@Aalia j'ai vraiment du mal à comprendre comment on peut être à ce point sincèrement convaincue que les notes ont une utilité!
Pendant des années, mon établissement a arrêté les notes pour pratiquer la notation par compétences : chaque devoir noté, chaque contrôle était évalué selon un ensemble de compétences pour lesquelles on inscrivait si elles étaient acquises ou non, en cours d'acquisition etc. Cela permettait aux élèves de cerner immédiatement ce qui allait et ce qui n'allait pas dans leurs travaux, et ce qu'ils devaient travailler prioritairement. Si tu as un 7/20, même si certaines choses sont positives dans ton devoir, tu ne les vois pas. Tu vois 7/20. Tu vois le constat d'échec, voire l'humiliation. Ca dit quoi, 7/20? En quoi ça aide un élève à se mobiliser? En quoi ça l'aiguille pour la suite?
A part quelques profs dilettantes que ça emmerdait royalement de noter par compétences, parce que c'est plus de travail, et parce qu'ils ne pouvaient plus noter "au doigt", tout le monde s'était adapté. (Je précise que je ne cherche pas à renforcer les poncifs sur les profs, j'en suis et je travaille énormément, la plus grande partie de mes collègues travaille énormément, ce qui n'empêche pas que certains profs notent comme des cochons, sans aucun barême correct, et que forcément c'est un peu à la gueule du client.)
Bref, les élèves appréciaient, on les sentait moins stressés, les profs avaient adopté le fonctionnement, alors pourquoi avons-nous arrêté? Et bien parce que les parents se sont plaints. Ben oui, comprenez-vous, ils n'arrivaient pas à mettre leurs gamins dans une case, c'est emmerdant! Ils n'arrivaient pas aussi facilement à définir s'ils étaient "nuls" (pour reprendre tes mots) ou pas! Vraiment, désolée pour le ton, mais ça me rend rageuse ce genre de choses. Je suis mère aussi, de deux enfants, et je n'attends pas de l'école, des profs, qu'ils m'informent si mon enfant est "nul" ou non. J'attends de comprendre ce qu'il aime, pour quoi il a des prédispositions, quels types de compétences lui posent problème, y compris en matière de comportement.
Les parents qui aiment à ce point les notes sont généralement ceux qui n'ont pas envie de s'enquiquiner à lire correctement un livret de compétences, ou qui ont une telle projection de leur enfant dans le futur (grandes écoles etc.) qu'ils veulent une étiquette sur leur gamin : premier prix ou label rouge?
Je ne comprends pas cet attachement aux notes, de même que je ne comprends pas certains propos tenus sur ce fil, qui laissent entendre que ne pas donner de devoirs aux élèves semble participer d'un complot pour en faire des crétins asservis (je ne sais plus qui a écrit ça?), ou Morade (je n'arrive pas à la citer) qui nous écrit que "l'école ce n'est pas ménager les élèves" ou qu'ils doivent "comprendre que dans la vie on ne fait pas ce qu'on veut". C'est une vision de l'école, et une vision de la vie, qui n'est pas la mienne, ni en tant que femme, ni en tant que mère, ni en tant que professeur. Faire ce qu'ils veulent? Ils sont déjà enfermés en cours 7h par jour, vous appelez ça "faire ce qu'ils veulent"? L'école ne doit pas "ménager" les élèves, alors elle doit quoi? Les dresser, les casser en prévision d'une vie où l'on se soumet au bon vouloir du patron? Et c'est ce genre de fonctionnement qui est censé ne pas en faire des "crétins"?
Je ne suis pas pour toutes les réformes, par exemple la réforme des rythmes scolaires m'a horripilée. Pour moi il fallait une réforme, mais pas celle-là. Mais l'école de la république fait néanmoins ce qu'elle peut pour mettre de plus en plus l'élève au centre des enseignements, qu'il soit acteur. Les parents que ça ennuient et qui veulent toujours plus de bachotage devraient effectivement considérer l'option privée. Là, ils pourront assommer leurs gosses de devoirs et en faire des élèves fébriles de leur "réussite". Ils pourront avoir des devoirs sur table notés durant quatre heures tous les samedis. Je connais ce fonctionnement, je suis issue d'une grande école, j'ai connu pléthore de jeunes qui venaient d'écoles privées où l'on donnait soit disant le "goût de l'effort et du dépassement". Mais qui fabriquent en vérité des jeunes parfois infectes, souvent tétanisés à l'idée d'échouer et surtout, absolument moteur de rien, purs réceptacles des désirs et projections de leurs parents. Bien sûr je généralise, mais je ne vois vraiment pas en quoi ces systèmes peuvent faire rêver. Mais ça rassure les parents. Ah, ça! Leurs gamins vont avoir une grande capacité de travail! Mais à quel prix?
Et
@Locke , je ne vois vraiment pas le rapport entre un sujet "pour ou contre les devoirs (ou les notes, d'ailleurs)?" et un sujet "pour ou contre l'école?". L'école, c'est bien plus que des devoirs ou des notes. Vraiment. Autant je n'avais pas apprécié l'interview de la jeune fille non scolarisée (j'ai trouvé le propos creux et elle avait une attitude suffisante qui m'a irritée), alors que je m'intéresse beaucoup au unschooling, autant je ne vois pas le problème de cet article-ci.
J'invite tous ceux que ces questions intéressent à visionner cette conférence TED :
https://www.ted.com/talks/julie_lyt...ccessful_kids_without_over_parenting#t-635980
Pour moi, elle est d'utilité publique...