@Solemnia
@zemble Je suis désolée je ne suis pas claire mais comme je le disais le problème quand on se focalise sur la mauvaise solution c'est qu'on renforce le problème.
Plus tu considères que la solution c'est de priver les femmes de leurs liberté (pour leur bien) pour les protéger du viol, en leur conseillant de ne pas sortir à x heures seules, plus tu autorises le viol de celles qui transgressent ces règles, et plus tu autorises le viol domestique. Et c'est exactement ce qui se passe dans notre culture, la culture du viol. On s'attache très fort à maintenir les mythes sur le viol ( = les viols arrivent aux femmes qui s'habillent court et sortent tard, flirtent avec plein d'hommes, et elles se font agresser par des fous étrangers armés, en gros) parce qu'ils font partie d'un système qui protège les violeurs et met la responsabilité sur les femmes. Ce même système qui fait que la majorité des viols ont lieu au domicile de la victime.
Juste pour rappel des femmes se font violer le jour, la nuit, en jupe ou en jean et parfois par l'homme qui les a raccompagné (et alors on leur demande "mais si vous l'avez autorisé à vous raccompagné c'est peut être que vous vouliez coucher avec lui / vous lui avez envoyé le mauvais message"), des filles "belles" (selon les normes de la société) se font violer, des filles moches, des filles jeunes, des filles vieilles, des filles seules et des filles accompagnées, des filles qui prennent le taxi se font violer autant que des filles qui rentrent à pieds, des filles se font violer alors qu'elles font leur jogging en plein jour et aussi au travail. Certaines filles se font violer en jupe ou alors qu'elles étaient seules mais ce n'est pas ce qui a provoqué le viol et probablement que si elles avaient eu un pantalon un violeur les aurait agressé quand même. Et si elle portait un pantalon alors on va chercher à savoir si elle avait bu ou si elle avait un comportement aguicheur dans la soirée etc.
Il y a un phénomène d'autoconfirmation dans tout ça. On va chercher absolument à essayer de confirmer que le viol est arrivé à cause d'un vêtement ou du fait qu'elle était seule alors qu'en étant accompagnée une femme n'est pas forcément protégée d'un viol, qui peut arriver à la maison. Quand le viol arrive et que la victime est en pantalon on ne va simplement pas en parler et on va ainsi donner l'illusion que la victime aurait pu y faire quelque chose (et donc qu'elle a fait le choix de donner des chances que ça arrive).
Même si une mère donne le conseil de ne pas rentrer tard à sa fille par instinct de protection, elle relaie un discours beaucoup plus large qui encourage la culture du viol et qui fait que les femmes ne portent pas plaintes quand elles se font violer parce qu'elles se sentent coupables, précisément parce qu'elles n'ont pas eu le "bon" comportement ( elles portaient une jupe, sont rentrées seules et tard, etc).
Si on voulait
vraiment protéger les femmes avec ce genre de conseil / limiter au max les risques, et pas juste les priver de liberté ou protéger la culture du viol alors il serait nettement plus raisonnable de dire aux femmes de ne pas avoir de copain homme, de ne pas vivre avec eux, de ne pas avoir d'amis tout court, de ne pas avoir d'ex copain, de ne pas avoir de flirt, de se méfier de leurs pères ou de leurs frères, de leurs professeurs de tennis ou de leurs médecins.
Donc de deux choses l'une, soit on dit aux femmes de vivre recluses ET on leur dit de se méfier de
tous les hommes. Soit on reconnait que le viol n'est en rien un problème de jupe ou de serrure mal fermée et on s'attaque au vrai problème au lieu de renforcer les mythes sur le viol qui sont à la base de ce qu'on appelle la culture du viol, parce que pour le moment c'est ce qu'on fait et ça n'aide en rien les femmes. Ça donne juste l'illusion qu'en ayant le "bon" comportement ( = celui qui consiste à se priver de libertés) on peut éviter le viol alors que pas du tout.