Veille Permanente Sexisme

[Denderah]

Je reviens du cinéma. J'y suis allée seule. Je le précise, parce que quand je suis accompagnée (surtout de ma bande de copines), j'ai tendance à rire très fort. Mais là, bon, je riais normalement quoi. Oui, je suis bon public et je rigole à beaucoup de choses, mais ça va, quoi, c'est tolérable.

En plein milieu du film, le mec assis à ma droite sors à la femme qui l'accompagnait, à voix haute, pendant un moment calme: "elle me gave" "qui?" "la poule".

J'ai compris qu'il s'agissait de moi immédiatement. Ca m'a choqué dans un premier temps, puis mise en colère à tel point que je suis un peu passé à côté du film pendant quelques minutes.

Non mais, en plus c'était devant "Les Garçons et Guillaume, à table", ce film qui bouscule les stéréotypes de genre et que ce mec a apparemment apprécié (puisqu'évidemment, lui ne n'est pas gêné pour rire bien fort).

J'ai voulu répondre, puis je me suis découragée parce que je ne voulais pas qu'il se mette à répondre et qu'on finisse par gêner les autres spectateurs, mais tout de même, je suis un peu dégoûtée de constater que c'est moi qui ai du m'écraser.

Je suis encore un peu sous le choc...comment peut-on encore parler ainsi d'une femme? Et comment peut-on faire preuve d'aussi peu de tolérance dans un cinéma devant un film drôle?

Je vais me faire l'avocat du diable, mais rien ne m'énerve plus que les personnes qui rient excessivement pendant une séance. Je ne parle pas du cas ou toute la salle (ou presque) va rire en cœur sur une réplique, mais de celui ou quelqu'un rit seul et souvent, plus ou moins bruyamment, et qui impose du coup SA perception à tous les autres spectateurs.

Même si c'est devant un film comique, toutes les scènes ne sont pas forcément drôles pour autant, et le rire de l'autre a tendance donc à m'agresser et me gâcher mon ressenti, en étant soit juste intempestif et hors de propos, soit pire, en donnant l'impression d'être méprisant.

(cas d'école : une scène que tu trouves profonde et pleine de sens... gâchée parce que ton voisin ricane comme un débile. Est-ce parce qu'il a trouvé la scène drôle, ou risible ? Impossible de savoir, mais c'est en tout cas très désagréable.)

Alors peut-être que pour toi, tu pensais ne pas rire fort, comparé à ce que tu fais d'ordinaire. Mais si ton voisin a sorti cette remarque, c'est sans doute que c'était tout de même encore trop fort, en tout cas lui ça l'a visiblement excédé, et forcément, il a fini par réagir.

Et pour le terme de "poule".. étant donné que son caquètement peut tout à fait s'apparenter à une sorte de rire ininterrompu et pénible (quoique le canard est bien pire dans le genre), personnellement, ça ne me choque pas qu'on qualifie quelqu'un qui fait du bruit qu'on considère indésirable sous ce terme, ce n'est pas spécifiquement sexiste dans ce contexte.

 

[Ptitbidou]

Coup de gueule de la soirée : Au lycée, tous les jours, je suis obligée de porter un tablier et les garçons non. J'y vais en jupe parceque j'aime ça : ET BAM on me dit qu'elle est trop courte (je portais un bas pour préciser!!!) Et là j'en ai eu marre j'ai criée : et puis pourquoi j'aurai à porter un tablier et EN PLUS pas de jupe hein ? C'est là où la surveillante me répond : bah les filles doivent se cacher parceque ça attire les mecs et ça les laissent pas travailler (WTFFFFF?) Je suis horrifiée, choquée, et tous les mots qui peuvent aller avec ! Je vis ça chaque jour, toute la matinée et toute l'après midi. Ca me gave, j'en ai la nausée.

 

[LovelyLexy]

VOus vous rappelez le monsieur pour qui une femme n'a qu'à ouvrir les jambes pour satisfaire son homme et simuler était attentionné? Ben v'là son dernier message, il est trop beau pour que je ne le mette pas ( je venais de parler de mansplaining parce qu'il nous en faisait clairement, notamment en disant que c'était dommage qu'une posteuse de dix huit ans soit féministe):

Spoiler

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[-Boobi-]

interview de sajorini sahoo pour l'humanité sur la conditio ndes femmes en inde si ça vous intéresse

http://www.humanite.fr/m/node/560363

 

[MamieCaro]

Je reviens du cinéma. J'y suis allée seule. Je le précise, parce que quand je suis accompagnée (surtout de ma bande de copines), j'ai tendance à rire très fort. Mais là, bon, je riais normalement quoi. Oui, je suis bon public et je rigole à beaucoup de choses, mais ça va, quoi, c'est tolérable.

En plein milieu du film, le mec assis à ma droite sors à la femme qui l'accompagnait, à voix haute, pendant un moment calme: "elle me gave" "qui?" "la poule".

J'ai compris qu'il s'agissait de moi immédiatement. Ca m'a choqué dans un premier temps, puis mise en colère à tel point que je suis un peu passé à côté du film pendant quelques minutes.

Non mais, en plus c'était devant "Les Garçons et Guillaume, à table", ce film qui bouscule les stéréotypes de genre et que ce mec a apparemment apprécié (puisqu'évidemment, lui ne n'est pas gêné pour rire bien fort).

J'ai voulu répondre, puis je me suis découragée parce que je ne voulais pas qu'il se mette à répondre et qu'on finisse par gêner les autres spectateurs, mais tout de même, je suis un peu dégoûtée de constater que c'est moi qui ai du m'écraser.

Je suis encore un peu sous le choc...comment peut-on encore parler ainsi d'une femme? Et comment peut-on faire preuve d'aussi peu de tolérance dans un cinéma devant un film drôle?

Je vais me faire l'avocat du diable, mais rien ne m'énerve plus que les personnes qui rient excessivement pendant une séance. Je ne parle pas du cas ou toute la salle (ou presque) va rire en cœur sur une réplique, mais de celui ou quelqu'un rit seul et souvent, plus ou moins bruyamment, et qui impose du coup SA perception à tous les autres spectateurs.

Même si c'est devant un film comique, toutes les scènes ne sont pas forcément drôles pour autant, et le rire de l'autre a tendance donc à m'agresser et me gâcher mon ressenti, en étant soit juste intempestif et hors de propos, soit pire, en donnant l'impression d'être méprisant.

(cas d'école : une scène que tu trouves profonde et pleine de sens... gâchée parce que ton voisin ricane comme un débile. Est-ce parce qu'il a trouvé la scène drôle, ou risible ? Impossible de savoir, mais c'est en tout cas très désagréable.)

Alors peut-être que pour toi, tu pensais ne pas rire fort, comparé à ce que tu fais d'ordinaire. Mais si ton voisin a sorti cette remarque, c'est sans doute que c'était tout de même encore trop fort, en tout cas lui ça l'a visiblement excédé, et forcément, il a fini par réagir.

Et pour le terme de "poule".. étant donné que son caquètement peut tout à fait s'apparenter à une sorte de rire ininterrompu et pénible (quoique le canard est bien pire dans le genre), personnellement, ça ne me choque pas qu'on qualifie quelqu'un qui fait du bruit qu'on considère indésirable sous ce terme, ce n'est pas spécifiquement sexiste dans ce contexte.

Haha, si si, c'est sexiste. "Poule" a une connotation "fille sans cervelle", et si ça avait été un mec, il ne l'aurait pas traité de poulet. (Y a même la connotation du genre "poule de luxe", même si là ça n'était pas ça, mais juste pour dire que non, le mot "poule" n'est pas du tout neutre.) Le gars savait très bien que c'était insultant.

Et autant je comprends qu'on puisse être dérangé par des rires dans certains cas (le seul cas où ça me gêne, c'est quand la scène n'a rien d'humoristique et où ça me fait sortir du film en me demandant "mais pourquoi il-elle rit ?!"), autant la majorité du temps, le rire et quelque chose qu'on ne maîtrise pas ! Certains ont un rire sonore, c'est comme ça... Tu t'imagines devoir "étouffer" ton rire quand tu vois une scène qui te fait exploser de rire ? Et de toute façon, ce n'est jamais une excuse pour insulter la personne à voix haute pendant la séance. Si tu es vraiment ultra dérangé, au pire, tu glisses à la personne "excusez-moi, vous pourriez faire un peu moins de bruit SVP ?", mais là clairement, le mec s'est dit "je vais lui foutre la honte en l'insultant à voix haute, ça va lui gâcher le film, ce sera super." @glouns n'a jamais cherché à être désagréable envers qui que ce soit ; le mec, si. En plus, les situations où la personne qui t'agresse sait pertinemment que tu ne peux pas te défendre ou répondre (car en pleine séance, il savait que si elle réagissait, tout le monde allait faire "chhuuuut !" et c'est elle qui passerait pour la chieuse, qui rit fort ET engueule un mec pendant le film), ça me rend dingue, c'est d'une lâcheté !

 

[DestyNova_]

Bonjour!

Est-ce que quelqu'un va à la soirée sur les droits des femmes dans le 13ème finalement?



Sinon niveau "initiative" pour la journée des Droits des femmes j'ai entendu les choses suivantes :

- Julien Doré va prendre l'antenne toute la journée sur ChérieFM (ils précisent qu'ils veulent mettre en avant "les femmes d'exception" lors de cette journée...)

- Pour la première fois MarieClaire met un homme (Vincent Cassel) en une de sa couverture.

C'est complètement wtf comme initiative, comme quoi personne ne comprend l’intérêt de cette "journée DE LA FEMME" (tiens, enlevons le mot "Droits" ça fait peine-à-jouir) et c'est pas les médias qui vont essayer de rattraper le coup. Et puis alors vraiment, le coup de la radio où les femmes ont du mal à percer pour autre choses que pour petre un faire-valoir d'un animateur masculin, mettre un mec toute la journée c'est ... Franchement je ne sais pas combien de fois je peux me facepalmer avant de faire un AVC. Est-ce qu'ils le font exprès?

 

[Etoile d-araignée]

Je suis tombé sur un article, très intéressant, qui montre comment notre vision sexiste et complaisante à l'égard des crimes sexuels a faussé notre lecture de Lolita de Nabokov.
En gros, Nabokov voulait montrer comment, avec un peu de rhétorique, on peut faire passer un crime pour un acte d'amour, et ça a tellement marché que tout le monde a pris le parti d'Humbert, et non celui de Lolita, justement :

http://www.prostitutionetsociete.fr/cultures/divers/l-eternel-detournement-de-dolores?lang=fr


Edit : Tant que j'y suis, je voulais aussi vous faire partager cette liste de livres mêlant science fiction et anti-sexisme.

 

[Denderah]

Haha, si si, c'est sexiste. "Poule" a une connotation "fille sans cervelle", et si ça avait été un mec, il ne l'aurait pas traité de poulet. (Y a même la connotation du genre "poule de luxe", même si là ça n'était pas ça, mais juste pour dire que non, le mot "poule" n'est pas du tout neutre.) Le gars savait très bien que c'était insultant.

Et autant je comprends qu'on puisse être dérangé par des rires dans certains cas (le seul cas où ça me gêne, c'est quand la scène n'a rien d'humoristique et où ça me fait sortir du film en me demandant "mais pourquoi il-elle rit ?!"), autant la majorité du temps, le rire et quelque chose qu'on ne maîtrise pas ! Certains ont un rire sonore, c'est comme ça... Tu t'imagines devoir "étouffer" ton rire quand tu vois une scène qui te fait exploser de rire ? Et de toute façon, ce n'est jamais une excuse pour insulter la personne à voix haute pendant la séance. Si tu es vraiment ultra dérangé, au pire, tu glisses à la personne "excusez-moi, vous pourriez faire un peu moins de bruit SVP ?", mais là clairement, le mec s'est dit "je vais lui foutre la honte en l'insultant à voix haute, ça va lui gâcher le film, ce sera super." @glouns n'a jamais cherché à être désagréable envers qui que ce soit ; le mec, si. En plus, les situations où la personne qui t'agresse sait pertinemment que tu ne peux pas te défendre ou répondre (car en pleine séance, il savait que si elle réagissait, tout le monde allait faire "chhuuuut !" et c'est elle qui passerait pour la chieuse, qui rit fort ET engueule un mec pendant le film), ça me rend dingue, c'est d'une lâcheté !

Désolée, mais autant "poule" a une connotation sexiste dans d'autres contextes, quand il s'agit de faire du bruit indésirable, je trouve que non, ça a plus à voir avec l'analogie du bruit qu'avec le caractère sexisme du mot. Pour preuve qu'on utilise facilement le terme "basse-cour" face à un groupe qui fait trop de bruit. Après, oui ce sont des termes péjoratifs et utilisés pour dénigrer. Mais forcément toujours sexistes, je ne pense pas qu'on puisse l'affirmer sans autres éléments.

Sinon, oui, le gars aurait pu être poli et lui demander de faire moins de bruit.
Mais pour l'avoir expérimenté, tu as plus de chances de te faire rembarrer, et d'être précisément la victime dans ce que tu cites, à savoir la personne agressée par ce que fait l'autre sans pouvoir vraiment réagir. L’incivilité et l'agression, ça fonctionne dans les deux sens.
Peut-être qu'il avait précédemment été poli en d'autres circonstances, et que ça n'avait pas fonctionné. Peut-être que cette fois c'était la fois en trop, que ça lui gâchait le film, et qu'il en a juste eu marre.
Peut-être aussi que c'est vraiment un gros con sexiste.
Mais affirmer qu'il l'est forcément dans ce contexte, moi je trouve que c'est aller un peu vite en déduction.

 

[Ada or ardor]

Je suis tombé sur un article, très intéressant, qui montre comment notre vision sexiste et complaisante à l'égard des crimes sexuels a faussé notre lecture de Lolita de Nabokov.
En gros, Nabokov voulait montrer comment, avec un peu de rhétorique, on peut faire passer un crime pour un acte d'amour, et ça a tellement marché que tout le monde a pris le parti d'Humbert, et non celui de Lolita, justement :

http://www.prostitutionetsociete.fr/cultures/divers/l-eternel-detournement-de-dolores?lang=fr


Edit : Tant que j'y suis, je voulais aussi vous faire partager cette liste de livres mêlant science fiction et anti-sexisme.

Juste pour plussoyer, j'avais lu cet article et il est génial. Lolita a été pendant longtemps mon livre préféré, et quand j'étais ado je l'avais compris comme une histoire d'amour -certes hors normes et "tragique"- et je n'avais pas du tout le recul qu'il faut avoir face à la version de l'histoire que le narrateur utilise pour se donner le beau rôle. Puis .. en grandissant .. j'ai compris. Et je suis restée en colère contre les adaptations cinématographiques (surtout celle de Lyne ) qui reprennent le motif d'une Dolorès Haze séductrice. Sans compter toute la pop culture autour du personnage. Alors que Nabokov a été clair, il a dit que Dolorès est une victime.

 

[-poule-]

Je viens parler d'un livre vraiment pas mal: Mon histoire des femmes de Michelle Perrot, tiré d'une émission à laquelle elle a participé sur France Culture sur l'histoire des femmes. Il est intéressant parce qu'il permet d'aborder facilement la question de l'histoire des femmes. Il dispose en outre d'une très bonne bibliographie ce qui peut-être intéressant. Son seul point négatif est qu'il est plutôt court et que Michelle Perrot ne fait que survoler les différents points qu'elle aborde

Tu pourrais peut-être trouver ton bonheur avec "les femmes ou les silences de l'histoire" qu'elle a également écrit et qui semble traiter du même sujet. En format de poche ça fait une brique de 400 pages écrits en tous petits caractères. Je ne l'ai pas encore commencé mais avec cette taille, il doit y avoir de la matière...

 et à @Heste
J'ai lu Michelle Perrot, mais ma préférée sur l'histoire des femmes, c'est Christine Bard, elle écrit super bien, elle est super claire, un bonheur. "Le féminisme au delà des idées reçues" et "Un siècle d'anti féminisme" sont très très bien. Sinon, dans le genre plus court et super bien, il y a "Histoire des femmes dans la France des XIX et XX siècles", 150 pages, super bien traité aussi.

 

[Sciefer]

Je suis tombée sur cet article (en anglais) qui relate ce que Lily Allen a affirmé dans un magazine : "We're all equal, everyone is equal. Why is there even a conversation about feminism?"

Ça me chagrine et ça m'inquiète parce qu'elle a probablement une certaine influence sur son public en tant qu'artiste.

(Je ne poste jamais mais j'adore vous lire, c'est toujours passionnant )

 

[Seinouille]

@Lucas : tes élèves m'ont mis du beaume au coeur

@ptitbidou : je suis trop dégoutée our toi. J'ai subi ça aussi, et ça m'a travaillé longtemps ces histoires ça ! C'est moche qu'une femme dise cela. C'est déjà chiant que les mecs te mettent la pression, mais quand c'est une femme, c'est encore pire.

Je ne sais pas si ce phénomène a déjà été évoqué ici, mais je trouve qu'une grande partie de nos frustrations dû à du sexisme, ou a une ostracisation quelconque, en particulier le fat-shamming, slut-shaming, provient autant des hommes que des femmes, et je dirais même plus des femmes.

C'est terriblement triste et déprimant comme constat u____u.

@Lu-ciole : Merci pour ce lien où l'auteur a décrit mieux que moi tout ce que je deteste dans le mythe de Lolita. Je le ferais tourner dès qu'on me ressortira "ah non pas touche à ma Lolita" . Lolita = Victime et non The Evil Little Slut ! *va vomir*

Merci aussi pour cette liste de livres de SF ( dont je raffole) , et je commencerai par le premier : La Main gauche de la nuit de Ursula Le Guin. J'ai vraiment hâte de lire celui, car c'est mon thème actuel de recherche : qu'est-ce qu'être un homme et qu'est-ce qu'être une femme?.