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Pour aller au cinéma très très trèèèès souvent, c'est globalement le public dans les salles à Paris. Ce qui fait par ailleurs poser la question de la blanchité des groupes consommateurs d'activités culturelles.
@La Simili-Tortue
Après les raisons peuvent s'entrecroiser. Par exemple je voulais voir 12 years a slave pour l'intérêt historique mais aussi parce que en soi, c'est une bonne histoire et assez profonde. Je pense qu'on peut éprouver de l'empathie pour les personnages noirs esclaves par exemple sans que ça soit lié à une sorte de "pitié du blanc supérieur" mais juste de l'empathie d'un humain pour un autre humain.
Pour donner un autre exemple je suis allé voir le film "l'ascension" récemment que j'ai beaucoup aimé. Je me suis sincèrement demandé si on riait du personnage principal (noir et un peu gauche dans son ascension de l'everest) ou avec lui, et surtout si le fait qu'il soit noir changeait quelque chose. Je pense que c'est le cas à certains endroits, mais j'ai trouvé aussi que c'était drôle parce qu'on voit un mec normal (auquel en tant que autre mec normal je m'identifie très facilement) qui galère à monter l'everest et qui nous donne l'espoir. Je dis pas que ce film est parfait et qu'il n'y a pas de topos gênants de la représentation des noirs au cinéma, je dis juste qu'il faut à mon avis nuancer l'analyse pour la rendre un peu plus proche de la vérité. Ça rejoint l'idée de voir pour le divertissement mais c'est quand même plus profond que ça (divertissement a une connotation de légèreté qui ne correspond pas à ce que je veux dire). C'est plus dans l'idée de voir un film pour y vivre le pouvoir de la fiction.
(Et puis on peut aller voir des films avec des personnages principaux noirs dedans pour d'autres identités, perso je suis très intéressé de voir Moonlight parce que le personnage principal est gay et noir, et que ça n'est pas rien dans ce monde.)
Après les raisons peuvent s'entrecroiser. Par exemple je voulais voir 12 years a slave pour l'intérêt historique mais aussi parce que en soi, c'est une bonne histoire et assez profonde. Je pense qu'on peut éprouver de l'empathie pour les personnages noirs esclaves par exemple sans que ça soit lié à une sorte de "pitié du blanc supérieur" mais juste de l'empathie d'un humain pour un autre humain.
Pour donner un autre exemple je suis allé voir le film "l'ascension" récemment que j'ai beaucoup aimé. Je me suis sincèrement demandé si on riait du personnage principal (noir et un peu gauche dans son ascension de l'everest) ou avec lui, et surtout si le fait qu'il soit noir changeait quelque chose. Je pense que c'est le cas à certains endroits, mais j'ai trouvé aussi que c'était drôle parce qu'on voit un mec normal (auquel en tant que autre mec normal je m'identifie très facilement) qui galère à monter l'everest et qui nous donne l'espoir. Je dis pas que ce film est parfait et qu'il n'y a pas de topos gênants de la représentation des noirs au cinéma, je dis juste qu'il faut à mon avis nuancer l'analyse pour la rendre un peu plus proche de la vérité. Ça rejoint l'idée de voir pour le divertissement mais c'est quand même plus profond que ça (divertissement a une connotation de légèreté qui ne correspond pas à ce que je veux dire). C'est plus dans l'idée de voir un film pour y vivre le pouvoir de la fiction.
(Et puis on peut aller voir des films avec des personnages principaux noirs dedans pour d'autres identités, perso je suis très intéressé de voir Moonlight parce que le personnage principal est gay et noir, et que ça n'est pas rien dans ce monde.)
@AngelTen Richard II
Bien sur que ce que j'ai dit n'est pas du tout exhaustif, heureusement d'ailleurs! J'ai juste dit ce que j'avais le plus vu personnellement ^^
Bien sur que ce que j'ai dit n'est pas du tout exhaustif, heureusement d'ailleurs! J'ai juste dit ce que j'avais le plus vu personnellement ^^
Je rejoins complètement votre analyse. Pendant les projections de Divines ou de Ouvrir La Voix par exemple, j'ai été plusieurs fois gênée par les rires inappropriés.
J'ajouterai à la liste de @La Simili-Tortue quelque chose que j'entends systématiquement à la sortie de ce genre de films. Je ne saurais pas le dire avec clarté mais les "Je me suis senti vivant à la sortie de ce film", "J'ai ressenti tellement d'humanité" qui ressemblent beaucoup à la façon dont les blancs envisagent l'humanitaire. Je le ressens comme un besoin de remettre le blanc au centre de la narration, même si le film en question ne s'adresse pas à eux. Les acteurs racisés redeviennent des simples objets de pitié. Je ne sais pas si c'est très clair mais je trouve ça profondément gênant.
Pour finir, j'ai lu cet article au sujet de Hidden Figures qui revient sur la scène de white savior ajouté au scénario mais qui n'est pas la réalité. Je trouve cet article particulièrement intéressant parce qu'il démontre, pour ceux qui en doutent, que maîtriser les moyens de production et de réalisation est bien plus efficace que la simple diversité qui n'est, à mon avis, qu'une autre manière pour les blancs de prendre le contrôle sur nos histoires.
Et puisque c'est le sujet, j'en profite pour vous conseiller l'excellent court métrage de Alice Diop, Vers la Tendresse, qui a gagné le Cesar du meilleur court métrage ex æquo avec Maman(s) que je n'ai pas encore vu mais dont j'ai entendu beaucoup de bien.
J'ajouterai à la liste de @La Simili-Tortue quelque chose que j'entends systématiquement à la sortie de ce genre de films. Je ne saurais pas le dire avec clarté mais les "Je me suis senti vivant à la sortie de ce film", "J'ai ressenti tellement d'humanité" qui ressemblent beaucoup à la façon dont les blancs envisagent l'humanitaire. Je le ressens comme un besoin de remettre le blanc au centre de la narration, même si le film en question ne s'adresse pas à eux. Les acteurs racisés redeviennent des simples objets de pitié. Je ne sais pas si c'est très clair mais je trouve ça profondément gênant.
Pour finir, j'ai lu cet article au sujet de Hidden Figures qui revient sur la scène de white savior ajouté au scénario mais qui n'est pas la réalité. Je trouve cet article particulièrement intéressant parce qu'il démontre, pour ceux qui en doutent, que maîtriser les moyens de production et de réalisation est bien plus efficace que la simple diversité qui n'est, à mon avis, qu'une autre manière pour les blancs de prendre le contrôle sur nos histoires.
Et puisque c'est le sujet, j'en profite pour vous conseiller l'excellent court métrage de Alice Diop, Vers la Tendresse, qui a gagné le Cesar du meilleur court métrage ex æquo avec Maman(s) que je n'ai pas encore vu mais dont j'ai entendu beaucoup de bien.
Par rapport aux réalisatrices maghrébines je viens de lire ça (sur un film que j'ai pas vu) :
Édit : attention c'est 100% spoiler de divines (mais si vous le lisez vous n'aurez peut-être plus envie de le voir)
Édit : attention c'est 100% spoiler de divines (mais si vous le lisez vous n'aurez peut-être plus envie de le voir)
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Dernière édition :
Du coup comme je suis là j'ai lu ce que j'avais loupé et j'ai aussi été choquée par des rires pendant un film, c'était qu'allah bénisse la France d'Abd al malik.
Il y a eu des rires dans la salle pour des raisons sexistes quand un grand frère dit à sa soeur de ne pas trainer sur le balcon (sous entendu ou entendu, je sais plus trop = comme une pute). Éclats de rire généraux. Une autre fois (mais pas la seule) pour des raisons racistes ET sexistes quand la mère (qualifiée de "bledarde" - elle parle avec l'accent "africain") s'énerve et hurle sur son fils parce qu'il a des ennuis avec la police. Et quelques secondes après, il pleure, encore des éclats de rire. À un moment devant des policiers, il s'urine dessus de peur, je vous laisse deviner le niveau d'hilarité.
Je vous dis les mots " pute" et "bledarde", ce sont les mots du public, pas ceux du réalisateur et pas du tout dans l'intention du film...
Et ce que je déplore le plus dans cette histoire, c'est que j'étais dans la salle, en RP, au milieu de jeunes d'une vingtaine d'années, quasiment tous racisés (des jeunes de "quartier", autant africains, asiatiques ou européens). Je vis pas dans une cité dite populaire, c'est une zone où la pauvreté touche des gens, mais avec une grosse mixité sociale (ça existe) - du coup ce sont peut être ou certainement des classes moyennes plutôt que des classes populaires, qui ont vu ce film à travers le prisme de leur privilège de classe, je pense)
(Leur point commun c'est que c'étaient tous des hommes...)
Il y a eu des rires dans la salle pour des raisons sexistes quand un grand frère dit à sa soeur de ne pas trainer sur le balcon (sous entendu ou entendu, je sais plus trop = comme une pute). Éclats de rire généraux. Une autre fois (mais pas la seule) pour des raisons racistes ET sexistes quand la mère (qualifiée de "bledarde" - elle parle avec l'accent "africain") s'énerve et hurle sur son fils parce qu'il a des ennuis avec la police. Et quelques secondes après, il pleure, encore des éclats de rire. À un moment devant des policiers, il s'urine dessus de peur, je vous laisse deviner le niveau d'hilarité.
Je vous dis les mots " pute" et "bledarde", ce sont les mots du public, pas ceux du réalisateur et pas du tout dans l'intention du film...
Et ce que je déplore le plus dans cette histoire, c'est que j'étais dans la salle, en RP, au milieu de jeunes d'une vingtaine d'années, quasiment tous racisés (des jeunes de "quartier", autant africains, asiatiques ou européens). Je vis pas dans une cité dite populaire, c'est une zone où la pauvreté touche des gens, mais avec une grosse mixité sociale (ça existe) - du coup ce sont peut être ou certainement des classes moyennes plutôt que des classes populaires, qui ont vu ce film à travers le prisme de leur privilège de classe, je pense)
(Leur point commun c'est que c'étaient tous des hommes...)
@Ana-Esperanza De mon point de vue cette critique de Divines est très juste. J'ai détesté ce film alors que j'en attendais beaucoup au vu de l'enthousiasme suscité.
Je débarque mais je suis complètement ahurie par la phrase de Macron sur Taubira. Vous avez sûrement vu sa réponse à la déclaration d'Emmanuel Macron disant que les gens de la Manif Pour Tous se sont sentis "humiliés". Elle avait répondu dans Le Monde :
Qui a été humilié ? Celle qu’on traitait de guenon tous les matins ? Celle qui recevait des menaces de mort ? Celle sur qui on lançait des œufs ? A l’inverse, qu’on trouve un quart de virgule où j’aurais tenu un propos humiliant. Ce n’est pas faute d’en avoir entendus et d’avoir quatre enfants qui, en se levant le matin, les entendaient. (...) Les agressions physiques homophobes, c’est La Manif pour tous qui les a supportées ? Les insultes homophobes, la disqualification de toute famille en dehors de celle avec un papa, une maman, un petit garçon et une petite fille… Ces gamins qui ont entendu qu’on les traitait d’‘enfants Playmobil’. Elle était dans quel camp, l’humiliation ?
Et Emmanuel Macron a osé commenter sur RMC :
"J'aurais aimé que Christine Taubira ait la même colère sur la colonisation"
Emmanuel Macron, le jeune banquier blanc sorti d'une grande école qui accuse Christiane Taubira, une femme noire ex-militante indépendantiste guyanaise, à l'origine de la loi reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité, ayant écrit un bouquin de référence sur l'esclavage, de n'avoir rien dit contre la colonisation????
Enfin ce mec est d'un toupet monstrueux. A ce stade, je me dis qu'il ne sait absolument pas ce qu'est la colonisation. Il a voulu jouer les progressistes en disant que c'était un crime contre l'humanité mais le gars croit sûrement que ça se résume à avoir envahi un pays et en être reparti dans les années 60. Autrement, il serait parfaitement capable de réaliser que les débats autour de l'indépendance des territoires d'outre-mer et la question de l'esclavage ONT UN LIEN AVEC LA COLONISATION.
Sans parler du fait que le mec picard blanc qui fait la leçon sur la colonisation à la femme créole noire, vlà le whitesplainning...
Sinon je voulais partager cet article de l'auteur Ta-Nehisi Coates sur l'ascension de Barack Obama, son discours sur le racisme et sa Présidence d'un point de vue racial.
https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2017/01/my-president-was-black/508793/
Il est très long et en anglais mais j'ai trouvé qu'il soulevait certaines réflexions très intéressantes, même si ça reste une pièce d'opinion qu'on peut discuter. Je trouve très intéressant ce qu'il raconte sur le fait que Barack Obama a pu avoir la confiance et l'assurance nécessaire pour devenir Président parce qu'il a grandi dans des circonstances très exceptionnelles à Hawaï et dans une famille blanche qui valorisait son appartenance à la communauté noire, un contexte différent de celui Afro-Américains du continent et d'autres enfants métisses, qu'il a donc eu des expériences beaucoup plus positives avec les blancs, que ça explique également qu'il comprenne le racisme sans le comprendre comme d'autres Noirs-Américains parce qu'il a une expérience de vie très différente de la leurs, qu'il soit plus optimiste sur la capacité des blancs à lutter contre le racisme que beaucoup de militants, et qu'il adopte parfois des discours culpabilisants pour certains noirs. Et il réfléchit aussi à l'impact qu'un Président noir peut avoir sur la lutte contre le racisme, et il est moins triomphant que pas mal de commentateurs :
There are no clean victories for black people, nor, perhaps, for any people. The presidency of Barack Obama is no different. One can now say that an African American individual can rise to the same level as a white individual, and yet also say that the number of black individuals who actually qualify for that status will be small. (...) The gate is open and yet so very far away.
("Il n'ya pas de victoire propre pour les Noirs, ni peut-être pour personne. La présidence de Barack Obama n'est aucunement différente. On peut maintenant dire qu'un individu Africain-Américain peut s'élever au même niveau qu'un individu blanc, et pourtant dire également que le nombre d'individus noirs pouvant se qualifier pour ce statut reste restreint (...). La porte est ouverte et pourtant tellement lointaine")
Qui a été humilié ? Celle qu’on traitait de guenon tous les matins ? Celle qui recevait des menaces de mort ? Celle sur qui on lançait des œufs ? A l’inverse, qu’on trouve un quart de virgule où j’aurais tenu un propos humiliant. Ce n’est pas faute d’en avoir entendus et d’avoir quatre enfants qui, en se levant le matin, les entendaient. (...) Les agressions physiques homophobes, c’est La Manif pour tous qui les a supportées ? Les insultes homophobes, la disqualification de toute famille en dehors de celle avec un papa, une maman, un petit garçon et une petite fille… Ces gamins qui ont entendu qu’on les traitait d’‘enfants Playmobil’. Elle était dans quel camp, l’humiliation ?
Et Emmanuel Macron a osé commenter sur RMC :
"J'aurais aimé que Christine Taubira ait la même colère sur la colonisation"
Emmanuel Macron, le jeune banquier blanc sorti d'une grande école qui accuse Christiane Taubira, une femme noire ex-militante indépendantiste guyanaise, à l'origine de la loi reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité, ayant écrit un bouquin de référence sur l'esclavage, de n'avoir rien dit contre la colonisation????
Enfin ce mec est d'un toupet monstrueux. A ce stade, je me dis qu'il ne sait absolument pas ce qu'est la colonisation. Il a voulu jouer les progressistes en disant que c'était un crime contre l'humanité mais le gars croit sûrement que ça se résume à avoir envahi un pays et en être reparti dans les années 60. Autrement, il serait parfaitement capable de réaliser que les débats autour de l'indépendance des territoires d'outre-mer et la question de l'esclavage ONT UN LIEN AVEC LA COLONISATION.
Sans parler du fait que le mec picard blanc qui fait la leçon sur la colonisation à la femme créole noire, vlà le whitesplainning...
Sinon je voulais partager cet article de l'auteur Ta-Nehisi Coates sur l'ascension de Barack Obama, son discours sur le racisme et sa Présidence d'un point de vue racial.
https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2017/01/my-president-was-black/508793/
Il est très long et en anglais mais j'ai trouvé qu'il soulevait certaines réflexions très intéressantes, même si ça reste une pièce d'opinion qu'on peut discuter. Je trouve très intéressant ce qu'il raconte sur le fait que Barack Obama a pu avoir la confiance et l'assurance nécessaire pour devenir Président parce qu'il a grandi dans des circonstances très exceptionnelles à Hawaï et dans une famille blanche qui valorisait son appartenance à la communauté noire, un contexte différent de celui Afro-Américains du continent et d'autres enfants métisses, qu'il a donc eu des expériences beaucoup plus positives avec les blancs, que ça explique également qu'il comprenne le racisme sans le comprendre comme d'autres Noirs-Américains parce qu'il a une expérience de vie très différente de la leurs, qu'il soit plus optimiste sur la capacité des blancs à lutter contre le racisme que beaucoup de militants, et qu'il adopte parfois des discours culpabilisants pour certains noirs. Et il réfléchit aussi à l'impact qu'un Président noir peut avoir sur la lutte contre le racisme, et il est moins triomphant que pas mal de commentateurs :
There are no clean victories for black people, nor, perhaps, for any people. The presidency of Barack Obama is no different. One can now say that an African American individual can rise to the same level as a white individual, and yet also say that the number of black individuals who actually qualify for that status will be small. (...) The gate is open and yet so very far away.
("Il n'ya pas de victoire propre pour les Noirs, ni peut-être pour personne. La présidence de Barack Obama n'est aucunement différente. On peut maintenant dire qu'un individu Africain-Américain peut s'élever au même niveau qu'un individu blanc, et pourtant dire également que le nombre d'individus noirs pouvant se qualifier pour ce statut reste restreint (...). La porte est ouverte et pourtant tellement lointaine")
Dernière édition :
@MorganeGirly :
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