Pourquoi le verdict du « procès Nadia Daam » me laisse un goût amer

[-Soualo-]

@Kaus Australis

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Sinon je m'arrête là sur ce sujet qui s'éloigne de celui de départ.

 

[MorganeGirly]

Je rappelle que Mad ne peut en aucun cas être neutre dans cette affaire puisque les connards en question ont pourri la vie de l'équipe et tout particulièrement de Marion Seclin pendant des années.

Ce procès que Nadia a mené jusqu'à son terme résonne donc tout particulièrement pour une partie d'entre nous, dont @Mymy , qui avons traversé toutes ces crises.

Du coup en fait, ça change un peu ma vision de l'article, je n'avais pas vraiment compris cet "angle" de vue.

Parce qu'en lisant, je comprenais totalement ce que disait @Mymy, j'étais d'accord avec certaines choses mais ça me laissait perplexe aussi car je n'étais pas sûre de saisir l'objectif final de la réflexion et le type d'article (réflexion féministe, coup de gueule...?).
Alors qu'au final, je comprends mieux le but de l'article s'il exprime l'amertume d'une proche de victime face à cette condamnation. C'est un article personnel et émotionnel (c'est pas une critique je le précise parce que souvent on peut croire que ça l'est quand on utilise le terme "émotion"), mais ce côté quasi-témoignage n'était pas suffisamment clair pour moi et du coup, je le voyais plus comme une sorte de semi-analyse juridique de jeune femme féministe qui se pose des questions sur un monde sexiste et la valeur de la peine.

Or, je trouve ça assez différent d'écrire un article réfléchissant au verdict du procès en tant que jeune femme féministe que d'écrire un article en tant que pote d'une victime/personne dont le travail a été directement affecté par les mêmes personnes que celles qui comparaissaient au procès. Et du coup, je comprends mieux pourquoi @Mymy parlait d'amertume et de pessimisme.
Ce que je veux dire c'est qu'en tant que féministes, on réagi plus ou moins émotionnellement, avec plus ou moins de rage face à certaines situations en fonction de notre vécu, mais c'est pas du tout la même chose d'être révoltée par JVC et d'avoir une opinion sur le procès de certains de ses membres parce qu'on a une sensibilité féministe (comme moi)... et d'être paumée sur ce qu'on pense de ce procès parce qu'on a aussi été victime de JVC (comme @Mymy), et du coup si la différence de perspectives n'est pas claire, on se met à parler de deux choses différentes sans s'en rendre compte (d'autant plus que la question posée par l'article c'est "pourquoi ça me laisse un goût amer", mais je trouve que cette donnée clé n'est pas assez mise en avant ).

 

[LovelyLexy]

En fait je suis les deux ! J'ai commencé ma carrière comme ingénieur de recherche / R&D puis chercheuse, période au cours de laquelle j'ai donné quelques cours en école d'ingénieur (d'où une petite expérience dans l'enseignement). Et au cours de mes diverses formations j'ai eu pas mal de cours de droits (principalement droit du commerce, droit des affaires, un petit peu de droit civil aussi), d'où l'expérience relatée plus haut.

Ah d'accord, je comprends mieux. Pour la partie enseignement, ça explique: les chercheurs/enseignants du supérieur ont tendance à ne pas connaître le fonctionnement, les enjeux et difficultés du primaire et secondaire, ça peut expliquer certaines réactions et malentendus.

 

[Kettricken]

Pour avoir été impliquée directement dans plusieurs cas de harcellement qui me semblent plus grave et avoir systématiquement du ramasser une victime a la petite cuillère car la justice n'en a rien eu a faire, ca me gonfle vraiment d'avoir a constater qu'il faille passer a la radio pour être protégé convenablement (et repartir avec un petit chèque au passage la ou la majorité des victimes dans des affaires similaires, a préjudice similaire ou superieur, n'ont le droit a rien).

C'est la façon pessimiste de voir les choses.
La façon optimiste est de se dire que grâce à ce procès impliquant une victime avec un certain poids médiatique, la justice va peut-être réalisé l'importance de condamner le cyber-harcèlement et va changer son fusil d'épaule.

Je comprends pourquoi tu es révoltée si tu as été en proche contact de victime, mais je ne vois pas en quoi un jugement qui laisserait une fois de plus les harceleurs impunis aurait pu te satisfaire d'avantage. N'aurait-ce pas été tout aussi enrageant de voir que rien ne change jamais et que les harceleurs s'en sortent toujours ?

 

[Gabelote]

@Kettricken je ne veux pas parler à la place de @123pourquoi mais je fais partie aussi des gens que ce jugement laisse un peu amer.

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Alors ce qui ferait du bien dans le traitement médiatique du cas de N. Daam, c'est qu'un article rappelle ce que c'est que le harcèlement, ce qu'on risque, quelles sont les chiffres en la matière. S'il y a déjà eu des condamnations pour qui que ce soit d'autre.
Ce serait que le ministre de l'intérieur indique que les services de police vont être mieux formés pour recevoir et traiter ce type d'affaire. Ce serait qu'il y ait une vraie réflexion sur les plateformes et les réseaux sociaux.
On peut parfaitement être contente pour N. Daam, en espérant qu'elle et sa famille n'auront plus à souffrir de cette affaire, tout en rappelant que ce n'est pas un cas représentatif de ce qui se fait en la matière, et que ce n'est pas normal.
Comme tu le dis, ça va peut-être être le déclencheur qu'il fallait pour que les cas de cyberharcèlement soient pris au sérieux. Et c'est bien, c'est bien pour N. Daam et pour toutes les victimes de harcèlement qui se présenteront au guichet de leur commissariat de police par la suite. Mais ça fait quand même mal pour toutes celles qui sont passées avant. Pour celles-ci, le message est douloureux, il dit "tant qu'une personnalité connue n'est pas passée par là, votre préjudice ne sera pas pris en compte correctement".

 

[Sadala]

@Gabelote Je comprends pas bien, tu parles de harcèlement scolaire là ? Quel rapport avec cette affaire ?
Après je suis tout fait d'accord pour dire que le harcèlement scolaire n'est pas pris au sérieux, surtout quand il se passe sur les réseaux sociaux : "C'est des histoires entre gamins", et autre bullshits. Il faut changer cela et sensibiliser à ce problème.
Mais le harcèlement qu'a vécu Daam n'est pas du harcèlement scolaire, les visées, les causes et les proportions sont différentes.

 

[Denis]

@Gabelote

Sur le cyber-harcèlement, Marlène Schiappa est entrain de faire évoluer les choses avec sa loi.
Des éléments d'info dans ce papier de Mad :

Que contient le projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles ?

 

[Mymy Haegel]

@MorganeGirly : J'ai effectivement beaucoup de ressentiment au niveau personnel, mais ce n'est pas tant contre JVC et ses membres (qui m'ont harcelée à divers moments) que contre, globalement, les « trolls » du Web — ces « trolls » très politiquement incorrects et courageux qui, de façon très originale, s'attaquent toujours aux femmes, aux personnes non-blanches, non-hétéros, aux mecs identifiés comme « fragiles »...

J'ai dû « faire avec » ces gens-là toute ma vie, car ils ont toujours été présents dans mes communautés (sauf madmoiZelle bien sûr), et car ils ont toujours savouré leur sentiment d'impunité.

Là où ce verdict me laisse un goût amer, c'est que je ne vois pas comment il va apprendre ne serait-ce qu'aux 2 prévenus le « souci » avec leurs actes, il n'y a aucune sensibilisation, c'est « juste une punition ».

Sans parler du message de sensibilisation au reste du monde, qui pour moi n'est pas suffisant (même si c'est bien que la justice dise : la violence sur Internet c'est une violence tout court).

Enfin voilà, je ne suis pas particulièrement touchée car j'ai été victime de ces mecs (comme, je pense, l'évoquait @Denis avec les meilleures intentions du monde ). Je suis touchée car j'en ai soupé de ces mecs, en général, et je ne suis pas sûre que ce verdict les fasse changer.

Après, est-ce le rôle de la justice ? Je ne le sais même pas d'où le fait que j'ai du mal à définir un verdict qui m'aurait « satisfaite ».

 

[Sadala]

Je voudrais ajouter une chose, c'est que ce n'est pas la première fois non plus que des trolls sont condamnés en France. Là, de mémoire, je pense tout de suite au raid contre Rayan, un petit garçon handicapé ou encore une femme noire (j'ai oublié son nom, désolée) qui avait fait condamner son harceleur pour des propos racistes et sexistes.
Certains ici font comme si cette condamnation était la toute première, parce que la victime serait "puissante"...

 

[LovelyLexy]

@Sadala hs mais c'est quoi cette histoire de raid contre un enfant handicapé???

 

[Gabelote]

@Sadala
j'ai précisé à quel type de cas se rapportait les réponses que j'avais entendu de la police, notamment pour souligner le fait qu'il s'agissait de cas différents. J'aurais tout aussi bien pu ne pas le faire. Je tiens aussi à préciser qu'un des cas, quoique relevant du harcèlement scolaire, mettait en jeu des jeunes majeurs et a été particulièrement violent (notamment dans les images publiées en ligne), pourquoi donc faire une distinction entre le harcèlement qui s'épanouit dans le milieu scolaire et celui qui nait directement sur les réseaux sociaux ?

Mais le harcèlement qu'a vécu Daam n'est pas du harcèlement scolaire, les visées, les causes et les proportions sont différentes.

Je suis d'accord pour la notion de proportion qui serait différente (l'ampleur n'est certainement pas la même), mais les visées et les causes sont assez proches : quelqu'un fait quelque chose qui ne leur plait pas, on se lâche sur cette personne.

Par ailleurs, la réponse de la police n'a pas été plus positive pour les deux cas qui ne relèvent pas du harcèlement scolaire.

 

[Gabelote]

Dp pour cause de mention
@LovelyLexy c'est le cas de Ryan (j'avais trouvé un article plus précis mais je le retrouve pas déso).
A savoir que dans son cas, pour une menace de mort "l'euthanasie est de rigueur", un des condamné a eu 40h de TIG.
Des cas jugés et condamnés, il y en a, heureusement, j'ai envie de dire. Et parfois il y a des condamnations qui nous semble trop légères, ou trop lourdes, ou bien proportionnées.
Je me souviens d'un cas où une lycéenne avait fait une TS suite à du harcèlement et où son harceleur avait eu prison avec sursis et dommages et intérêts importants (plusieurs milliers d'euros). Donc oui, ça existe, je ne dis pas le contraire. Je dis que c'est pas assez bien traité et pris en compte. Et qu'il faut que ça le soit. Il faut que les plaintes soient prises, il faut qu'elles ne soient pas classées sans suite, et il faut que les jugements arrêtent d'être prononcés 3 ou 4 ans après les faits.