Pourquoi vos « équivalents vegan » aux plats classiques ne convainquent pas

[Margay]

@KtyKonéko
Le problème, c'est que tu compares des situations où ça "ne regarde effectivement pas les autres", avec des situations où les autres sont effectivement concernés
Que tu aimes ou pas le dernier prix goncourt, ou guel gue soit ton orientation sexuelle, ça n'a rien à voir avec moi, ça n'empêche personne d'avoir sa propre orientation sexuelle ou d'aimer le dernier prix goncourt.
En revanche, quand on a un comportement qui a une incidence négative sur la planète, ça concerne tous les habitants de la planète. Quand on a un comportement qui donne de la thune à des esclavagistes, ça permet de financer l'esclavage et ça a une incidence directe sur les personnes concernées.
Beaucoup de nos actions ont une influence directe sur les autres, c'est le principe de vivre en société, et ça implique de subir plus ou moins les contraintes des autres, et donc de s' élever plus ou moins contre la "liberté des autres" pour faire respecter sa propre liberté.
Typiquement, qui est le plus légitime entre le fumeur qui veut fumer et le non fumeur qui ne veut pas sentir la clope. Le fumeur ne peut pas se contenter de dire "je suis libre de fumer, fais comme si j'étais pas là". Pour le coup, la loi a statué là dessus. Mais il y a encore pleins de sujets où nos comportements ont une incidence sur les autres et on ne peut pas balayer ça d'un revers de la main à base de "laisser moi faire ce que je veux", alors que ça a un impact sur d'autres gens

 

[KtyKonéko]

le problème c'est de donner des leçons à des gentes qui n'ont rien demandé,
c'est inutile, blessant dans certain cas, et surtout totalement contre-productif.
en effet, comme dans le cas du fumeur, ma liberté s'arrête là où commence celle de l'autre, et inversement.
Mais j'estime qu'on a la liberté de ne pas vouloir entendre des leçons de morale, même si le donneur ou la donneuse de leçon s'estime légitime.

 

[Baba Yaga]

En tout cas, étant gay et viandarde, je préfère 1000 fois la reloue de service qui va me faire son petit speech pendant que je mange mon foie gras, (et effectivement, je lui dirai gentimment de reporter la discussion à plus tard), plutôt que la tordue haineuse qui va me faire une réflexion sur mon orientation.

 

[Horion]

Alors, j'étais végétarienne, je me considère comme flexi aujourd'hui car je consomme de la viande ou du poisson une fois par mois environ. Je suis handi et c'était pas mal d'énergie de prévoir mes repas pour chez mes amis. De plus j'ai des TCA et c'était parfois difficile à gérer la frustration en soirée. Donc du coup, je reconsomme de la viande seulement quand je suis invitée.

Ma mère, ma sœur et le copain de ma mère sont vegans. Ma sœur a une approche chill, elle va pas faire de grand discours et pourtant elle est super militante sur le sujet. Mais elle laisse les gens faire leur choix. Si tu poses des questions, on en discute.

Ma mère au contraire est plutôt chiante avec ça. Elle part dans des grands discours de jugements.

Du coup, même si j'étais végétarienne et que je suis flexi, je dois dire que je suis saoulée par les gens qui se permettent de mettre le sujet sur la table alors qu'il n'est pas demandé. Je trouve que c'est pénible quand on ne l'a pas demandé. En plus, la plupart des gens qui mettent le sujet sur la table que j'ai connu, sont très agressifs et fermés à la discussion. D'un côté je comprends car quand on tombe dedans, il est hyper difficile de pas penser à la souffrance animale. Mais malheureusement ce genre de discours agressifs ne fonctionnent pas. Ça sert juste à braquer les gens, qui vont parfois consommer plus par provocation (j'ai déjà vu ça aussi).

Comme je ne supporte pas les omnis qui te jugent quand tu es vege. C'est la même chose, ils me saoulent tout autant et je répondrais aussi par agressivité.

 

[Wopky]

Je suis végé (on va dire, flexi quand je séjourne longtemps chez des proches).
Avant d'être végé, j'ai fréquenté des vegans qui faisaient tellement de prosélytisme que j'ai perdu des années. J'étais au début de ma réflexion et ils étaient juste trop moralisateurs, trop chiants, à tout ramener toujours à ça.

J'ai UNE règle : je ne parles JAMAIS de végétarisme quand on mange. Finalement, aucune discussion qui s'est déroulée pendant un repas n'a été agréable, alors si les gens me posent la question, je réponds simplement que le repas n'est pas le bon moment pour parler idéologie alimentaire, et je reporte la discussion à plus tard.
C'est toujours très bien passé .

J'essaye fort de ne pas juger la consommation des autres personnes. C'est certains que quand je vois certains collègues qui commandent toutes les semaines sur Amazon, je ne peux pas m'empêcher d'avoir une impression négative. Mais je la garde pour moi, car je ne connais pas les détails de leur vie.

Pour l'exemple des t-shirts @Juub : j'achète moins de 1 t-shirt par an. Le jour où je vais faire l'effort d'aller dans les magasins et revenir avec un t-shirt, je n'ai vraiment vraiment pas envie d'avoir un retour dans la gueule (même poliment et gentiment formulé) : "tu savais que l'industrie textile est super polluante et exploite des gens ?" Et même si j'achetais 15 nouveaux t-shirts par an en fait.

On ne fait pas changer les gens d'avis et on ne leur ouvre pas les yeux sur le monde si le questionnement (sur la justice du monde) ne vient pas d'eux.
La prise de conscience vient rarement des autres en une discussion. Les autres peuvent juste accompagner après. Accompagner, ça ne veut pas dire tracer un autre chemin et trainer de force l'autre derrière toi. Ca ne veut pas non plus dire : regarde, j'ai tracé une autoroute parallèle à la tienne et elle est en bien meilleur état, je ne te juge pas de rester sur ta route toute pourrie mais la mienne est beaucoup mieux quand même.

Spoiler: Analogie avec le t-shirt

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Wow merci! Tu sais très bien expliquer les ressentis (en tous cas les miens au moins lol)
Et l'analogie avec l'histoire des séries, nickel!

 

[Presci1508]

Personnellement, ça ne me dérange absolument pas de manger végétarien ou même végan (je le fais régulièrement, je ne mange pas de la viande à tous les repas). Surtout à Noel, puisque j'ai une sainte horreur des fruits de mer, systématiques dans ma famille (en fait, à chaque fois, je mange des nouilles !) Par contre, pour continuer le débat, et parce que ça fait un petit moment que ça a envie de sortir, je dois dire que je déteste quand des végé ou des végans me disent que je ne respecte pas les animaux parce que je ne suis pas végétarienne. Je pense au contraire qu'il y a plein de façons de respecter les animaux, comme il existe plein de façons d'être féministes. Du moment qu'on essaie de limiter sa consommation de viande à un niveau raisonnable (vu que c'est évident qu'on en mange trop), qu'on ne cherche pas à tuer pour le plaisir, qu'on tente d'améliorer leurs conditions de vie, de les comprendre et de les protéger, pour moi, c'est bon. Etre végétarien ou végan en est un. Il y en a d'autres.

J'adore les animaux. Je les aime sincèrement. Je les respecte énormément. Je passe des heures en affût à observer les animaux sauvages. Je ne les considère pas inférieurs à moi non plus. Mais voilà, je n'ai toujours pas compris comment on pouvait permettre aux espèces désormais domestiquées de survivre si on arrête de les manger, de les élever, ni comment on pourrait maintenir les prairies en France (milieux de campagne les plus riches en biodiversité) ou des espèces directement dépendantes des bouses sans élevage. Et c'est là que ça bloque pour moi. Du coup je préfère acheter la viande chez le boucher, qui se fournit uniquement localement, sachant que "localement", chez moi, c'est encore très traditionnel, avec de belles prairies, des haies et des vaches nourries à l'herbe. Ca m'empêche pas de râler contre l'élevage intensif, les techniques d'abattage et la souffrance animale inutile. En plus, j'ai des sévères troubles alimentaires, j'ai donc un régime extrêmement limité. Du coup, si je n'ai jamais mangé de viande rouge de ma vie (j'ai jamais aimé ça), la viande de volaille fait partie des très rares aliments protéiques que j'arrive à manger, et j'ai également de très grosses difficultés avec nombre de légumineuses ou de légumes ( je supporte le boulghour, les lentilles corail, certains choux, les petits pois, quelques rares courges, les tomates uniquement en sauce, deux ou trois fruits sans la peau et en jus...et je crois bien que c'est tout. J'ai même pas droit au soja, je fais de l'hypothyroïdie.). Du coup je me vois très mal encore supprimer certains aliments, surtout les laitiers, qui m'ont presque maintenue en vie à eux seuls. C'est déjà assez compliqué comme ça de trouver quoi manger, pour moi... Du coup, quand certains végans (qui, heureusement, sont loin de représenter la majorité) commencent à m'attaquer gratuitement ou à me faire la morale, ça me fait mal. Au fond, on ne me connait pas, et certains font l'amalgame "omnivore = personne sans empathie envers les animaux" un peu trop facilement. Ca me blesse parce qu'on porte sur moi un jugement qui est tout sauf vrai.

Mais bon, l'inverse n'est pas mieux, et les gens qui insultent ou agacent les végés ou les végans ne sont pas mieux. A vrai dire, je trouve ça bien qu'on puisse tous vivre en bonne entente, selon nos préférences. Je trouverais ça bien qu'il y ait des choix végétariens et végans dans tous les restaurant. Personnellement, je ne ressentirais pas le besoin qu'on me prépare des similis-viande. La présence ou l'absence de viande ne définit pas si un plat va être mauvais ou pas pour moi, et je serais tout à fait prête à dîner végétarien ou végan (en plus, je le fais déjà régulièrement, enfin, végétarien. Végan, c'est plus dur). Il ne faudrait juste pas s'offusquer si j'aime rien : ne vous inquiétez pas, ça m'arrive aussi tout le temps avec des plats de viande

 

[Juub]

@Presci1508 Même si je suis d'accord avec toi sur certains points, il faut quand même admettre que tuer un animal pour se nourrir reste tuer un animal, que celui-ci ait été élevé dans les meilleurs conditions possibles revient au même en définitive Manger du veau revient à retirer son enfant à un animal pour le tuer, l'industrie du fromage revient à inséminer artificiellement les vaches pendant toute leur vie pour qu'elles puissent produire du lait en continu ... Pour les viandes blanches, même dans les élevages plus "éthiques" les animaux ont malgré tout une vie nettement inférieure à leur espérance.
Par rapport à ton argument sur le fait que beaucoup d'espèces domestiquées seraient aujourd'hui incapables de survivre dans la nature, c'est vrai mais c'est prendre le problème à l'envers : C'est bien à cause de nous que ces espèces en sont arrivées là, bien sûr qu'elles vont en pâtir si on arrêtait les élevages mais ce n'est pas pour autant qu'on leur rend service en les exploitant et en les tuant ...
Mais comme je le disais dans un message précédent, je ne doute pas de ton amour pour les animaux et tu as tes raisons de continuer de manger de la viande, pour autant, il me semble important d'être conscient•e de ce que cela implique. Que toi tu mange de la viande pour des raisons de santé oui, tu aurais tort de t'en passer, de toute façon tout le monde ne peut pas se permettre un régime sans viande, mais je trouve ça dangereux de dire ou penser que les exploitations animales, même si elles sont locales, même si les animaux vivent dans les prés, sont sans conséquences pour les animaux.

 

[Carlawn]

C'est intéressant comment les personnes qui se disent omnivores ou flexitariennes vont toujours chercher à déplacer le débat en mettant en avant leur souffrance car ils se sentent jugés par des véganes intolérant.e.s. Ça me fait penser aux hommes cis hétéros, qui viennent pleurer dès que les féministes parlent de violences sexuelles et de patriarcat en mode NOTALLMEN, les hommes souffrent également etc...Puis qui attendent de recevoir un prix, parce qu'ils font tourner une machine à laver une fois par semaine...

Sans nier les souffrances et les efforts de certain.e.s omnivores (on est pas tous égaux niveau santé, je pense à une amie qui cumule intolérance au fructose, lactose et gluten, donc bon, enlever en plus la viande, c'est tout de suite plus compliqué ), je doute que votre souffrance est difficilement comparable à celle des animaux d'élevage qui sont exploités, puis tués dans des conditions épouvantables après une courte vie. Je ne cherche à convaincre personne en postant ça, je rappelle juste que l'intersectionnalité ne se limite pas à l'espèce humaine et que ce serait bien que chacun analyse ses propres privilèges et s'informe. J'invite tout le monde à s'intéresser à la notion d'anthropocentrisme pour comprendre comment on est arrivés à un tel degré de cruauté envers les autres espèces...

 

[vercoquin]

Je vais fêter ma neuvième année de veganisme en 2021 et j'avoue ne vraiment pas être fan des similis artificiels. 1. par goût mais 2. surtout par prix. Je me rappelle que lorsque je travaillais en magasin bio pendant mes études, la majorité des paniers dans lesquels je retrouvais des simili assez fancy, étaient ceux de client.e.s qui avaient beaucoup beaucoup de moyens (paniers s'élevant à 400 euros facile) et qui, à côté, achetaient des produits issus de la production animale (coucou Hugo Clément et l'hypocrisie ).
De mon côté, j'ai pu me permettre à certains moments d'acheter du faux fromage ou de la fausse crème chantilly. Ca fait toujours plaisir. Mais la plupart du temps, ma situation précaire et mon régime alimentaire ne font plus qu'un, et ça se transforme juste assez vite en un bol de semoule avec des haricots rouges.

On en revient, je pense, à un débat sur la transition. Ma métaphore est un peu pourrie, mais quand on parle de socialisme comme phase précédant le communisme et plus généralement la révolution...

Du coup, pour rebondir sur le post de @Carlawn , je trouve ça d'autant plus intéressant de prendre en compte des notions comme celle d'anthropocentrisme. Emmanuele Coccia, ou encore, la super philosophe Vinciane Despret ont pas mal traité la question
ex ici

 

[Ahn]

@Juub D'expérience, une fois que les gens sont au courant que tu es végétarienne, ils vont surement te poser des questions. Si la personne se ferme dès que tu lui expose tes raisons, inutile d'insister, elle est pas prête. Maintenant qu'elle le sait, elle reviendra vers toi comme une grande quand elle sera prête à écouter ce que tu as à dire et à te demander des conseils.
Je fais parfois de la boulimie et je perd tout contrôle sur ce que j'ai envie de manger. Du coup si je fais une fixation sur les potatoes de McDo et qu'on vient me faire la morale, déjà je serais très mal à cause de mon état, mais en plus quelqu'un se permet de venir en rajouter une couche sans avoir aucune idée de pourquoi je mange ces frites.

 

[Juub]

@Ahn Encore une fois, je ne justifie pas le fait de faire la morale à qui que ce soit Je défends seulement le fait d'arrêter de considérer comme justement se faire faire la morale quand quelqu'un expose seulement son mode de vie, mais je pense l'avoir déjà assez répété sur les pages précédentes.
Désolé pour ce que tu vis, bon courage à toi, j'ai conscience que l'alimentation n'est pas quelque chose de facile et nous ne sommes pas tous et toutes égaux•les face à ça.

(D'ailleurs pour revenir sur le thème des similis, j'ai hâte de tester cette fameuse alternative au foie gras, j'ai saturé de voir du foie gras partout pendant les fêtes, mon copain et moi n'en mangeons pas du tout et c'est impressionnant comme c'est omniprésent et jamais questionné autant dans sa famille que la mienne)

 

[megann31]

Je pense que ce qui peut vraiment tuer un repas c’est quand tu invites des gens et qu'ils se permettent de critiquer ou juger ta nourriture (juste non en fait, chez des vegans je ne me permettrai jamais ce genre de remarque donc on peut s'attendre à ce que ça aille dans l'autre sens).
Je pense au Noël de l'année dernière où ma mère s'est cassé les fesses à trouver des alternatives pour mon cousin et sa copine vegan tout ce qu'elle a retenu c'est que eux mangeaient des "cadavres d'animaux" (ça c'est typiquement le genre de remarque qui me permet de distinguer les gens normaux des casses bonbons, à placer juste à côté des docteurs du dimanche qui parlent de toutes les carences causées par les régimes alimentaires des autres alors qu'en vrai ils en savent rien)....
Elle a ensuite refusé de manger la buche pourtant préparée avec des laits végétaux mais des oeufs (venants de la vingtaine de poules que l'on a sur des hectares de terre ) au motif de ne pas cautionner la souffrance animal (sérieux le truc le plus traumatisant qu'il peut leur arriver c'est une attaque de renard et on fait tout pour que ça n'arrive pas). Ma mère est gentille elle a encaissé avec le sourire perso je l'aurai foutue dehors. Et c'est souvent le soucis quand tu manges avec des personnes qui n'ont pas les mêmes convictions que toi, il y a toujours un moement où ils vont essayer de te convertir (dans un sens ou dans l'autre), on ne peut pas juste savourer des plats originaux et un bon moment ensemble, ce n'est pas parce que'on apprécie un plat préparer selon "l'idéologie vegan" que l'on est prêt à franchir le pas et il y a quand même un certain sectarisme chez certaines personnes qui sont dans le tout ou rien.
Perso je ne mange pas de viande ni de poisson par "goût", je souffre de trouble alimentaire sélectif depuis l'enfance et je ne peux pas en manger (l'odeur la texture, je préfère encore mourir de faim ou passer des heures devant mon assiette sans manger big up à la c*** de cantinière qui m'a laissée trois heures devant mon assiette dans la cours en pensant que ça me ferait manger.); j'ai été jugée toute mon enfance sur mon alimentation donc ça reste un sujet sensible et je ne comprends pas que l'on puisse se permettre d'aller juger l'assiette des autres.
Quant à l'argument, c'est ma planète ça me regarde c'est le même utilisé par des mecs pseudo écolo qui vont te faire la morale sur ta pilule qui rend stériles les petits poissons (c'est horrible pour eux mais pondre des gosses non voulus tous les ans aurait surement un impact écologique beaucoup plus négatif en fait) et je pars du principe que t'as intérêt à être sacrément irréprochable sur tous les points de ta vie si tu utlises cet argument.