Veille permanente racisme, xénophobie...

6 Mai 2015
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@muzungu oh merci! <3 j'ai pas tout lu encore mais c'est super intéressant!

@madmoizelle N désolée, je crois aussi avoir déjà trop raconté de ma life ici mais si tu veux je peux me répéter :)
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Sinon, on m'a peu fétichisée en tant que femme asiatique mais plutôt exotisée oui. Mais il faut aussi dire que pendant longtemps, j'ai plutôt senti le truc que les hommes n'étaient pas attirées par les femmes asiatiques. Je ne comptais pas. Dans les classements de filles les plus belles (à l'école, mon dieu ce qu'on faisait comme connerie oppressive), j'apparaissais jamais. Vive la confiance en soi après. C'est peut-être pour ça qu'au début, j'arrivais pas m'en remettre qu'on puisse être attiré par moi, par mon corps :hesite: ça m'enivrait d'une certaine façon. Je me dis que c'est par chance que je ne suis pas tombée sur des gens qui auraient pu abusé de ça à ce moment-là de ma vie.
Sinon, et je crois l'avoir déjà dit, il y a des choses qui ont aidé dans notre relation au niveau familial. Déjà, être les deux enfants d'immigré.e.s, d'avoir un rapport aux origines patchworké, d'avoir un rapport aux langues aussi différent, savoir que les accents, c'est normal, ne pas forcément connaître toutes les langues de sa famille, rejeter une partie des valeurs familiales parce qu'on ne s'y reconnaît pas. Cela m'a sacrément aidé de ne pas avoir à expliquer d'où je viens. La multiculturalité, c'est devenu un must pour moi, je ne pourrais plus sortir avec quelqu'un ayant toujours grandi dans un contexte familial très peu mixte. Ou y aurait une liste de conditions pas possibles à cocher avant. Je peux plus supporter les gens qui me disent à quel point se sentir exclu.e parce que la belle-famille parle 5 minutes dans une langue incomprise. Dans la vraie vie, l'exclusion marche dans l'autre sens. Quand je suis avec ma famille, je veux être dans un espace safe et parler la langue que je veux. C'est aussi partiellement grâce à ces diverses expériences de la multiculturalité que j'ai pu me réconcilier avec mon héritage.

Bon pardon, j'ai encore pondu un texte pas cohérent du tout mais ce sera tout de mes expériences. Merci pour la question, je crois que c'est vachement important en fait. Surtout si on décide de construite sa vie avec quelqu'un.e. ça m'intéresse aussi d'apprendre comment vous gérez ça.

Je sais pas si tu avais lu mais il y avait un témoignage d'une femme de couleur qui avait expliqué pourquoi elle ne sort même plus avec des hommes blancs (http://everydayfeminism.com/2016/05/i-dont-date-white-men/). J'avais trouvé son témoignage très inspirant et soulevant bien des points pertinents. Il est aussi assez dur en fait, dans la conclusion, dans cette impression de ne pas y arriver à joindre les deux bouts de toutes ses valeurs.

Et merci de ton rappel sur le sacrifice des miliant.e.s visibles. Le prochain qui me rappelle que le racisme, c'est fini, je lui en parlerai... on verra si ça le fera toujours autant rire.
 
17 Septembre 2007
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hfgfd
@Allitché Merci beaucoup. C'est "marrant" justement d'échanger sur nos expériences parce que, comme tu le disais plus haut, ça permet d'intellectualiser le processus (ce qui permet notamment de le démonter et de se rendre compte que c'est pas de notre faute) et de se rendre compte qu'on n'est pas toutes seules à vivre ce qu'on vit.
Typiquement, ne jamais se sentir aussi belle qu'une blanche et accepter l'intérêt d'un homme même quand il est malsain à cause de ce manque de confiance c'est l'histoire de ma vie. Et c'est exactement ce que me disait une amie noire, quasiment mot pour mot ce que tu écris.
Dans ma famille, et meme avec mon cercle proche, personne ne s'attachait vraiment à me donner confiance en mon physique. Ma mère me disait souvent que je ne devrais pas me prendre la tête là dessus "Parce que si un mec s'attache uniquement à ton physique, on sait déjà qu'il ne vaut pas le coup". C'est mon cerveau (et ma capacité à etre une bonne femme d'intérieur, ca aussi c'était important pour elle) qu'elle voulait muscler pas mes fesses. Du coup, ajoute à ça l'idéal de beauté occidental auquel je ne ressemble en rien et je me suis retrouvé avec un mec qui voulait me présenter à son père "qui sera ravi de discuter de l'Algerie avec toi mais il doit pas savoir qu'on est ensemble". Ben oui, j'ai toujours rêvé de rencontrer un colon et de devoir fermer ma gueule. Ça s'est pas fait (Parce que ça plus le fait qu'il m'appelle "mon loukoum" me mettaient mal à l'aise sans que je réussisse à mettre des mots dessus) mais j'étais assez paumée pour accepter n'importe quoi.
J'ai aussi passé quelques années avec un sarkozyste qui ne comprenait pas que je m'énerve quand il se sentait obligé d'insister lourdement sur les origines du mec qui l'a agressé. Ça le rendait dingue parce que pour lui je défendais son agresseur et je niais sa souffrance (les miennes on s'en fout). Et bien je me suis excusée, je lui ai offert un pull et j'ai demandé pardon. Je voudrais mettre des gifles à mon moi de l'époque. Il a jugé mes parents sur la façon dont ils vivent sans prendre en compte nos différences culturelles alors que moi je me mordais la langue pour ne pas juger quelqu'un qui laisse ses grands parents vivre dans la saleté et l'urine. Il a jugé toute ma famille en vrai. Sa grand mere lui a envoyé une lettre de plusieurs pages pour me traiter de voleuse et le prévenir que j'allais le convertir à l'Islam (Best blague ever). Mes parents m'ayant appris à respecter les anciens, j'ai fermer ma gueule et je l'ai meme encourage à maintenir des liens avec elle meme si elle ne m'a jamais présenté d'excuses, il a même caché cette lettre pendant plusieurs mois. Et pourtant il etait d'origine étrangère, il a une arrière grand mere algerienne et un pere russe.
Le dernier en date, etait sûrement le plus sain de tous (à part mon premier amour qui est un garçon tellement chouette que c'est le seul ex avec lequel je suis amie) mais aussi le plus cultivé. Je sais pas si c'est lié mais il est toujours ouvert à la discussion meme quand c'est loin de son monde, il est à l'écoute et il s'énerve jamais. Pourtant c'est un "travailleur de la République" qui est parfois obligé d'utiliser sa langue de bois mais c'était cool. Le Visa pour le Canada règle le problème mais je crois qu'on aurait rencontré un mur à un moment ou un autre, un ministre peut pas se retrouver avec moi et moi je peux plus me taire.
Du coup, je m'occupe en traînant sur des sites de rencontre et c'est horrible ou sociologiquement intéressant je sais pas encore. Etre racisée c'est la garantie de recevoir des "T'as des origines?" "T'es d'où?" "Beaute orientale" et comme je m'en fous je réponds systématiquement à ces messages en mode "Je suis française pourquoi en douterais tu?" "On n'est pas dans les mille et une nuits" et autres vulgarités que je vous épargne. Et les mecs s'accrochent, ils ne supportent pas de ne pas pouvoir m'écraser littéralement. Une arabe c'est la beaute exotique, ça passe, mais faudrait pas qu'elle ouvre sa gueule. Une militante, c'est mort elle est foutue. Ils peuvent pas passer outre quand je les mets face à leur fétichisme ou que je leur explique que les francais ressemblent pas aux Gaulois. Même si moi je suis dans la pédagogie, je me fais insulter. Je leur envoie des articles, j'argumente mais on me renvoie à ma "connerie" mon "idiotie" et tout le mal que je fais à ma cause.
J'ai parfois eu aussi droit à des messages racistes, pas le racisme dont on parle ici non celui bien degueulasse qui utilise des mots que je ne veux même pas écrire ici mais que je n'avais ni lu, ni entendu depuis très longtemps. J'ai même reçu un message qui m'accusait de vouloir des papiers français...

En ce qui concerne les difficultés que rencontrent les militants visibles, tu imagines ce que pense un employeur quand il Google Sihame Assbague (d'ailleurs @-Arwen j'ai vu qu'elle bloque plus facilement les gens qui l'insultent ou la menacent maintenant, comme quoi personne n'est fait pour accepter ca). NVB et les parlementaires ont discuté du CE decolonial à l'AN, elles sont repérées si ce n'est fichées. Quant à Franco et la BAN ces gens là se font maltraiter physiquement très régulièrement par la police. Il faut voir (ou pas c'est un peu violent) la video aux jardins du Luxembourg. Et pourtant ils lâchent rien, ils galèrent financièrement pour beaucoup mais ils sont là quand on en a besoin. C'était vraiment chouette d'être entre frères et sœurs samedi (par contre les alliés blancs qui fument leur joint a 2 mètres des CRS vous étiez pas obligés de venir).
 
11 Janvier 2007
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La question des amours :

Spoiler alert : je ne parle dans mon histoire personnelle presque que de blancs. Et d'hommes parce que je suis hétéro.

Comme vous j'ai longtemps été fétichisée, en tant que métisse, "le futur de l'humanité" et j'en passe. Par contre quand il s'agissait sérieusement de trouver un amoureux y avait pas foule. J'ai mis assez "longtemps" pour sortir avec un garçon quand j'étais plus jeune, plus tard que les copines, je ne me suis jamais fait draguer autrement que par harcèlement de rue, et j'ai toujours choisi de prendre les devants avec les mecs qui m’intéressaient parce qu'ils ne faisaient jamais le premier pas. Et pour cause, je me suis pris des "râteaux" systématiquement. J'ai jamais pris ça comme quelque chose de racial, je me suis toujours dit que j'étais simplement pas jolie et que je méritais pas le regard des hommes (ce qui fait qu'après ça tu te définis beaucoup plus par ce même regard...). Les râteaux c'était "j'ai vu mieux", "ahah non merci" ou ce genre de choses. L'ultime râteau a quand même été "je t'aime beaucoup, et je te comprends : tes cheveux doivent être difficiles à coiffer... mais ça m'intéresse pas" (trad : t'es moche avec ton cheveu frisé qui rebique)
Ce que j'ai beaucoup constaté dans mon cercle d'amis un peu geek, c'est la fétichisation des asiatiques (et je vis dans une zone très habitée par des chinois et vietnamiens depuis très longtemps). Beaucoup de mecs m'expliquaient qu'on pouvait pas sortir ensemble parce qu'ils voulaient sortir avec des asiatiques (vu qu'ils aimaient les mangas et les sushis...), ou alors je sortais avec des mecs qui me disaient bien que j'étais l'exception et que c'était presque un cadeau de sortir avec moi (et ça s'est passé une fois de plus il y a 2 ans quand le mec avec qui j'étais m'a dit qu'il était intrigué par mon profil sans photo sur tdr, qu'il n'aurait jamais cliqué s'il avait vu que j'étais noire. ok bye!).
Je sais pas comment ça s'est passé pour les asiatiques en question qui se sont vues alpaguer par des hordes de fanas de jeux vidéos qui ne savaient rien d'elles (à lire : http://everydayfeminism.com/2016/07/be-proud-tight-asian-pssy/)...

J'ai jamais su me placer sur l'échelle de la beauté, je ne sais toujours pas si je suis jolie, belle ? On aimerait s'en contrefoutre mais c'est pas une évidence, même en étant au minimum féministe.

Avec le recul je sais que mon ex (8ans) est un macho raciste colonialiste, mais il a fallu que je m'éveille pour le comprendre. Il voulait littéralement coloniser mon corps, en faire sa propriété, me culpabiliser de ne pas accepter... c'était une relation très violente avec qqn qui est surement un pervers narcissique... Mais je m'en suis pas rendue compte très vite. Le mec est pelin d'entitlement, travaille dans des assoss antiracistes (dans la vieille garde), est pro féministe et tout. Mais pas chez lui, pas avec moi, et pas du tout inclusif... J'ai commencé à tiquer quand il a commencé à me mecxpliquer que le harcèlement de rue n'était pas grave, j'ai bouilli quand il a dit que le viol était un faux problème car statistiquement peu répandu (say what ?), et j'ai démissionné quand il a arrêté de vouloir entendre mon avis dans nos conversations, quelles qu'elles soient. Je suis partie quand il a dit "il faut que tu apprennes à rester à ta place" quand je lui ai plus ou moins tenu tête sur une broutille ("à ma place" parce qu'il y avait des témoins). Tout ça est anecdotique mais est très évocateur de tout le système dans lequel on vit.

Depuis ça je me suis protégée... aujourd'hui je suis avec un mec absolument génial qui comprend l'intersectionnalité, qui comprend que je peux avoir un avis, et MEME (!) savoir des choses qu'il ignore. Je lui fais lire plein d'articles et il a assez d'empathie pour comprendre les positions de personnes différentes de lui. C'est pour ça que je n'échange presque plus qu'avec des personnes surdouées. Tout est dans l'empathie.

Je m'arrête de blablater bientôt mais juste :
si m'être réveillée de mon sommeil m'a apporté quelque chose dans mes relations amoureuses, c'est certainement mon idée des possibilités. Je suis un peu papillonneuse et pas forcément attachée à la monogamie, du coup je me pose toujours des questions sur ma possibilité de sortir avec tel ou tel... Avant ça, je me disais que les possibilités étaient infinies. Oh si je pouvais sortir avec qui je voulais, j'irais avec lui, lui, lui... A l'infini. Mais aujourd'hui quand j'entends les gens parler avec leur langage oppressant, et avec la façon dont ils reçoivent la critique quand tu les mets devant leurs paroles... je me rends compte que mes choix sont extrêmement limités.
Autant mon mec ne savait pas tout ça avant qu'on en parle, autant je sais qu'il est capable de comprendre, et ça, c'est pas le cas de beaucoup.
 
6 Mai 2015
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@mag1angel J'suis contente que tu sois dans un espace safe maintenant! :)
Je me rends compte, et ce malgré mes lectures régulières avec vous et d'autres sites intelligents, que j'occulte toujours (oui, y a pas d'autres mots, c'est facile d'oublier les oppressions qu'on ne subit pas) à quel point la négrophobie est violente, à quel point les gens ne se gênent pas, à quel point on ne vous renverse pas juste un café dessus, on vous crache dessus aussi avec. Te dire "non merci, j'ai vu mieux", oh mais MY. GOSH :sick: Et l'islamophobie rampante... Moi à côté, c'est "gentil", j'ai juste droit à l'indifférence et l'ignorance... on me le dit pas mais on me le fait vivre. (bon après ça prend plus de temps à comprendre que si, c'est pas plus normal que la violence, même si je reste privilégiée dans le racisme que je subis). Vous êtes tou.te.s des survivant.e.s du racisme et vous êtes des personnes bien plus fabuleuses que n'importe quel type lambda privilégié qui finit avec une médaille ou un prix. Coeur sur vous <3
Tu sais, ton expérience avec ton ex (de 8 ans si j'ai bien lu), ça me rappelle ce que disait la mère de mon copain, et plusieurs fois, comme quoi elle en avait marre de l'attitude de son mari avec elle, de la considérer juste comme la femme à la maison et tout (elle travaille à temps partiel mais du coup c'est quand même elle qui investit le plus l'espace privé). Elle disait un truc du style que c'est bien beau d'être communiste, progressiste et tout mais qu'en vrai, dans le privé, ces hommes-là, souvent syndicalistes et ou anciens communistes, étaient souvent des connards, que c'était même souvent les pires. Oh ironie, quand tu nous tiens... (d'ailleurs, ça me fait penser avoir lu plusieurs articles qui essayaient d'analyser la place de la femme dans les mouvements progressistes, typiquement le communisme, mais aussi le dadaïsme. C'était vraiment pas bô...). Je la comprends, je vois souvent les femmes de l'âge de ma mère pousser des gueulantes. Mais ça ne l'a pas empêchée d'élever son fils, mon copain donc, dans un environnement très prégnant de machisme ordinaire, plus à la grecque qu'à la française, où leurs enfants sont surchouchoutés (les deux étant des mecs, en plus). Comment tu veux que l'intersectionnalité soit pas indispensable dans ces moments-là...
(et par rapport à ton article, c'est "marrant", c'est un des rares d'everydayfeminism sur les femmes asiat' que j'ai jamais osé lire... et j'ai essayé là, mon café dans mon ventre s'est retourné vers le tiers :sick:. C'est vraiment trop violent, pour moi ça culmine vraiment que la "colonisation du vagin"...)


Sinon, mode intellectualisation introspectif: bon en fait, j'ai compris pourquoi ça me gênait de parler chinois avec des inconnu.e.s (non-chinois.es s'entend bien sûr). Pourquoi je ne parle chinois qu'avec ma famille, et parfois avec des Chinois.es s'iels le veulent. J'ai toujours cru que c'était parce que j'étais complexée par rapport à ma mauvaise maîtrise de la langue. Mais ce n'est qu'une toute petite partie. Maintenant que je suis plus déconstruite, je crois que je définis mieux mon appréhension. Donc:
Peut-être que ça amuse ces personnes blanches de parler 5 minutes chinois avec moi mais pour moi, cette langue a un sens, un contexte, une signification très particulière. C'est presque une langue sacrée, qui représente aussi beaucoup de souffrances. Ce n'est pas un jeu, c'est mon héritage, c'est mon histoire, c'est ma vie. Et je refuse qu'on y touche. Et peu importe la maîtrise de la langue qu'auront ces personnes, iels ne partageront jamais cet héritage douloureux avec moi. Je me suis rendue compte qu'à défaut d'avoir une spiritualité (je pense au yoga et au bouddhisme) spoilée par l'appropriation culturelle, ça doit être pourtant ce genre de sentiments qui s'empare de moi en pensant à la façon dont les gens abordent ma langue :ko:

Moui, il faut que j'arrête de trop vous parler, même si j'aime bien, ça me régénère pas mal, mais bon, faut que j'avance dans mes autres trucs ^^
 
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@Allitché coeur sur toi aussi ! Je comprends que vu ton point de vue sur ta langue, tous les gens qui l'apprennent pour des raisons économiques ou pour avoir l'air cool doivent te hérisser le poil... C'est compréhensible. Je ne parle pas la langue de mes ancêtres, j'aurais aimé, je ne trouve pas la force de commencer (je me sentirais trop exotique dans ce rôle) mais j'ai un contact FB qui cherchait "une langue africaine" à apprendre cet été sur la plage. Ben moi ça me gênerait qu'il l'apprenne, et aussi qu'il la parle et moi non...

Désolée pour l'article sur le vagin, les contenus EF sont safe c'est sûr, mais ils ne font pas dans la dentelle.

Je voulais aussi ajouter que mon ex (oui, 8 ans!) était attiré par les belles grandes blondes avant de me connaître, et maintenant il est de nouveau avec une noire, une 100% noire même. Je ne l'imagine pas agir différemment avec elle qu'avec moi... J'ai peur pour elle. On n'a pas vraiment le droit de stalker la copine de son ex pour lui dire de fuir mais ça me chatouille depuis plus d'un an.

Une autre petite anecdote parce que moi aussi j'adore parler :
Avant de sortir avec mon ex (il y a 10 ans) j'étais à la fac avec son meilleur ami, qui me l'a présenté. Et en me présentant, en aparté, mon ex a demandé s'il avait couché avec moi, ce à quoi il a répondu oui (non). Et il me l'a raconté plus tard, en me disant que le meilleur ami avait donné plein de détails sordides sur mon corps et mes capacités sexuelles... Qu'il avait inventées de routes pièces. Et c'est assez typique : il a dit
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. Et mon ex, quand il me l'a raconté, m'a dit qu'il savait qu'il avait menti car rien n'était vrai. Il a juste sorti son panel de clichés sur les femmes noires...
 
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@mag1angel en fait je pensais plutôt aux gens qui me demandent: oh mais dis ça en chinois! Et bien fait parce que j'ai jamais réussi parce que ça me bloquait trop, de dire ça, là comme ça, sans raison. J'ai même essayé d'imaginer la tête de mes parents pour que ça sorte. Mais ça marche pas comme ça. Et aux gens qui veulent me montrer qu'iels savent cette langue. Et souvent, iels la parlent mieux que moi (en tout cas, iels ont un meilleur accent), du coup ça me rappelle tellement de choses douloureuses sur mon vécu d'enfant de, les sacrifices que l'intégration demande, etc. Ma mauvaise maîtrise, c'est un effet secondaire de tout ça. Mais j'ai pas besoin qu'on me le rappelle, je le sais déjà assez comme ça.
J'avais même pas pensé aux personnes qui l'apprennent pour des raisons économiques. Mais t'as tout à fait raison! C'est certainement parce que je travaille pas dans le commerce que je suis épargnée de ça, du racisme économique.
Et je comprends ton sentiment de ne pas avoir la force. Moi non plus en fait, j'ai genre commencé 45000 fois à apprendre ma langue. Mais j'ai jamais pu persévérer, en partie aussi parce que les cours/méthodes ne sont pas adapté.e.s à des natifs.ves d'une langue mais qui la maîtriseraient informellement (en plus, il y a plein de façon de maîtriser informellement une langue). Par exemple, si je vais à un cours, je comprends tout ce que lea prof dit alors que les autres galèrent mais je vais pas réussi à écrire, et je vais oublier les caractères que j'étais censée apprendre :rolleyes: alors que d'autres les mémorisent. J'ose pas non aller en séjour linguistique en Chine pour un autre exemple. Le seul truc qui s'est amélioré, c'est que depuis que j'ai embrassé mon héritage, je suis moins complexée de parler n'importe comment. Pour moi, c'est un énorme pas, mais franchement, ça veut pas dire que je parle mieux chinois ^^ (mais alors vraiment pas hein ^^)

C'est pas grave pour l'article, c'est juste que j'ai remarqué que mon intuition avait visé juste, c'est peut-être pour ça que j'avais jamais réussi à aller le lire. Mais c'est important de le mentionner, surtout qu'on voulait parler là de quelle façon nos corps sont colonisés. D'ailleurs je suis tellement dég' d'apprendre ce que tu vis, as vécu. Je suis tellement chanceuse que ça ne me soit pas arrivé, et je suis presque étonnée que le destin m'ait épargné. Genre, limite ne pas être trouvée attractive m'a protégée de ça... (WOW, vive nos vies hein quoi pour qu'on en arrive à penser des trucs comme ça).

Ah et @madmoizelle N je t'ai pas mentionnée directement dans mes derniers messages, pardon, même si j'ai fait allusion à ce que tu as raconté. Tu as toutes mes pensées aussi, je sais même plus à quel point c'est dur de draguer, ça fait un moment que je suis posée, j'ai oublié à quel point il fallait trier les gens... en fait, je ne sais même pas si j'aurais le courage de flirter à nouveau si j'étais célibataire. Depuis que j'ai appris tant de choses, je peux plus rien supporter. Déjà, j'arrive pas toujours affronter les conversations ordinaires du bureau alors...
Je sais pas si je peux te souhaiter bonne chance, si ça a du sens pour toi. En tout cas, courage si t'as envie de te poser un jour <3


Tournée de câlins! :hugs:
 
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@mag1angel Je sais pas quoi dire. Ce que tu as vécu est hyper violent, j'en reviens vraiment pas. Ton """"meilleur ami""" j'ai envie de lui casser les dents.
@Allitché Merci mais ne t'inquiète pas pour moi, j'ai appris à la dure qu etre mal accompagnée ça peut avoir des conséquences dont je veux pas. Je n'ai aucun problème à ne pas être en couple et s'il y a bien une chose dont je ne veux pas c'est du racisme dans un contexte où je suis censée être protégée de tout. On a pas d'endroits safe si en plus le mec sur lequel tu es censée te reposer de tout ce que tu subis, s'y met merci mais non merci.

J'ai vu passer des tweets d'une nana en couple avec un blanc (elle est noire) ou le mec fait soit disant de "l'humour raciste" (oxymore) j'étais outrée. Le mec qui me fait ça finit sur un barbecue que je dégusterai avec mes copines racisées.
 
9 Février 2016
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Dites-donc, vos expériences font mal à ma France... et à mon romantisme aussi.
@mag1angel, horrible ce meilleur ami, il aurait mérité que cette anecdote soit racontée à sa présente copine s'il en a une tiens ! Enfin, gardons nos bonnes manières et ne nous abaissons pas à leur niveau.

Moi, je suis d'origine maghrébine et mon copain est d'origine française (je vais parler "origine" pour éviter de parler en couleur ou ethnie, j'espère que cela convient). J'ai refusé pendant longtemps de me mettre avec lui pour cette différence justement, malgré notre entente et l'attirance évidente qu'il y avait entre nous.
Et j'ai fini par craquer parce qu'il m'a assez mise en confiance pour ça. Aujourd'hui, on en discute beaucoup, et pas besoin de vous préciser que les événements tragiques du moment relancent encore plus le débat.
Et bien c'est quelqu'un de très empathique (grande qualité à mon avis), et il a toujours eu des amis de plusieurs origines, donc il a pu voir ce qu'était le racisme via ces personnes. Il est assez au courant du coup, et comprend ce que je ressens.
Il a aussi assisté à ma recherche de travail, qui a pris bien plus de temps que bien des filles de ma promo, à compétences et expérience pro égales... mais avec des noms différents du mien, forcément. Je lui raconte les remarques déplacées que j'entends parfois, et pareil, il comprend.

Honnêtement, c'est la seule personne totalement "blanche" avec qui j'arrive à discuter de ça dans mon entourage. Sinon, j'en parle avec les amis ayant la même origine que moi, ou ayant d'autres origines. J'ai peur que mes amies d'origine française s'imaginent que je rentre dans des "clichés", ou que je me plaigne pour pas grand chose. Je me trompe peut-être, mais je ne préfère pas essayer. Pourtant, plusieurs de mes meilleures amies sont d'origine française. J'ai comme un blocage... peur qu'elles ne comprennent pas.

Mon copain, lui, m'en parle de lui-même souvent, des injustices qu'il voit dans son entourage, ou de la haine vendue par les médias, je pense que c'est ça qui m'a mise à l'aise et qui fait qu'aujourd'hui je suis un livre ouvert avec lui sur ce sujet. Tant que les autres n'auront pas cette démarche avec moi, je pense que je ne me sentirai pas à l'aise pour faire pareil.

Bref, tout ça pour apporter un témoignage positif : pour moi, il est d'un énorme réconfort sur le sujet ! Car cela nous rapproche, cela me fait du bien de lui en parler (j'en parlais vraiment très peu avant d'être avec lui), et cerise sur le gâteau : je me dis que si lui est capable de comprendre autant et de se sentir aussi concerné, d'autres le peuvent aussi !
Cela fait quelques années entre nous, mais on est encore jeunes et on a bien des étapes à passer tous les 2. J'espère que ça restera toujours aussi positif.

En ce qui concerne la belle famille, je sens que ça ne sera pas aussi simple, mais qu'importe : c'est surtout lui qui compte, je ne pense pas avoir à me battre pour être totalement "acceptée" par quiconque d'autre. J'adopte la pensée "chacun son avis, chacun son vécu", mon rôle à moi c'est de faire au mieux.
Tant que nos rapports se présentent bien, c'est l'essentiel. Faire changer les mentalités et les à priori, je pense que cela se fait sur des années dans ce type de cas (surtout quand on est face à une génération différente de la nôtre). Et c'est comme ça que je compte m'y prendre, si l'avenir me le permet :)
 
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@mag1angel Waw c'est dingue ! Je suis également métisse comme toi et tu l'as très bien dit, quand c'est pour nous fétichiser il y a du monde au balcon mais pour une histoire sérieuse où on serait aimée, choyée personne ne se bousculait. Pour ma part, j'étais toujours très sexualisée à une période je me faisais énormément draguer jusqu'à ce que les mecs réalisent qu'avec moi ils n'auraient pas ce qu'ils veulent (càd only du sexe) et je me respectais beaucoup (me respecter = je m'aimais assez pour ne pas vouloir qu'on m'utilise comme un vulgaire mouchoir). Ensuite, en grandissant, les seuls mecs qui m'accostaient étaient le genre de vieux blanc pervers qui ne m'aurait jamais accosté quand ils étaient beaux et pimpants. A côté de ça, mes copines blanches et maghrébines se faisaient draguer (pas de la même manière que moi, c'était plus respectueux, plus galant) par de beaux mecs du coup j'ai développé des complexes. Avec mon petit frère on en riait pcq chaque jour j'avais une anecdote à raconter. Une fois pour l'anecdote, j'étais abonnée à la page Spotted de ma fac et je trouvais ça terriblement romantique jusqu'à ce qu'un anonyme poste un Spotted sur une de mes copines avec une déclaration vraiment mignonne. J'apparaissais dans la publication il disait "tu étais avec ta copine" oui voilà, je suis toujours la "copine" , la "plante verte" c'est ce que je me disais. Mes complexes ont dorénavant disparus à ce niveau-là mais c'était dur à l'époque je me comparais sans cesse à mes copines. Je m'interrogeais souvent sur ma beauté et quand on a des copines qui se faisaient souvent courtiser je vous laisse imaginer comment je me sentais :lol:
 
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@StayC
Weird. J'aquiesce sur la totalité de ce que tu as dit. A 99%. Parce que moi je me suis pas toujours "respectée" (je parle pas de me slut-shamer moi même mais bien de imaginer que j'étais bonne qu'à offrir du sexe et que rien d'autre en moi ne valait le coup) - et que mes vieux relous harceleurs, ils sont africains.

Ça me fait froid dans le dos et chaud au coeur que j'aurais pu écrire ça mot pour mot...

Édit : je rajouterai qu'être la copine (moi j'appelle ça la copine moche du coup) c'est encore moins sympa dans les scénarii de Pick Up Artistes à 2 balles où il faut ne parler qu'à la copine moche pour rendre jalouse celle qu'on veit vraiment. Combien de fois des types me parlaient en regardant mes copines plutôt que moi dans les yeux... Et moi j'ai lu leurs livres de références, donc je suis au courant...!
 
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RENNES (35000)
Je me reconnais pas mal dans les témoignages de @mag1angel ou @StayC, du plus loin que je me rappelle j'ai toujours été fétichisée en tant que fille métisse et ce depuis la primaire (et clairement ma puberté précoce n'a pas aidé). Deja à l'époque on me faisait des remarques sur "ma bouche à pipe" ou sur mon prétendu appétit sexuel sur-développé. Les remarques du genre "j'aimerais trop me taper une noire pour voir comment c'est" ça à commencé en CM2 et ca n'a pas arrêté depuis.
Je me haissais a cette époque, je me trouvais laide avec des traits grossiers, je voulais absolument affiner ma bouche, mon nez, defriser mes cheveux et ressembler à mes camarades blanches qui elles ne se prenaient pas des remarques degueulasses dans la gueule.

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Les histoires amoureuses jusqu'a très recemment ça a été compliqué dans le sens ou je suis très souvent tombé sur des hommes qui n'étaient pas intéressés par ma personnalité mais par mon coté exotique, sauvage et dépaysant. Certains le disaient franchement, avec d'autres c'était plus pernicieux. Il faut ajouter à ça le fait qu'ils niaient complètement mon ressenti en tant que racisée (mon ex qui passait son temps à répéter "on es tous humains, y'a pas de noir ou de blanc" mais qui s'est vanté devant moi que son pote lui ai dit "qu'il avait de la chance de baiser une noire"). J'avais tellement peu confiance en moi et en mon physique à l'époque que j'acceptais tout, me disant que pour une fois que je suscitais de l'intérêt chez un homme je n'allais pas faire la capricieuse.
J'ai aussi fréquenté des sites de rencontres pendant un moment qui sont pour moi le summum de la fétichisation/ de l'éxotisation.
Pas une seule discussion sans le fameux "t'es d'ou ?" "tes origines ?" "t'es métisse ou black ?". La plupart des mecs ne voulaient pas entendre raison quand je leur disais qu'on pouvait parler d'autre chose pour commencer une conversation (genre au hasard mon job, ce que j'aime faire dans la vie). Je me suis vite désinscrite. Et j'ai oublié : le fameux "j'aime ps les blacks mais pour toi je ferais une exception", oh merci c'est trop d'honneur.
Avec le dernier en date c'est différent, je me suis affirmé et ne me laisse plus faire, quitte à le reprendre sur chaque petit mot . On a eu de franches engeulades au début, lui étant complètement englué dans ses certitudes et ne voulant jamais prendre en compte mon ressenti. J'ai eu droit au "Je viens de Quimper donc je suis autant discriminé que toi on me traite de campagnard, arrête de croire que t'es la seule qui souffre de racisme", au "quand mon frère dit que j'ai bien fait de prendre une noire parce qu'elles sont bonnes au lit c'est une blague, arrête de tout mal prendre" et autres joyeusetés qui m'ont hérissé le poil, mais a force de persévérance je dirais que j'ai un peu réussi à le déconstruire (c'était pas gagné). Il comprend maintenant mon point de vue et bordel, il m'écoute enfin quand j'ai quelque chose à dire, ce qui est plutôt pas mal. Mais je peux pas m'empêcher de penser que si je sortais avec un racisé je n'aurais pas à me prendre des remarques comme ça dans la tronche. Du côté des beaux parents il faut aussi faire avec les remarques ignorantes et la fascination/ la méfiance pour mes origines, mais ça me choque pas plus que ça, ma famille maternelle blanche étant encore pire (sisi mon oncle qui avait pas voulu me faire la bise quand je suis rentré d'Afrique parce qu'il voulait pas que je lui transmette des maladies, je te retiens)
En tout cas ce comportement que je connais depuis l'enfance à accentué mon côté méfiant. Quand un homme me fait une remarque a priori gentille sur mon physique ou que mon homme me complimente je reste toujours sur mes gardes, ayant toujours l'impression que la fétichisation n'est pas loin derrière.


Sinon anecdote de la journée

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Dernière édition :
13 Décembre 2015
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@mag1angel @laureth sulfate C'est dingue qu'on se retrouve beaucoup dans nos témoignages respectifs et ça fait du bien en quelque sorte, de savoir qu'on est pas forcément parano mais que ça arrive aux autres. J'ajouterais qu'il y a beaucoup de "rêves" sur le métissage, souvent on entend des gens dirent qu'ils aimeraient que leurs enfants soient métis tout simplement pcq ils pensent que l'enfant va sortir comme Noémie Lenoir ou Jessie Williams. Et quand l'enfant sort avec des traits plus négroïdes c'est la déception, le métissage est considéré comme raté.
 

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