Pourquoi suivre des comptes Instagram féministes « déprimants » ?

Aesma

Poutou Partout, Le Pen Nulle Part
23 Janvier 2014
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@Lelys Quelles sont les choses qui motivent ton militantisme ? J'ai pas seulement parlé de colère, j'ai aussi parlé de tristesse et admis que leur intensité pouvait tout autant motiver que démotiver.

C'est une vraie question.

Si tu n'es pas triste ou en colère qu'est-ce qui motive ta lutte ? Est-ce que des sentiments strictement positifs peuvent permettre d'avancer dans la lutte ? (et pour le coup là encore j'admets complètement que des sentiments strictement négatifs n'ont rien de sain d'où l'intérêt de s'éloigner des sources de négativité quand ça va trop mal)
 

Fab

Fondateur de mad
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On est visiblement plusieurs à ne pas être certain.e.s. de ce dont elle parlait. Les ambiguités de ce texte sont un des problèmes. Certes ça créé un débat intéressant dans les com'/sur les réseaux mais ca laisse flotter des interprétations potentiellement blessantes.

Personne n'est parfait et c'est dur d'éviter les potentielles mauvaises interprétations tout en étant synthétique sur ces sujets aussi compliqués. Mais bon, I guess c'est aussi pour ça que c'est un boulot rémunéré ^^' On aurait probablement été moins exigeant.e.s si l'article avait été écrit par un.e stagiaire plutôt que par Mymy.
Je crois que tu étais sur le live Instagram ce soir, Mymy a pris longuement le temps d’expliquer son intention, elle a même répondu à quelques-unes de tes interventions.
Si vous ne l’avez pas vu, je vous invite à y aller, le replay est encore dispo jusque demain soir 19:00, je crois que c’est infiniment mieux de l’entendre s’expliquer avec ses mots et sa voix.

Bonne soirée.
 
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Réactions : Mymy Haegel
15 Juillet 2014
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Il est important de se préserver, même dans le militantisme.
Oui. Evidemment. Mais dire que les contenus proposés sont déprimants, et qu'on ne veut pas les suivre, ce n'est pas du militantisme... Si ? :dunno:
En plus tu dis dans une citation que j'ai mis plus bas que les personnes qui critiquent ne servent pas la cause de manière positive. Est-ce que ce n'est pas ce qui est fait ici ?
Mais pourquoi vous y voyez du dénigrement de ce type contenu militant ?
Mais parce que c'en est. Les personnes qui sont derrières ses comptes n'en peuvent plus, iels luttent pour faire entendre les voix des opprimé.e.s. Iels prennent part à leur manière à la grande cause du féminisme, et leur dire "wow, ton contenu est déprimant, je ne m'abonne pas", c'est réduire leur parole. Et en ce sens, une madz a communiqué un retour sur twitter de l'une d'entre elleux pour appuyer ce propos. :dunno:
Le combat des femmes racisées pour se faire entendre dans des organisations souvent dominées par des "blanches" est important, comme celui des femmes ouvrières vs les feministes intellectuelles des classes sup, l'intégration des problématiques LGBT+ dans les débats souvent basés sur les problématiques du couple hétéro, la question de la prostitution... bref les enjeux d'intersectionnalité au sein des féministes, dont Mad se fait parfois le relai aussi.
Si c'est ces débats qui sont résumés derrière l'expression "les guéguerres internes", c'est effectivement assez malvenu.
Tu as traduis ma pensée avec exactitude :fleur:
je pense qu'elle parlait plutôt des militant.e.s qui bashent d'autres militant.e.s parce qu'elles ne militent pas assez (bien) selon leur propre système de référence, allant parfois jusqu'à des crachats de haine et des raids de harcèlement, bref pas des attitudes pouvant apporter quoi que ce soit de positif.
Mais il FAUT lutter même en interne au(x) mouvement(s) du féminisme. Quand une personne comme tasjoui se permet d'être transphobe, on se doit de lui dire qu'elle ne lutte pas correctement. Elle ne lutte pas pour tout le monde. Elle exclue. Le message qu'elle renvoi n'est pas le bon.
Si vous ne l’avez pas vu, je vous invite à y aller, le replay est encore dispo jusque demain soir 19:00, je crois que c’est infiniment mieux de l’entendre s’expliquer avec ses mots et sa voix.
Je me permets de me citer, mais "Ici j'imagine que certain.e.s. sont pas forcément déconstruits sur tous les sujets, et je me met à leur place, arriver ici, lire le titre et le contenu de cet article... Et bien je ne m'abonne pas. Je ne lis pas. Je ne prends pas part à tout ça parce que "je ne veux pas être / devenir une féministe déprimante"."
Et ces personnes ont encore moins l'idée d'aller écouter un live, ou une rediff de ce dit-live, pour comprendre ce qu'on a voulu dire.
 

Querencia

ael - terminaison neutre (é-e)
24 Mai 2019
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Je trouve ça un peu condescendant, mais je peux me tromper sur tes intentions.

Être soit critiquée de ne pas avoir lu l'article soit d'être condescendante en l'espace de trois pages juste parce qu'on remet les choses dans le contexte, ça va bien deux secondes.
Du coup, je suis désolée, mais non, je n'étais pas condescendante et je ne te répondrai du coup, pas en détails. Je te renverrai simplement encore une fois au second paragraphe de Princess32 avec les termes utilisées en fonction des causes abordées que Mymy a d'ailleurs bien dit dans son live Insta n'avoir que parcouru, mais qu'elle lirait davantage ensuite, pour soit répondre ici ou soit faire un article réponse.

***

Du coup, comme je viens d'écouter le live de @Mymy (la plateforme Insta est vraiment pas adaptée, j'ai vraiment du mal avec les lives insta :ninja: ), et je suis d'accord avec pas mal de suggestions apportées, comme le fait d'apporter des modifications pour mettre davantage en avant les changements apportées grâce à ces comptes (livres, assoc, ou la sororité d'une commu comme pour Coline Charpentier de T'as pensé à) ou bien voir pour faire des interviews comme complément à cet article.

Je pense toujours que certaines formulations choisies dans l'article restent maladroites et en viennent (comme très justement d'ailleurs précisées par @copaulette ) donnaient une mauvaise image aux personnes non-déconstruites qui viennent ici pour s'informer. Outre ça, je sais que en tant que femme, nous sommes constamment concernées par le sexisme, mais il faut voir aussi les personnes qui se voilent la face (donc permettre aussi de remettre ces comptes dans leur bon droit "Ils permettent de parler d'une situation encore trop souvent dissimulée ou très peu abordée), mais aussi que nous sommes beaucoup à être privilégiée à bien des égards et que le féminisme dit "de blanche" est pour beaucoup différents de celui des communautés de racisées. On est donc pas vraiment confrontée à toutes les formes de sexisme et ces buts aident vraiment tou.te.s les féministes à rester conscient.e.s que les formes de sexismes ne sont pas partout similaires. Enfin, comme les voix s'élèvent peu à peu et que les comptes prennent en popularité, il arrive aussi assez souvent que même en tant que déconstruit.e, ces comptes nous soient toujours utiles pour "mettre à jour" notre militantisme/féminisme, parce que certaines causes sont encore aujourd'hui trop souvent laissées derrière.

Je suis bien d'accord sur la nécessité d'avoir un terme pour ces types de comptes, mais je suis d'accord aussi que l'appellation subjective "déprimant.e" freine davantage ces comptes plutôt que les aider, alors que beaucoup sont un moyen d'enseignement et d'éducation, mais aussi de sororité, de soutient.

Bref. J'ai bien entendu que Mymy s'y repencherait plus tard, soit en réponse, soit en article, et du coup, je vais attendre.
 
L

Loo-kat

Guest
J'ai écouté le live de @Mymy et lu les commentaires.

Ce que j'en retiens d'une part c'est que pour certain.e.s la colère n'est pas motrice et d'accord, évidemment. Je ne nie pas ça, je ne nie même pas la nécessité de s'éloigner des contenus militants pour sa propre santé. Je pense par contre qu'on peut reconnaître que pouvoir "muter" des témoignages de souffrances pour pouvoir se concentrer sur du positif, c'est un privilège quand on est pas directement touché par certaines violences et oppressions. Il faut en être conscient.

Je pense toujours que l'article fait mauvaise presse aux comptes "déprimants", surtout que les articles du magazine sont lus par des personnes pas forcément très initiées au féminisme. Et cet article ne donne pas envie. Mymy dit que peu de gens vont venir lire l'article et se faire leur opinion après avoir lu une réaction d'indignation sur insta. C'est sûrement vrai. Mais combien de personnes ayant lu l'article vont aller voir si les comptes cités sont vraiment "déprimants" pour elleux ? Il y a des étapes dans le militantisme, avant d'y entrer il faut aussi se rendre compte que les choses ne vont pas bien. Il y a aussi des personnalités différentes, on l'a bien vu dans cette section commentaires : ça fait du bien à certain.e.s, moins à d'autres. Mais cela il faut en juger par soi-même, et qui a envie d'aller voir un compte qualifié de "déprimant" ?

Quid des personnes directement touchées par les oppressions que ces comptes dénoncent et qui vont trouver du réconfort en constatant qu'iels ne sont pas seul.e.s ? Et les stories, les insta live de ces comptes, qui prennent tellement de temps et d'énergie aux personnes qui les tiennent et dans lesquels on trouve du soutien, des messages sur la santé mentale ?

Les articles, les journaux, les chaînes de télévision relatant des faits d'actualité avec une prétendue objectivité sont bien plus déprimants que des comptes avec des humains derrière qui montrent que certain.e.s luttent quand toi tu ne peux pas, que ta voix n'est pas réduite au silence, que d'autres sont en colère et agissent pour tes droits et quand tu n'en as plus la force. Réduire un compte instagram à ses posts, je trouve que c'est déshumaniser le combat.

Si madmoizelle et ses contributrices ne se présentaient pas comme féministes, à la limite. Mais ce n'est pas le cas. Le magazine fait partie d'un mouvement et cet article ne sert pas la lutte féministe.
Je veux bien croire que ce n'était pas l'intention de l'article ou de Mymy. C'est juste que parfois l'intention ne suffit pas, et les conséquences de nos maladresses peuvent être importantes.

Le burn-out militant est un vrai sujet, intéressant, important. Je n'ai pas eu l'impression que cet article en parlait. Il survole le sujet en 2 phrases et c'est vraiment dommage. S'il y a un article de réponse, est-ce que ce ne serait pas intéressant de parler vraiment de ce burn-out, notamment chez celleux qui tiennent ces comptes, chez celleux qui vivent l'oppression au quotidien. On peut aussi donner des comptes instagrams qui ne donnent pas de faits mais qui dealent avec l'angoisse que représente notre société en faisant de l'humour. Pour contrebalancer. Faire un article en disant "Voici des comptes instagrams féministes marrants", "Le burn-out militant et comment s'en protéger" et "Pourquoi suivre des comptes féministes déprimants" ça va avoir un effet très différent sur celleux qui lisent l'article.

Enfin je me permets de ré-insister sur le fait que @tasjoui est pas un compte féministe, sinon Dora Moutot prendrait toutes les femmes en compte dans sa lutte. On ne part pas de divergence d'opinion sur la manière de militer là, on parle de transphobie.
 
Dernière édition :
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Faire un article en disant "Voici des comptes instagrams féministes marrants", "Le burn-out militant et comment s'en protéger" et "Pourquoi suivre des comptes féministes déprimants" ça va avoir un effet très différent sur celleux qui lisent l'article.
:worthy:
Enfin je me permets de ré-insister sur le fait que @tasjoui est pas un compte féministe, sinon Dora Moutot prendrait toutes les femmes en compte dans sa lutte. On ne part pas de divergence d'opinion sur la manière de militer là, on parle de transphobie.
:worthy:
 
V

Vogel

Guest
Je pense par contre qu'on peut reconnaître que pouvoir "muter" des témoignages de souffrances pour pouvoir se concentrer sur du positif, c'est un privilège quand on est pas directement touché par certaines violences et oppressions. Il faut en être conscient.
Autant je trouve plein de points que tu abordes intéressants, autant je ne comprends pas cet argument, car il oublie qu'on "mute" parfois les comptes car leur contenu nous concerne et nous touche encore plus. Les comptes que j'ai personnellement mis en sourdine, ce sont les comptes qui parlent des violences sexuelles, parce que j'étais en PTSD et en angoisse chaque fois que j'entendais ce sujet. Peut-être que c'est parce que @Mymy n'en parle pas sous cet angle que tu ne le mentionnes pas :fleur:
Sinon je suis d'accord que je trouve l'angle "le burn out militant" plus intéressant pour parler de ce sujet.
 
L

Loo-kat

Guest
@Vogel Je suis désolée de ne pas avoir été claire dans mon précédent message. Quand je dis "c'est un privilège quand on est pas directement touché par les oppressions", je dis en fait que pouvoir muter certains sujets qui nous dépriment mais par lesquels nous ne sommes pas directement concerné (exemple aussi bête que : le sexisme en famille quand tout le monde autour de nous est féministe et qu'on a pas de papy misogyne, ou le racisme quand on est blanc) c'est un privilège dont il faut être conscient. Muter un compte sur instagram qui expose des témoignages d'homophobie quand on est queer et qu'on s'en mange tous les jours en famille ou au boulot c'est évidemment une autre démarche. Puisqu'au final on vit dans la réalité (ou on y a vécu) que décrit un compte, le sujet en lui-même n'est pas mis en sourdine, impossible quand on en souffre. On s'en protège juste le plus possible.
Je sais pas si je suis très claire de nouveau mais : je suis d'accord avec toi sur ce point, et j'avais justement essayé de l'inclure dans mon message.
 
13 Janvier 2011
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Ce qui me laisse perplexe c'est cet espèce de consensus autour du "mute" comme si... c'était une obligation de s'abonner :shifty: (mais à certains comptes, les vrais féministes).
Je trouve que c'est un peu dogmatique, "pour être une bonne féministe, il faut....".
Alors que tout le monde n'a pas la même utilisation d'Instagram, rien que le fait par exemple qu'il s'agisse d'un réseau social basé sur l'image amène je pense pas mal de monde à ne pas s'abonner à des comptes de textes... (surtout quand il y a beaucoup de texte sur une seule image) et les témoignages de violences et ou d'oppressions existent en dehors d'instagram.
Certain.e.s préfèrent par exemple lire des articles qui compilent témoignages et analyses ensemble par exemple, mais ça peut être des vidéos de reportages, etc.

Le témoignage c'est quelque chose de très important, à la fois pour les victimes et pour la lutte, c'est important que ces témoignages soient facilement accessibles, mais en quoi le fait de lire systématiquement des posts issus de dizaines de comptes de témoignages chaque jour, c'est obligatoire pour "mieux" militer et pour être une "bonne" féministe? On est plus "déconstruit" quand on a lu 250 témoignages de violences conjugales plutôt que 20?
Je ne parle pas de sujets extrêmement peu connus mais même là, le témoignage comme format et instagram comme outil ne me semblent pas être les seules choses à exister donc je suis un peu perplexe de voir que l'abonnement est visiblement un espèce de pré-requis pour être une "bonne" féministe (je dis "bonne féministe" faute de mieux car c'est ce qui ressort un peu de certains commentaires je trouve).
 
15 Juillet 2014
3 507
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Ce qui me laisse perplexe c'est cet espèce de consensus autour du "mute" comme si... c'était une obligation de s'abonner :shifty: (mais à certains comptes, les vrais féministes).
Je trouve que c'est un peu dogmatique, "pour être une bonne féministe, il faut....".

(...)

mais en quoi le fait de lire systématiquement des posts issus de dizaines de comptes de témoignages chaque jour, c'est obligatoire pour "mieux" militer et pour être une "bonne" féministe? On est plus "déconstruit" quand on a lu 250 témoignages de violences conjugales plutôt que 20?

(...)

(je dis "bonne féministe" faute de mieux car c'est ce qui ressort un peu de certains commentaires je trouve).

Ce n'est pas être une vrai.e.s féministe, ce n'est absolument pas ce qui a été dit dans nos réponses, ni induit. :dunno:
Par contre, on dit que "ne pas suivre des comptes en disant qu'ils sont déprimants" c'est : ne pas offrir de la visibilité et rabaisser le combat de ces comptes. On dit que parler de "gueguerre" c'est rabaissant. On dit que si on est pas sensibilisé, si on lit cet article, on va faire le raccourci "être féministe c'est déprimant".
 

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