Pour toutes celles qui m'ont répondu en disant qu'il fallait faire la distinction entre maternage proximal et parentage proximal... certes, à part pour l’allaitement, les hommes sont aussi concernés. Mais en pratique... bon ben les chiffres sont parlant. Je pense que c'est
@Mama Sara qui disait que le soucis du coup était le patriarcat qui créait une société où les hommes n'étaient pas enclins à s'impliquer dans le maternage. C'est vrai. Mais tant que le patriarcat ne sera pas tombé (
), le parentage proximal va provoquer de facto un retour des femmes dans la sphère intime.
Attention, comme je disais, ça n'est pas que négatif : malgré le féminisme années 80, les femmes ont toujours été en moyenne ramenées plus que les hommes à la sphère intime. L'avantage du féminisme actuel c'est qu'on parle enfin de ces sujets. L'inconvénient que je vois est la survalorisation actuelle de la maternité et le risque d'essentialisation.
Je ne l'ai pas écrit tel quel dans mon dernier message mais oui, c'est ça l'idée. D'ailleurs je renvoie vers ces articles que j'avais déjà postés dans la Veille Parentalité et Société pour celles qui ne vont pas là-bas:
L’arrivée d’un enfant modifie-t-elle la répartition des tâches domestiques au sein du couple? 2009 - Arnaud Régnier-Loilier
La répartition des tâches familiales est une affaire publique 2009 - Charlotte Rotman
Évolution de la répartition des tâches domestiques après l’arrivée d’un enfant. 2010 - Arnaud Régnier-Loilier et Céline Hiron
Partage des activités parentales : les inégalités perdurent 2011 - Carole Brugeilles et Pascal Sebille
MAIS et c'est là que je ne suis pas d'accord avec Badinter et compagnie, c'est que même si le combat est loin d'être gagné, il y a une bascule qui est en train de s'opérer. Les pères d'aujourd'hui s'impliquent plus que les nôtres. Et je trouve dommage le jugement, voir le mépris, que peuvent avoir certaines anciennes féministes envers les femmes d'aujourd'hui qui choisissent un autre combat, voir qui multiplient les combats. Il ne faudrait pas jeter bébé avec l'eau du bain: le maternage proximal peut-être aliénant pour les femmes, tout comme donner le biberon peut-être aliénant si seule la mère s'y colle et se tape la vaisselle. Le fait que certains hommes refusent de s'impliquer n'est, de mon point de vue, pas suffisant pour rejeter le maternage en bloc.
Personnellement, si je suis séduite par le "maternage", c'est qu'au delà des bienfaits supposés pour l'enfant, il y a toute une dimension écologique qui constitue mon cheval de bataille depuis de nombreuses années. Il serait même d'ailleurs plus juste de parler de notre cheval de bataille à mon mari et à moi-même, qui nous a amenés ensemble à considérer le maternage/parentage comme la façon la plus évidente d'envisager la parentalité au sein de notre famille. Evidemment on y est pas encore, et évidemment il va y avoir des ajustements. Comme le disait certaines d'entre-vous, on ne peut pas tout mener de front et il faut parfois faire des compromis avec ses idéaux (nous en avons déjà fait), mais nous ferons de notre mieux pour associer réalités du terrain et valeurs. Et ça me hérisse un peu le poil de lire (de la part de Badinter donc, entre autres) que les femmes qui s'intéressent à l'écologie sont forcément aliénées et soumises au patriarcat.
"Le retour à la nature" peut être un projet de couple: mon mari lave bien mes serviettes hygiéniques
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Je crois que je me suis un peu perdue moi aussi dans mon blabla
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Et sinon je crois que je trouve plutôt positif le fait de valoriser la maternité, pour moi ce n'est pas incompatible avec le féminisme
. Bon on en est encore loin, mais si la maternité pouvait être d'avantage considérée, cela nous amènerait probablement à une reconsideration de la paternité au sein de la société, et donc à une meilleure répartition du temps et des tâches entre les parents. Et puis moi j'aime bien avoir ce sentiment de supériorité "biologique" dans le fait de pouvoir porter mon fils, de l'avoir en permanence avec moi, de sentir ses petits coups de pieds. Je le vis vraiment comme une véritable chance. Je ne sais pas si c'est de l'essentialisme, du sexisme ou autre mais ça me plait beaucoup.