Je voudrais déjà commencer ma réponse par dire que féministe radical.e et TERF sont deux choses très différentes.
Et oui je suis un mec trans gay et non binaire, dans les associations que j'ai côtoyé et que je côtoie encore, je croise des femmes trans et des hommes trans qui sont féministes radicales. Donc la critique du genre; des stéréotypes de genre et l'envie d'abolir le genre; ça existe même chez les personnes trans.
TERF c'est un mouvement, organisé et assez populaire aux UK, dont les membres aident actuellement les TERF françaises dans leur action pour réduire nos droits. Et c'est bien ça le problème. J'editerais si je retrouve l'article d'une ancienne terf, ancienne personne trans qui a detransitionné et qui a été instrumentalisé par le mouvement terf. C'était très intéressant son témoignage, assez dur aussi (et finalement la personne a retransitionné par la suite).
Petit point par rapport aux fameuses pressions et injections à transitionner.
Je crois que ceux qui suivent cette idée là, vous n'avez absolument aucune idée de la difficulté d'un parcours de transition.
Depuis 2016, on est plus censé voir un psychiatre pour ça. Or c'est quasiment exigé partout.
Il y a deux parcours
- Le privé, où l'on doit chercher des médecins soient même (donc psychiatre et endocrinaux voir chirurgien), qui acceptent de te prescrire des hormones ou d'attester que tu ne présentes pas de maladies psychiatriques qui peuvent altérer ton jugement afin d'avoir les saints hormones.
Autant vous dire que...c'est cher (car depassement d'honoraires) et bien compliqué.
- Le parcours dit public, par la sofect (ou trans santé maintenant car ça a changé de nom), qui exige un suivi psy de 2 ans minimum (puis obligatoire), et qui demandent l'avis de toute une équipe pour avoir accès rien qu'aux hormones : et d'après les nombreux témoignages : si t'es malades, gros, pas hetero (soit un homme trans qui aiment les femmes ou une femmes trans qui aiment les hommes), que t'es pas jeune, que t'as eu des enfants en tant que mec trans, que t'es pas binaire (et que tu corresponds pas aux stéréotypes de genre), ba c'est cuit. Pas de transition.
Sans parler par la suite de se battre constamment auprès des médecins qui des qu'ils voient que t'es trans, te considèrent plus trop et te laissent galerer avec tes soucis de santé bien réels qui sont soit disant dans la tête, les multiples démarches administratives où tu dois saisir le défenseur des droits pour qu'on respecte tes changements de prénoms et d'état civil, etc...
Franchement les mecs cis qui veulent violer des femmes, ils vont pas s'infliger ça hein, d'autant qu'ils peuvent encore agir assez facilement en tout impunité.
Par contre oui bien sur qu'il y a des femmes trans et des mecs traks agresseur.ses, comme dans tout les types de populations. Être trans ne fait pas de quelqu'un une personne safe. On a des homos homophobes et des trans transphobes. Meme des trans terfs.
Par exemple en tant que mec trans gay, j'ai déjà eu des insultes de la part de mecs trans heteros qui tentaient de performer la masculinité toxique.
Du coup ça me permet de faire une transition sur certains arguments terf relatif aux stéréotypes de genre
- souvent les stéréotypes de genre sont performés parce qu'on a pas le choix pour se faire accepter dans son identité. Parce que la société se base sur le passing, ce à quoi tu ressembles dans la rue.
- personnellement, je suis passé d'insultes sexistes et misogynes à des insultes homophobes, parce que j'ai sacrément l'air d'un gars efféminé. Je sais pas ce qui est mieux, dans les deux cas je risque l'agression. Transitionner ne pas pas permit d'échapper à ça.
- les personnes trans souffrent tout autant des injonctions de la société relatif aux stéréotypes de genre "Tu dois êtres une femme sans poils, féminines, maquillées, pas trop grande, pas trop grosse, discrète mais avec de l'esprit, etc.". Ou "tu dois être un homme viril, fort, musclé, mince, qui montre pas ses émotions et ses faiblesses, qui a confiance en lui, qui prend des risques". Toute personne qui déroge de ces stéréotypes là s'exposent de toute façon aux risques d'insultes, dharcelements et d'agressions. Doubles peines pour les femmes (cis ou trans), puisque même en se conformant au stéréotypes, elles sont exposées aux violences sexistes.
Je rajoute un dernier point sur les detransitions (ou retransitions comme on les appelle chez les militants trans). C'est un sujet qui a été tabou pour la communauté et personne n'osait l'aborder, parce que c'était quelque chose auquel on nous renvoyait souvent.
Le soucis c'est que ça a été instrumentalisé par les TERF, donc depuis quelques mois, la communauté essaye de dédramatiser la transition et de pouvoir rendre la parole plus simple dans la communauté trans.
Oui retransitionner ça peut arriver. Les chiffres sont assez bas car vu la difficulté pour transitionner, ça laisse le temps de bien réfléchir.
Oui ça existe et pour diverses raisons. Certain.s se sont tour simplement trompés, d'autres n'ont pas encore trouvé leur identité de genre (et oscille entre non binarité, personne trans binaire et genre assigné), d'autres encore n'ont pas eu le courage de continuer le parcours car c'était trop dur (pour de multiples raisons parce que personnes jeunes, sans ressources, qui doit compter sur un entourage transphobe, etc).
Et en parler permet de dédramatiser le tout. Oui ça arrive. Tout comme une personne qui se fait stériliser peut changer d'avis. Certains changements de transitions sont irréversibles (peu), le reste non. Il est possible de revenir en arrière. Ca peut faire parti aussi de l'expérience de sa propre identité. Et c'est OK. Il faut en parler bien sur, c'est important et pas laisser les gens seuls.
EDIT :
On m'a envoyé l'article d'une personne trans qui a detransitionné et qui a été instrumentalisé par les TERF. Merci beaucoup à la personne qui m'a MP. J'arrivais pas à remettre la maison dessus.
Je préviens que le texte est dur à lire.