mamiecaro;4635343 a dit :
morganegirly;4635271 a dit :
Sinon je comprends qu'on veuille se prémunir contre la culture du viol, mais je trouve ça contre-productif, limite oppressant, de partir du pire cas possible. Avec les exemples que tu prends, on dirait forcément qu'une fille qui choppe en soirée est en danger ou qu'elle ne maitrise pas la situation, que la sexualité libre est une menace omniprésente pour elle, que le viol nous guette à chaque instant de relâchement, que du coup on devrait faire gaffe à ce qu'on dit parce que notre interlocutrice vient peut-être de vivre un viol.
Je ne vais pas me mettre à choisir mon vocabulaire autour du sexe en partant de l'idée du viol par défaut, c'est pas parce que c'est trop ancré dans notre culture que je devrais me construire autour de ça
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Si j'ai passé une mauvaise soirée ou qu'il m'est arrivé un truc grave, bien sûr que ce ne sera pas considérée comme "lucky"...
Enfin la sexualité féminine était beaucoup plus assumée dans les pays anglo où j'ai vécu et comme ça fait plusieurs années que j'alterne vie en France et expatriations donc que je baigne dans des milieux assez particuliers, je sais pas, je ne réalise ptete pas bien comment ce que ça implique dans un contexte français...
Quand 16% des femmes entre 18 et 59 ans en France ont vécu un viol ou une tentative de viol dans leur vie, je ne trouve pas ça aberrant de toujours garder cette possibilité dans un coin de son esprit quand on parle de sexe. Il n'est pas question de "se construire autour de ça", mais de cesser de considérer que le sexe est quelque chose de forcément formidable ou forcément désirable. (Au passage, quid des asexuel-le-s qui assistent à ce genre de discussion ?)
Je ne dis pas "il faut arrêter d'utiliser cette expression", j'essaye juste de réfléchir aux modes de pensée qu'elle révèle, aux problèmes qu'elle peut soulever, et j'ai l'impression que tu prends ça de façon personnelle... Ce n'était pas du tout le but.
Le fait que la sexualité féminine soit "assumée" ou "libérée" n'empêche pas du tout la prévalence de la culture du viol.
Et bon, ben puisqu'on en est à parler de notre vie estudiantine : j'aurais pu penser comme toi que tout était cool dans notre école et que le viol n'existait pas. Sauf que je repense à un truc qui m'est arrivé, et je vois quelque chose que je n'avais tout simplement pas réalisé à l'époque - et je me demande quelles autres choses je n'ai pas vues voire oubliées. Comme c'est assez personnel, HS.
La culture de l'alcool jusqu'à s'en rendre malade, dans une école composée à environ 75% de mecs qui cachent à peine qu'ils voient les filles comme des "chattes-à-patte", dans une école où le fait qu'une des filles se soit fait refaire les seins avait fait le tour de l'école plus vite qu'une trainée de poudre, dans une école où des mecs avaient enregistré les cris de plaisir d'une fille de la résidence à travers sa porte, et la réputation qu'elle avait eu suite à ça (salope) et la réputation que s'était faite son copain suite à ça (héros), et moi qui riais à tout ça...
Étant donné à quel point tous les éléments en place et les mentalités sont similaires à ce qu'on lit sur les affaires aux États-Unis, je crois que non, la culture du viol ne s'arrête pas à l'Atlantique. Donc on ne peut pas faire l'impasse sur le fait d'en discuter parce que c'est "oppressant" - ce qui est oppressant, c'est le silence et le manque de réflexion autour de ces problématiques en milieu étudiant.
Non, je n'ai pas pris ça de façon personnelle du tout
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Mais je ne pense pas que l'attitude à adopter soit d'agir comme si une relation sexuelle était potentiellement un viol et éviter d'en parler comme de quelque chose de positif pour ça... plutôt être prêt à réagir si on a des signes qui nous laissent penser que ça peut l'être.
Bien sûr, que le sexe n'est pas toujours agréable... Mais je ne vois pas bien le rapport entre le fait que des potes veulent savoir si tu as passé une bonne soirée niveau sexe et le fait que l'asexualité et le viol existe! C'est pas le premier venu que je rencontre par hasard au supermarché qui me pose cette question : c'est des potes ou des gens avec qui j'ai passé la soirée... Et je dis je mais c'est pas vraiment parce que je le prends personnellement, c'est pour dire que je ne vois pas le problème de cette discussion et que ça n'a rien d'excluant pour tes potes asexuels ou d'agressif pour tes amies qui ont vécu un viol.
Sinon pour répondre à "
puisqu'on en est à parler de notre vie estudiantine : j'aurais pu penser comme toi que tout était cool dans notre école et que le viol n'existait pas" en fait j'ai mal dû m'exprimer mais je disais pas que l'ambiance était trop cool chez moi... juste qu'il y avait zéro vie étudiante!
Tous ceux qui ont été en fac de sciences humaines avec 800 inscrits dans une seule filière en L1 voient de quoi je parle : tu vas à la fac pour les cours et la bibli puis tu rentres chez toi, pas grand-chose d'autre. En 5 ans, j'ai dû me faire 5 vagues connaissances et seulement 2 amis si je ne compte pas ceux du club de sport qui n'étaient pas vraiment lié à la fac. On ne faisait jamais de soirée ensemble, personne ne se connaissait parce qu'on était tellement nombreux et éparpillés qu'on ne se revoyait presque jamais d'une heure à l'autre, on ne se parlait pas, sauf de temps en temps pour échanger des cours par nécessité.
Donc avec un manque aussi flagrant de contact entre gens, je vois mal comment la culture du viol, l'alcoolisation mutuelle, les réputations des filles, la compétition sexuelle entre mecs aurait pu se développer.
Je ne dis pas que la culture du viol dans le milieu estudiantin c'est juste un truc US, je pense effectivement que les écoles françaises ont des problème à ce niveau là. Mais je dis que c'est loin de concerner tous les étudiants parce que la culture étudiante est tout sauf uniforme d'une filière et d'une structure à l'autre, surtout en France.
Sinon, j'ai parlé de sexualité "libérée" non pas parce que j'ai l'impression que tu le remets en cause mais parce qu'effectivement, j'ai très très souvent entendu des gens faire des réflexions sur les filles qui couchent avec des inconnus en parlant de "mise en danger" et en regardant la situation avec suspicion. Et bien sûr, que des filles subissent des viols dans ce genre de situation mais le fait de toujours rappeler la potentialité du viol empêche aussi les filles de se sentir libre dans leur sexualité et dans la parole autour de ça.
Ce que je trouve oppressant c'est par exemple de toujours rappeler l'existence du viol quand tu racontes une soirée arrosée. Evoquer le viol quand tu entends des mecs se vanter de trucs vraiment glaucques, oui, le faire parce qu'on parle de sexe et de soirée dans la même phrase, je suis moins d'accord.
Ce que je trouve oppressant c'est que lorsque que tu te sens dans une situation de liberté sexuelle, on vient te rappeler le spectre du viol.
Je ne dis pas "arrêtons d'en parler pour être tranquille", je dis qu'il y a une différence entre une compétition alcoolisée autour de la "performance" sexuelle et demander à tes potes s'ils ont passé une bonne soirée niveau sexe.
Je trouve d'ailleurs à ce sujet que certaines campagnes contre le viol sont plus anxiogènes qu'autre chose. Je pense notamment à celles qui parlent de statistiques du type "1 femme sur 3 se fera violer dans sa vie" qui sous-entend que dans ton groupe de 4 copines, c'est le destin inévitable d'au moins une d'entre vous... et qui n'aide pas beaucoup à se sentir libre et forte, genre "tu seras violée, ma fille".
C'est à ça que je réagis surtout, au fait qu'il y a un équilibre à trouver autour de la sensibilisation entre faire ouvrir les yeux aux bonnes personnes, notamment par un choc, et effrayer les gens en leur donnant l'impression qu'on ne peut pas y échapper.
Donc voilà, parler de sexe de manière informelle entre amis en pensant au viol, je trouve que ça se rattache à cette prévention-peur et c'est pour ça que j'ai dit ça.
Enfin bon, je ne suis même pas sûre qu'on parle de la même chose en fait
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(en plus ça me fait tout bizarre de pas être d'accord avec toi, j'aime pas trop
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