L'article me semble ne pas parler de ça. Ce que je comprend, et ce que je crois, c'est qu'il y a un certain dogmatisme dans les milieux militants. Il y a un avis majoritaire sur ce qui peut/doit etre dit, et que la contradiction est souvent réduite au silence par cette argument du concerné/pas concerné.
Par exemple on entend souvent parler des femmes et des mecs, des trans et des cis, des hétéro et des homos comme si ce fragment d'indentité disait quelque chose sur les individus eux memes, sur leur bonne foi, sur leur douleur, sur leur vécu. Il suffit de voir les commentaires de l'article temoignagne de l'homme trans sur sa maniere de se masturber, on lui a reproché entre autre ne pas utiliser les bons termes, des termes qui seraient offensant pour les trans en général. C'est assez ironique.
Par ailleurs il arrive très souvent sur les sujets qui touchent au genre ou a la sexualité - mais pas que - qu'on suppose ces éléments là en fonction des positions de la personne, sur une base de "Si tu penses ça ou utilise ce mot c'est que tu dois être soit pas concerné, soit concerné mais pas assez bien déconstruit". Ca creve les yeux sur internet où on se retient moins d'être catégorique et où on ne voit pas et ne connait en général pas les personnes avec qui on débat.
De plus, je dirais qu'il y a une différence d'angle assez importante. Beaucoup de militants ont l'air de penser que le but, la fin du militantisme c'est de réduire au maximum les souffrances des groupes de personnes opprimées. C'est un point de vue qui se comprend, mais ce n'est pas celui de tout le monde, et pas non plus celui de toutes les personnes qui font partie de ces minorités. De plus ça suppose que les personnes qui défendent cette safitude soient elles même totalement safe, ce qui n'est clairement pas le cas, il y a beaucoup de personnes qui souffrent de ces discours dans lesquels elles ne se reconnaissent pas, justement a cause de cette idée que concerné = telle opinion.
Personnellement, je crois que la vie est douloureuse. Qu'il y ait structurellement des oppressions ne change rien aux ressentis individuels qui sont pluriels (par exemple, je me vois pas dire à mon pote d'origine congolaise, qui s'est fait virer de chez lui après avoir présenté sa copine blanche à ses parents, que le racisme c'est seulement un truc de blanc envers les racisés. Ca va pas beaucoup le soulager dans cette épreuve, franchement. Lui comme moi, on est plutot d'avis a faire des trucs pour que les gens se parlent et se rassemblent plutot que de jeter de l'huile sur le feu.
Tout le monde n'a pas les memes forces, les memes fragilités, a titre personnel je ne veux pas vivre dans un cocon doux sans la moindre petite secousse. L'important a mes yeux c'est que tout le monde puisse s'exprimer et ecouter les autres, pas qu'on aseptise le monde qui m'entoure.