Je trouve vos réflexions sur le privilège de l'intimité super intéressantes
Et je recommande aussi
Chez soi de Mona Chollet, et un livre du sociologue Jean Baudrillard qui date des années 60,
Le système des objets : le prisme n'est pas spécialement celui de la classe mais il analyse les transformations dans le rapport au mobilier et aux objets du quotidien dans la transition vers la société de consommation avec des analyses assez éclairantes sur la manière dont l'imaginaire bourgeois s'incarne dans un mobilier, des objets, des espaces spécifiques.
@Gabelote , lorsque tu dis que tu n'en gardes pas un si mauvais souvenir, ça m'amène à me poser une question plus générale sur laquelle j'aimerais bien avoir votre avis.
Je ne viens pas d'un milieu populaire (plutôt classe moyenne supérieure, je pense, ma mère est institutrice retraitée et mon père est animateur en alphabétisation dans une association), et les manières dont j'ai été amenée à m'interroger sur le classisme sont la médiation de mon copain (qui vient pour sa part d'un milieu populaire, et m'a donc aidé à dé-naturaliser certaines pratiques que je ne percevais pas toujours clairement comme propres à une certaine classe) et les questions écologiques, qui m'ont conduites à me demander à quelle point des pratiques soutenables d'un point de vue écologiques pouvaient exister déjà en acte dans certaines classes sociales, ou étaient au contraire incompatibles avec certaines pratiques de consommation difficiles à supprimer en tant qu'elles constituent des marqueurs d’appartenance à une classe.
Du coup, dans la manière dont j'ai construit les choses depuis ma perspective (c'est-à-dire en tant que personne non concernée de façon directement intime et subjective par les discriminations et problèmes de représentation liés à la classe, même si je crois que ma relation avec mon copain a constitué ça malgré tout en enjeu relativement personnel pour moi), j'ai toujours eu en arrière-plan l'idée qu'il ne s'agissait pas seulement de visibiliser les injustices et inégalités subies en raison de l'appartenance aux classes populaires, mais aussi de revaloriser les modes de vie populaires, parce qu'ils avaient quelque chose à apporter à la société par exemple en terme d'anticapitalisme, de sobriété en matière de consommation, etc. Un des premiers livres qui m'a beaucoup marqué et qui thématise vraiment le prisme de la classe, c'est un livre de Paul Ariès sur l'écologie et les classes populaires, qui montre que les pratiques des classes populaires sont invisibilisées alors qu'elles ont un grand potentiel écologique, là où les classes supérieures, même quand elles adoptent des pratiques de consommation "vertueuses" en terme écologique, ont de façon quasi systématique une empreinte écologique bien supérieure (car davantage de possessions, pas du tout les mêmes pratiques en terme de mobilité, etc.).
Est-ce que vous trouvez que la question devrait être abordée d'abord en terme d'inégalités et que c'est une instrumentalisation qui peut être dangereuse de l'envisager de cette façon, ou est-ce que vous avez des points communs avec cette perspective ?