Perso, je suis parfois très partagée sur l'attitude à adopter dans ce genre de situations. Je trouve que certaines attitudes féministes sont nécessaires pour les victimes mais peuvent empiéter sur des droits essentiels de l'accusé ou du coupable, et étant très attachée aux principes des droits humains, je ne sais pas toujours quelle réponse choisir.Donc pour moi, il aurait pu être président aux Césars sans problème s'il avait fait sa peine au moment des faits.
J'ai un peu développé sur la VPS mais j'estime qu'on peut parfaitement décerner un prix à un film de Polanski ou même un prix de réalisation à sa personne. C'est vrai qu'il fait de beaux films. En revanche, je trouve ça très déplacé en l'état actuel des choses de lui donner un rôle honorifique de Président puisque ça revient à l'honorer en tant que personne plutôt que de saluer simplement son travail. Les organisateurs des Césars se doutent certainement du côté politique de la chose, et ça veut dire "rien à battre du mandat d'arrêt pour viol".
Maintenant, est-ce qu'il aurait pu être Président des Césars s'il avait fait sa peine? Je suis partagée. D'un côté, sa victime ne veut pas qu'il soit plus poursuivie parce qu'elle juge sa première condamnation et les quelques semaines de prison qu'il a faite suffisante, qu'elle estime avoir plus souffert de l'attention médiatique et des démarches judiciaires que du viol, qu'elle déclare avoir pardonné à Polanski et qu'elle ne pense pas qu'il présente un danger. Donc si sa victime ne demande pas plus que ce qui a déjà été fait et que la société a joué en son rôle en le punissant, je trouverait un peu anti-droits humains de continuer à ostraciser Polanski. Mais de là à lui donner la place la plus honorifique des Césars qui va un peu au-delà de la récompense artistique... Je sais pas.
Comme je le disais sur la VPS, ça me parait difficile d'entièrement différencier le cinéaste et l'homme puisque certaines de ses oeuvres comme Le Pianiste font nécessairement écho à des choses très personnelles (puisque lui-même a grandi dans le ghetto de Varsovie pendant l'époque nazie et s'en est enfuie, que sa mère a été tué dans les camps).Faut savoir faire la différence entre le cinéaste et l'homme.
Donc dans un sens comme dans l'autre, que ce soit pour trouver une oeuvre encore plus poignante ou encore plus dérangeante, je pense qu'on passe carrément à côté d'une partie de ce qu'il nous raconte en nous efforçant de distinguer nettement la personne privée et son oeuvre.
En plus, comme l'indiquait @Manea sur la VPS, le viol de Samantha Geimer a eu lieu dans le cadre professionnel. Il la prenait en photo, et même la première séance où il s'est contenté de photos, son comportement était problématique puisqu'il a demandé à la gamine de se déshabiller pour la prendre topless sans l'accord de ses parents.
Donc là encore, on peut pas vraiment distinguer l'artiste de l'homme pour cette période de sa vie en tout cas.
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