Désolée pour cette réponse un peu longue
@Lelys
Désolée que tu te sois sentie agressée. Mais c’était pas du tout le but. Donc soit j’ai vraiment écrit de travers, et j’ai pas cette impression, mon message me paraît normal. Soit tu as interprété mon message au plus mal. Et c'est d'autant plus ennuyant que, dans ce que tu relèves, tu me fais dire des choses que j’ai pas dites.
« ne te fais pas de souci » : c’était de l’ironie, apparemment mal tournée. C’est le seul truc que je vois dans mon message qui aurait pu être vu comme agressif, si on le lis avec un ton agressif. Pour ça, je m’excuse, parce que là-dessus effectivement ça peut être lu agressivement assez vite.
Mais pour le reste, vraiment je comprends pas.
Par exemple la partie sur les « grands discours », et des "déclarations d'intention", je te visais pas toi (j’ai l’impression que tu l’as lu comme ça, puisque tu dis que je « te sautes dessus » ??). Je pensais très clairement à des Marlène Schiappa et des discours politiques qui affirment que « tout va très bien madame la marquise ». D’ailleurs je vois pas comment, toi, tu pourrais faire une déclaration d’intention. Pour faire une déclaration d’intention il faut avoir du pouvoir pour agir au niveau politique, c’est les politiques qui font des « déclarations d’intention », bref c’est comme des promesses électorales quoi. Après, peut être que tu es une femme politique, mais clairement je partais du principe que non, donc c'était pas personnel du tout, et pour moi c'était pas une lecture possible, de le prendre personnellement.
Autre exemple que tu interprètes mal mon message : j’ai jamais écrit, à aucun moment, que
tu voulais maintenir l’ordre patriarcal. J’ai dit que la société, en général, maintient ce système, par les mœurs, le fait de répéter aux femmes de faire attention en sortant. Pas toi en particulier, je ne te connais pas, j’ai aucune idée de ce que tu peux dire aux autres femmes. Surtout que généralement, les féministes sont justement des exceptions, et évitent de renforcer l’ordre patriarcal avec ce genre de messages qui font peur. Bref, j’ai décrit la situation, le tableau général, je ne t’ai pas visé toi personnellement. Là encore j’arrive pas à comprendre comment tu as pu lire ma phrase et l’interpréter comme tu l’as fait, pour moi c’est un mystère, mais je suis quand même désolée que tu l’ai pris comme ça.
Pour te répondre par contre sur la question de l’espace mixte : tu n’as pas juste dit « selon la loi, l’espace est mixte, mais en fait y a des agressions qui rendent l’espace difficilement fréquentable pour les femmes ». Tu as écris (je te cite) « d'un point de vue purement pragmatique, il l'est déjà (mixte). »
Or, "pragmatique", ça veut pas dire "légal". Ça veut dire que l’espace est mixte, dans les faits (
définition de « pragmatique » = « Qui concerne les faits réels, l'action et le comportement que leur observation et leur étude enseignent »). Un
synonyme de "pragmatique", c'est "réaliste", ou "empirique" (c'est-à-dire "tiré de l'expérience").
La suite de ton message confirme ça, tu dis : « ça me met mal à l'aise de lire que l'espace public en France n'est pas mixte quand on sait qu'il y a des pays où c'est réellement le cas » (sous entendu, en France c’est mixte, en réalité, si j’ai bien compris le mot « réellement »).
Donc tu transformes ce que tu as dit d’un message à l’autre là. Tu peux changer d’avis, y a aucun souci. Mais ta réponse c’était pas « j’ai changé d’avis », c’est « j’ai dit ça dès le départ. ».
Ensuite là où on diffère beaucoup, c’est que toi tu dis que « la loi prévoit des sanctions. J'ai également précisé que dans les faits, ce n'était pas toujours appliqué. ». Moi je dis que la loi prévoit des sanctions, mais ne les applique quasiment jamais. Ce qui revient, au final, à ne pas en prévoir. Parce qu’une sanction qui n’est pas appliquée, ben c’est rien.
@Philomuse De mon expérience, c’est-à-dire d’une femme qui a passé son adolescence à Paris, quand j’avais 15-16 ans, je comptais les jours où je sortais sans être em… dehors par un, et souvent plusieurs hommes. L’ordinaire, ce que moi j’ai vécu, c’est : tu mets un pieds dehors, un homme va venir te parler. L’inhabituel, c’est : j’ai pu aller acheter mon pain sans me faire alpaguer.
Ça se calme avec l’âge, à la vingtaine ça commence à aller mieux, avec l'assurance qui vient, et puis surtout je fais du vélo donc les hommes n’ont pas le temps de trop m’arrêter, puisque je vais pas à la bonne vitesse pour être em… Et là, je parle de jour. Et je suis dans les standards de beauté mais faut pas exagérer non plus, et mes amies me racontent qu’elles aussi elles subissent ça. Elles le prennent plus ou moins bien, mais on connaît toutes cette situation.
Donc non, je ne trouve pas ça exagérer de penser qu’à Paris, les femmes ne sont pas tranquille dans l’espace public, et donc que l’espace public est, socialement, l’espace des hommes. Les femmes sont leurs p.. d’amusement, j’appelle pas ça un lieu mixte.
Pour le reste, comme je voyage pas seule, je peux pas dire, je me balade rarement seule en vacances, donc j'ai pas de point de comparaison suffisant.
Pour ce qui est des bars, des boîtes et autres : les femmes n'en sont pas exclues, mais on sait bien qu'elles sont aussi un "produit" la nuit. Y a qu'à voir le nombre de boîtes qui font des boissons gratuites pour les femmes et payantes pour les hommes. Donc dire que c'est mixte, alors qu'il faut attirer les femmes avec des boissons gratuites, je trouve ça aussi exagéré.
Après on peut ne pas entendre la même chose par "mixte", hein. Mais si pour toi comme pour moi, "mixte" ça veut dire : tout le monde peut y aller à égalité d'emmerdements, ben l'espace public est pas mixte. On devrait craindre de sortir comme les hommes craignent de sortir, et c’est tout. Et je connais pas beaucoup d’hommes qui craignent le viol dehors.
Pour ce qui est de la nuit : tu dis que la situation est plus nuancée. Elle l'est si on ne regarde que ton cas. Mais si on regarde le cas des femmes qui n’ont pas eu ta chance, et qui elles, n’ont pas pu s’enfuir, ou sont tombées sur le mauvais gars : je suis pas sûre qu'elles, elles voient les choses comme toi. Tu le dis toi-même, d'ailleurs.
Peut être que ce que je dis est un cran au-dessus de ta réalité, à toi. Mais quand j'essaye de réfléchir sur un sujet (ici le féminisme), j'essaye de réfléchir au problème dans sa globalité. Et le problème, dans sa globalité, c'est que les femmes sont, certes avec des différences, mais toutes, potentiellement en danger dans l'espace public, et un danger qui est spécifique à leur genre (pas le danger de vol ou d'être écrasé, qui est un danger "mixte", pour le coup). De la prostituée à la bourgeoise du VIIIe arr.