Veille Permanente Sexisme

25 Février 2014
3 841
32 509
5 874
Nantes
@Allitché
Les femmes de plus de 65 ans ont deux fois plus de chance d'être pauvres que les hommes du même age, principalement parce que la majorité de ces femmes sont, ou on été, des aides-soignantes non-payées envers leur époux et/ou enfants.

Je réagis juste là dessus : quand on parle de quelque chose de négatif, il vaut mieux dire"plus de risque", c'est de la sémantique, mais ça me fait à chaque fois tiqué de voir des "plus de chance d'être [insérer une condition négative] :fleur: (etpour quelque chose de neutre, on va dire "deux fois plus de probabilité" )

Sinon, je voulais complèter ton propos, j'avais un chiffre venait du Haut Conseil à l'égalité homme-femme, mais impossible de remettre la main sur la page, ils ont modifier la type et l'organisation du site te je retrouve rien :shifty:
Le chiffre montrait que la production mondiale en général était le fait des femmes. Mais que les femmes faisaient toujours les tâches "non" rémunéré (bizarrement ...) donc pas de répercutions sur les salaires
Si quelqu'un retrouve, c'était un chiffre super élevé!

Edit : Ah bah c'est bon, j'ai retrouvé!
"Les femmes accomplissent 66% du travail mondial, produisent 50% de la nourriture, mais ne perçoivent que 10% des revenus et détiennent 1% de la propriété."
http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/ressources/reperes-statistiques-98/?filter=31

Voilà voilà :stare:
 
Dernière édition :
6 Mai 2015
953
6 004
4 684
@Margay ah ouais t'as raison, j'avais jamais fait attention à cette nuance là :taquin:
(du coup, j'ai réfléchi à d'où pourrait venir cette confusion et je me demande aussi si ce n'est pas aussi l'anglais, où j'ai l'impression de l'avoir souvent entendu/utilisé pour probabilités. Typiquement si tu travailles sur un modèle, tu vas te demander "what are the chances that..." blablabla, alors qu'en français, je me vois mal utiliser cette formulation là :hesite:
En jetant un oeil au dico, je me rends compte que c'est pas qu'une impression, chance et risk peuvent être synonymes ;) )
 
25 Février 2014
3 841
32 509
5 874
Nantes
@Allitché

Je suis pas du tout billingue donc les nuances à ce niveau là, je pourrais pas du tout aider :cretin:
Mais je l'ai déjà vu dans des articles de journaux scientifiques (= ils sont censé savoir comment on présente des stats -_- ) donc c'est aussi une erreur courante. J'imagine que même sans l'influence de la phrase anglaise, on le voit partout ;) (donc les deux rassemblé... :shifty: )

Sinon, vu que tu as Big upé avant mon edit, j'ai retrouvé le chiffre qui, je trouve, complète bien ce que tu dis, au cas où tu l'aurais pas vu :happy:
 
  • Big up !
Réactions : Manea et Kazia
6 Mai 2015
953
6 004
4 684
@Margay du coup, il faudrait fouiller ce qu'iels entendent par travail (mais c'est un rapport de l'Unicef de 2007, qui n'est même pas lié donc bon... tant pis pour là en tout cas). Parce que tel que c'est écrit, il n'y a qu'un facteur 5 au niveau mondial entre le travail fourni et les revenus des femmes? Alors qu'aux Etats-Unis c'est un facteur 1000?
Bon c'est pas nécessairement contradictoire, les USA étant connus pour être un pays inégalitaire... :erf: mais quand même, comme ça, mon instinct me dit de fouiller ^^
(oh attends, c'est la définition du PIB qui entre en jeu peut-être aussi? :hesite:)
 
28 Février 2014
1 069
8 176
4 174
maladiesvulvaires.wordpress.com
à quoi ça sert de parler d'inégalité salariale quand certaines femmes ne sont même pas payées pour le travail qu'elles font?!

:worthy:
J’arrête pas de répéter ça, j'ai l'impression d’être un disque rayé :cretin:

On me répond souvent qu’être parent, ce n'est pas un métier. Alors je me demande bien pourquoi on se tue à payer des assistantEs maternellEs, des puer, etc, et du personnel spé pour s'occuper des personnes âgées toute la journée si ce n'est pas un vrai travail. Etre parent n'est pas un métier, c'est effectivement un rôle, un statut, mais la garde des enfants ou d'une personne âgée quand personne d'autre ne le fait et qu'ils ne peuvent pas s'occuper seuls, si ce n'est pas un travail, je sais pas ce que c'est. Un travail aux limites parfois difficiles à fixer, mais un travail néanmoins.

Sinon, on me dit aussi beaucoup que c'est le fait de s'occuper de SON propre enfant qui fait que ce n'est pas un vrai travail.
Pourquoi ? Parce que ce serait un privilège de voir grandir son enfant ? Oui. Etre chirurgienNE ou infirmierE en pédiatrie et sauver la vie de gosses toute ta carrière, c'est aussi un privilège, une passion. Ça n'en fait pas moins un vrai travail. Dans les deux cas, les deux travailleurs rendent un service inestimable à la communauté.

Et si le privilège a voir grandir son enfant est indéniable quand c'est une situation qu'on a choisie, je pense que tous les parents au foyer seront d'accord sur une chose : c'est dur. Parfois horriblement dur et exténuant. Et ingrat puisqu’élever un enfant ou s'occuper d'un parent vieillissant n'a rien de noble ou d'admirable ou de difficile aux yeux de la société, mais qu'il s'agit pour elle d'une espèce de sous-métier, d'une occupation inintéressante au possible qui devrait être automatiquement reléguée à un personnel peu ou pas qualifié et surtout...pas cher !

Bref. J'ai absolument pas hâte de ne recevoir que du mépris si jamais je choisis de me consacrer pleinement à la garde et l'éducation de mes éventuels futurs enfants avant leur entrée à l'école :goth:

Mais je crois que c'est notre vision de ce qui constitue du travail et ce qui n'en constitue pas qui est plus largement à blâmer. Il y a une telle crispation autour du travail rémunéré qu'on dirait presque que rien de ce qui n'est pas payé soit difficile et potentiellement du "vrai" travail. Je sais pas si je suis très claire, malheureusement :lunette: J'en ai juste marre que notre valeur humaine soit constamment résumée aux heures qu'on enfile au turbin chaque semaine, au salaire qu'on engrange à la fin du mois, à la valeur pécuniaire de nos possessions matérielles. Ras le bol :crying:
 
23 Décembre 2012
5 405
60 801
6 794
20anspasses.wordpress.com
@Liza Radley Alors je trouve ta première partie très intéressante mais je suis beaucoup moins d'accord avec ton spoiler. Je connais bien ce raisonnement marxiste et je le trouve assez problématique parce que je trouve qu'il nie pas mal d'aspects du monde en ayant une définition très littérale de "lutte des classes", très basée sur une expérience industrielle européenne. Pourtant, cette notion est applicable au féminisme si tu conçois le terme de "classe" de manière plus symbolique.
La première critique que j'ai à faire à la conception marxiste du féminisme c'est qu'elle est assez autocentrée. En fait, c'est un concept qui a été principalement pensé par des hommes occidentaux et ils sont arrivés à la conclusion qu'il y avait une sorte de vérité applicable à tout. Ce qui n'est pas le cas. Donc toute la partie sur les féministes interculturelles qui laissent d'autres femmes être contrôlées par le patriarcat etc., c'est quand même une réflexion qui part du principe qu'on a trouvé ce qui était le mieux pour les femmes et que si d'autres personnes ont un autre point de vue, c'est qu'elles sont aliénées.
Le féminisme interculturelle part du principe que non, on n'a pas de certitude sur "la bonne façon". Donc si d'autres femmes tiennent un discours différent parce qu'elles ont une expérience du monde très différente de la nôtre, qui sommes-nous pour leur dire qu'elles ont tort? Si elles pensent qu'on agit mal quand on veut "les libérer", qui sommes-nous pour leur expliquer qu'on sait très bien comment on doit les libérer? Peut-être qu'elles n'ont pas le choix lorsqu'elles s'expriment ainsi... Mais avons-nous le choix nous-mêmes, féministes occidentales éduquées? Après tout, notre environnement nous a influencé vers tel ou tel comportement, telle ou telle manière de voir le monde.

Après je le précise (et c'est vraiment pour information, pas du tout pour te discréditer, je préfère le dire! :)), la théorie du féminisme qui serait au service du capitalisme, une théories étayées par certains concepts marxistes, c'est un discours amplement développé par certaines personnes illustremment anti-féministes comme Alain Soral.
Donc j'ai déjà eu l'occasion de la lire pas mal de fois comme critique du féminisme, je m'en méfie et je la trouve justement très "théorique" dans le sens où j'ai plus l'impression de lire des débats d'idées ou de concepts alors qu'un grand nombre de néo-féministes ne sont plus autant dans la théorisation du mouvement que les féministes illustres du 20e siècle.
Les féministes "jeunes" sont plus inspirées par des questions pratiques qu'elles essayent ensuite d'expliquer, alors que beaucoup de féministes du passé étaient très inspirées dans leur action par les penseurs hommes de leur époque (vu que c'était ce qui était disponible le plus facilement).
Or, pour penser le féminisme, je trouve pas si mal de couper les ponts, au moins pendant un temps, avec les grands théoriciens masculins occidentaux. Oui, connaitre les mouvements de pensée, s'en inspirer pour s'enrichir et progresser c'est nécessaire... Sauf que ces courants de pensée sont par essence patriarcaux, même quand ils parlent de lutte des classes. C'est normal, les hommes (et même les quelques femmes qui ont pu percer) n'ont pas toujours eu la possibilité de se sortir de cette conception du monde construite autour des hommes. Donc si on continue à essayer d'adapter des grandes théories, on se contente d'adapter, c'est comme une petite correction à un modèle qui est complètement faussé à la base.
 
17 Août 2014
17 396
81 098
5 414
Perpète-les-oies
@madmoizelle N Quand j'ai vu l'initiative d'arrêter le travail le 7 novembre j'étais un peu sceptique aussi, je me suis demandée qui avait les moyens d'arrêter le travail comme ça. :hesite:
@MorganeGirly Merci pour ton post il m'éclaire beaucoup. :)


La conférence qui fait du bien aux oreilles. :happy:
Elle parle pas seulement des rôles genrés des danses de couple mais également d'hétéro-normativité et de racisme (un peu). :)
Et en fait ça va beaucoup plus loin que de souligner le fait que c'est tout le temps l'homme qui dirige et la femme qui suit. :happy:

Bizarrement, cette conférence a presque autant de mention "j'aime" que "j'aime pas" :lol:
Mais c'est pareil pour toutes les conférences TED, à chaque fois que ça parle de féminisme, de sexisme, les commentaires sont affreux. :lol:
C'est terrible que le public de contenus aussi intéressant et souvent innovant, et là je parle de TED en général, soient aussi "pareil" que tout le reste de la société quand ça parle de ces sujets. :sad:
 
Dernière édition :
19 Mai 2015
490
1 662
814
Wonderland
Une petite news concernant l'action du 7, depuis le début est prévu un Thunderclap pour celleux qui ne peuvent pas quitter le boulot, et d'autres signes ont été proposés https://www.facebook.com/payetashnekleblog/posts/1221206864640798
J'ai lu vos remarques sur l'événement (je vous jure que je ne suis pour rien dans les options que je relaie au-dessus^^) et déjà merci pour les liens vers les autres études. Ensuite, sans vouloir avoir l'air d'attaquer qui que ce soit ou de refuser toute critique, je trouve que cet événement a quand même quelques mérites... donc si ça ne vous dérange pas je voudrais exposer mon point de vue aussi (je vais avoir un langage un peu binaire hommes-femmes pour rester dans le cadre de la loi, sorry) :
-je suis 300% d'accord que les méthodes de calcul font vachement varier les taux d'inégalité salariale cependant j'ai bien l'impression que quelque soit la méthode il reste un écart (je parle à poste égal), ce qui en soi me pose problème. Je veux dire, on a quand même une loi sur l'égalité des salaires depuis quelques décennies (1972 je crois ?) et il faut régulièrement rappeler son existence voire pondre une loi sur l'égalité réelle (que je ne limite pas à cet aspect mais qui l'englobe avec d'autres). La mobilisation des Islandaises a eu le mérite d'une très bonne visibilité, au-delà des différences inhérentes à nos pays. En fait rappeler que l'inégalité de salaire à poste égal basée sur le sexe est illégale me semble très important parce que je me retrouve trop souvent à mon goût face à des gens sur le net ou irl qui revendiquent haut et fort qu'une femme moins payée, c'est normal/légitime/de toutes façons il faut toutes les renvoyer à la maison faire gratuitement un travail estimé à 6000€ net par mois selon certaines études pour résoudre le problème du chômage. Même si certains calculs montrent une inégalité quasi résorbée à poste égal, j'ai l'impression que beaucoup trop de gens sont prêts à revenir en arrière.
-je suis ok aussi que le problème de répartition des jobs à temps partiels ou précaires est essentiel, et je range dedans le travail gratuit domestique. Perso je n'ai connaissance d'aucune manif en ce sens ces dernières années et je serais la première à la soutenir. Mais j'ai l'impression que pour ce problème-là la logique de communication et d'action à construire est très différente. Beaucoup de personnes me soutiennent en gros que si les femmes sont majoritaires dans ces emplois, c'est leur faute, elles n'ont qu'à être plus ambitieuses et faire de "meilleurs" "choix". Je ne soutiens pas du tout ce discours évidemment et je trouve que la notion de choix en France sert assez souvent à faire abstraction de pressions sociales et économiques. En général c'est à ce stade que je me fais traiter de parano hystérique et exposer ces mécanismes de contraintes est beaucoup plus difficile tant on y est habitué.e.s. Y a un gros, gros travail de déconstruction à faire. A contrario je trouve la communication sur l'égalité à poste égale plus simple à s'approprier justement parce que ce côté "contrainte sociale" est explicitement exclu de l'équation ou que des hommes peuvent s'y identifier (genre ingénieur de formation pro et ingénieur de grande école). Oui c'est une limite en soi mais je ne pense pas que ça réduise la question de l'égalité à cet aspect (avis perso).
-ça a le mérite de revendiquer un salaire. Je m'explique : il y a quelques jours à peine, en passant chez des potes qui ont la télé, je tombe sur un gros plan de Cazeneuve se plaignant qu'il n'y a pas assez de femmes pompiers volontaires donc bénévoles et que la parité doit aussi se réaliser là. MAIS WHAT. On pourrait pas payer tout le monde, non ? ou demander aux élu.e.s et dirigeant.e.s nommé.e.s de faire leur boulot bénévolement, tiens ? Je trouve, en bref, qu'il y a une volonté politique de pousser un max de monde dans des jobs très mal payés ou du bénévolat. Ex : rupture de contrat à un niveau de rémunération et reprise sur un autre, plus précaire, et moins payé. Des boîtes jouent sur le service civique, la réserve militaire, le sous-traitement en général... En bref il me semble important de ne pas lâcher la question du salaire.
-ça fait très longtemps que même dans les jobs à temps partiels ou précaires les femmes sont encore moins payées que leurs homologues masculins. En fait les deux problèmes me semblent complémentaires, pour moi ils ne peuvent pas s'exclure. Résoudre l'un de réglera pas l'autre, mais posera un contexte plus favorable à sa résolution. Je ne suis pas pour une répartition paritaire des temps pleins/partiels à des salaires différents selon le sexe, ni pour une égalité stricte à poste égal et toutes les femmes dans les boulots aujourd'hui dévalorisés par les discours politiques et les logiques de financement tandis que les hommes occupent les autres (ou l'inverse).
Voilà, j'espère n'avoir froissé personne et avoir été claire (mes voisins ont passé une super et tardive soirée avec mon temps de sommeil) :fleur:
 
23 Décembre 2012
5 405
60 801
6 794
20anspasses.wordpress.com
Ensuite, sans vouloir avoir l'air d'attaquer qui que ce soit ou de refuser toute critique, je trouve que cet événement a quand même quelques mérites...
Cette veille est là pour confronter des points de vue et débattre donc bien entendu que ton opinion a sa place ici ;)
je me retrouve trop souvent à mon goût face à des gens sur le net ou irl qui revendiquent haut et fort qu'une femme moins payée, c'est normal/légitime/de toutes façons il faut toutes les renvoyer à la maison faire gratuitement un travail estimé à 6000€ net par mois selon certaines études pour résoudre le problème du chômage. Même si certains calculs montrent une inégalité quasi résorbée à poste égal, j'ai l'impression que beaucoup trop de gens sont prêts à revenir en arrière.
La question c'est surtout combien de ces personnes sont en position d'influencer réellement le salaire d'une femme? C'est facile de déblatérer des torrents de misogynie mais à quel niveau cette misogynie est "active"?

Moi ce qui me pose problème, c'est que l'égalité salariale est globalement le PREMIER argument lancé par un grand nombre de féministes ou de sympathisants quand ils veulent prouver que les inégalités existent toujours ou qu'il y a encore du boulot à faire.
Je comprends bien pourquoi, c'est un argument simple, qui parle même à des gens conservateurs socialement (parce que généralement, l'argument économique les touche) et ça semble être une inégalité flagrante, brute, illégale. C'est peut-être un des rares droits reconnus par la loi qu'on peut prouver ne pas être acquis par les femmes. Or, beaucoup de gens qui contestent le fait que l'égalité n'est pas atteinte ont tendance à se baser sur les lois ou d'autres trucs simples à identifier comme le droit de vote, le droit à exercer tous les postes etc.
Mais du coup, l'égalité salariale devient un gimmick féministe. C'est un peu comme si c'était la seule chose "valable" et universellement acceptée comme une cause pour laquelle on doit encore combattre. Si tu parles des droits sexuels et reproductifs, tout de suite, les détracteurs contestent plus, les sympathisants sont moins convaincus. Les biais genrés, pareil... Bref, tout ce qui est moins net, soit parce que ça ne concerne pas vraiment les hommes à la base donc c'est pas tellement une question d'égalité mais de droits des femmes (l'avortement, la médecine gynécologique, la grossesse etc.), soit parce que ça ne se résume pas à quelques chiffres faciles à comprendre (l'accès des femmes à certaines professions, les inégalités hiérarchiques etc.), soit parce que le déséquilibre entre hommes et femmes semble encore naturel à beaucoup de monde (la sexualité, le partage des tâches domestiques), hé bien toutes ces causes, c'est invisibilisé ou c'est caricaturé.

Du coup, je pense qu'une grande partie des gens qui se disent prêts à revenir en arrière, c'est aussi parce qu'ils identifient l'inégalité salariale comme une cause féministe et qu'ils veulent s'opposer par principe au féminisme. En outre, beaucoup d'arguments pro-inégalité salariale ne peuvent être démontés si les causes plus "compliquées" ne bénéficient pas d'une publicité équivalente. En général, ça porte sur les congés maternité et les gardes d'enfant (les femmes seraient plus souvent absentes donc un salaire inférieur serait justifié), des préjugés essentialistes (les femmes n'auraient pas les mêmes qualités que les hommes, donc elles seraient moins productives/efficaces, les femmes seraient naturellement attirées par des professions mal payées) etc.
C'est pour ça qu'une action visant à dire "on n'est toujours pas payée également!", je suis pas sûre que ça fera réfléchir ceux qui estiment que cette inégalité salariale se justifie. Et donc je ne pense pas que leur avis soit très pertinent pour le coup.

Mais j'ai l'impression que pour ce problème-là la logique de communication et d'action à construire est très différente.
Moi je ne pense pas que la logique d'action et de communication devrait être différente. En fait, je pense tout simplement que la communication sur les salaires n'est pas adaptée.
Celle de l'inégalité salariale est trop masculine en fait. On n'essaye pas d'expliquer aux hommes l'inégalité vécue par les femmes, on utilise des situations qu'ils connaissent et uniquement ça pour leur parler d'inégalités. Les hommes savent ce que c'est que de recevoir un salaire inférieur à un collègue et de trouver ça injuste, ça peut leur arriver. En revanche, ils sont beaucoup moins nombreux à comprendre comment on peut te barrer la route de certaines formations et professions sur la base de préjugés, d'ambiance hostile, parce qu'on casse ta confiance depuis ton enfance ou pourquoi ta profession est dévalorisée (parce que les hommes dans les professions féminisées sont souvent accueillis à bras ouverts et donc, même dans un tel milieu, ils peuvent ignorer certains aspects de la question). Ils sont aussi beaucoup moins nombreux à réfléchir à la grossesse et à la maternité comme une question collective, sauf pour contrôler la reproduction et le corps des femmes, et réalisent donc peuvent donc plus facilement percevoir comme des injustices le fait que les femmes prétendent à un avancement de carrière et une augmentation salariale tout en étant absentes plusieurs mois de leur poste.
C'est pas forcément négatif de capitaliser sur des situations connues des hommes si c'est une manière d'accrocher leur attention et d'expliquer les mécanismes derrière. Sauf qu'en général on en reste là : "je suis moins payée que mon collègue, regarde, c'est pas juste". "Oh oui, c'est pas juste, t'as raison, heureusement qu'il y a des lois, les mentalités des patrons sexistes finiront par changer rassure-toi!"
Donc voilà, pour moi, cette question de l'inégalité salariale simplifie trop les revendications féministes et ne va pas très profondément. Du coup, je doute quand même du fait qu'on doive y consacrer autant d'énergie car je ne suis pas sûre de l'efficacité de ce genre de campagne. Ceci dit, je concède quand même qu'à force d'insister dessus, c'est devenu une évidence dans le discours officiel des grandes entreprises, et du coup aussi dans leurs programmes RH.
Mais je vois aussi trop souvent des entreprises prendre la question de l'égalité professionnelle de manière hyper littérale, du genre on doit donner strictement les mêmes chances aux hommes et aux femmes sans prendre en compte les biais genrés (non, le fait qu'il y ait zéro candidatures internes de femmes pour ce poste n'est pas un hasard, même si le poste était "ouvert à tous") parce que la question de l'égalité salariale a été trop dépouillée de sa réflexion sociologique et qu'elle laisse penser au public qu'on doit gérer les inégalités sous cet angle supposément neutre, mathématique.

Alors voilà, je ne suis pas contre le combat contre l'inégalité salariale du tout! Mais je pense qu'il occupe trop de place dans le discours féministe.
Après, je n'ai pas étudié comment s'était déroulé l'événement chez les Islandaises mais c'est aussi possible qu'il prenne un sens différent en raison de la culture, des enjeux, du contexte etc. :)
 
19 Mai 2015
490
1 662
814
Wonderland
@MorganeGirly
merci pour la réponse :)
La question c'est surtout combien de ces personnes sont en position d'influencer réellement le salaire d'une femme? C'est facile de déblatérer des torrents de misogynie mais à quel niveau cette misogynie est "active"?
Pour répondre à ta question je suis obligée de dire que je ne l'’avais pas abordée sous cet angle. Déjà, il suffit qu’il y en ait assez pour que je le ressente profondément. Ensuite, j’ai envie de dire… potentiellement tou.te.s ? justement par mécanisme de pression sociale, diffusion/permanence de ces idées. Que leur impact soit direct ou indirect, il existe, à mon sens, et il est forcément délétère.

Moi ce qui me pose problème, c'est que l'égalité salariale est globalement le PREMIER argument lancé par un grand nombre de féministes ou de sympathisants quand ils veulent prouver que les inégalités existent toujours ou qu'il y a encore du boulot à faire.

OK, on n’a pas les mêmes expériences :) le féminisme un peu militant c’est assez récent pour moi (quelques années) et je ne suis dans aucune asso, je suis plutôt dans des contextes informels donc quand je me retrouve à devoir prouver ce point c’est toujours dans une discussion commencée sur un sujet précis qui est assez variable. Ces derniers temps c’était harcèlement, vêtements et islamophobie, et viol.

Je comprends du coup ton impression de réduction… voire de gimmick, j’avais jamais entendu le terme dans ce contexte et j’ai une irrépressible image de ring de catch en tête maintenant x) idem pour la revendication salariale comme « trop masculine ». Après j'ai tendance à penser que les gens pourraient aussi avoir un minimum d'empathie pour combler les explications qui ne les atteignent pas dans leur vécu (frustration éternelle).

Je vais essayer d'être plus synthétique sur les derniers points : ils se rejoignent pour moi.
Pour le besoin de logique de communication différente et d’action, on est apparemment d’accord sur la difficulté posée par la perception comme naturelles de situations comme le viol, le non/droit à l’avortement. Ma conclusion est juste différente : j’ai l’impression que (parce qu’il n’y a pas d’identification par les non concerné.e.s ?) on a beau déballer des tonnes de chiffres ou quelques uns bien sanglants, ça rentre par une oreille et ça sort par l’autre aussi sec. On a une espèce de combat quantitatif vs qualitatif (le terme est mal choisi mais j’en vois pas d’autre là. Bref, du contenu, du vécu raconté, pas des chiffres). Dès qu’on sort des stats sur les viols, y a toujours des petits malins pour parler des fausses accusations de viol comme si ça annulait tout le reste malgré une asymétrie de proportion flagrante. On devrait prêter beaucoup d’attention aux sentiments des agresseurs et pas à ceux des victimes… Y a un truc qui se joue sur un autre terrain, un mélange de psychologique et de social qui demande à être traité différemment. On commence tout juste à avoir des études officielles sur le harcèlement et c’est en gros grâce à des démarches de recueil de témoignages, quelque chose qui n’était pas quantitatif à la base mais l’est devenu. Il y a peut-être un indice de ce côté. En attendant ça ne m’empêchera pas de balancer des stats de mortalité dans les fils de réponse des fâcheux, ne serait-ce que pour ne pas leur laisser la place en attendant de trouver mieux.

Que celleux qui contestent l’inégalité salariale sont par principe contre le féminisme : je sais pas comment répondre. C’est flou pour moi. J’aurais tendance à dire « oui et tou.te.s celleux qui contestent tout droit des femmes » ce qui est excessif (ou pas ? je sais pas ce que tu en penses ?) ou alors « non mais dans ce cas personne ne l’est ». Je t’avoue que je n’ai pas trouvé mon repère entre les deux donc je vais m’abstenir pour le moment.

Sur la pub nécessaire à faire sur les nombreux facteurs de l’inégalité salariale, 100% d’accord avec toi, mais je me prends des murs dès que je tente, ce qui me renvoie au paragraphe précédent. Je n’ai pas encore trouvé comment en parler, mais je ne veux pas rester silencieuse, ça me coûte trop.
Voilou :nod:
 
13 Janvier 2011
4 354
39 816
5 664
Sur la pub nécessaire à faire sur les nombreux facteurs de l’inégalité salariale, 100% d’accord avec toi, mais je me prends des murs dès que je tente, ce qui me renvoie au paragraphe précédent. Je n’ai pas encore trouvé comment en parler, mais je ne veux pas rester silencieuse, ça me coûte trop.
C'est vraiment quelque chose qui m'interroge dans le militantiste: faut-il "simplifier" les revendications militantes en "exagérant" (ici les stats des inégalités salariales H/F) pour mieux y faire adhérer, au risque de tomber dans des simplifications fausses voire dangereuses? :hesite:

Je pense qu'il est nécessaire de faire de la pédagogie, d'expliquer, et aussi parfois de simplifier certaines choses pour mieux faire passer ses idées, mais ça me gène quand ça tombe dans des simplifications grossières voire fausses.
Dans ces cas là je trouve que ça ne part pas sur des bases saines, les arguments peuvent du coup être démontés par des gens un peu renseignés, et au final ça peut jouer contre son mouvement...

Cet exemple des idées reçues sur les inégalités salariales au dépend des femmes (qui simplifient un peu trop la réalité) me fait penser à certaines idées reçue sur l'homosexualité chez les LGBT+ et leurs alliés... j'ai ainsi rencontré plein de gens sincèrement persuadés que l'homosexualité était criminalisée en France avant 1982 un peu comme au Royaume-Uni alors que... non en fait (c'est vraiment plus compliqué que ça) et que "les homosexuels français était déportés" durant la seconde guerre mondiale, alors que non, c'est vraiment plus compliqué que ça (bis).
Du coup face à des homophobes un peu plus au fait de l'histoire ça pique un peu ce manque de crédibilité (sans que ça soit voulu bien sûr) sur certains sujets :sweatdrop: (je ne parle même pas du sujet du VIH, où certaines "simplifications" militantes et idées reçues me semblent dangereuses en plus d'être fausses).

Du coup quand les "simplifications" finissent par se transformer en idées reçues ça me semble problématique :hesite:

Mais c'est pas simple non plus de vulgariser (bien) des sujets complexes, des problèmes aux causes multifactorielles: ça prend du temps, de l'énergie, des tas de connaissances solides avec exemples clairs, des aptitudes à bien vulgariser, de la patience, etc :neutral:

J'ai pas l'impression qu'il y a de "bonnes" solutions à ce problème :erf:
 
Dernière édition :

Les Immanquables du forum

Participe au magazine !
Une info qu'on devrait traiter sur madmoiZelle ?
 
Nouvelle ou perdue ?
Pas de panique, on t'aime déjà !

La charte de respect du forum
Le guide technique &
le guide culturel du forum
Viens te présenter !
Un problème technique ?
Topic d'entraide sur l'orthographe et la grammaire
 
La chefferie vous informe
Les annonces de l'équipe concernant le forum et madmoiZelle
Rendre visite à madmoiZelle
Le médiateur du forum
Soutiens madmoiZelle financièrement
Topic dédié à la pub sur mad
Si vous aimez madmoiZelle, désactivez AdBlock !

Les immanquables
Les topics de blabla
En ce moment... !

Mode - Beauté - Ciné - Musique - Séries - Littérature - Jeux Vidéo - Etudes - Ecriture - Cuisine - People - Télévision

Envie de rencontrer des MadZ ?
Viens trouver le forum de ta ville !

Mode
Le pire de la mode
Ces vêtements qui te font envie
Ta tenue du jour
La tenue qui plaît
Tes derniers achats de fringues

Beauté
Astuces,bons plans économies & dupes
Le topic des vernis
Questions beauté en tout genre
 
Culture
Le meilleur des images du net
L'aide aux devoirs
Tu écoutes quoi ?
Quelle est ta série du moment ?
Quel livre lisez-vous en ce moment ?
Le dernier film que vous avez vu à la maison
Le topic philosophique
 
Société
Topic des gens qui cherchent du travail
Voyager seule : conseils et témoignages
Trucs nuls de la vie d'adulte : CAF, Banque, Mutuelle, Logement etc...
 
Les topics universels
Je ne supporte pas
Je ne comprends pas
Ca me perturbe
Je me demande
J'adore...
Je m'en veux de penser ça mais...

Cupidon
Le topic des amoureuses
Le topic des polyamoureuses
Les Célibattantes