Pas très drôle ni très divertissant ce que je propose mais un livre très, très intéressant :
La disparition de Josef Mengele d'Olivier Guez
Pour resituer le personnage, Josef Mengele, enfant de la bourgeoisie industrielle de Bavière, docteur en anthropologie et en médecine, entré au parti nazi en 1937 et dans la SS en 1938, effectua une partie de sa carrière comme médecin à Auschwitz en 1943, après un passage sur le front de l'est qui lui vaut de la décoration militaire, se spécialise dans la génétique, à Auschwitz trie les déportés et se réserve les jumeaux et jumelles pour se livrer à d'horribles expériences médicales n'aboutissant à rien. En 1945, bien qu'ayant gardé son identité, les Américains (mais aussi les Soviétiques) ne le coincent pas comme criminel de guerre. Il n'est pas jugé à Nuremberg ni lors du procès des blouses blanches. Néanmoins, se sachant répertorié, En 1949, aidé par un réseau d'anciens SS, il se rend en Italie où la Croix-Rouge lui délivre un passeport pour l'Argentine sous un nouveau nom.
La disparition de Josef Mengele ne s'étale pas sur ce qu'il a fait dans les camps même si cela est bien situé dans le livre. O.Guez s'est attaché à la cavale de J. Mengele depuis son départ en 1949 pour l'Argentine jusqu'à son décès en 1976 au Brésil alors qu'il prenait un bain de mer. Olivier Guez explique la mécanique qui a permis à ce criminel d'échapper à ses poursuivants dont le Mossad. Et cette cavale bien que pas prévue ni même imaginée pendant l'adolescence, la jeunesse et la carrière nazie de Mengele, prend racine dans la classe bourgeoise dont il est issu. Si on ajoute à cela les organisations d'entraides SS après la guerre depuis l'Amérique du Sud, les ratlines, le Vatican, la complaisance des états argentin, brésilien, le je m'en bats l'oeil de la CIA etc...J. Mengele avait plus de chances de s'en sortir qu'un Adolf Eichmann kidnappé par le Mossad au tout début des années 60, embarqué en Israël, jugé et pendu ou d'un Klaus Barbie repéré officiellement en 1972, extradé vers la France en 1983, jugé en 1987 et décédé lors de sa détention en 1991. Pourquoi J. Mengele échappe à ce sort ?
C'est ce que nous explique Olivier Guez en mettant sur la table toutes les failles, tous les bénéficies, toutes les ficelles, tout l'argent, tous les stratagèmes de la famille Mengele restée en Allemagne pour protéger son rejeton etc...consacrés et au service de J. Mengele qui avait pu récupéré sa vraie identité dès les années 50 auprès de l'ambassade d'Allemagne.
C'est un livre qui se lit comme une enquête policière et journalistique. C'est pas très long mais c'est prenant.
J'avoue ce n'est pas joyeux mais au détour de certaines pages l'auteur sait faire preuve d'un certain humour noir (vu le personnage).