Très chères Madz,
Je suis bien contente d'être tombée sur cet article en farfouillant dans le site. Comme beaucoup d'entre vous, je m'y suis reconnue. J'ai pris le temps de lire tous vos commentaires et j'ai souvent eu mal pour vous. Je profite donc de cet espace pour vous dire que je vous aime
(non je ne vous connais pas mais je suis en mode bisounours... et puis si on aime pas une personne qui a le courage de se battre pour survivre dans ce monde de brutes, alors c'est pas la peine d'aimer). J'aimerais toutes pouvoir vous consoler (et que l'on vienne aussi me consoler de temps en temps), vous dire que vous êtes belles (si ! si ! et on devrait le dire plus souvent !)
J'espère que vous me pardonnerez ce moment d'égarement sentimental, ce que, voyez-vous, j'ai connu aussi cette souffrance. J'ai vécu l'enfer de l'adolescence en surpoids (avec une période d'obésité à 14 ans) : les insultes, les "mais tu devrais faire du sport" (j'en ai toujours fait, merci), les horribles séances dans les cabines d'essayage, les pleurs sur les genoux de ma mère qui ne savait plus quoi faire pour moi et bien sûr les séances d'autoflagellation à base de "je suis un monstre", "je suis trop nulle", "comment quelqu'un pourrait-il m'aimer un jour?"
J'ai mis un peu de temps pour comprendre que mes troubles alimentaires étaient surtout liés à une dépression (la solitude en rentrant de l'école dans une maison vide et le manque de copains) et encore plus de temps à comprendre que si je voulais changer mon corps, il fallait d'abord que je change dans ma tête. Alors je me suis battue, comme vous le faites aussi, contre la dépression, pour me sentir bien, et finalement me sentir belle.
J'ai perdu du poids quand j'ai commencé à me dire que "merde je suis heureuse parce que je l'ai décidé et j'emmerde ceux qui cherchent à m'enlever cela". bref, j'ai essayé de soigner ma tête et mon corps en même temps pour montrer que sous la "grosse" il y avait surtout un être humain. En acceptant de m'aimer un peu plus, j'ai aussi accepté que l'on m'aime, et ça, ça aide plus que tout.
J'ai toujours quelques complexes et vos commentaires m'ont fait beaucoup réfléchir. J'ai réalisé récemment que je me considérais encore comme "une grosse vache" en faisant du 36/38 : mon esprit met un peu de temps à suivre... Quelle conne ! Je ne suis pas un monstre de laideur, et je réalise seulement maintenant que je ne l'ai jamais été. Rétrospectivement, je pense que ce que j'ai gagné en m'acceptant est plus important que ce que j'ai gagné en perdant du poids (même si c'est précieux de réapproprier son corps). Je crois que j'aurais perdu moins de temps à être malheureuse si j'avais assimilé que l'on pouvait être en surpoids et belle, si on m'avait foutu un peu la paix, si on m'avait pas poursuivi à coup de "c'est pas bon pour ce que tu as". Faire des régimes quand on est en pleine croissance c'est une connerie, faire des régimes est une connerie. J'en ai fait trop, j'ai passé des années à surveiller la moindre carotte avalée, c'est pas une vie.
Aujourd'hui, je mange du chocolat et je m'en tape (enfin, j'essaye de compenser mes faiblesses pour le sucre avec du sport en général mais j'arrête de culpabiliser pour le moindre carré).
J'espère que vous me pardonnerez cet étalage de ma vie privée. Mais je me pose aujourd'hui une question, après avoir lu vos commentaires. J'ai beaucoup souffert des remarques de mon entourage, même si c'était en partie pour mon bien, et je supporte de moins en moins que l'on me "félicite" d'avoir minci. Mais j'ai peur d'une chose : si je venais à avoir des enfants, et si ils avaient comme moi des problèmes de poids, que pourrais-je faire pour les aider ? ma mère a longtemps été désemparée face à ma détresse (c'était dur pour elle de ne pas réagir en "médecin", elle m'a même hospitalisé une semaine, la plus inutile de toute ma vie) et je ne sais qu'elle aurait été la bonne attitude : ne pas me frustrer quand je voulais la même part de gâteau que mon frère ? être indifférent ?
Je sais que je reproche parfois beaucoup de choses à ma famille pour ce que j'ai vécu (et parfois à juste titre) mais je pense que ça devait être une situation compliquée à gérer (et je ne sais pas si j'aurais pu faire mieux).
Qu'en pensez-vous ?
Fin de cet article interminable sur ma petite vie et un gros Big up pour cet article très juste et émouvant