Sur l'opportunité de prendre un arrêté pour éviter les troubles à l'ordre public, dites moi si je me trompe, mais il y avait quand même des alternatives, non ? Comme par exemple prévoir des peines particulières pour des actes islamophobes sur les plages ? Pour celleux qui harcèlent les femmes voilées et troublent ainsi l'ordre public ? Si on prend la situation telle qu'on nous la présente, c'est à dire que la présence de burkinis sur les plages françaises pourrait créer des troubles, il me semble qu'il y a un choix qui a été fait d'aller dans le sens des racistes, dans le sens de l'amalgame musulman-e = terroriste (j'invente rien : "Il ne s’agit pas d’interdire le port des signes religieux à la plage, mais les tenues ostentatoires qui font référence à une allégeance à des mouvements terroristes qui nous font la guerre", dixit Thierry Migoule).
Donc au delà de la question du voile oppression ou pas, de la question du prosélyisme, de la question du Coran, on est face à une situation où deux composants (nous dit-on) vont créer un trouble à l'ordre public : le premier étant les femmes portant le burkini, qu'on nous présente comme actives, provocatrices, et le second étant les racistes, qu'on nous présente comme passifs, normaux. Alors qu'on pourrait quand même voir la situation à l'inverse : qui va créer des attroupements, qui va apporter la violence dans ces situations, ce sont bien les seconds. Et pourtant ce sont les premières que l'on va sanctionner. C'est donc qu'il y a bien un choix qui a été fait, sur une situation présentée comme sensible, d'aller dans le sens islamophobe. De considérer ce rejet des femmes voilées qui se baignent, de la part des autres baigneu-r-se-s comme quelque chose de normal, même de sain.
Donc c'est là pour moi que ça va plus loin qu'un problème juridique ou administratif (c'est à dire, est-ce que c'est aux villes de prendre ces décisions, etc.) : c'est un message envoyé aux Français-e-s, qui valide les amalgames musulman-terroriste, qui valide la notion de sanction contre les musulman-e-s (je parlerais même de revanche), bref qui à mon avis agit comme un laisser-passer à tous les excès de violence contre les musulmans (puisque ce que nous disent ces arrêtés, c'est que le trouble à l'ordre public, ce n'est pas celui ou celle qui violente un-e musulman-e, mais bien ce musulman-e qui n'a pas été assez discret-e).
Dans les questions-réponses avec Marwan Muhammad sur LCI, un auditeur s'énerve et assène que si on interdit pas le burkini, c'est le FN qui continuera de gagner du terrain. Pour moi c'est exactement l'inverse : on est en train de libérer une mentalité raciste, validée au plus haut niveau de l'Etat, pour des intérêts électoraux, qu'il sera très difficile de contrôler. Comme nous le montre la campagne Trump aux USA : donner une voix aux pires stéréotypes racistes -ce qu'on nous présente comme étant un bon moyen de lutter contre, puisqu'une fois exposés on pourrait mieux les combattre- a des effets directs sur la montée des violences islamophobes et racistes. Libérer la parole raciste sous prétexte de parler au nom de ses électeur-ice-s ne fait jamais qu'amplifier le racisme, en lui donnant une caution et des excuses.
Donc au delà de la question du voile oppression ou pas, de la question du prosélyisme, de la question du Coran, on est face à une situation où deux composants (nous dit-on) vont créer un trouble à l'ordre public : le premier étant les femmes portant le burkini, qu'on nous présente comme actives, provocatrices, et le second étant les racistes, qu'on nous présente comme passifs, normaux. Alors qu'on pourrait quand même voir la situation à l'inverse : qui va créer des attroupements, qui va apporter la violence dans ces situations, ce sont bien les seconds. Et pourtant ce sont les premières que l'on va sanctionner. C'est donc qu'il y a bien un choix qui a été fait, sur une situation présentée comme sensible, d'aller dans le sens islamophobe. De considérer ce rejet des femmes voilées qui se baignent, de la part des autres baigneu-r-se-s comme quelque chose de normal, même de sain.
Donc c'est là pour moi que ça va plus loin qu'un problème juridique ou administratif (c'est à dire, est-ce que c'est aux villes de prendre ces décisions, etc.) : c'est un message envoyé aux Français-e-s, qui valide les amalgames musulman-terroriste, qui valide la notion de sanction contre les musulman-e-s (je parlerais même de revanche), bref qui à mon avis agit comme un laisser-passer à tous les excès de violence contre les musulmans (puisque ce que nous disent ces arrêtés, c'est que le trouble à l'ordre public, ce n'est pas celui ou celle qui violente un-e musulman-e, mais bien ce musulman-e qui n'a pas été assez discret-e).
Dans les questions-réponses avec Marwan Muhammad sur LCI, un auditeur s'énerve et assène que si on interdit pas le burkini, c'est le FN qui continuera de gagner du terrain. Pour moi c'est exactement l'inverse : on est en train de libérer une mentalité raciste, validée au plus haut niveau de l'Etat, pour des intérêts électoraux, qu'il sera très difficile de contrôler. Comme nous le montre la campagne Trump aux USA : donner une voix aux pires stéréotypes racistes -ce qu'on nous présente comme étant un bon moyen de lutter contre, puisqu'une fois exposés on pourrait mieux les combattre- a des effets directs sur la montée des violences islamophobes et racistes. Libérer la parole raciste sous prétexte de parler au nom de ses électeur-ice-s ne fait jamais qu'amplifier le racisme, en lui donnant une caution et des excuses.