@madmoizelle N je pense que si effectivement une femme s'était pointée avec un voile à l'Assemblée Nationale, ça n'aurait pas été la même réaction. Oh wait, it already did happen. Je pense que la laïcité fermée s'en prend particulièrement à l'Islam parce que derrière c'est bien cette religion là qu'on rend coupable de sexisme, d'homophobie, bien plus que les autres. Le catholicisme, malgré sa sur-représentation parmi les rangs de la manif pour tous, n'est pas autant essentialisé à ses composantes sexistes ou racistes, parce que c'est une religion qui paraît déjà faire partie du paysage Français, tel qu'il est scénarisé dans notre culture populaire. Autrement dit, pour le catholicisme ou le judaïsme, on a de nombreuses références, que ça soit les églises et synagogues dans les villes, que ça soit les films, que ça soit l'Histoire de France telle qu'on nous l'apprend dans notre cursus scolaire (c'est à dire centrée sur la France "de souche").
Et autrement dit donc, le catholicisme et le judaïsme ne sont pas autant perçus comme des menaces pour la "laïcité", en réalité pas perçus comme des menaces pour nos "valeurs" en général, à savoir l'égalité F/H, la neutralité religieuse. Dans son bouquin, "Le mythe de l'islamisation", Raphaël Liogier démontre bien comment on reproche en particulier à l'Islam, et comment on construit une représentation populaire de l'Islam, sur des griefs qui seraient pourtant tout aussi voire plus pertinents si on les adressait à d'autres religions, toujours dans un contexte français. Sur la notion de "propagation" par exemple, cette idée du "grand remplacement", qui tend à faire penser que l'Islam est une religion "rempante", qui s'infiltre comme une armée ennemie en France, en réalité son taux de conversion est tout à fait comparable à d'autres religions (bon ok pas le catholicisme qui est sur le déclin), mais est même bien inférieur à des religions comme l'Eglise advantiste du 7e jour.
(edit) là je vais vraiment parler en mon nom. Je crois qu'il faut bien peser le poids de l'idée qu'on instrumentalise la laïcité. On (les blanc-he-s plus ou moins issus de familles chrétiennes) a grandi dans une société plus ou moins taillée à notre image, à nos habitudes, à nos intérêts. L'Islam, les cultures apportées et visibilisées par les descendants de colonisés, constituent une perturbation par rapport à cette France de Marcel Pagnol, façon petit village entre son curé et ses apéros saucissons pinard. Et du coup, ce sentiment peut devenir un sentiment d'agression, vu qu'on ne nous a jamais donné les clefs pour accepter les autres cultures, les autres choix de vie, les autres religions que la religion catholique, ni les clefs pour identifier le racisme systémique. Vu qu'il n'y a pas de clef, que les débats sur le sujet sont taxés "d'agressivté", de "communautarisme", tout est fait pour préserver ce confort blanco-catho-laïc, et éviter de fragiliser un peu plus cet "égo blanc".
Je te parlais par MP de cette image du chat à qui on voudrait faire prendre un bain. Je pense que lorsqu'on a grandit dans ce système, qu'on a ces oeillères, on est tiraillés entre plusieurs choses tout à fait opposées : d'un coté il y a ce sentiment d'agression, qui nous fragilise, qui nous destabilise, mais de l'autre rejeter les arabes, les noires, c'est RACISTE. Et le RACISME, ÇAYLEMAL. Du coup en fait l'instrumentalisation se fait bien en amont de la place publique ou politique, elle se fait déjà au niveau plus ou moins conscient, comme une fuite vers des valeurs ou des principes dont on se serait pas forcément servi sinon. Tout cela dans l'objectif de garder une certaine cohérence vis à vis de soi-même, et de ne jamais avoir à affronter son racisme (voire carrément à se déculpabiliser, cf Badinter ou Véronique Genest).
Et autrement dit donc, le catholicisme et le judaïsme ne sont pas autant perçus comme des menaces pour la "laïcité", en réalité pas perçus comme des menaces pour nos "valeurs" en général, à savoir l'égalité F/H, la neutralité religieuse. Dans son bouquin, "Le mythe de l'islamisation", Raphaël Liogier démontre bien comment on reproche en particulier à l'Islam, et comment on construit une représentation populaire de l'Islam, sur des griefs qui seraient pourtant tout aussi voire plus pertinents si on les adressait à d'autres religions, toujours dans un contexte français. Sur la notion de "propagation" par exemple, cette idée du "grand remplacement", qui tend à faire penser que l'Islam est une religion "rempante", qui s'infiltre comme une armée ennemie en France, en réalité son taux de conversion est tout à fait comparable à d'autres religions (bon ok pas le catholicisme qui est sur le déclin), mais est même bien inférieur à des religions comme l'Eglise advantiste du 7e jour.
(edit) là je vais vraiment parler en mon nom. Je crois qu'il faut bien peser le poids de l'idée qu'on instrumentalise la laïcité. On (les blanc-he-s plus ou moins issus de familles chrétiennes) a grandi dans une société plus ou moins taillée à notre image, à nos habitudes, à nos intérêts. L'Islam, les cultures apportées et visibilisées par les descendants de colonisés, constituent une perturbation par rapport à cette France de Marcel Pagnol, façon petit village entre son curé et ses apéros saucissons pinard. Et du coup, ce sentiment peut devenir un sentiment d'agression, vu qu'on ne nous a jamais donné les clefs pour accepter les autres cultures, les autres choix de vie, les autres religions que la religion catholique, ni les clefs pour identifier le racisme systémique. Vu qu'il n'y a pas de clef, que les débats sur le sujet sont taxés "d'agressivté", de "communautarisme", tout est fait pour préserver ce confort blanco-catho-laïc, et éviter de fragiliser un peu plus cet "égo blanc".
Je te parlais par MP de cette image du chat à qui on voudrait faire prendre un bain. Je pense que lorsqu'on a grandit dans ce système, qu'on a ces oeillères, on est tiraillés entre plusieurs choses tout à fait opposées : d'un coté il y a ce sentiment d'agression, qui nous fragilise, qui nous destabilise, mais de l'autre rejeter les arabes, les noires, c'est RACISTE. Et le RACISME, ÇAYLEMAL. Du coup en fait l'instrumentalisation se fait bien en amont de la place publique ou politique, elle se fait déjà au niveau plus ou moins conscient, comme une fuite vers des valeurs ou des principes dont on se serait pas forcément servi sinon. Tout cela dans l'objectif de garder une certaine cohérence vis à vis de soi-même, et de ne jamais avoir à affronter son racisme (voire carrément à se déculpabiliser, cf Badinter ou Véronique Genest).
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