A vrai dire, je ne m'attendais pas à ce que tant de filles remettent en cause la question de viol autour de l'alcool (et à d'autres notions autour du viol) sur la VPS. J'ai parlé en ces termes parce que je croyais qu'à peu près tout le monde ici pensait "si pas de consentement exprimé en articulant clairement = non" et je rebondissais sur ça en partie.
Finalement, certaines réactions me font réaliser que mon message était incomplet par rapport à ce que je voulais dire.
Donc pour revenir sur mon message de ce matin, en fait, beaucoup de filles ont très peur de devenir cette "victime de viol" marquée à jamais qu'on suggère qu'elles doivent être. Du coup, beaucoup ne veulent pas entendre identifier certaines situations comme des agressions sexuelles ou des viols
Je ne parle pas uniquement des stigmates sociaux du style "elle est salie" mais aussi cette idée qu'un jour, tu deviens "une victime de viol" et c'est soi-disant à jamais, comme s'il y avait deux camps et qu'une fois que tu glisses dans l'autre, tu n'en reviens pas. C'est très lourd à porter cette vision du viol.
Une de mes copines m'a raconté une histoire qui lui était arrivée qui ressemblait franchement à un viol, et elle était franchement pas dans son assiette. Je n'ai pas voulu dire le mot "viol" mais je l'ai fait comprendre et ma pote a été encore plus horrifiée par l'idée du viol que par ce qui lui était arrivé. En gros, le fait que ce soit un viol lui donnait l'impression que c'était fini pour elle, que rien ne serait plus jamais comme avant et qu'elle était obligée d'accepter cette malédiction. Parler de "gros connard" plutôt que de "violeur" la rassurait parce que ça voulait dire à ses yeux qu'elle avait vécu
un mauvais moment et que maintenant que c'était fini, c'était vraiment fini!
J'ai rapidement changé de discours parce que je voyais bien qu'il était pire pour elle d'être "une victime de viol" que d'avoir subi ce viol justement.
Or le truc c'est que pour combattre la "culture du viol", il faut aussi accepter que le viol n'est pas forcément un traumatisme mais que ça ne le rend pas acceptable pour autant.
@Higreq (jadore ton pseudo au fait
![clin ;) ;)](https://forum.mmzstatic.com/smilies/clin.gif)
), tu dis "ça culpabilise tout le monde" mais justement, le but n'est pas de "culpabiliser" les gens mais de faire changer les comportements et les mentalités.
Sans parler de viol, ça me parait relativement anormal que tant de mecs semblent penser que le consentement s'obtient à l'usure... Ils insistent encore et encore parce qu'ils ne veulent pas être des violeurs mais dans un cas comme dans l'autre, ils pensent à leur envie avant de penser à celle de la fille.
Quand tu parles de ton ex, c'est surtout le point de "il a insisté" qui me fait tiquer. Il n'est pas "un criminel" mais n'empêche que ce comportement ne devrait pas être si fréquent (moi aussi je l'ai vécu plein de fois et je trouve ça insupportable de devoir BATAILLER pour faire respecter ton désir). Et c'est ça qu'il faut changer en sensibilisant à ce qui construit la culture du viol.
Parmi d'autres articles, ça me fait penser à celui de l'ex actrice porno Ovidie que j'avais lu il y a quelque temps (Triger Warning: la photo d'illustration est issue du Dernier Tango à Paris et peut mettre mal à l'aise) :
http://www.metronews.fr/blog/ovidie/2013/08/21/les-deux-conseils-sexo-que-me-demandent-les-hommes/
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"Ce qui m’étonne est la répétition à l’infini de la structure de cette demande de conseils, où seule varie l’orthographe :
Bonjour,
ma partenaire refuse de :
1, pratiquer la sodomie
Ou
2, me laisser éjaculer dans sa bouche
Comment puis-je la convaincre ?
Croyez-le ou non, j’ai reçu ce type de messages plusieurs centaines de fois. La première fois, on répond. Au bout de plusieurs dizaines, on s’interroge. Au bout de plusieurs centaines, on s’inquiète sincèrement.
(...)
Ce qui me dérange le plus dans ce type de courrier est l’idée qu’un homme puisse insister lourdement auprès de sa partenaire jusqu’à ce qu’elle finisse par accepter à contre-coeur une pratique qu’elle a déjà refusé. « Non » signifie pourtant bien « non », même dans le cadre d’une relation affective. Et ce « non », ne semble pas entendu. Sans doute ces hommes ne forcent-ils pas brutalement leur partenaire à accepter leurs fantasmes. Mais probablement s’acharnent-ils à essayer de les convaincre par tous les moyens possibles qu’il serait bénéfique (« le sperme, c’est bon pour la santé« ) voire « normal » (« avant c’était tabou mais maintenant tout le monde le fait« ) de s’y soumettre. Or, la structure de leur mail est pourtant claire : ils admettent dans leur première partie que leur partenaire refuse, et dans leur deuxième partie qu’ils vont tout de même insister.
A contrario, je reçois quotidiennement des demandes de conseils de la part de femmes, qui recouvrent l’ensemble des difficultés sexuelles et affectives que n’importe laquelle d’entre nous peut rencontrer dans sa vie. Cela va de la jeune maman qui a perdu confiance en son corps, à celle qui essaie de tonifier son périnée, en passant par celle qui connaît une baisse de désir ou qui, au contraire, est en plein rush hormonal. Mais aucune ne m’a jamais demandé « Bonjour, mon mec refuse de me lécher, comment le convaincre ? ».
Alors pourquoi un tel décalage ?"
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Ce qu'elle décrit me parait assez symptomatique : certains hommes trouvent normal de passer outre les désirs de leur compagne...! Et ça, il faut vraiment que ça change.
Pour le reste, je suis d'accord avec toi, le consentement n'a pas besoin d'être remis en contrat signé, ni l'alcoolisation ne doit forcément rendre le sexe négatif... Mais ça n'empêche qu'il y a un vrai changement de mentalité qui doit s'opérer et à mon sens ça passe par accepter notamment que le viol n'est pas forcément ce terrible stigmate qu'on décrit systématiquement... et que ne pas être un violeur n'est pas suffisant pour un partenaire sexuel respectueux!