J'ai beaucoup de mal à comprendre ton raisonnement Pour moi, il sera logique seulement le jour où les hommes auront une réelle volonté et possibilité de contrôler leur fertilité et où la parentalité sera une affaire d'hommes comme de femmes. A l'heure d'aujourd'hui ce n'est pas du tout le cas: on plaint les hommes qui se voient infliger un enfant, mais on ne leur donne pas de réels moyens contraceptifs pour éviter d'engendrer. Or, les hommes étant en position de force dans nos sociétés, si vraiment être père contre leur gré était difficile pour eux, ils auraient revendiqué leur propre contraception depuis longtemps (au lieu de laisser tomber la commercialisation de leur pilule pour cause d'effets secondaires). Ca montre bien qu'ils se sentent peu concernés par le sujet et qu'on relègue encore et toujours la responsabilité aux femmes en matière de procréation et d'éducation.Et l'on voit dans cette discussion, des messages massivement big-uppés qui disent : "l'homme sait qu'il y a une possibilité de grossesse lors d'un rapport, même avec contraception. Donc s'il y a un accident, il doit vivre avec et reconnaître l'enfant". Et là, mon cerveau se demande comment l'on peut réussir à se battre contre une chose et soutenir presque exactement la même à côté.
Je ne peux pas parler pour les autres Madz, mais pour ma part, quand je rappelle qu'un homme doit penser à sa responsabilité dans la procréation, j'appelle à une prise de conscience. Je ne vois pas en quoi c'est anti-IVG de rappeler qu'un homme n'aura pas de prise sur la décision une fois la grossesse en route. C'est un déséquilibre naturel, c'est malheureux pour eux mais effectivement ils ont moins de pouvoirs que la femme enceinte, donc leur possibilité d'agir est restreinte à la contraception, ils le savent.
Le jour où ils voudront réellement avoir la main sur leur contraception, je serai prête à entendre ce genre de discours, parce qu'effectivement on peut ne pas vouloir être père et si on a pris toutes ces dispositions pour l'éviter, c'est difficile d'être lié à vie par un accident. Donc si un jour on arrive à une situation effective d'égalité de traitement vis-à-vis de la fertilité et de la parentalité, je ne serai pas contre une possible renonciation de la mère à réclamer du père qu'il joue un rôle dans l'éducation de l'enfant. Mais là encore, même si la mère renonce, au nom de quoi devrait-on priver l'enfant de ce droit ? Pourquoi devrait-il subir une situation qu'il n'a pas choisi, sans moyen de faire reconnaître son existence, au nom de la paix d'un homme adulte (ou d'une femme, ça existe aussi les tests de maternité/pensions alimentaires demandées aux mères) ?
Par ailleurs, même si les mots semblent être les mêmes que les arguments anti-IVG, le paradigme de base est très différent. Les anti-IVG réfléchissent en terme de concepts (Vie, Mort, Existence...) qui n'ont pas de prise directe avec l'existence pratique des personnes; alors que quand on rappelle la responsabilité de l'homme, on se soucie de la vie d'un enfant qui existe déjà, qui est venu au monde et qui a des besoins tangibles pour grandir.