kaeloolagrenouille;4660471 a dit :
@
DestyNova
Je suis totalement d'accord avec toi.
Racontage de life on: J'ai essayé 4 pilules différentes, jamais dépassé les trois mois avec aucune d'entre elle parce que je me sentais toujours mal avec - effets secondaires etc et la gynéco du planning familiale me disait toujours que c'était dans ma tête. Voilà. Je pense pas que si un patient lambda prends un traitement et ne le supporte pas on lui répondra ça (pour reprendre ton exemple de patient atteint de diabète). Je me suis vraiment sentie forcée et traité de petite fille capricieuse.
Néanmoins je pense qu'en plus des aspects dont tu as parlé, forts intéressants d'ailleurs, il faudrait mentionner à quel point les industries pharmaceutiques ont bien réussi à joué leur coup. Les gynéco leur mangent dans la main et participent sans même se rendre compte à cette obligation de prendre la pilule (faut aussi penser au business que la pilule génère)- ça m'ébahie toujours qu'on prescrive la pilule pour de l'acné - à des jeunes filles de 14-15 ans qui n'ont même pas forcément commencé leur sexualité et donc ne savent pas forcément comment une bonne libido se traduit - c'est un peu une manière de brider immédiatement leur sexualité.
Enfin pour en revenir à moi, je pense que si je ne m'écoutais pas autant, je serais sous pilule même si ça ne m'irait pas - et souvent je m'en suis voulue d'ailleurs à ne pas arriver à faire pareil que les autres parce qu'on me faisait culpabiliser. Je pense le fait que ma maman n'a jamais pris cette contraception m'a aidé à me conforter dans ce choix d'abandonner la pilule - et tant mieux! J'ai ressenti personnellement comme un combat de me dire libre de choisir ce que je veux pour mon corps - je pense qu'aujourd'hui le combat pour l'appropriation de notre corps reste totalement d'actualité! (parce que si c'est pas la pilule, c'est correspondre à tel canon de beauté etc etc
J'ai aussi rencontré un discours très dur sur la pilule qui s'est un peu assoupli avec le "scandale" Diane 35.
Mais par contre, je n'ai jamais vu de gynéco donc ce n'est pas avec eux que j'ai ressenti des problèmes, plutôt le discours social général autour de ça. La seule gynéco avec qui j'ai discuté pilule, c'était hors cadre pro, à une soirée et c'est vrai qu'elle n'imaginait pas d'alternatives.
Comme je n'ai jamais été dans une relation très sérieuse, je n'ai jamais envisagé de laisser tomber le préservatif, du coup la pilule paraissait moins indispensable et je ne l'ai jamais prise. Je n'en voulais pas, ça me faisait un peur et j'avais plusieurs raisons pour ça :
1) Le fait que j'ai un syndrome pré-menstruel assez fort certains mois et que parfois j'ai des grosses sautes d'humeur donc je me suis dit que j'ai déjà des hormones pas organisées et que Dieu sait ce que ça va me faire de me bourrer d'hormones supplémentaires tous les jours... - bref, je m'estimais trop sensible hormonalement pour la pilule.
2) Le fait que quand je suis des traitements médicaux, ne serait-ce qu'une prise d'antibiotiques, j'ai tendance à oublier assez facilement quand je ne ressens pas de douleur ou à m'en souvenir très longtemps après... Bref, quand je voyais des copines qui devaient prendre leur pilule à l'heure près, je me disais qu'il y avait 75% de chance que je me plante et ça me faisait flipper.
3) Le fait que j'avais entendu plein de récits d'horreurs de mes copines : pertes de cheveux, dépression, perte de libido etc. J'avais peur que ça m'arrive et que ça prenne vraiment du temps à trouver la bonne pour moi avec entretemps des mois de galère.
Donc bien sûr, on m'a répondu plein de choses (notamment cette gynéco en soirée) :
- Il faut trouver la bonne pilule, c'est vraiment des conneries de croire que l'histoire d'une copine doit être généralisée aux pilules en général
- Ce n'est pas à moi de dire au feeling que je suis trop sensible pour la pilule, le médecin est mieux placé pour ça
- Les mauvaises réactions sont très rares
- Tu nous fais une petite hypocondrie là
- Allons ma puce, tu n'as pas 10 ans, tu es responsable, tu sauras bien contrôler une chose aussi importante que la prise régulière de la pilule, n'est-ce pas?
Mais surtout, ce qui m'a marqué, c'étaient les réponses quasi-culpabilisantes que je me recevais A CHAQUE FOIS que j'expliquais pourquoi je ne voulais pas du tout prendre la pilule à moins de n'avoir pas le choix et que certaines sont venues de FEMINISTES! Notamment celles proches du mouvement du Planning Familial.
Les raisons principales étaient les suivantes :
- Les femmes se sont battues pour avoir la pilule, ce que tu dis est un retour en arrière car tu critiques un allié des femmes.
- En prônant ce genre de discours, tu envoies un mauvais message à toutes ces filles qui veulent contrôler leur contraception et dont le partenaire s'en fout (mais dans ce cas-là, c'est pas plutôt leur apprendre qu'elles ont le droit de dire non si on leur refuse le préservatif qu'il faudrait faire??)
- Les filles dont le partenaire n'aime pas le préservatif, elles font comment pour ne pas tomber enceintes?? (idem)
- Le préservatif ne suffit pas pour éliminer tout risque de grossesse et il peut craquer, la pilule c'est plus sûr (en fait non, aucune contraception n'est efficace à 100% et le préservatif est la seule contraception à protéger AUSSI des MST)
- Le préservatif est contraignant, il peut s'oublier facilement (et la pilule??)
En gros, le simple fait de parler de mon manque d'enthousiasme pour la pilule semblait hyper tabou, on me demandait de me taire, on me disait qu'on ne pouvait pas me laisser en parler comme ça car ça envoyait "un mauvais message" sur la contraception.
Ce discours a vachement changé depuis l'histoire de Diane 35 il y a 2 ans mais jusque là, je me faisais sérieusement rabrouer dès que j'ouvrais la bouche sur le sujet alors je n'osais plus en discuter, je me sentais bête et immature de ne pas vouloir la pilule.
Et puis ça me paraissait un peu irrationnel cette obsession pour la pilule "supérieure à toute autre contraception", du style c'est la meilleure chose qu'on peut conseiller à une jeune fille en début de vie sexuelle... Tomber enceinte peut certes poser de gros problèmes mais chopper une MST peut carrément tuer ou handicaper... Donc conseiller la pilule plutôt que le préservatif, je ne comprends pas la logique!
C'est vraiment partir du principe que la femme ne peut pas lutter contre les envies de l'homme et doit donc tout faire seule dans son coin pour éviter de tomber enceinte.
Ce qui en plus déresponsabilise totalement les jeunes hommes : j'ai vraiment été hallucinée du nombre qui préfèrent "zapper le préservatif" dès qu'ils en ont l'occasion, même pour un coup d'un soir en estimant que la pilule suffit pour éviter les ennuis et que si la fille ne la prend pas, c'est sa faute et pas la leur. Ce genre de comportement vient énormément de l'emphase excessive sur la pilule qui était sûrement nécessaire il y a 30 ans mais qui ne devrait plus l'être autant aujourd'hui.
Après, j'ai plein de copines qui sont super contentes avec la pilule et disent ne pas vouloir du préservatif, donc chacun ses préférences mais c'est vrai qu'on insiste de manière démesurée sur la pilule comme si c'était le seul choix responsable!
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Sinon par rapport à la médecine et les femmes, il y a un truc qui me choque beaucoup c'est "le mystère des règles". Je ne comprends pas comment ça peut rester aussi flou pour la médecine. La majorité des femmes ont leurs règles à un moment dans leur vie, ça fait presque 50% de l'Humanité depuis TOUJOURS.
C'est un des événements biologiques les plus courants au monde! Et pourtant, ça reste "mystérieux, inexpliqué" au-delà de son explication procréative.
Les règles douloureuses sont prises avec fatalisme, le syndrome pré-menstruel est très mal connu, et les symptomes autour des règles sont emballés dans un même sac comme si avoir mal au dos, au ventre, être crevée, avoir envie de pleurer, ressentir comme des couteaux dans les seins, avoir la diarrhée, être incontinente, ne plus avoir faim, avoir de la fièvre, tout c'était un seul et même gros symptôme "variable selon les femmes" qu'on peut résumer par "c'est les hormones".