@tardigrade
Pour les études sociologiques je te renvoie à ce site :
http://journal.afroeuropa.eu/index.php/afroeuropa
qui répertorie des études afropéennes.
Le tout est présenté en anglais, les résumés des études aussi, mais il faut cliquer sur le pdf pour savoir dans quel langue il a été écrit ( c'est pas précisé sinon^^)
Beaucoup sont en anglais , mais il y en a de temps en temps en français.
J'y avais trouvé ce bon document qui explique plutôt bien comment "en pratique" se passait l'éducation des enfants dans les colonies françaises en Afrique.
Ou la forme pratique de l’institutionnalisation du racisme à des fins utilitariste de main d'oeuvre humaine, tout en maintenant le colonisé dans une reproduction latente de schéma de domination.
12 pages + annotations, le tout en Français et dans un langage facile à comprendre, ce qui est pas toujours le cas de toute les études de socio!
EDUCATION ET CONQUETE COLONIALE EN AFRIQUE
FRANCOPHONE SUBSAHARIENNE
http://journal.afroeuropa.eu/index.php/afroeuropa/article/viewFile/33/57
C'est pas exactement le thème de la ségrégation raciale, mais je pense que ça rentre plus ou moins dans le thème de l’institutionnalisation du racisme.
Sinon il y a plus généralement le site Persée, qui est un portail de revue scientifiques.
En farfouillant, j'ai trouvé ce texte... mais alors attention.
Il date de 1937, et il y a le N*word à toute les pages.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342x_1937_num_2_4_5603
Il est écrit par Henri Labouret, un français colonel d'infanterie coloniale, et ethnologue, apparemment l'un des plus grands africanistes français (à savoir spécialiste de l'Afrique coloniale). Il faut bien comprendre que c'est bien là le point de vue d'un dominant blanc qui a fait carrière dans l'armée coloniale et qui analyse le mouvement de résistance des afro-américains à la fois sous le prisme racial et classiste, et si ces premières analyses font penser qu'il est plutôt favorable à l’arrêt de la ségrégation et qu'il éprouve de la sympathie pour la situation des afro-américains, sa vision utilitariste de l'homme noir reste belle est bien présente, étouffée dans une propension à s'auto-féliciter pour "l'humanité" dans laquelle il juge que la France ,*elle*, gère bien ses colonisés.
Cette auto-félicitation est toujours présente dans l'imaginaire collectif français comme je le disais dans un autre post, mais elle est très vieille...
Dans un autre de ses articles, nous retrouvons l'idée de la gestion en bon père de famille comme la voie de la colonisation française qui se félicite au passage de son humanisme sur ses colonisés :
"Là où il y a la France, il y a des fleurs et de la miséricorde"
suivi d'un discours de Labouret sur le Cameroun et la nécessaire gestion en bon père de famille et du besoin de donner une place à l'indigène car lui seul est utilisé et indispensable pour exploiter les ressources des colonies.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/outre_0399-1385_1938_num_26_116_4898_t1_0141_0000_2
Mais revenons au premier article.
Si Labouret semble tacler les américains, il ne les qualifiant jamais d' "inhumain" mais d'"imprudent" , il reste dans le vocabulaire d'un gestionnaire et non d'un homme empathique...
De même montrer la bêtise le manque de prudence des américains sur le sujet de la ségrégation ( tout en ayant par ailleurs une analyse raciale et classiste) ne permet finalement que de s'auto-congratuler de ne pas voir fait la même chose en Afrique, où il considère que la France a fait un travail en bon père de famille.
Dans un paragraphe, il a l'air de regretter que les lettrés du Liberia qui sont partis faire des études aux états-Unis et qui reviennent au pays ne sont pas assez changé pour remettre en cause l'autorité britannique...
On pourrait presque penser qu'il s'amuse de ce fait, ou qu'il y voit une opportunité militaire... à moins qu'il ne s'agit là que sa prétendue "pertinente observation objective".
Par contre sa conclusion enfin ne laisse aucun doute sur ses motivations réelles, à savoir maintenir l'hégémonie blanche en Afrique.
En vous reparlant de Kamara j'ai relu son article, j'ai cherché d'autres sources et je suis tombée sur Labouret.
1937, Un colonel de l'armée coloniale et ethnologue français qui juge le mouvement de résistance des afro-américains et qui s'inquiète de ses répercussions dans ses colonies en gérance.
2007, Un professeur d'université Afro-américain qui revient sur l'éducation coloniale de la France en Afrique...
80 ans d'écart mais c'est un fossé encore plus grand qui existe entre leur propre vision de la présence française en Afrique.
L'humanisme dont se drape Labouret , sans même le remettre en cause, sa volonté affirmée presque moralement justifiée de bonne gestion par l'expression purement patriarcale du bon père de famille... Ce même prétendu humanisme est entièrement analysé, démontée et condamnée par Kamara plus de 80 ans plus tard comme la forme institutionnelle de déshumanisation à des fins utilitaristes.
Quelle belle juxtaposition! Quels beaux miroirs ! C'est décidément le thème de ma soirée!
Voilà ce qui fait finalement que des horreurs pareilles peuvent se produire : la position de dominant et son aveuglement quand à ses pratiques.
Si Labouret montre du doigt la ségrégation raciale aux Etats-Unis qu'il définit être originaire de la traite des esclaves, il oublie consciemment son propre rôle de colonisateur et son propre passé d'esclavagiste.