@Iseria Queen Je pense que ta vision du réseau est un peu décalée de la réalité et que tu lui associes des effets pas forcément correlés. Le réseau facilite l'embauche mais ce n'est pas lui qui est responsable de la non-embauche... Je ne crois pas qu'on puisse qualifier le réseau de "piston". Pour avoir été en position de recruter et avoir fait face aux deux, le réseau est un vrai plus pour le recruteur, le piston en revanche est un piège.
Le piston, c'est un mec qui te demande de recruter quelqu'un en échange de faveurs. Par exemple, un client qui va te dire "mon neveu cherche un travail, je vous donne son CV" et te relancer 5 fois. Si le client est important, tu vas te sentir contraint de faire passer un entretien au neveu même si son CV est nul parce que tu ne veux pas déplaire au client. Idem quand ta meilleure amie te dit "Mon copain cherche un job, tu l'embauches?", c'est un problème car des considérations privées rentre dans tes considérations professionnelles et ne sont pas forcément compatibles.
Bien sûr, tu peux refiler le job de coller des enveloppes au neveu étudiant de ton client pour lui faire plaisir, ça ne te coûte pas grand-chose mais bon, c'est pas forcément sur ça que la concurrence est la plus féroce.
A l'inverse, le réseau, c'est la possibilité d'avoir des informations supplémentaires très précieuses sur un candidat plutôt que les simples informations (qu'il manipule forcément pour plaire ou alors qu'il présente si mal que ça ne fait pas envie) et le CV qui ressemble à 15 autres CV.
J'ai mené certains recrutements qui exigeaient des compétences techniques. Tous les CV reçus y correspondaient. Pour nous, c'était très facile de faire un test dans nos locaux et il se trouve que 90% des candidats échouaient complètement au test alors qu'ils correspondaient à tous les critères sur le papier. Le réseau ne nous était pas nécessaire dans ce cas car on recherchait des trucs très mécaniques.
En revanche, sur d'autres postes, un candidat pouvait parfaitement faire illusion à n'importe quel test et même faire illusion pendant un mois avant qu'on réalise qu'il ne correspondait pas du tout, que ses compétences étaient insuffisantes ou qu'il n'avait pas la bonne attitude pour progresser au travail. Parfois, ma chef connaissait leurs anciens patrons, des collègues ou des gens qui avaient été impliqués en situation professionnelle avec eux et ça permettait de limiter les risques de perdre un mois à former quelqu'un dans le vide. Une fois, un ami de ma chef lui a confirmé qu'un candidat était hyper curieux, hyper bosseur, super ingénieux, débrouillard et qu'il était une forte tête dans son domaine. Il nous aurait été absolument impossible de le déterminer en entretien ou d'être sûr qu'il se distinguait nettement des autres. On pouvait pressentir certaines choses mais sans en être certain.
En plus, lorsqu'une recommandation provient du réseau, les gens qui te recommandent engage une partie de leur crédibilité, contrairement au client qui pousse le CV de son neveu vers l'avant. S'ils te disent "untel est génial" alors que c'est un gros nul, ils perdent en crédibilité à tes yeux voire aux yeux de ceux dont tu es proche.
A l'inverse, certains candidats faisaient parfaitement illusion avec leur CV complet, leur manière de se présenter etc. mais se sont avérés complètement inefficaces après 6 mois de travail. C'était pour des jobs pas techniques mais avec de grosses responsabilités où il devait nous présenter "une vision", des propositions etc. C'est très dur de savoir si quelqu'un fait l'affaire comme ça, à partir d'un peu de blabla, de quelques bouts de papiers et d'une période d'essai. Le fait qu'un autre employeur (ou un collègue, un client, un prestataire etc.) les ait "testés" en situation fait gagner beaucoup de temps. Par contre, on reste conscients qu'on a pas forcément tous les mêmes attentes.
Le réseau n'est pas le seul facteur d'un recrutement mais il permet de donner un coup de pouce au recrutement et de faire se distinguer certains candidats.
Honnêtement, pour moi le réseau est avant tout une chance car ça permet à des gens autodidactes ou qui n'ont pas de diplômes super prestigieux ou prisés de gagner en valeur sur le marché du travail. Pour ma part, je regrette de ne pas mobiliser assez mon réseau ou que les recruteurs n'appellent jamais mes employeurs précédents. Si je dis moi que "je travaille dur et je suis très rapide", ça a l'air d'être du pipeau pour séduire. Si c'est un maitre de stage ou un partenaire commercial dont j'ai satisfait les demandes, c'est déjà beaucoup plus crédible.
Enfin, pour certains jobs, le fait d'être capable de mobiliser un réseau me parait être limite une qualité nécessaire à la profession parce que ça montre que tu es capable d'entretenir des liens avec tes collègues ou les gens que tu rencontres, que tu t'intéresses aux autres et que tu es capable de faire appel à des tiers ainsi qu'à rendre des services en cas de besoin. Ce genre de qualités sera utile dans plein de métiers, même en dehors des relations publiques car grâce à ça tu peux identifier des prestataires et négocier avec eux, peut-être obtenir des autorisations par certaines autorités si jamais tu dois utiliser un lieu public ou que sais-je encore!
De toute façon, la plupart des employeurs ne veulent pas passer par la procédure "publication d'une offre d'emploi et réception de CV inconnus" car c'est très chronophage et très aléatoire. Pour le coup, ça a toujours été comme ça voire pire autrefois. Là, le réseau devient absolument nécessaire et je ne pense pas qu'il s'agit d'une injustice mais plutôt d'une question pratique.
Et je dis tout ça mais je ne suis pas très douée pour mobiliser mon réseau. Cependant, je n'estime pas que c'est une situation "injuste", je considère juste que c'est une qualité que je dois travailler comme le fait de rédiger une bonne lettre de motivation ou un bon CV.