@Anableps Je réponds un peu tard, d'autres personnes ont répondu en partie à ma place, notamment Aprilmayjune. Je propose quand même ce que j'avais en tête.
Comme cela a été dit en particulier par Aprilmayjune, je pense que les caractéristiques telles que la couleur de peau ou le poids sont fondamentalement différentes de celle du genre (notamment parce qu'elles sont physiques et que celle du genre est psychique). Du coup, suggérer que ces caractéristiques sont aussi psychiques implique qu'il y a quelque chose dans l'attitude, dans la personnalité ou dans quoi que ce soit d'autre d'identitaire (au sens psychique et mental) qui coexiste automatiquement avec une couleur de peau ou un type de corps. Cela me semble problématique parce que ça tendrait à valider des idées discriminantes attribuant des traits de caractère ou de comportement spécifiques à une catégorie de personnes, comme les gros.ses ou les noir.es. Je pense par exemple au cliché de la personne grosse fainéante ou malléable. Je pense aussi aux problèmes de fétichisations.
Je ne dis pas qu'on ne peut pas créer de vécu et de personnel à partir du poids ou de la couleur de peau, mais qu'à la base, ce ne sont pas des éléments constitutifs de l'identité, contrairement au genre qui existe même si on ne crée rien par-dessus. J'ai peur de ne pas être clair.e, je trouve ça assez difficile à décrire.
En fait, je pense qu'on ne poserait pas ce type de débat de cette façon si le cissexisme n'existait pas. On compare ces situations parce que par transidentité on pense à la transition (qui n'existe pas toujours et qui actuellement est beaucoup contrôlée et définie par le système) et au rapport au corps, mais à la base être trans c'est juste avoir une identité de genre. Cela n'implique pas automatiquement de dysphorie et chaque personne trans vit et voit son corps d'une façon qui lui est propre. Dans un monde sans transphobie, on aurait des personnes qui font des opérations, d'autres non, d'autres encore qui en feraient certaines et pas d'autres, on aurait aussi probablement plus de possibilités au niveau des modifications. En fait tout le monde ferait selon ce qui lui convient.
Alors qu'une personne qui se voit ou se considère comme grosse en ayant un corps que l'on ne définit habituellement pas comme gros, soit c'est la forme du corps qui l'intéresse et alors que la grossophobie n'existe pas ne changerait pas son problème (il y aurait toujours inadéquation entre la forme de son corps et son ressenti). Soit c'est la situation de personne grosse qui l'intéresse et alors la problématique disparait si la grossophobie n'existe pas. Dans les deux cas, je trouve que c'est assez différent de la transidentité.
Après, déterminer les différences exactes me semble être impossible sans le point de vue de personnes directement concernées. On a les contours de la transidentité mais pas ceux de l'autre sujet.