J'ai écouté le live de
@Mymy et lu les commentaires.
Ce que j'en retiens d'une part c'est que pour certain.e.s la colère n'est pas motrice et d'accord, évidemment. Je ne nie pas ça, je ne nie même pas la nécessité de s'éloigner des contenus militants pour sa propre santé. Je pense par contre qu'on peut reconnaître que pouvoir "muter" des témoignages de souffrances pour pouvoir se concentrer sur du positif, c'est un privilège quand on est pas directement touché par certaines violences et oppressions. Il faut en être conscient.
Je pense toujours que l'article fait mauvaise presse aux comptes "déprimants", surtout que les articles du magazine sont lus par des personnes pas forcément très initiées au féminisme. Et cet article ne donne pas envie. Mymy dit que peu de gens vont venir lire l'article et se faire leur opinion après avoir lu une réaction d'indignation sur insta. C'est sûrement vrai. Mais combien de personnes ayant lu l'article vont aller voir si les comptes cités sont vraiment "déprimants" pour elleux ? Il y a des étapes dans le militantisme, avant d'y entrer il faut aussi se rendre compte que les choses ne vont pas bien. Il y a aussi des personnalités différentes, on l'a bien vu dans cette section commentaires : ça fait du bien à certain.e.s, moins à d'autres. Mais cela il faut en juger par soi-même, et qui a envie d'aller voir un compte qualifié de "déprimant" ?
Quid des personnes directement touchées par les oppressions que ces comptes dénoncent et qui vont trouver du réconfort en constatant qu'iels ne sont pas seul.e.s ? Et les stories, les insta live de ces comptes, qui prennent tellement de temps et d'énergie aux personnes qui les tiennent et dans lesquels on trouve du soutien, des messages sur la santé mentale ?
Les articles, les journaux, les chaînes de télévision relatant des faits d'actualité avec une prétendue objectivité sont bien plus déprimants que des comptes avec des humains derrière qui montrent que certain.e.s luttent quand toi tu ne peux pas, que ta voix n'est pas réduite au silence, que d'autres sont en colère et agissent pour tes droits et quand tu n'en as plus la force. Réduire un compte instagram à ses posts, je trouve que c'est déshumaniser le combat.
Si madmoizelle et ses contributrices ne se présentaient pas comme féministes, à la limite. Mais ce n'est pas le cas. Le magazine fait partie d'un mouvement et cet article ne sert pas la lutte féministe.
Je veux bien croire que ce n'était pas l'intention de l'article ou de Mymy. C'est juste que parfois l'intention ne suffit pas, et les conséquences de nos maladresses peuvent être importantes.
Le burn-out militant est un vrai sujet, intéressant, important. Je n'ai pas eu l'impression que cet article en parlait. Il survole le sujet en 2 phrases et c'est vraiment dommage. S'il y a un article de réponse, est-ce que ce ne serait pas intéressant de parler vraiment de ce burn-out, notamment chez celleux qui tiennent ces comptes, chez celleux qui vivent l'oppression au quotidien. On peut aussi donner des comptes instagrams qui ne donnent pas de faits mais qui dealent avec l'angoisse que représente notre société en faisant de l'humour. Pour contrebalancer. Faire un article en disant "Voici des comptes instagrams féministes marrants", "Le burn-out militant et comment s'en protéger" et "Pourquoi suivre des comptes féministes déprimants" ça va avoir un effet très différent sur celleux qui lisent l'article.
Enfin je me permets de ré-insister sur le fait que
@tasjoui est pas un compte féministe, sinon Dora Moutot prendrait toutes les femmes en compte dans sa lutte. On ne part pas de divergence d'opinion sur la manière de militer là, on parle de
transphobie.