Ma première fois, c'était un viol — Témoignage

[Layhha]

@Nyctangel Tu n'as pas à te sentir coupable parce qu'une ordure t'a prise la tête par surprise et forcée, tu n'es en rien coupable de quoique ce soit. Dormir avec quelqu'un et avoir bu ne justifie en rien ce qu'il a fait, et ça ne fait absolument pas de toi une "allumeuse" ! Tu n'as rien fait de mal, c'est lui qui devrait se sentir coupable et honteux, c'est lui qui devrait être enfermé et rongé par tout ça, pas toi.
Je sais que ce n'est pas mes affaires, mais si je puis me permettre, tu ne devrais pas garder contact avec lui, et encore moins le laisser croire que c'est normal. Tu dis que tu ne veux pas "briser ton cercle d'amis" ... Est ce que ton cercle d'amis est plus important que toi-même et que ta vie ? Je ne crois pas.

Mais je te comprends ... Se rendre à l'évidence, et en parler, je ne connais rien de plus difficile.

 

[Nandyal]

Je remercie cette MadZ pour son témoignage.
Malheureusement, je crois que beaucoup trop d'entre nous s'y reconnaissent...
Je lui envoie des poutoux d'amour

 

[Mademoiselle Papillon]

J'ai dû relire ce témoignage plusieurs fois tellement j'étais choquée ! Je n'est jamais été dans cette situation, je me souviens très bien que j'en avais envie la première fois. Je ne comprends pas que l'on puisse faire ça à quelqu'un. Comme beaucoup, j'ai été très choquée par le caractère pédophile de cette relation.

Quand en plus je vois autant de commentaires de Madz qui ont vécu la même chose, je me dis que j'ai eu beaucoup de chance, que j'ai toujours de la chance. Je vous envoie à toutes des bisous d'amour.

 

[MorganeGirly]

@Nyctangel (et @Grizzly aussi parce que j'avais oublié un truc)

Je rappelle que la loi française définit le viol comme une pénétration sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise. Il n'est dit nulle part que la victime doit se défendre, crier ou mordre pour que ce soit reconnu comme viol.
Quelqu'un qui vous prend la tête pour vous forcer à faire une fellation, il ne vous menace peut-être pas mais ils vous contraint physiquement : il est donc coupable de viol, même si vous n'avez pas dit non à haute voix.
Quelqu'un qui vous pénètre pendant votre sommeil, il le fait par surprise. Il est donc aussi coupable de viol, même si vous ne dites rien. C'est d'ailleurs le principe de la surprise : vous n'avez pas le temps de refuser ou de vous opposer à l'acte.
Quelqu'un qui exige des relations sexuelles sinon il se jette par la fenêtre, fait courir des rumeurs sur vous ou tout autre chantage, il exige des relations sexuelles sous la menace et cela peut donc constituer un viol, même si, répondant à la menace, vous dites carrément "oui" pour éviter de subir ce qu'il vous "promet".

On l'a déjà dit, les relations entre mineurs et adultes ont un rapport de force particulier qui fait que la loi va définir le viol dans ces situations encore plus sévèrement, surtout si l'adulte occupe une position lui donnant un pouvoir sur le mineur. Mais pour tout ce qui est pression psychologique entre deux adultes, ça peut quand même souvent rentrer dans le cadre de la contrainte ou de la menace, même s'il n'y a pas de coups, d'armes, que vous ne vous débattez pas.

Beaucoup de victimes préfèrent ne pas porter plainte, mais pour votre propre conscience, sachez que la plupart des cas que vous racontez ici, s'il y avait des preuves, seraient reconnus par la loi comme des viols, quelle qu'ait été votre réaction face à l'agression.

 

[Grizzly]

@MorganeGirly Le problème c'est que dans beaucoup de cas, il n'y a pas de preuves.
Dans mon cas, je ne me sens pas vraiment victime de viol, puisque je n'ai pas de "séquelles". Je voudrais juste que cet homme (et les autres aussi) prennent conscience de ce qu'ils font, parce que je suis convaincu, comme on peut le voir dans certains témoignages d'autre madz, qu'ils n'ont pas du tout conscience de faire quelque chose de répréhensible.
J'ai déjà pensé après coup, quand j'ai eu réalisé l’ampleur de ce qu'il a pu me faire subir (sexuellement et aussi psychologiquement), à lui envoyer un mail pour tout lui déballer. Mais je ne suis pas sûr d'arriver à garder mon calme quand immanquablement il viendra à me soutenir que je raconte des conneries, ou que je suis folle à lier.

 

[Layhha]

@Grizzly Je me sens un peu comme toi dans le sens où j'ai peur de me confier / de dire à mes agresseurs ce qu'ils ont réellement fait (parce que je suis convaincue qu'ils ne se sont rendus compte de rien, pour eux ils étaient dans leur bon droit), mais d'un autre côté je sens que je ne serais jamais prête à encaisser le déni et les accusations qui en sortiront ... Alors que j'ai réellement une peur panique qu'ils récidivent, qu'ils fassent ça à une autre fille qui s'ajoutera à la longue liste des femmes victimes d'agressions sexuelles, et des fois je me dis que c'est mon devoir d'en parler et de prévenir et de mettre en garde ! ... Sauf que j'ai peur qu'on me traite de folle, de menteuse, de faible (ce qu'un des deux n'a jamais cessé de répéter à mon égard), qu'on ne me croit pas et qu'on me rabaisse plus bas que terre pour tout un tas de raison toutes plus stupides les unes que les autres (j'aurais pu mieux me débattre/je l'ai cherché/y'a rien eu d'anormal/tu te victimises, etc).
J'ai tenté une fois d'en parler à mes amis, quelques jours après les seconds faits? Ils avaient ri et m'avaient traitée d'allumeuse (bon en vrai c'était moins polie, donc je vous en fais grâce ^^') ... Comment essayer de faire passer ce genre de messages ô combien important quand même en tant que victime, on ne nous accorde aucun crédit ?

 

[MorganeGirly]

@Grizzly @Layhha
Oui, c'est vrai que c'est difficile de prouver un viol dans de nombreux cas mais parfois, rien que savoir que les termes de la loi sont de notre côté, ça permet de réaliser qu'on n'a rien fait de mal et de mieux cicatriser. D'autre part, on n'est pas non plus obligée d'avoir des "séquelles" pour être une victime. Le viol ne se mesure pas au traumatisme de la victime, aux conséquences sur sa vie : simplement au fait de passer outre le consentement de quelqu'un.

Sinon, j'espère que vous n'avez pas l'impression que je me mêle de ce qui ne me regarde pas mais je pense que ça fait partie du poids de culpabilité qui pèse sur les victimes que cette impression que vous avez que c'est de votre responsabilité d'expliquer à votre violeur que c'est mal ce qu'il a fait. Dans certaines histoires, le violeur semble effectivement n'avoir rien "réalisé" du fait de la culture du viol ambiante (par exemple parce qu'il croit que le désir féminin vient "en mangeant" etc.). Mais honnêtement, quand je lis vos témoignages, j'ai du mal à croire que vos agresseurs aient fait ça en toute bonne "innocence". Ils se croyaient probablement dans "leur bon droit" mais cela n'a rien d'une "excuse" : un homme qui se sent dominant et abuse de sa force se sent effectivement dans son bon droit, néanmoins, il est parfaitement capable de se rendre compte que ce qu'il fait est abusif et fait du mal à sa victime. Se sentir dans son bon droit, ça veut simplement dire qu'on estime que certains privilèges et pouvoirs nous sont socialement dûs, pas forcément qu'on estime qu'ils sont justes et inoffensifs.
Les hommes qui se sentent dans leur bon droit tout en se rendant compte qu'il y a une grosse injustice dans ce bon droit n'ont bien souvent aucune envie de se remettre en cause. Les excuses de la culture du viol sont alors du pain béni pour leur permettre de ne pas culpabiliser de leurs actions.

Si vous avez envie d'envoyer un mail à votre agresseur, je pense que ce serait plus pour vous défouler qu'espérer le faire "prendre conscience de la réalité". A mon avis, dans votre cas, il se doute un peu de ce qui s'est vraiment passé mais il n'a pas envie d'y penser. S'il vous reproche d'exagérer ou de "mal intepréter", je suis convaincue qu'au fond il sait mais qu'il trouve bien pratique le discours social qui le soutient.
Dans tous les cas, je pense que ce n'est aucunement votre responsabilité de leur faire une leçon sur la définition du viol. Par contre, en discuter avec votre entourage, amis, frères, cousins, etc., ça peut effectivement aider à changer les mentalités, mais ce n'est en rien une obligation, surtout si leurs retours sont agressifs parce que la réalité les dérange.

 

[Marylin75]

Oh la vache, que c'est glauque...
Mais ouais, apprenez la notion de consentement à vos enfants, bordel !
Et pour ceux qui ne savent pas ce que c'est, le consentement expliqué en image : http://belleblonde.net/le-consentement-sexuel-explique-par-une-tasse-de-the/

 

[ClaudiaC]

@Nyctangel Ce qui capte le plus mon attention dans ton message,c'est toute la culpabilité que tu sembles ressentir.C'est comme si tu te sentais coupable d'avoir déjà eue des relations sexuelles avec ce garçon dans le passé. Tu n'as tellement pas à te justifier.D'aucune façon,pour rien du tout.Que vous ayez déjà eue des relations sexuelles ou non avant n'a pas d'importance. Ce matin-là, il t'a forcée,tu n'as pas consentie et c'est incroyablement difficile à s'admettre mais tu as été violée et c'est de sa faute à lui et en aucun cas de la tienne. Je comprend que ça te hante, c'est une terrible épreuve à traverser.Tu as eue la force d'en parler à ton copain actuel, ce qui est très courageux et incroyablement difficile à faire. Je te souhaite de recevoir l'aide dont tu as de besoin pour aller mieux. Continue d'en parler,ça va t'aider à guérir.

 

[seraphine92]

En vous lisant je me questionne de plus en plus sur un épisode de ma vie. J'en ai parlé à mon compagnon actuel qui m'a certifié qu'on avait abusé de moi, pourtant chaque fois que j'y pense je me dis que l'homme en question n'a pas tous les torts.

J'étais invité à une soirée organisée par un voisin (appelons le Tamère) de l'étage du dessus, on devait avoir à peu près le même âge, la vingtaine à l'époque. J'ai donc rencontré des nouvelles têtes, ses amis, avec qui je me suis bourrée la gueule bien comme il faut : et oui, j'étais rassurée par l'idée que pour rentrer chez moi même à 3h du mat, je n'aurais qu'à descendre à l'étage inférieur...

Les gens ont fini par migrer dans l'appartement d'en face (le locataire était un ami de Tamère) et je me suis retrouvée acoudée au canapé assise par terre avec Tamère qui me regardait en souriant depuis son fauteuil. Il m'a attiré vers lui, j'ai eu du mal à comprendre ce qui se passait, genre "ah ok, il veut me choper en fait". Je lui ai dit mollement que j'étais complètement pétée, d'ailleurs j'avais le hocquet honteux du bourré, une première pour moi.

Il m'a attiré dans sa chambre, s'est déshabillé et m'a incité à faire de même. J'ai uniquement retiré mes dessous mais gardé ma robe. Mon coeur cognait dans mes oreilles, j'étais trop saoule pour avoir conscience de tout. Il s'est allongé et m'a fait m'asseoir sur lui en me demandant des trucs horribles pour une première fois du style lui démolir les tétons, il beuglait. Rien qu'en y repensant je me demande si il était sérieux.

Il est passé derrière moi je ne sais comment, ce qui a finit de m'achever, parce que cette position pour moi c'est quelque chose que tu partages soit avec ton mec, soit avec quelqu'un à qui tu as exprimé l'envie d'être "soumise" en quelque sorte. Alors que moi je subissais depuis le début sans avoir la force ni la conscience de dire non. Ok l'alcool a bon dos mais franchement j'ai jamais été aussi bourrée que ce soir là.

Bref, j'ai eu un déclic, j'ai dis stop, je me suis levée j'ai ramassé mes affaires en mode speedy gonzales et je suis rentrée chez moi, en croisant tous les autres gars de la soirée qui se sont bien marrés en me voyant débarquer avec mes tongs sous le bras.

Tout ça pour dire que je n'arrive pas à savoir si on a abusé de moi puisque j'ai participé, j'étais quand même sur lui à un moment de la soirée. J'étais pas d'accord pour tout ça, mais j'ai juste laissé faire.

En tout cas bravo à celles qui ont vécu pire que moi et qui en parlent, le silence est la pire des options je pense. Merci de vous ouvrir !

 

[Membre supprimé 226135]

@seraphine92

Il s'agit d'un viol dans la mesure où ton consentement n'était plus éclairé. On parle pas d'être pompette et de se chauffer mutuellement. Tu étais visiblement bourrée et sans manifestation aucune de désir sexuel. Il ne t'a pas demandé si tu en avais envie et t'as utilisé comme source de plaisir. D'ailleurs dans un moment de lucidité tu as pu te rendre compte de cette violence et tu es partie.

 

[Manea]

Je suis pas tout à fait d'accord. Je trouve qu'on utilise le terme de viol un peu à tord et à travers. Pour moi il y a des tords des deux côté. Même si la personne n'était pas consentente pour passer à l'acte elle se doutait de se qui allait se passer. De plus elle sans forcément avoir besoin de se débattre elle s'est laissé dhesabiller. Après le mec en question n'a pas du tout respecté ni écouté la fille. Il n'a pensé qu'a lui et c'est triste de profiter comme ça alors qu'elle n'avait que 14 ans. Mais pour moi ce n'est pas un viol à proprement parlé. Il y a malentendu car quand tu dis non et que tu te laisses tripoté et dhésabiller ca peut porter à confusion.

Il n'y a pas de "même si", ni de "elle savait ce qui allait se passer".
Tu n'a jamais entendu parler (ni vécu) de sidération, de choc qui empêche de réagir ? Ce sentiment où dans ta tête tout ce que tu penses c'est "heu... C'est vraiment en train de se passer ?" sans être capable de vraiment réaliser ou comprendre ce qui arrive ?
Jamais entendu parler de chantage affectif ?

La personne n'était pas consentante, donc il y a eu viol, point. Quand on parle de non respect du consentement, il n'y a pas de "même si", assez de victim-blaming !