Personnellement je suis une littéraire, aussi, même si le "une vraie", je le trouve archi-prétentieux. Dire que les livres n'ont pas de qualité littéraire, ça me paraît franchement étonnant de la part d'une littéraire qui les aurait vraiment lus attentivement.
C'est complètement faux. Comme l'a déjà souligné une madmoizelle en première page de commentaires, JK Rowling a fait des études de français et ça se sent, tout comme le travail sur l'étymologie des formules, sur la construction de l'univers potterien, sur l'atmosphère de chacun des tomes, sur les influences / inspirations et références mythologiques.
En plus l'écriture est fluide et agréable, même s'il y a parfois des maladresses ou des lourdeurs. (Je déteste le tome 5 : je le trouve d'un ennui !)
Mon auteur préféré est Victor Hugo. Ça ne m'empêche pas d'avoir tous les tomes d'Harry Potter sur mon étagère valorisés au même titre que
Notre Dame de Paris,
Han d'Islande et
Quatre-Vingt-Treize.Les univers sont très différents (d'ailleurs on est dans d'autres genres littéraires ; la fantasy, la SF, le fantastique, le polar, etc, sont souvent considérés comme des genres mineurs, ce que je trouve déjà assez péremptoire comme distinction ; pour moi dire carrément que ce n'est pas de la littérature ou que c'est de la sous-littérature c'est du snobisme).
Mais j'avoue que certains commentaires m'énervent presque encore plus que cette partie de l'article, parce que je lis beaucoup de littérature pour enfants. Je la trouve souvent bien plus imaginative, ambitieuse et de plus grande qualité que la littérature dite "adulte".
Je ne vois pas pourquoi la qualité serait forcément moindre parce que c'est destiné en premier lieu aux enfants et aux pré-ados. Au contraire la grande force des chefs-d??uvres (et je pèse mes mots) de la littérature jeunesse, c'est leur intemporalité et la richesse de leurs niveaux de lecture. A l'époque où on attendait la sortie de chaque tome avec impatience,
Harry Potter circulait de ma petite s?ur à moi et de ma grande s?ur à ma mère et il est évident que ma petite s?ur, qui avait 8 ans, n'y comprenait ni ne voyait les mêmes choses que nous. L'avantage, c'est justement qu'on peut lire et relire ces livres à tout âge en les percevant différemment.
D'autres livres jeunesse géniaux ? A peu près tous ceux de Roald Dahl, la saga
A la croisée des Mondes de Philip Pullman (qui méritait bien mieux que sa très pauvre adaptation cinématographique inachevée), la saga d'Ewilan de feu Pierre Bottero, la série des
Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire de Lemony Snicket (où j'ai piqué mon pseudo) par exemple.
En quoi ces remarquables livres auraient moins de valeur, seraient moins intéressants sur le plan littéraire, seraient qualitativement moins poussés que n'importe quel ouvrage de littérature "adulte" ? Franchement, quand je vois le paysage français littéraire "adulte" actuel, je ne trouve pas ça très folichon. Si c'est Beigbeder, Nothomb et tout le toutim les grands auteurs d'aujourd'hui, c'est bien triste, et mieux vaut lire de la littérature jeunesse ! Quand je vois en librairie ce si génial Umberto Eco (le pauvre !) côtoyer en tête de gondole Marc Lévy et Guillaume Musso, je me dis qu'il y a quelque chose de pourri au royaume du livre ! (Mais bon, je m'égare peut-être un peu...)
Bref, arrêtons de mépriser la littérature-jeunesse sous prétexte que "c'est pour les enfants" donc ça ne doit pas voler bien haut. Les enfants sont remarquablement intelligents, avec des capacités d?imagination beaucoup plus étendues que celles des adultes, et par conséquent, séduire et émerveiller ce lectorat-là, c'est un vrai travail littéraire, ambitieux et exigeant.
En plus tant qu'à taper sur un "hit" de la littérature jeunesse, glorifié et porté aux nues par une campagne marketing bien menée alors que pour le coup ça n'a pas de valeur littéraire (les ayant lu en anglais et en français, j'ai trouvé dans les deux cas que c'était insupportablement mal écrit, bourré de clichés, dans une langue simpliste à défaut d'être simple, et faire la liste de tous les défauts de cette daube serait trop long), pourquoi n'avoir pas choisi la saga "Twilight' ? Il y aurait pour le coup de nombreuses critiques bien plus fondées à faire à l'encontre de ce navet dont on nous rebat les oreilles... (Il faut reconnaître quand même que pour ce qui est de cette saga là, on ne risque pas d'êtres déçu par les adaptations cinématographiques ; le grand avantage c'est que les films sont aussi mauvais que les bouquins.
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Enfin,histoire de ne pas faire un post de 15 km de long (même si j'aurais encore beaucoup de choses à dire à propos de cet article que je trouve de mauvaise foi), et pour appuyer quelque chose que d'autres ont déjà bien dit avant moi, je trouve l'argument de la dérive commerciale terriblement faux-cul. Déjà, cette surmédiatisation potterienne est la conséquence de la marchandisation à outrance propre au système hollywoodien, et découle non des livres, mais des films. Et ça ne date pas franchement d'hier. "Star Wars" a suscité depuis des décennies le même type d'engouement, les dessins animés Disney sont sur-vendus depuis plus de vingt ans et ce serait difficile d'élaborer une liste exhaustive des films qui usent et abusent des effets marketing !
Quant au phénomène littéraire suscité, avec le ouvertures en avant-première des librairies, les gamins hurlants qui se précipitent déguisés en Harry Potter et ses petits copains, euh... Qu'est-ce qui dérange tant là-dedans ?,
Franchement on peut détester tant qu'on veut "Harry Potter", mais je ne comprends pas trop qu'on ne se réjouisse pas de voir toute une génération ainsi poussée à lire (et pas des petits bouquins riquiquis et bêtifiants, ma petite s?ur a donc dû lire à 8 ou 9 ans le tome 5 qui fait plus de 1000 pages !). Surtout quand on professe en déclaration de principe "Je suis une littéraire, une vraie".