Hum, j'ai pris le temps de lire l'article, il est tout de même truffé de contre-vérités...
Elles défendent une conception essentialisante de l’identité : on est une femme parce qu’on a les caractéristiques biologiques communément attribuées à une femme. Pour le résumer rapidement : « je suis une femme, parce que je suis née femme, parce que j’ai des seins et un utérus. »
Pas du tout : elles défendent une conception
sociale et systémique de l'identité : on est une femme parce que la société a décidé qu'on en était une. Pourquoi ? Parce qu'on est née avec un vagin (ou plutôt : parce qu'on n'est pas née avec un pénis). Elles disent exactement ce qu'a dit Simone de Beauvoir, ni plus, ni moins : «
je suis une femme, parce que je suis née femme, parce que la société l'a décidé ainsi. »
en affirmant que la biologie constitue l’expérience d’être une femme, on peut alors aisément disqualifier l’expérience d’une femme trans, l’exclure de la classe des femmes.
Non plus : en affirmant que la biologie constitue
l'origine de l'expérience d'être une femme, on ne peut pas s'y soustraire autrement qu'en changeant la biologie. C'est précisément
contre cette assignation sociale que se battent les féministes. Les expériences des personnes trans sont donc incluses dans ce combat : que les personnes concernées aient le besoin de changer leurs caractères sexuels primaires et/ou secondaires ou non,
elles devraient pouvoir vivre leur identité de genre sans avoir à souffrir aucune conséquence.
Donc effectivement, le féminisme radical
inclut dans son combat les violences transmisogynes - voir plus loin dans mon post pourquoi cette subtilité semble échapper à bien des détracteurs & détractrices de ce combat...
Véhiculer l’idée que les femmes trans veulent imposer des relations sexuelles aux lesbiennes ou aux bisexuelles, c’est laisser entendre que les femmes trans seraient des agresseurs sexuels en puissance infiltré dans les communautés lesbiennes et bi.
Cela rejoint l’idée que les femmes trans seraient des hommes déguisés
Le fait que
DES Femmes trans à pénis brandissent leur transidentité pour exiger d'une lesbienne cisgenre qu'elle consente à un rapport sexuel n'est pas généralisable à l'ensemble des personnes trans. Mauvaise foi ou paresse intellectuelle ? Le concept de "préférence génitale" comme étant transphobe a effectivement été décrié et combattu par les féministes radicales.
C'est un concept, pas une personne. Et effectivement, comme "les personnes décentes" ne se mêlent pas des organes génitaux des autres dans une conversation courante, il n'y a pas lieu de rejeter quelqu'un sur cette base. Ce n'est qu'une fois entré dans la sphère intime qu'on peut connaître les organes génitaux de la personne avec laquelle on souhaite avoir un rapport sexuel, et comme on a toujours le droit de refuser un rapport sexuel, je ne vois pas ce que la transphobie vient faire dans l'histoire.
On obtient donc ici une manipulation grossière des termes « thérapie de conversion » afin de laisser croire que certaines personnes sont incitées, poussées à la transition, voire même forcées à entamer ce processus !
Excusez mon outrecuidance, mais dans une société où avoir un vagin vous condamne à vie sociale semée de violences, je ressens une certaine pression à mettre le maximum de distance entre le genre féminin et moi-même. Et comme la société fait un lien direct entre le genre féminin et la présence d'un vagin entre mes jambes, devinez le résultat de mon calcul ? Être une adolescente en 2021, connaître et comprendre la violence patriarcale, ne pas s'identifier au genre féminin, subir les conséquences sociales d'une "contre performance" dans mon expression de genre...
N'est-ce pas subir une pression à transitionner ? Question sincère...
L’idée de mutilation, pour parler d’une opération chirurgicale, voilà un bon moyen de faire croire que l’on forcerait des personnes à transitionner, qu’on le leur imposerait et qu’on porterait atteinte à leur intégrité physique sans leur consentement.
Encore un glissement dans le raisonnement... Dit-on d'une personne qui se scarifie qu'elle est forcée à le faire ?
L'idée de mutilation est un constat factuel, pas un jugement porté sur l'acte. Subir une hystérectomie est une opération lourde et risquée, qu'on le fasse pour une nécessité impérieuse de survie ou non, que cette nécessité soit médicale ou non. Le terme "mutilation" désigne un niveau de gravité physique, ce n'est pas un jugement de valeur. C'est une atteinte portée à l'intégrité physique de la personne. On peut débattre pour savoir si un piercing est une mutilation ou non, je pense que la réponse est assez évidente lorsqu'on parle d'une opération de changement de sexe.
Encore un moyen d’agiter la panique morale : faire croire à la disparition imminente du mot femme. Les autrices J.K. Rowling, ou plus récemment Margaret Atwood, ont déjà clamé leur colère ou leur peur en affirmant qu’une réelle menace plane.
Une menace sérieuse ? Pas vraiment : les inquiétudes véhiculées par les TERF se basent principalement sur le fait que certaines associations, mais aussi certaines institutions, notamment médicales, commencent à travailler sur l’inclusion des personnes trans et non-binaires.
Si "l'inclusion des personnes trans et non-binaires" passe par l'invisibilisation de la majorité écrasante des concernées - à travers le renoncement au terme "femme" - et bien... on assiste donc bien à la disparition progressive (et non imminente) du mot "femme" ? Noyer le féminin dans un masculin dit "neutre" ou dans une formulation épicène revient exactement au même : effacer le féminin lorsque l'on parle d'une problématique qui touche majoritairement les femmes. (On peut débattre de la nécessité d'inclure davantage les trans et non binaires dans un certain nombre de débats, on peut débattre des moyens à mobiliser en ce sens, et on peut le faire sans nier l'effacement du féminin dans la floraison des expressions "neutres" de type "personne à utérus".)
On en revient à nouveau à cette corde sensible : l’expérience biologique d’être femme, qui primerait sur la construction sociale.
Je crois qu'il a été démontré à plusieurs reprises dans cette discussion en quoi
c'est bien l'expérience sociale d'être une femme qui prime sur la biologie. Le problème étant justement qu'altérer la biologie
ne fait rien pour déconstruire cette expérience - oppression, plutôt - sociale.
Leur tentative d’exclure l’identité de genre de la proposition de loi sur l’interdiction des thérapies de conversion ne vise nullement à protéger les jeunes LGBTI+, mais bien à les utiliser pour s’en prendre une fois encore aux femmes trans — et à la communauté trans et non-binaire de façon générale.
1. J'en reviens à la question déjà posée par d'autres : mais qu'est-ce que c'est, "l'identité de genre" ? Quelle est sa réalité ? (par rapport à l'expression de genre et au sexe, notamment ?)
2. Mais surtout, si cette conclusion était vrai :
dans quel but ? Quel(s) but(s) poursuive(nt) donc ces féministes ? Exclure les trans, et ensuite ? Elles auront gagné quoi ?
Il manque une logique à cette démonstration. Quel est le mobile du crime ? C'est juste par haine de l'autre ? Ce ne serait pas plutôt l'agenda du Patriarcat, globalement ? Nous faire croire que nous avons des divisions idéologiques irréconciliables ?
Je rejoins une nouvelle fois le 1er post de
@gingerfish : ce débat mérite bien mieux.