Plusieurs questions me viennent à l'esprit avec ce sujet (et, vu comme il est parti, je vais pas y aller avec le dos de la cuillère, yolo).
Pourquoi vouloir mourir? C'est l'interrogation qui me vient, du coup.
Beaucoup d'intervenant-es ici parlent de "souffrance" sans trop détailler en quoi consiste cette souffrance - et, s'il y a moyen de supprimer cette souffrance, alors est-ce que cela ne rendrait pas le fait de rester en vie plus profitable? Je reconnais qu'il y a des souffrances qu'on ne peut éteindre, notamment des douleurs physiques en cas de maladie en phase terminale, où il s'agit là de hâter un processus qui amène à la mort plutôt qu'arrêter un système (le corps, la vie) qui fonctionne bien.
J'ai aussi beaucoup lu de mention de désintérêt pour la vie, de "rien qui ne vaille" ce qui me semble plus un abandon qu'autre chose. Tant qu'à faire, puisqu'on est là, pourquoi ne pas expérimenter de nouvelles choses? En soi, s'il y a ennui, si la situation actuelle d'une personne est insatisfaisante, rien n'empêche de tout plaquer et d'aller tenter quelque chose de radicalement différent, voir d'aller vivre méga loin. Un manque de goût pour toutes les choses de la vie, une apathie, un désintérêt total n'est pas une situation normale, si je me souviens bien, et plutôt l'un des signes de la dépression. Une volonté de ne pas chercher quelque chose de nouveau est une sorte d'abandon.
Il y a une incohérence fondamentale à dire que mourir ( = ne plus vivre) améliorera la vie d'une personne.
Du coup ... J'ai beaucoup l'impression que le "mon corps mon choix" appliqué au suicide est radicalement différent de toutes ses autres applications, en le sens où il ne cherche pas à améliorer la vie de la personne, mais au contraire entérine un abandon, entérine un "négatif", et est nuisible à la personne, en le sens où c'est user de sa liberté pour se faire du mal, pour se détruire littéralement.
Cela reste l'utilisation de sa liberté, je le reconnais. Mais je ne sais pas si c'est quelque chose à activement encourager - on est aussi une espèce sociale, et nombre de nos actions ont pour but d'influencer autrui : je trouve donc assez paradoxal de comparer ça aux luttes contre le sexisme ou le racisme, quand ces luttes ont pour but d'améliorer la vie d'autrui et pas de la détruire, ou d'encourager à l'autodestruction.
Tout ce sujet pose aussi une question: c'est quoi, le but de notre société? Et de notre morale, et de nos luttes politiques (pour l'organisation de la vie en société) et de nos engagement, et de nos actions envers notre entourage?