J'ai fini de lire le bouquin dont je parlais dans mon message précédent :
https://livre.fnac.com/a12979006/Me...QodUJwB9w&gclsrc=ds&Origin=SEA_BING_PLA_BOOKS
C'est un recueil d'essais écrits par des écrivain-e-s sur leur décision de ne pas avoir d'enfant. Tous ne se valent pas mais j'ai vraiment bien aimé, je vous le conseille
Par contre j'ai trouvé que les essais écrits par des femmes étaient souvent un peu "consensuels", comme si elles cherchaient à compenser cet
incroyable acte de rébellion qui consiste à ne pas procréer en rappelant que quand même, elles adooorent les enfants, elles sont des tantes formidables et d'ailleurs elles auraient certainement été de bonnes mères, etc. Bon, ok, mais pourquoi ce besoin de se justifier ? Et puis je n'ai jamais vraiment compris ce raisonnement : si tu aimes tant que ça les enfants, pourquoi ne pas en avoir ? Pour moi ce n'est pas très logique, c'est comme adorer la glace au chocolat mais ne jamais avoir envie d'en manger
Je sais qu'être CF ne signifie pas nécessairement détester les enfants, mais quand même, j'aurais aimé lire plus de trucs osés, crus, honnêtes, en mode : "non, je n'aime pas les enfants, cela ne m'intéresse pas et c'est précisément la raison pour laquelle je n'en aurai jamais". Parce que tourner autour du pot et apporter douze mille justifications différentes à son choix, c'est au final se plier une fois de plus à la pression sociale… Pas d'enfant, ok, mais surtout surtout bien insister sur le fait qu'on les adore et qu'on apprécie passer du temps avec eux.
Par comparaison, les essais des hommes (trois sur seize) étaient beaucoup plus directs et "unapologetic" (je ne trouve aucun bon équivalent en français, désolée
), j'ai trouvé ça rafraîchissant. Mais ça en dit long aussi sur l'énorme pression qui pèse sur les femmes à ce sujet.
Il y a aussi un passage que j'ai trouvé très vrai et très intéressant, où une autrice explique que l'instinct maternel est une pure construction sociale et qu'il a été inventé à l'époque de l'industrialisation, quand les enfants ont commencé à être vus comme des êtres à part entière et non plus comme des petites mains gratos. Elle dit aussi que la maternité n'est pas moins aliénante aujourd'hui que dans les années 70, mais qu'elle a simplement revêtu de nouvelles formes. Je cite : "les femmes sont toujours furieuses de se sentir dupées et sous-estimées, mais au lieu d'ignorer leurs enfants en descendant des cocktails toute la journée, comme à l'époque de Betty Friedan, à présent la mode est à l'éducation dans un style furieux et hyperactif ; la maternité est devenu un sport de compétition".
Et elle ajoute que tant que les femmes continueront à envahir la maternité comme si celle-ci était constitutive de leur identité, tant qu'elles continueront à faire du prosélytisme sur le lien entre la "nature" et la maternité (avec l'instinct maternel, etc), rien ne changera d'un point de vue politique : elles continueront à être le parent principal, à avoir la charge des gosses, à devoir faire des choix entre enfants et carrière, à devoir se sacrifier. Et les hommes auront d'autant moins de raisons de signer pour l'égalité dans l'éducation des enfants.
J'ai trouvé que c'était très vrai.