@duendecita Oh, pour défendre une cause aussi vitale, mon énergie sera infinie ! Si mon message permet d'inciter ne serait-ce qu'une personne à rejoindre la manif le 10, ou à en parler à ses proches, alors ça vaut la peine.
IL NE FAUT PAS DESESPERER.
Le gros problème est que nous autres profs sommes assez nuls en com'. Tout reste à l'échelle de notre salle. On reste cloîtrés entre nous, on perd espoir. C'est pourquoi avec mon collègue (qui est représentant syndical) on a commencé à rendre visite aux collèges voisins. Les profs qu'on rencontre sont indignés, mais persuadés d'êtres abandonnés par les médias, la société, et ils se tiennent à peine au courant des actions de résistance. Après notre passage, leur motivation pour se défendre, ou du moins pour se rendre à la manif était remontée.
En tout cas, pour les profs qui me liraient ici : NON, NOUS NE SOMMES PAS SEULS. Non, il ne faut pas lâcher l'affaire, c'est trop important. J'informe en masse sur facebook, et les gens sont indignés, à raison. Il faut que l'on continue ainsi. Le problème n'est pas que les gens s'en foutent, c'est surtout qu'ils ne sont pas au courant.
Avec mes collègues, on a voté en A.G. les décisions suivantes :
1) Participer à la manifestation du 10 octobre, en ramenant le plus de monde possibles, profs, parents, amis... (un effort d'information autour de nous est à organiser, on contacte notamment les F.C.P.E locales)
2) Si la manifestation réunit pas mal de monde, mais que la ministre reste butée ou ne daigne pas répondre, on fera une grève prolongée jusqu'à abrogation.
3) Que la grève se fasse ou non : faire des tours d'informations dans les autres établissements pour fédérer les collègues, aller discuter avec les associations de parents.
4) Refuser tout plan de formation spécial réforme, que ce soit pour être formateur ou formé.
5) Refuser toute incitation à préparer en avance les EPI, à participer à quoi que ce soit qui mettrait en concurrence les matières de nos collègues.
Je ne désespère cependant pas pour Madmoizelle. Après tout, Clémence Doboc n'a-t-elle pas publié un magnifique article sur l'engagement politique, sur le fait que nous devons reprendre le pouvoir, que les médias avaient tendance à donner une version biaisée de la société, qu'il fallait informer les gens, trouver des manières de s'engager ?
Nous y voilà, c'est le moment de montrer que cet article était sincère, c'est le moment s'emparer d'une cause nationale confisquée par le pouvoir, et délaissée par les médias.
@Locke
Tu sembles bien aimer balancer le terme "mauvaise foi", mais toi-même..... comment dire...
Il y a des propositions, notamment
ici. De plus, des propositions, j'en avais déjà données dans mes messages il y a quelques mois me semble-t-il, et je n'étais pas la seule, en plus.
Sinon, réponds-moi en toute sincérité : tu penses vraiment que faire passer le français en 6e de 5h-6h à 3h30-4h30 EST UNE BONNE CHOSE ? Qu'est-ce qui justifie cela ? Je te le dis clairement : je ne peux pas enseigner comme cela. Ce n'est pas une question de "facile" ou "non" : quand tu as des élèves qui ne savent pas déchiffrer les diphtongues, qui ne reconnaissent pas les verbes dans les phrases, qui ne comprennent du coup rien aux textes, même 6h c'est insuffisant pour pratiquer intensément la lecture et l'écriture (et ne parlons pas de faire découvrir le patrimoine littéraire), et tout particulièrement quand les gamins viennent de milieux défavorisés. C'est du foutage de gueule que de suggérer que ça peut être un "changement positif".
Oh, mais on concentrera ces apprentissages en début de scolarité ?
1) l'apprentissage du français ne peut se contenter d'un gros effort au début, puis d'un relâchement ensuite, c'est une pratique régulière et soutenue qu'il faut, sinon les bases partent facilement (notamment si le soutien familial ne suit pas derrière).
2) Quand est-ce que les efforts sur l'apprentissage en français au premier degré seront mis en place ? Parce qu'en attendant, la réforme du collège va passer, et le temps d'instaurer de nouvelles pratiques dans le 1er degré, on aura des gamins sacrifiés.
3) Et QUID des gamins allophones que l'on récupère au collège, et qui n'auront pas eu la formation intense reçue au premier degré par les autres ?
Tu dis aussi que c'est "inadmissible" de râler sur la mise en place des choses, là aussi c'est de la mauvaise foi. Quand la mise en place est impossible à caser dans les emplois du temps (et là ce sont les principaux adjoints qui le disent, ils sont le mieux placés pour estimer la chose que toi ou moi), qu'au niveau salles et mise à disposition du matériel c'est la galère, la qualité des cours s'en ressent. On passe déjà sacrément de temps à faire des réunions pour un oui pour un non, augmenter la dose agit directement sur notre moral et notre motivation ensuite (et ne sors pas quelque chose du genre "ouais mais c'est votre métier, bougez-vous", car ça va barder. Va dans le collège où j'étais l'année dernière, va dans le collège où je suis cette année, va dans nombre d'établissements : les profs se bouffent suffisamment la santé dans les conditions actuelles, ils sont prêts à beaucoup de choses, mais il y a un stade où si tu charges trop la mule, elle crève). Et il ne s'agit pas que du temps pris par la mise en place, il s'agit aussi de la pertinence de projets tels les EPI. Je t'invite à lire les liens que j'ai postés, ils expliquent mieux que moi.
Oh, et je ne suis pas contre NVB, je suis contre cette réforme qui était dans les packs du ministère depuis belle lurette. NVB n'est qu'une vitrine, et certaines de ses déclarations sont contredites par les textes mêmes qu'elle propose (et donc elle prouve par ses propres interventions qu'elle ne connaît rien au terrain). Au fond, je ne lui en veux pas, elle fait juste son job de com', qui consiste à appliquer la vaseline pour faire passer les décisions d'instances plus hautes. Certains s'attaquent spécifiquement à la ministre avec des sous-entendus nauséabonds, d'autres s'opposent à la réforme par pur opportunisme contre le gouvernement, mais en salle des profs cela nous passe au-dessus de la tête. On est contre la réforme, parce qu'on a suffisamment d'expérience et de pratique pour comprendre le merdier que ça va être.
Et sinon : peut-être que le niveau en France serait moins catastrophique, si on arrêtait de foutre en l'air tous les trois ans avec une nouvelle réforme les efforts fournis par les profs les années précédentes (et si on arrêtait d'enlever les savoirs fondamentaux pour les remplacer par du divertissement). De plus, l'échec scolaire peut avoir bien d'autres raisons qui dépassent nos compétences en tant que profs, comme la misère sociale par exemple.
Je ne rejette pas en bloc les nouvelles pédagogies, j'ai d'ailleurs demandé à prendre en charge cette année une classe "Apprendre autrement" parce que je cherche à faire évoluer mes pratiques. Mais je sais différencier une innovation pédagogique intéressante pour l'élève, d'une vaste fumisterie dont le but est surtout de faire des économies.
Moi aussi je suis ouverte à la discussion, mais va d'abord lire nos arguments : ces changements n'engagent rien de positif, alors le changement, OUI, mais pas pour empirer les choses. (La fable "Les grenouilles qui demandent un roi" me vient étrangement en tête...)