même, tu travaille dans ce domaine, donc c'est normal que tu sois sensibilisée même si tu as un budget serré

 

[PoussiM]

@Leinea Je sais ce que c'est, je déteste faire les courses et passer du temps dans les magasins (à part au marché, parce que c'est sympa), mais avec un peu d'organisation on s'y fait. Par exemple les pâtes et riz ne sont pas périssables, on peut en acheter 3kg quand on se rend dans le centre ville pour une autre raison et éviter ainsi d'aller au magasin trop souvent.

Je ne blâme pas les personnes qui ne s'intéressent pas à l'écologie, je comprends et ils ne sont pas fautifs. C'est un problème beaucoup plus général de l'agroalimentaire et de notre société en générale dans laquelle il est possible de consommer à gogo sans se soucier des impacts...

 

[BBDG]

@Spill je suppose que tu parles de mon deuxième message...? Que j'ai pris soin d'écrire en disant "nous" et "on"... Moi aussi des fois je fais des trucs pas écolo, moi aussi des fois je mange des trucs pas bien, je me mets donc dans le même panier que tout le monde ici et je suis venue réagir à cet article et non pas faire de la propagande pour essayer de faire valoir que mon avis c'est le mieux il vaut mieux que tous les autres...

Si tu veux je prends un exemple "de riches" aussi pour mettre en parallèle :
- je pense que c'est pas bien de se ruer sur le Nutella en promo alors que Ferrero nique la planète et la société
- je pense que c'est pas bien non plus de se ruer sur les iPhone X pas en promo alors qu'Apple nique la planète et la société

Les gens qui ont les thunes de se payer l'iPhone X ont a priori moins de soucis que "les pauvres", ils ont a priori des "bons" moyens, ils peuvent s'informer (en Googlant sur leur super iPhone par exemple...) et on peut supposer qu'ils ont statistiquement plus d'énergie et d'espace mental pour s'occuper de ces choses là et pourtant... même comportement.

Bon avec mon exemple d'iPhone je suis sortie du sujet donc pour y revenir : je crois que le problème ici c'était le fait qu'il y ait des échauffourées, pas que les gens (pauvres ou non) aiment le Nutella. J'ai jamais vu personne dégainer son portable pour filmer quelqu'un en train d'acheter un pot de Nutella au prix normal en mode "ouéééééé ça va faire du buzz".
Là si les gens ont filmé, si les gens ont réagi, et si les médias en ont parlé, c'est parce qu'on a vu l'homme se ravaler au rang de la bête ici (quoique.. pas bien sympa pour les bêtes tout ça). Et ce qui me choque dans les conversations ce sont les gens qui postent des commentaires du style "oui mais". Déso mais y'a pas de "oui mais" qui tienne, on est des humains civilisés, comportons-nous comme tels, non ?!

 

[Let_Them_Eat_Cake]

@Leinea C'est vrai que les magasins bios ne sont pas implantés dans les ''banlieues'', je ne connais pas la taille de ta ville, mais souvent il est possible de se déplacer en transports en commun pour aller de temps en temps au Biocoop si on le souhaite, acheter 3kg de pâtes lorsqu'on se rend dans le centre ville. .

Mais as-tu déjà pris les transports en communs, peut-être parfois pour plus d'une demi heure, dans des transports bondés, avec trois kilos de pâtes sous les bras? Je suis désolé mais ta remarque montre à quel point tu es éloigné de la réalité de certaines personnes c'est incroyable.


Edit: enfin merde je prends l'exemple de mon ex qui habitait un trou paumé avec un bus toutes les deux heures et qui t'emmenait juste à la gare de banlieue la plus proche. Donc j'imagine s'il aurait dû, en plus, prendre un train pour aller sur Paris où se trouve le Biocoop le plus proche, mais il aurait perdu sa journée pour des pâtes alors que là non, il prenait son bus pour aller au Auchan le plus proche (25 min de bus quand même) et basta.

 

[PoussiM]

@Let_Them_Eat_Cake Oui j'ai déjà pris les transports en commun, j'habite dans des villes depuis 6 ans. Mes 3kg de pâtes je les mets pas sous le bras mais dans mon sac à dos. Pourtant je ne pense pas être si éloignée de la réalité...

Edit : Mais bien sûr que certaines zones sont moins desservies, je le sais. J'ai aussi grandi à la campagne et il faut faire 40min de route pour faire les courses et 1h pour un magasin bio, mais c'est une question d'organisation, on n'est pas obligé d'aller spécialement au magasin bio mais quand on passe par là, on peut faire un stock de pâtes par exemple. Perso c'est ce que je fais en ce moment et je vais au magasin bio 1 fois par mois grand max

 

[Spill]

@BarbieDroguée Je parle de ton message le plus récent oui, je ne me souviens pas du premier.
J'ai bien compris que ton "nous" comprenait tout le monde, y compris toi, et que tu n'essayais pas de donner des leçons à qui que ce soit.
Je disais aussi justement qu'on est tous impactés par cette société qui nous pousse à la consommation. Ca comprend aussi les fringues/objet électroniques/décos/etc hyper chères mais pourtant de qualité pourrie qu'on se sent obligés d'acheter parce qu'on nous vend pas seulement une fringue/une technologie/une déco/etc mais aussi tout l'idéal de vie qui va avec et qui est mis en avant par le marketing.
Il y a beaucoup de ressorts marketing qui s'appuient aussi sur de la psycholgie et même sur les neurosciences. Il y a par exemple le fait de "créer artificiellement de la rareté", par exemple ici dans le cas du Nutella, le fait de dire qu'il y a des stocks limités et que c'est premier arrivé, premier servi. On joue ici volontairement sur nos plus bas instincts, alors il ne faut pas s'étonner quand les gens agissent comme des animaux.

J'ai aussi du mal à réaliser qu'on puisse en arriver là pour un pot de Nutella. Néanmoins je pense que si c'est un phénomène aussi massif (qu'on trouve aussi dans d'autres pays comme lors du black friday aux US par ex) c'est que c'est bien symptomatique de quelque chose. Ce n'est pas simplement parce qu'il y aurait 1% de la population qui serait assez malpolie/violente/vulgaire/folle ou je ne sais quoi pour faire ça.
Certes c'est un comportement pourri, mais arrêtons de traiter ces gens comme si ils etaient juste fous et essayons de comprendre les raisons pour lesquelles les gens en viennent à ces extrêmes.

 

[Lady Stardust]

Je trouve dommage que ''être écolo'' soit associé à une certaine catégorie de personne plus aisée, les bobos des centres-villes par exemple.

En fait "bobo" ça ne fait pas "juste" référence à des personnes aux revenus confortables mais à une sorte de classe sociale avec sa propre culture de classe, un certain capital culturel, ses propres habitudes de consommation (plus tournées vers le sain / bio / l'écologie / le "mieux manger", etc).
Le mépris de classe se joue d'ailleurs beaucoup là-dessus, pas tant le fait ou non d'avoir de l'argent mais tout le reste: jugement sur les habitus de classe, les cultures populaires, les modes de consommation, etc, qu'ils soient réels ou fantasmés (donc qui ne sont pas forcément très connus voire compris, même sans le côté "mépris de classe" : cf les gens qui ont l'air de penser que "pauvres" = "achètent uniquement des produits de 1ère nécessité" ).

Du coup le fait qu' "être écolo" soit associé à "être bobo"... bah ça ne me choque pas . Ça ne veut pas dire que tous les écolos sont des bobos et que tous les bobos sont écolos mais je pense qu'il existe des tendances (à gros traits). Et du coup je trouve qu'on peut très bien être bobo (enfin presque) sans avoir beaucoup d'argent en fait, si on a tout le reste (je pense à la transmission familiale). Et que par exemple tous les "étudiants précaires" ne font pas forcément partie des "classes populaires", enfin si on ne prend pas en compte uniquement le capital financier

 

[Leinea]

@Nouanda à aucun moment il me semble qu'il a été dit "mais ils réagissent comme ça parce qu'ils sont pauvres". Leur catégorie sociale ne définit absolument pas leur façon de se comporter. Mais c'est tout de même une réponse aux nombreuses questions que l'on voit "mais pourquoi ils deviennent fou pour du Nutella ?". Tout simplement parce que le Nutella est considéré comme un produit de luxe pour certaines personnes.

De manière personnelle, je condamne le comportement de tous ces gens, mais j'essaye de comprendre comment on en est arrivé là et pas me limiter à "ils ont craqué". Je sais que je ne me serais pas retrouvée dans cette situation mais pourquoi les autres réagissent comme ça ? Je trouve ça important de comprendre les autres et de comprendre les situations qui ont amené à ce comportement. Et parfois on est obligé de s'appuyer sur la sociologie pour comprendre et pour éviter de juger les autres sur notre seule vision des choses.

Mon but n'est absolument pas de catégoriser les gens et je m'en excuse si ça a blessé des personnes. Je me base sur des études qui sont bien obligées de définir des limites. Par exemple, le fait que l'obésité chez les enfants de cadre sup est de 0,6% mais de 6,5% chez les enfants d'ouvriers, ça oblige à mettre dans des cases mais c'est nécessaire pour les besoins des études. Pour autant ça ne veut pas dire que tous les enfants d'ouvriers sont obèses, c'est juste une tendance
Et il faut ensuite de pencher sur la question de "pourquoi cette tendance ?" Et ne pas juste rester sur le jugement

 

[Spill]

@Flowercream- Merci. Un big-up ne suffisait pas.

 

[BBDG]

@Spill là par contre je vais casser toute ma belle argumentation de "je me mets dans le même panier" en te disant "moi je". Eh oui comment se tirer une balle dans le pied ^^

Je suis pas du tout d'acc' avec "on est tous impactés par cette société qui nous pousse à la consommation ... [ces trucs] qu'on se sent obligés d'acheter parce qu'on nous vend ... tout l'idéal de vie qui va avec..."
Parce que là pour le coup je me suis jamais, mais alors jamais sentie obligée d'acheter quoi que ce soit, jamais contrainte par le marketing de merde de mes couilles ni par la pression de "la société"... et je comprends pas du tout du tout comment ça peut marcher sur les autres. Et l'idéal de vie vendu dans les pubs, franchement

MAIS - car il y a un "mais" :

Mes parents ont toujours interdit la TV à la maison, donc j'ai pas été exposée aux pubs avant d'être assez "vieille" pour comprendre qu'on se foutait de ma gueule.
Et en plus mes parents m'ont toujours fait réfléchir à POURQUOI je voulais quelque chose quand je le leur demandais. C'est ainsi que je me suis retrouvée à 13-14 ans à démanteler dans ma tête le concept de "mode" et de pourquoi je voulais absolument un pantalon "à pattes d'eph", est-ce que c'était pour faire comme mes copines ou est-ce que c'était pour une vraie raison ? Si oui laquelle ? Etc... et au final en ne trouvant aucune raison valable de vouloir un patte d'eph', je laissais tomber. Et pareil pour aller au McDal, acheter du Nutella, avoir un téléphone portable "jeune", etc.
Ce qui fait que du coup, maintenant que je suis adulte, j'ai beaucoup d'aisance à me faire toutes ces réflexions en deux secondes, limite sans y penser.

Donc voilà voilà quoi, ma position sur ces questions découle de mon éducation. Et c'est par l'EDUCATION qu'on sauvera le monde (et les gens), mais là attention hein, je parle pas spécifiquement de l’éducation que MOI j'ai reçue hein ?!

 

[Castette]

@BarbieDroguée Mais justement tu fais du classisme là. Il est plus difficile quand on est précaire, qu'on a de longues journées de travail et peu de temps pour soi, la tête prise par l'angoisse des factures, de se documenter sur le système. On va au plus simple, au moins énergivore. Et c'est normal. Pour se la jouer bobo hors-système faut en avoir les moyens (et pas que financiers, je aussi de la dispo psychique) ! C'est pas pour rien que nos grands intellectuels étaient des aristo et des rentiers ! (les Lumières, de grands philosophes, même Marx).

Je dis pas qu'il n'y a pas de prolo qui le font, au contraire - et j'en connais - mais malheureusement leurs conditions matérielles d'existence leur en laisse moins la possibilité.

Et puis de toute façon, du coup faut faire quoi ? Arrêter de bouffer ? Brouter l'herbe des squares ? On vit dans un monde, on s'adapte à ce monde tant qu'on n'a pas les moyens de le renverser. Mais justement rassemblons nos forces au lieu de se diviser à se jeter la pierre et se faire culpabiliser "ouais les pauvres ils réfléchissent même pas, ils suivent le système comme des moutons". Meilleur moyen de faire gagner du temps aux puissants, de s'humilier entre nous, de se décourager et de détourner l'attention au lieu de se concentrer sur ceux qui sont réellement responsables de ce système.

Perso je suis aux jeunesses communistes, où je reçois beaucoup de formations sur pleiiiin de sujets, mais ouais après ma journée de travail (qui n'est pourtant pas un travail physique), c'est difficile de se bouger pour aller à ces conférences. C'est difficile aussi après sa semaine d'aller en séminaire de formation économique le weekend. J'ai bien conscience que si je bossais encore à l'usine ou en maison de retraite comme j'ai pu le faire durant mes études, ben je serai sûrement moins formée car moins dispo physiquement, psychiquement, énergiquement.
Je rêve de semaines de 30 heures, avec un salaire réglo et du temps pour soi. Pour se cultiver, pour s'interroger, pour analyser.


Edit : @Flowercream- et @Emi49 ont si bien répondu avant moi

Ah ben désolée, mais quelqu'un qui frappe des gens pour économiser 3 € sur un POT DE NUTELLA, sisi je vais me permettre de le juger. Un peu de bon sens quand même.

Ben oui un peu de bon sens enfin, les pauvres pourraient quand même avoir la décence de galérer et crever discrètement ! Mais enfin quoi c'est super dérangeant de voir de la misère trempée dans l'huile de palme et la violence qu'en engendre ! Pouah ! Jugeons tranquillement du haut de notre tour de privilège !

 

[Gressinni]

@Nienke alors comme je suppose que je suis un peu concernée par ta question alors déjà le local en soi ça n'assure pas grand chose, l'agriculture intensive conventionnelle elle se fait bien quelque part, et parfois c'est à côté. Genre chez moi en Bretagne la patrie de l'élevage porcin dégueu, je peux trouver du cochon local (genre je peux acheter du pâté Henaff, c'est du local), mais hors de question pour moi d'en acheter, le fait que ce soit le hangar à côté qui le produise ça ne garantit rien (même pas l'abattage en France d'ailleurs, il y a des cas de bêtes élevées en France, transformées en France mais abattues en Allemagne ou en Pologne), et je ne veux pas encourager cet élevage avec mon argent.
Après, à choisir entre pomme bio de Nouvelle-Zélande (petite pensée à cette hérésie vue chez Naturéo) et pomme bio locale, je vais bien évidemment acheter la locale, je ne me pose pas un instant la question. En revanche, la pomme d'un producteur d'à côté dont je ne sais rien, ben je tergiverse. Parce que des petits producteurs utilisent aussi des méthodes dégueu et peuvent utiliser l'étiquette locale comme gage de qualité. Le greenwashing ne touche malheureusement pas que les multinationales.

Forcément j'ai la chance d'habiter dans une région où le pire de l'agriculture conventionnelle prospère, mais aussi où des producteurs bio ont pu s'installer et permettent de se fournir en plein de denrées variées.

Le cas où vraiment je ne comprends pas les choix de consommation c'est genre mes collègues : revenus plus que corrects, temps de travail tout à fait dans la légalité et la raison, pas d'horaires décalés et marché de producteurs bio le soir à 3 km du lieu de travail avec possibilité de se garer et transports en communs, et en plus on est dans le berceau de Biocoop, y'en a plein dans le coin. Et quand on me sort que c'est difficile de trouver des bons produits alors du coup on va à Leclerc ben là j'ai du mal. On peut aller visiter les serres du maraicher, se promener dans le champs du paysan-boulanger et grattouiller les chèvres du fromager si jamais on veut aller vérifier que c'est aussi vert qu'annoncé. Et c'est même pas hors de prix...

Par contre dans des situations moins privilégiées, c'est normal de ne pas s'en préoccuper quand on n'a pas le temps de respirer, ou de faire un choix différent si c'est compliqué. Mais je reste persuadée que c'est aussi à ceux qui ont la possibilité d'encourager l'agriculture locale et bio de le faire ne serait-ce que pour étendre le principe et le rendre plus accessible à terme à tout le monde.

Et si l'agroalimentaire dégueu décline, ça veut aussi dire moins d'emplois précaires, sous-payés et dans des conditions affreuses dans les usines, et plus d'emploi dans des structures qui n'ont pas oublié qu'on a affaire à des humains. Les chantres de l'agriculture conventionnelle industrielle qui annoncent la disparition des paysans à cause des méchants bio, ils oublient qu'on peut au contraire relocaliser et créer de l'emploi (donc des salaires et des gens en moins mauvaise santé au passage), si on veut le faire.