Je ne pense pas me faire l'avocate du diable, mais je vais nuancer très légèrement sur Élisabeth Badinter. N'hésitez pas à reprendre mes propos, mais ne vous attendez pas à une réponse systématique, parce que je n'ai pas le bagage intellectuel pour argumenter.
Je le dis tout de suite : ses propos sur l'Islam et les personnes racisées (entre autre) ne sont pas acceptables. N'étant pas concernée, elle devrait se taire sur le sujet... Ça ferait du bien à tout le monde.
Je me suis initiée au féminisme notamment via cette femme (du féminisme blanc, j'en suis consciente). J'ai lu essentiellement ses livres sur le féminisme militant et la place des femmes au XXIème siècle, "Fausse route" et "Le conflit - La femme et la mère". Ce dernier est vraiment intéressant en ce qu'il interroge le mouvement naturaliste et sa tendance à vouloir remettre les femmes dans le giron de la maternité et de la maison (tout le monde n'a pas les moyens de s'arrêter de bosser pour allaiter et/ou préparer de bons petits plats), avec la culpabilisation qu'on connaît (de toute façon, nous sommes toujours de mauvaises mères, hein ?). De même, son bouquin sur la construction de l'instinct maternel, "L'amour en plus", est vraiment bien. Non, de tout temps, la femme française (Badinter ne cause que de la situation en France) ne s'est pas toujours occupée de sa progéniture. Non, l'éducation des enfants n'a pas toujours été une priorité. Mais heureusement, Rousseau et Freud sont venus nous sauver, nous, pauvres femmes
Son livre sur l’ambition féminine au XVIIIème, à travers la vie de Madame du Châtelet et Madame d'Epinay est pas mal non plus. Surtout que Badinter souligne bien que ces femmes étaient des privilégiées et que la majorité des Françaises de l'époque n'ont pas partagé leurs préoccupations. M'enfin, quand on sait que les traductions utilisées encore aujourd'hui sur les travaux de Newton sont de Madame du Châtelet et qu'on ne se rappelle d'elle que comme la copine à Voltaire, ça fait un peu mal.
Aujourd'hui, je préfère la voir comme une écrivaine de l'Histoire des femmes que comme une militante féministe. Parce que clairement, la deuxième vague est passée et qu'il serait bon qu'elle se remette en question.
@Slaw : Même si je suis tout à fait d'accord sur l'effet désastreux de la pub, notamment sur les femmes et les personnes racisées, mentionner la possession d'actions pour dire "C'est une mauvaise féministe" me paraît un poil fallacieux (c'est une remarque que j'ai lu dans "Beauté fatale"). C'est pas parce que je travaille dans la police que je cautionne les violences policières. Est-ce qu'être actionnaire majoritaire de Publicis donne vraiment un pouvoir de décision ? Je ne suis pas spécialiste de ce domaine, donc je ne fais que poser une question (peut-être très bête, j'en conviens).