Je trouve ça intéressant de lire ces commentaires absurdes, je pense que ce n'est pas juste de la mauvaise foi, mais peut-être de la peur (ça rend con). Peur de voir les règles du jeu changer, de voir des changements dans leur vie quotidienne. Le type qui tient la porte à la voisine, ben évidemment, s'il tient la porte aussi bien à la jolie jeune fille en minijupe qu'à la petite vieille avec son cabas ou au gros bodybuildé du 5e, il est complètement hors sujet. Mais c'est clairement pas le seul à confondre courtoisie et harcèlement, ya un vrai problème, et apparemment ce type de vidéo n'apporte pas de solution.
Il me semble qu'il y a harcèlement à partir du moment où la personne
insiste (par les mots, les gestes ou le regard), et que le reste du temps, on anticipe ce harcèlement parce que c'est ce qui suit la grande majorité des approches. Du coup je ne suis pas sûre que ce soit très juste ni très tuile de dire
aborder = harceler, d'autant que ça donne prise à toutes ces réactions à côté de la plaque.
Je suis toujours en train de me demander quoi faire concrètement. Bien sûr les harceleurs doivent cesser, mais ça n'arrivera pas tout seul...
Le problème avec ces vidéos, c'est que ça prêche des convertis, et ça ne produit aucun déclic chez les harceleurs. Enfin c'est ce qui ressort des commentaires, j'ai l'impression. Je crois que nous devons nous adresser directement aux harceleurs, et ce n'est possible qu'en situation concrète, au moment où se produit l'acte.
Nous avons notre rôle à jouer. Les victimes, même si elles ne sont pas responsables, devraient garder la tête haute, ne surtout pas s'excuser (j'y pense en lisant ton post,
@Sylwanin, je crois qu'on est nombreuses à se reconnaître dans ce que tu racontes), et
montrer que le comportement du harceleur n'est pas normal. Nous ne sommes pas des enfants, nous sommes aussi adultes que nos harceleurs, nous sommes légitimes pour dire "Je ne vous donne évidemment pas mon adresse, je ne vous connais pas, votre question est déplacée." Nous pouvons exiger des excuses pour ces indiscrétions, ce serait même normal. Mais il faudrait avant tout
faire comprendre aux harceleurs que ce sont réellement des comportements réellement déplacés, qui méritent des excuses et qui ne doivent pas se reproduire. Je crois que ce n'est que comme ça que les harceleurs comprendront que non, c'est non.
J'ai récemment été très marquée par une fille que j'ai entendu dire d'une voix forte et claire à un type dans la rue : "ce que vous faites,
c'est du harcèlement. Laissez-moi tranquille." Le type est parti. J'ai vu aussi des amies et des femmes de ma famille regarder des harceleurs droit dans les yeux, s'arrêter pour leur expliquer calmement et fermement qu'ils nous gênaient, et ne les lâchaient pas du regard jusqu'à ce qu'ils s'en aillent. A ce moment, c'était évident qu'elles étaient plus fortes qu'eux, elles avaient le dessus, c'étaient eux qui étaient gênés. J'ai entendu plusieurs fois le gars s'excuser.
Alors oui, j'ai des femmes formidables dans mon entourage
, mais on peut toutes êtres formidables, peut-être pas dans toutes les circonstances, mais bien plus souvent qu'on ne le croit. Ayons confiance.
Pardon pour le pavé (en plus je radote avec l'autre sujet sur le harcèlement), mais je crois qu'on doit s'armer de patience et de courage, s'inspirer de ces femmes pleines d'assurance : au lieu de regarder au loin, de sourire maladroitement comme des enfants pris en faute, de faire des blagues pour esquiver, annoncer dès le début, sans agressivité : "Je n'ai pas envie de vous parler / C'est du harcèlement / J'ai envie d'être seule / Vous me dérangez / N'insistez pas."
Quand j'y repense, j'ai déjà réussi à me débarrasser de gens lourds en disant simplement : "Je suis occupée / Ce n'est pas le bon moment / Bonne journée, au revoir !"
Par contre je n'ai jamais eu le courage de dire à quelqu'un d'arrêter de me dévisager, je ne sais pas comment faire sans agressivité.
A mon avis, ce n'est pas un hasard si les harceleurs s'en prennent surtout aux filles jeunes, aux femmes seules, aux timides et aux gentilles de service. A leurs yeux, on n'est pas des vraies personnes, pas de vraies adultes, mais de petites créatures vulnérables. Ils veulent jouer au chat et à la souris. Cessons d'être des petites souris !