Je sais pas si vous avez suivi l'affaire de viol et violences policières contre Théo à Aulnay-Sous-Bois. Il y a eu une première requalification des faits en violences puis de nouveau en viol pour un des policiers. ET là
l'IGPN réfute l'idée de "viol délibéré". Ça serait donc un "viol non-intentionnel"
Au delà de l'affaire en elle-même qui est bien gerbante (violences policières institutionnalisées, racisme et crime sexuel), au sujet des "constatations" de l'IGPN, c'est quoi un viol non-intentionnel? J'espère qu'il vont prendre un peu de temps pour nous expliquer comment on peut sodomiser un jeune homme avec une matraque de manière "non-intentionnelle". J'ai beau chercher je ne vois pas.
Un beau concept le "viol délibéré" et donc le viol "non-délibéré"
En fait, moi j'ai l'impression qu'ils sont juste en train de redéfinir ce qu'est un viol, pas tellement de nier le geste en lui-même. Parce que l'IGPN insiste bien sur le fait que c'est très grave mais ils ne veulent pas reconnaitre que c'est un viol.
Le coup de son pantalon a glissé etc., je suis pas sûre que ce soit sur ça qu'ils se basent pour nier le viol, pour une fois que la parole de la victime est pas vraiment remise en cause même par les hauts représentants de l'Etat, même par des maires de droite, et en plus dans une affaire qui "parle" à beaucoup d'hommes (en tout cas perso, j'ai remarqué que beaucoup d'hommes que j'ai croisé depuis l'agression sont hyper sensibles à l'affaire, même ceux qui s'en foutent des problèmes dans les banlieues d'habitude, ou qui n'ont jamais d'interaction avec la Police, ils se projetent assez facilement à la place de la victime), l'IPGN va pas non plus essayer de nous prendre pour des gros débiles alors que seuls quelques poignées de gens de droite sont prêts à nier le viol. D'ailleurs, l'IPGN reconnait que c'est une violence inacceptable, c'est le concept de viol qu'ils nient, et ils ne parlent pas de geste accidentel (parce que ouais, tu peux pas faire ça par accident), mais ils bataillent sur l'intention comme s'ils étaient déjà en train de pinailler devant les tribunaux pour faire qualifier le crime.
Donc j'ai surtout l'impression qu'ils nient le concept de viol parce qu'ils partent du principe qu'un viol ce n'est pas une pénétration par violence, surprise, menace ou contrainte comme le veut la loi française, mais un acte sexuel intentionnel où le violeur se dit "je vais violer ma victime car ça m'excite sexuellement". Du coup, l'introduction d'un objet sans désir sexuel mais avec un désir d'humiliation, ça ne rentre pas dans la définition du viol de la Police des Polices. Ils sont en plein dans les mythes sur le viol j'ai bien l'impression.
Et d'un côté, ça m'étonne pas trop. C'est un peu comme l'affaire des pompiers de Paris qui avait eu lieu il y a 4 ou 5 ans. Plusieurs pompiers avaient sodomisé un collègue avec une bouteille pour le bizuter et je me souviens que ça avait l'air très très difficile pour eux de comprendre "tout le foin" qu'avait fait leur collègue après en portant plainte, et pourquoi les médias s'y intéressaient autant.
Et c'est super problématique quoi, ça montre bien pourquoi la Police n'a pas toujours des réactions très compréhensives face au viol. Pour définir un viol, ils se placent du point de vue du violeur visiblement (avait-il une intention sexuelle? avait-il une justification? savait-il ce qu'il faisait?) et non de la victime comme le fait la loi. Ils ne maitrisent même pas le concept de base d'un viol alors qu'ils prennent les plaintes pour viol.
Dans l'article que tu linkes, il est écrit "
Un viol suppose « un élément intentionnel », qui selon l'IGPN n'est pas établi." Je sais pas si l'IGPN a formulé les choses textos comme ça, s'ils ont vraiment dit qu'il faut une intention pour violer mais c'est fort probable vu les propos que j'ai lu qu'ils tenaient ailleurs et euh non...
Je veux dire la définition juridique du viol, c'est quand même méga simple, c'est bien plus simple que la définition féministe parce que c'est vraiment du A+B, il faut une pénétration et que la victime ne soit pas en mesure de dire non librement, c'est tout, c'est pas compliqué, on va pas chercher midi à 14 heures en essayant de sonder les pensées profondes du violeur.
D'ailleurs entre parenthèse je trouve également problématique que Le Point écrive comme ça qu'un viol suppose un élément intentionnel comme si c'était une affirmation et non une citation (vu qu'ils écrivent "un viol suppose" et non "un viol supposerait"). La personne qui "réfute" cette définition dans l'article c'est l'avocat de la victime alors que je pense qu'il y a bien d'autres gens "neutres" qui pourraient réfuter ça, à commencer par un code pénal.