AKP et Erdogan continuent à être très populaires en Turquie, comme le dit Nil.
La population est descendue dans la rue pour contrer le putsch suite à l'appel d'Erdogan, relayé par des organes publics comme la police (qui a posté un message sur son compte twitter, assez surréaliste) et par (apparemment) des muezzin.
Pour faire le parallèle (forcément grossier, mais ça peut aider...) avec une nation plus proche de la France et dont la politique est peut être plus discutée en Europe (les dérives sont également plus nettes), on peut esquisser une comparaison avec ce qui se passe actuellement en Russie (uniquement en terme de fonctionnement d'un système politique et de son rapport au peuple, la géopolitique des 2 régions est très différente).
Vladimir Poutine, chef d'état très autoritaire qui a une politique militariste et de restriction des libertés est au pouvoir depuis pas mal d'années, et malgré toutes les dérives il reste très soutenu. Pourquoi ? Parce que, grâce à lui, l'URSS moribonde est revenue comme une nation forte sur la scène politique, économique et militaire internationale. Au delà de ces effets là, sa personnalité même est un atout : c'est un homme qui, dans sa communication, sa manière de se présenter au monde, est diamétralement opposé à Eltsine qui niveau image était assez catastrophique. Donc on a un retour aux affaires du monde et une image d'homme puissant qui reveille les passions nationalistes. Et face à lui, des personnes accusées d'être des oligarques voleurs (c'est à dire des gens qui ont pillé les ressources de la Russie lors de la dénationalisation) qui ont une image sulfureuse, qui sont pour la plupart réfugiés à l'étranger suite à des pressions politiques (allant jusqu'à l'assasinat) ou emprisonnés. Des gens qui n'ont pas le réseau pour capter le soutien global de la population et dont les soutiens font face à une très violente repression, qu'ils soient des civils, des militaires, des journalistes...
Tout ça pour dire que les régimes autoritaires c'est pas toujours uniquement de la repression (y'en a forcément bien sur) c'est aussi une manière très habile de jouer sur l'âme et le coeur des peuples, leur amour pour leur pays et l'image qu'ils renvoient dans le monde. Les dictatures brutales fonctionnent comme des digues de terreur qui peuvent être renversées, les régimes autoritaires cherchent, eux, à imprégner les peuples pour s'assurer leur soutien inconditionnel en cas de soulèvement.