Najat Vallaud-Belkacem défend la réforme du collège au Grand Journal

[Leäl]

Je n'ai jamais eu de classes en dessous de 18 élèves en latin depuis que j'ai commencé à enseigner en 2005 En général, je tourne à 24 (et une année, 42 !).
Et mon chef, étant doué d'un cerveau, me met une heure de 16 à 17, une de 8 à 9 et une de 11 à 12, pour éviter l'effet "punition" qu'on trouve dans certains collèges.

Pour ce qui est de la LV2 commencée plus tôt, why not, même si j'aimerais qu'on se focalise déjà sur leur langue principale, le français, qu'ils maîtrisent parfois si mal ("l'ami que je parle" : c'est cela oui...) et leur LV1...
Mais si on veut qu'ils maîtrisent plus vite une 2e langue vivante, pourquoi ne mettre que 2h/semaine ? N'importe quel prof de langue dira que ça ne sert pas à grand chose dans ces conditions. Si on ajoute qu'ils sont la plupart du temps plus de 25 par classe, l'imprégnation et la pratique orale indispensables à la maîtrise d'une langue ne sont pas permises... Donc encore de la poudre aux yeux, à part pour ceux à qui les parents peuvent payer des séjours linguistiques.
A quand des labos de langue en collège, pour s'enregistrer et s'auto-écouter individuellement ? A quand, en fait, les moyens de vraiment pratiquer ? Plutôt que d'offrir des tablettes à la con et des ordinateurs de qualité contestable, pourquoi ne pas offrir à tous les élèves, une fois, un voyage scolaire à l'étranger ?

 

[Möweh]

Dans sa réforme la ministre prévoit de faire commencer la LV2 à partir de la 5e à la place de la 4e.

Sauf que les élèves vont en faire 2h par semaine au lieu de3h.... encore un joli tour de passe passe.

 

[Pochemuchka-Lilou]

Sauf que les élèves vont en faire 2h par semaine au lieu de3h.... encore un joli tour de passe passe.

 

[Dragonya]

Bonjour à tous-tes
Je voulais juste réagir à cet article qui m'a fait bondir quand je l'ai lu hier. J'ai parcouru rapidement les réponses et j'ai été soulagée de voir que plusieurs personnes étaient contre cette réforme en l'état actuel. Je suis d'accord que le collège ne va pas bien, mais là ce n'est clairement pas la solution.
Je travail dans un collège. Prof d'histoire, collège classé avec des élèves en très grande difficulté. Pas seulement des difficultés scolaires, ça seulement ce que l'on voit d'eux au premier abord, mais aussi beaucoup de difficultés familiales.
On a des "bons élèves" (qui ne viennent pas que des classes aisées comme j'ai pu le lire dans certains articles traitant de cette réforme), des "mauvais élèves" (qui ne sont pas tous les plus pauvres du coin). Je suis dans un collège de campagne, du coup le problème de ghettoïsation ne nous concerne que très peu et j'ai peut-être une vision partiale. Mais pourquoi vouloir empêcher les élèves qui veulent et qui peuvent faire beaucoup d'avoir des options qui les poussent vers le haut ? Au nom de l'égalité ? C'est quelle égalité quand on empêche ceux qui veulent faire une option de la faire ?
Enfin le point qui m'a fait bondir n'est pas vraiment dans tout ça. Je l'ai déjà tellement lu et vu partout que je ronge on frein en silence. C'est surtout sur : ne pas confondre la réforme du collège et la réforme des programmes. Je ne sais pas si ce point a déjà été soulevé mais... On ne peut pas dire que ces deux choses n'ont rien à voir ! Prenons l'exemple de ma matière (oui c'est celle que je maîtrise le mieux). Histoire géo : 3h par semaine. Nouveau programme d'histoire en 4e : depuis l'esclavage jusqu'à la fin de la première guerre mondiale. Dans la pratique, dans mon collège, un tel programme en histoire... Ouai on va dire faisable en faisant de très grandes coupes et en allant vite sur certains points. Maintenant la réforme : les EPI (cours en interdisciplinarité) et l'AP (aide perso) prise sur les heures de cours des enseignants. Donc je peux me retrouver en 4e pendant un trimestre ou un semestre avec seulement 1h ou 2h par semaine. Là c'est sur je vais perdre BEAUCOUP de mes élèves si je veux finir mon sacro-saint programme. Et faire de très grandes coupes.
On a interrogé les enseignants sur les programmes, mais sans faire le lien avec la réforme. Pourtant ces deux là ne peuvent pas être dissocié ! D'ailleurs la réforme et TOUS les programmes rentrent en application en 2016.
Désolé pour le pavé mais ce sujet me fait bondir. Pas pour moi, pas pour mon travail à faire en dehors des cours pour préparer ces nouveaux programmes, ces EPI, ces heures d'AP... Non pour mes élèves. Ceux qui peuvent et veulent faire beaucoup et ne peuvent déjà pas. Ceux qui ne peuvent pas et qu'on n'aidera toujours pas. Ceux qui ne savent pas lire, qui ne savent pas écrire, ceux qui ont de tels problèmes chez eux que pour eux l'école c'est juste un truc pour souffler et décompresser entre deux moments à la maison...

 

[duendecita]

Je suis d'accord avec cette réaction: la réforme des collèges EST en lien avec celle des programmes, elle est aussi en lien avec la formation continue (appelée le PAF) proposée aux enseignants qui est annulée pour l'année prochaine et remplacée par... Une formation obligatoire à la réforme!
Je reviens à la suite de toutes ces réactions sur la question que je me pose vraiment par rapport à l'article et à son auteur(e): pourquoi ne pas avoir davantage comparé les avis avant de rédiger une promotion si flagrante de la réforme? C'est fort dommage.

 

[ElizaBennet]

Je suis d'accord avec cette réaction: la réforme des collèges EST en lien avec celle des programmes, elle est aussi en lien avec la formation continue (appelée le PAF) proposée aux enseignants qui est annulée pour l'année prochaine et remplacée par... Une formation obligatoire à la réforme!
Je reviens à la suite de toutes ces réactions sur la question que je me pose vraiment par rapport à l'article et à son auteur(e): pourquoi ne pas avoir davantage comparé les avis avant de rédiger une promotion si flagrante de la réforme? C'est fort dommage.

C'est ce qui est désespérant : l'impression que tout a déjà été décidé et acté, quoi qu'il se passe et quoi qu'on essaie de faire. La formation à la réforme va nous être imposée, parce que le ministère sait pertinemment que la majorité des enseignants rejette cette réforme, mais peu importe.

C'est la même chose avec cet article. J'ai commenté au début, ne serait-ce que pour rectifier les affirmations fausses, mais c'est inutile : l'article ne sera pas modifié, et quelqu'un qui voudra un autre point de vue devra aller creuser dans les commentaires. La plupart des gens n'ira pas plus loin que l'article "officiel" : on peut dire que la propagande du ministère (et de la ministre, il faut bien le reconnaître) fonctionne bien. Je suis juste déçue que ça fonctionne aussi bien sur un site comme Mademoizelle.

Quant à la réponse "au moins c'est une tentative de faire changer les choses", c'est un faux argument : ce n'est pas parce qu'un système fonctionne mal qu'il faut le remplacer par un nouveau système qui supprime ce qui marchait bien dans le précédent, plutôt que de s'attaquer aux vrais problèmes.
Bref, je suis désabusée. A croire que pour se faire entendre aujourd'hui, il faut passer par la violence. Les profs demeurent beaucoup trop civilisés... Mais pour combien de temps ?

 

[Lothiriel]

C'est ce qui est désespérant : l'impression que tout a déjà été décidé et acté, quoi qu'il se passe et quoi qu'on essaie de faire. La formation à la réforme va nous être imposée, parce que le ministère sait pertinemment que la majorité des enseignants rejette cette réforme, mais peu importe.

C'est la même chose avec cet article. J'ai commenté au début, ne serait-ce que pour rectifier les affirmations fausses, mais c'est inutile : l'article ne sera pas modifié, et quelqu'un qui voudra un autre point de vue devra aller creuser dans les commentaires. La plupart des gens n'ira pas plus loin que l'article "officiel" : on peut dire que la propagande du ministère (et de la ministre, il faut bien le reconnaître) fonctionne bien. Je suis juste déçue que ça fonctionne aussi bien sur un site comme Mademoizelle.

Quant à la réponse "au moins c'est une tentative de faire changer les choses", c'est un faux argument : ce n'est pas parce qu'un système fonctionne mal qu'il faut le remplacer par un nouveau système qui supprime ce qui marchait bien dans le précédent, plutôt que de s'attaquer aux vrais problèmes.
Bref, je suis désabusée. A croire que pour se faire entendre aujourd'hui, il faut passer par la violence. Les profs demeurent beaucoup trop civilisés... Mais pour combien de temps ?

Peut-être faut-il poker @Clemence Bodoc ?

 

[Llariarith]

Outre la réforme qui supprime les rares choses qui fonctionnaient dans le collège actuel sans améliorer ce qui ne fonctionne pas, et qui donc ne me semble pas apporter grand chose de positif, je suis comme toi Elizabennet très déçue par la forme.

Je n'ai rien contre la ministre personnellement, elle a probablement dit et fait des trucs très bien dans d'autres domaines mais ce qu'elle a dit ou fait avant ne diminue en rien ou n'excuse en rien la façon dont elle traite actuellement les gens.
Les profs à qui elle impose une réforme dont elle sait que nous ne voulons pas, en passant le décret le lendemain d'une grève par exemple, les gens en général à qui elle ment avec un applomb assez hallucinant parce que je ne la crois pas assez bête pour croire ce qu'elle raconte (mais je peux me tromper) et surtout les élèves. Tous ceux qui ne sont pas issus d'un milieu social favorisé et qui n'auront jamais accès au latin, seront médiocres en allemand ou espagnol mais seront persuadés du contraire parce qu'ils en auront bénéficié 3 ans au lieu de 2 ce qui ne leur apportera rien de plus mais c'est un détail dont la ministre se contre-fiche....
Je suis déçue de voir que face à des argumentaires construits Mme la ministre ne trouve à répondre que des phrases toutes faites qu'elle répète en boucle. Certes la répétition est pédagogique mais quand on dit des bêtises assez souvent cela n'en devient pas pour autant intelligent ou vrai.

Je ne suis pas issue d'un milieu social élevé, mes parents étaient agriculteurs, je suis devenue professeur et je travaille dans un collège rural dans une académie pauvre. Le collège en question a la chance d'avoir une directrice qui se décarcasse et nous sommes donc bien dotés, ce qui nous offre des opportunités que cette réforme va faire disparaître et, surtout, que cette réforme n'offrira pas pour autant à d'autres collèges qui en auraient plus besoin.
Même si, comme tout le monde, je râle quand nous n'avons plus autant de privilèges je suis capable de comprendre que ces privilèges coûtent cher à l'Etat et qu'il convient de les attribuer à ceux qui en ont le plus besoin. Mais j'ai du mal à concevoir qu'on puisse les supprimer à tout le monde en arguant d'égalité et en prétendant vouloir améliorer les choses.

C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons que je ne corrige pas aujourd'hui, je fais partie des grévistes dont on ne vous donnera peut être même pas le nombre, comme le nombre de grévistes lors des surveillances a été fort peu communiqué me semble-t-il.

 

[ElizaBennet]

Peut-être faut-il poker @Clemence Bodoc ?

Hmm, je crois que sa première réponse était très claire...

 

[duendecita]

Je n'avais pas vu passer la réponse de Clémence Bodoc. Merci à toi ElizaBennet qui m'a fait voir effectivement que l'article ne serait pas modifié.
C'est très décevant, car présenter sans les questionner des intentions de la Ministre me semble fort naïf, et considérer le mouvement d'opposition comme minoritaire sans poser de chiffres concrets pour appuyer son propos ne me semble pas bien objectif.
Le travail de journalisme me semble être comparable à celui de l'enseignant, apporter des contenus, des informations pour encourager un mouvement de pensée et de constructions de l'esprit, puis de nourrir débat et argumentation réelle afin d'avancer.
Faire un article contenant des informations fausses et non vérifiées (la négociation avec les partenaires sociaux dont je fais partie ne s'est pas faite en amont et a été imposée, comme le montre symboliquement le passage du décret le soir de la manif, quel respect des partenaires sociaux!) et masquant de réelles intentions (il y aura moins d'heures de cours, l'allemand lv1 disparaît sauf rares cas, tout ceci est dans les intentions du projet si on prend la peine de lire les textes officiels dans le détail et de compter les horaires disciplinaires...) me semble aller à rebours de la mission du journaliste.
Où est dans cet article (hors forum) l'incitation au débat? La confrontation des idées? Pourquoi ne pas au moins mentionner à la fin le site dont de nombreuses lectrices parlent dans les commentaires afin d'au moins proposer une vision différente?
J'aurais presque envie de parler ici du film les nouveaux chiens de garde qui me semble fort à propos!
Tant pis pour moi qui attendais de madmoizelle une autre éthique du journalisme que celle que véhiculent les médias principaux.

 

[AlexO]

Bonjour les filles, je voulais juste réagir sur le fait d'avoir supprimé les classes Européennes.
Je suis de ceux qui en ont bénéficié et j'en étais vraiment très heureuse. J'étais dans lycée plutôt difficile et le fait qu'il y ai une classe Européenne m'a vraiment permis d'approfondir la langue anglaise autant que possible. Dans ma classe du lycée peu de personnes venait de milieux "favorisés" du coup je trouvais ça vraiment bien.
Je ne suis pas contre le fait que l'apprentissage des langues commencent plus jeunes mais j'ai l'impression que l'on harmonise l'enseignement par le bas et non par le haut.
Ensuite une madz a dit que seul un voyage linguistique pouvait vraiment permettre d'apprendre une langue et je ne pense pas, ça aide à fluidifié le "verbiage" et l'accent mais ça ne corrige en rien les erreurs de langue.
Pour ma part (je ne parle que de mon cas) grâce à la section européenne j'ai pu valider un niveau C1 rapidement après mon bac (le niveau est une référence européenne via l'université de Cambridge. Voilou )

 

[Dragonya]

Je m'attendais aussi à avoir un autre article présentant un autre point de vu de la réforme avant de voir ton commentaire, merci @ElizaBennet
J'ai pris beaucoup de temps pour lire tous les articles qui sortaient sur la réforme au début pour la comprendre. Puis j'ai contacté les syndicats pour avoir des infos complémentaires car sur le site du ministère j'avais vraiment l'impression d'être au pays des bonbons, des rivières en chocolat et des arbres en guimauves. Aujourd'hui j'ai plus ou moins arrêté de regarder sur la plupart des sites. On a eu une discussion avec notre directeur de collège ce matin et quelques collègues. Il était surpris du "peu" de mobilisation au vue de la réforme. Pour ma part je me sens trop blasée pour manifester (surtout après le coup du décret magique qui a suivi la première manifestation).

Sinon ma réforme idéale...
En finir avec le collège unique !
Qu'on accepte enfin que certains élèves soient bons et d'autres non. Qu'on ose enfin dire "oui vous vous pouvez faire beaucoup alors allez-y". Pas pour laisser les autres sur le carreau mais pour pouvoir les aider. Reconnaître leurs lacunes c'est déjà leur donner une chance de pouvoir les aider. Aujourd'hui ça me fait mal au coeur quand je vois mes (trop) bons élèves qui s'ennuient, mes élèves en difficultés regarder les mouches voler et les élèves en très grande difficulté faire les pires âneries du monde (en même temps je les comprends, en faisant les idiots ça cache à tous leurs problèmes et ils s'ennuient). Mais pour ça il faut du TEMPS ! Pour repérer les élèves, les guider, les aider individuellement... Être égalitaire ce n'est pas donner à tous la même chose, mais donner à chaque élève un outil qui lui est adapté.
Qu'on garde nos options ! Non ce n'est pas mal d'être un peu "élitiste" parfois (j'emploie volontairement ce mot car c'est celui qu'on retrouve le plus à propos de cette réforme). Pourquoi empêcher les bons élèves de faire plus s'ils le peuvent et le veulent ?

Voilà pour ma part ce que je voudrais dans mon collège. En fait je ne parle ici ni de programme, ni de volume horaire par matière, ni d'amusement, ni d'ennuie, juste de l'élève. De donner à chaque élève ce qu'il doit avoir pour progresser. Leur donner à chacun les outils nécessaires et adaptés.