Au sujet des mères qui déscolarisent leur enfant, j'imagine qu'il y a aussi des raisons psychologique qui résultent de la confrontation avec le quotidien qui fait qu'elles ressentent encore plus l'écart et un créer un sentiment l'échec en comparaison avec la vie des autres.
C'est pas très clair ce que je dis. Par exemple, j'imagine qu'étant à la rue, ça doit être difficile d'avoir tout le temps des vêtements propres pour ses enfants, que tes enfants sont susceptibles de te demander régulièrement des fournitures(parce que la maitresse l'a un peu grondé parce qu'il n'avait pas de cahier pour les maths), il faut gérer les regards de travers sans devenir parano, etc. Ce sont des situations pratiques concrètes qui creusent psychologiquement le fossé entre ces personnes et les personnes qui vivent une vivent "typique".
Certains psychanalystes utilisent l'expression "sortir de la vie/faire une expérience hors de la vie" pour parler de ce genre d'expérience qui sort du quotidien de la plupart des personnes dont il est difficile de parler (viol, maltraitance, prostitution, délinquance, prison puisqu'on en parlait ailleurs, et donc vie dans la rue, etc).
Je ne suis pas experte mais en général dans toutes ces expériences il est très difficile de "décrocher" même pour revenir à une meilleure situation, parce qu'on a l'impression qu'on a plus sa place dans le quotidien ordinaire, et le "déphasage" ressenti provoque de la honte et un lourd sentiment d'échec. Souvent nous ne comprenons pas pourquoi au bout d'un moment les prostituées qui disent faire ce métier de façon "temporaire" ne reviennent pas à un boulot classique, pourquoi les SDF n’acceptent pas certaines aides et préfèrent rester à la rue, pourquoi des personnes qui ont vécu des maltraitances s'entêtent à aller dans des milieux où elles revivent ces maltraitances, il y a des réponses pratiques à tout ça (structures sociales et aides proposées inadaptées) mais aussi psychologiques.
Sans compter qu'en plus il existe plein de syndromes post-traumatiques liés à ces expériences "hors de la vie" qu'il faut gérer dans le quotidien normal, en les cachant bien sûr, parce qu'on ne peut/veut pas toujours expliquer sa vie/des évènements particulièrement tragiques à chaque personne qu'on croise, et à chaque fois avoir l'air un peu bête et complètement largué sur des choses du quotidien qui paraissent simple. Du coup on se sent plus faible, plus nul que les autres, on doit faire les mêmes choses qu'eux, mais avec des boulets invisibles aux pieds et on a pas vraiment le droit aux excuses.
Je comprends que ça n'excuse pas tout vis à vis des enfants, mais je pense que les enfants à travers l'école font aussi interface avec la "réalité" qu'il faut affronter, et qu'au bout d'un moment les parents à la rue ont aussi honte de refuser à leurs enfants de leur acheter leurs livres et leurs cahiers.
Dernière raison, j'imagine que les parents ont très peur que l'école se rende compte que la famille n'a pas de toit et que quelqu'un appelle la police ou les services sociaux et séparent la famille/les enfants etc