Veille Permanente Sexisme

9 Mars 2013
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La conversation que vous avez sur la sexualité féminine vs masculine me fait penser à cette citation que j'avais lue dans Beauté fatale, de Mona Chollet:

"Ce que les petites filles apprennent, ce n'est pas à désirer les autres mais à désirer être désirées." N. WOLF, The Beauty Myth

J'ai l'impression qu'on refuse aux femmes le fait d'être agentes de leur propre sexualité et de vouloir des relations sexuelles pour elle-mêmes (et non en miroir/en réponse à un désir masculin).

Et cette même passivité se retrouve dans la façon dont on médicalise le corps féminin, je trouve. Je me souviens que la lecture du blog de Martin Winckler ou encore de celui de Borée  m'avait fait un choc : je n'avais pas à me soumettre à un examen gynécologique pratiqué sans lubrifiant, ni à continuer de prendre une pilule qui ne me convenait pas, ni à adhérer à l'idée que se faisait mon médecin d'une bonne sexualité simplement parce qu'il s'agissait d'un médecin et donc forcément d'un expert (qui refusait de poser un stérilet sur nullipare, par ailleurs).
De même : le fait de se désaper complètement dans une salle d'examen froide ne va pas de soi, pas plus que celui de se retrouver sur le dos, jambes écartées dans des étriers (pour un examen comme pour un accouchement: on peut être couchée en chien de fusil pour le premier, assise ou accroupie pour le deuxième...).

Après, je me demande si cela n'est pas à rattacher plus largement au rapport très hiérarchisé patient -soignant que nous avons en France, et qui se fait particulièrement sentir quand le patient est un dominé (parce qu'une femme/ parce que racisé(e)/ parce que peu instruit(e)...).
J'avais entendu parler du fait qu'en Angleterre, la NHS souhaitait inclure d'avantage le patient dans le protocole de soins en lui ouvrant par exemple son dossier médical (et en le rendant donc compréhensible à un non-spécialiste) parce que, tout simplement, un patient informé et actif s'en sortait mieux que quelqu'un qui subissait les soins qu'on lui administrait.

Il paraît souhaitable de faire la même chose en matière de contraception : à ce jour, en France,  il faut tout faire de soi-même pour découvrir quelque chose qui nous convienne pour peu qu'on ne se retrouve pas dans le schéma préservatif puis pilule puis stérilet après accouchement.
 
22 Janvier 2013
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@chompi: Petite sélection d'articles qui peuvent t'intéresser.

http://lesquestionscomposent.fr/attachement-et-autonomie-chez-lenfant/
Là, ça va presque à l'encontre de ce que tu cherches parce que ça met beaucoup en avant la nécessité du lien mère-enfant, mais en précisant que l'adulte référent n'est pas forcément la mère; en tout cas ça donne une bonne base ethnologique sur l'attachement pour après en discuter sous un angle plus féministe.

http://www.crepegeorgette.com/2013/09/12/deconstruction-de-lidee-de-nature-dans-les-rapports-sociaux/#more-6837
Sur l'opposition inné, naturel/ acquis, social.

http://www.crepegeorgette.com/2013/07/10/les-travaux-menagers-et-l%E2%80%99appropriation-des-femmes/#more-6512
Travaux domestiques, éducation des enfants et féminisme.
 
28 Décembre 2012
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anera;4360439 a dit :
Donc voilà, je me demandais comment ça se passait avec votre entourage proche/moins proche quand vous abordez le sujet ? Est-ce que vous êtes entourées de gens assez ouverts sur la question ou plutôt l'inverse ? Le débat est-il toujours possible ou vous vous retrouvez dans le même cas que moi ? Sinon, vous vous y prenez comment ?

Voilà, je suis curieuse de vos réponses :happy:

Je me reconnais bien dans ton message !! Mon entourage est assez imperméable aux idées féministes, et quand il m'arrive de lancer un sujet sur le sexisme etc., en général je me retrouve vraiment seule à bafouiller mes arguments pendant que les autres rient. Ce qui est très difficile, c'est que ce qu'on veut dire va à l'encontre de la culture dans laquelle nos interlocuteurs ont baigné depuis toujours. Nous, on s'est renseignées, on y réfléchit dans notre coin, donc on arrive à sortir du formatage de la société (je ne dis pas qu'on est supérieures ou quoique ce soit hein, je parle bien de ce sujet là précis). Du coup, parler de sexisme à quelqu'un qui ne s'en rend absolument pas compte, c'est hyper déstabilisant pour la personne et c'est presque sûr qu'il va casser tes arguments avec des clichés.

Moi ce que j'aime bien faire quand je ne sais plus quoi dire, c'est dire très fort "ah bah oui voyons, c'est vrai qu'elle a un vagin, donc automatiquement elle aime faire la cuisine" (par exemple) : quand je dis le mot "vagin", les gens en face ont peur (je vous jure!), puis ça les fait rire, et j'ose espérer que quelque part, ils se disent que c'est complètement débile de dire que parce qu'elle a un vagin, alors elle aime faire ci ou ça. Ça marche aussi avec "ah bah oui, t'as un pénis, c'est sûr que du coup t'es trop fort en mécanique". Disons que moi ça me fait tripper et ça fait diminuer mon énervement... :lol: (et j'en reviens jamais, vraiment, de la réaction des gens au mot "vagin").

Mais ce qui est vraiment difficile à mes yeux, c'est par exemple typiquement pour l'exemple du lien maternel avec l'enfant : tout le monde dira que "c'est évident que la mère a un lien particulier avec son enfant" (vs le lien paternel beaucoup moins fort, ben voyons). Sauf que si la mère a ce lien si particulier avec son enfant, c'est avant tout parce que depuis toujours, c'est la femme qui doit être au foyer pour s'occuper de l'enfant pendant que le mari chasse/va au travail. Du coup dans l'imaginaire collectif, c'est toujours la mère qui s'occupe de l'enfant. Et pour réussir à déconstruire ça dans l'esprit des gens, il faut qu'ils acceptent de remettre en cause des milliers d'années d'existence de l'humanité. Sauf que cette même humanité se base sur des principes patriarcaux dans lesquels la femme a moins de droit, moins d'intelligence, moins de force, moins de tout (sauf l'instinct maternel bien sûr). Et c'est là que je trouve ça super difficile de débattre avec des gens fermés sur l'idée du féminisme, parce qu'il faudrait leur faire comprendre en gros que jusqu'à présent, l'humanité a tort (donc c'est très difficile à accepter).

Du coup, moi, de mon côté, je lâche un peu l'affaire sur l'idée de convaincre d'autres gens du bien fondé du féminisme. Je continue à lire des trucs dessus, je me pose des questions, je m'insurge dans ma tête, et surtout j'essaie de modifier mon comportement dans ses aspects sexistes (ne serait-ce que quand je dis à mon copain "tu peux réparer le fil électrique qui a pété là ? Moi je sais pas faire..." parce qu'en soi, lui non plus il sait pas faire, je veux dire il est pas + électricien que moi quoi. Après je me pose la question, pourquoi je réagis comme ça ? Parce que je suis une femme, et que du coup je me dis que je ne suis pas foutue de réparer ça moi-même :facepalm:).
 
3 Mai 2012
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Je ne sais pas si je dois poster ceci sur la veille permanente xénophobie ou sexisme, mais voici une courte lettre ouverte rédigée par Elisabeth Badinter à propos du port de la burqa :

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Mais c'est un sujet que je connais vraiment mal, je peine déjà à comprendre les différentes raisons du port du voile, j'ai donc encore un petit bout de chemin à faire ! Actuellement, j'ai une très mauvaise image de la burqa, mais comme je l'ai dit, c'est un sujet complexe et que je connais vraiment très mal, donc je suis bien loin de me permettre de pouvoir donner un avis.

C'est d'ailleurs en majeure partie pour cela que je le poste ici, peut-être que certaines d'entre vous connaissent plus le sujet et veulent en parler, ou ont un avis sur cette lettre :)
 
22 Janvier 2013
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@cloure: ben moi je trouve que ce texte fait vraiment vraiment très "la France, tu l'aimes ou tu la quittes" quoi... Et très "tapons bien fort sur le sexisme de l'Arabie Saoudite (quelle audace), comme ça on peut à la fois trouver une justification noble à notre islamophobie, et faire oublier le sexisme qu'il y a chez nous."

Pour la méfiance et la peur: effectivement, ne pas voir le visage de la personne que j'ai en face de moi me mettrait un poil mal à l'aise, ça manque de communication non-verbale quoi. Mais je trouve que les gens commencent par dire ça du voile intégral pour ensuite utiliser le même argument pour condamner un simple bout de tissu qui couvre juste les cheveux. Je sais pas vous, mais moi j'envoie assez peu de signaux capillaires à mon interlocuteur...
 
23 Décembre 2012
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20anspasses.wordpress.com
cloure;4364611 a dit :
Je ne sais pas si je dois poster ceci sur la veille permanente xénophobie ou sexisme, mais voici une courte lettre ouverte rédigée par Elisabeth Badinter à propos du port de la burqa :

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Mais c'est un sujet que je connais vraiment mal, je peine déjà à comprendre les différentes raisons du port du voile, j'ai donc encore un petit bout de chemin à faire ! Actuellement, j'ai une très mauvaise image de la burqa, mais comme je l'ai dit, c'est un sujet complexe et que je connais vraiment très mal, donc je suis bien loin de me permettre de pouvoir donner un avis.

C'est d'ailleurs en majeure partie pour cela que je le poste ici, peut-être que certaines d'entre vous connaissent plus le sujet et veulent en parler, ou ont un avis sur cette lettre :)

Alors déjà, ce que je trouve louche c'est que cette lettre qui date de 2009 (en plein coeur de débats sur la loi) a resurgi cet été sur des sites masculinistes ou en rapport avec Israël. Pour moi, ça montre bien que ces propos vont probablement être utilisés dans un autre but que parler de droit des femmes...

Sinon, ça me fait toujours un peu de peine de lire ce genre de lettres parce qu'Elisabeth Badinter est la première féministe dont j'ai lu des bouquins à 14 ans, la première qui m'a vraiment envie de connaitre le mouvement de manière plus théorique. Du coup, sa pensée a eu une énorme influence sur la construction de mon parcours féministe et de ma manière de voir les choses. Mais bon, me découvrir de sérieux désaccords avec elle est aussi intéressant : c'est comme découvrir que ses parents ont aussi des gros défauts ;)

C'est vrai que quand j'étais au lycée, j'étais contre le voile et je pensais tout-à-fait pertinent pour le droit des femmes qu'on l'interdise. A l'époque, il y avait Elisabeth Badinter et d'autres féministes (notamment l'iranienne Chadortt Djavan) qui voulaient qu'on l'interdise (et du coup encore plus la burqa), et ça me paraissait très bien dit.
Depuis, notamment en ayant vécu à l'étranger ou en étant allé à la fac avec un public plus divers, je me suis rendue compte que j'étais tombée à fond dans les clichés et que certains de mes anciens arguments (cités dans l'article) étaient au bord du racisme.
Le style "Si tu ne veux pas faire comme nous, t'as qu'à pas rester", c'est typiquement ce qu'on reproche aux pays qui attaquent les droits de l'homme.

Je trouve ça dommage qu'Elisabeth Badinter soit restée à peu près sur ces positions parce qu'elle a par ailleurs un discours qui prône beaucoup le choix, y compris en matière de travail du sexe. (l'article date de 2009 je le rappelle mais je n'ai pas vu qu'elle était revenue sur ses positions depuis).
Mais j'avais lu dans un des portraits d'elle qu'elle revendiquait le fait de n'avoir "jamais souffert" et d'avoir été toujours privilégiée. Ce qui n'est pas un problème en soi mais je crois que du coup, elle est peut-être aveugle à des perspectives de femmes différentes. C'est une intellectuelle très riche (elle est l'héritière et actionnaire majoritaire d'une grosse boite), mariée à un homme qui a joué un rôle essentiel dans la scène politique française, très amie avec beaucoup de décideurs... Je pense qu'il lui manque une vision plus large du monde que celle qu'elle a en tant que très privilégiée et qu'elle ne l'admet pas totalement.
On est en plein dans le problème du féminisme qui manque de transversalité!
C'est en fait le problème de beaucoup de gens occupant des fonctions influençant les débats publics, en France particulièrement, ils ont une très grande culture, une très fine connaissance théorique des débats, beaucoup de moyens... et ils ont donc l'impression de "comprendre". Or on ne peut pas tout comprendre sans avoir vécu ou au moins été un témoin direct d'un autre mode de vie. Je crois que c'est ce qui manque à Elisabeth Badinter : elle connait très bien les milieux intellectuels parisiens mais est-ce qu'elle connait bien des femmes portant le voile ou la burqa?

Et comme l'ont dit @lenjomineuse et @tessy, sa critique est un peu facile, agressive et pleine de moralisme bon marché, voire de slut-shaming inversé (ça ne me fait pas plaisir de dire ça d'elle mais c'est vrai).

Je me souviens d'une conférence où j'étais allée et où une jeune femme voilée a pris la parole en se revendiquant féministe. Elle expliquait combien ça la blessait qu'on lui parle sur ce ton-là, qu'on la soupçonne de brader sa liberté et son indépendance, parce qu'elle considérait au contraire que son éducation française lui avait donné une immense liberté d'être qui elle voulait et donc de choisir le voile. Elle nous a dit aussi que son choix du voile était en fait le symptôme d'une quête spirituelle personnelle, et qu'elle ne voyait pas en quoi cela entrait en conflit avec son féminisme ou son amour de la France.
Quand j'entends des témoignages comme ça, je trouve très choquant qu'une féministe puisse encore tenir un discours infantilisant et culpabilisant, même s'il ne s'agit plus du voile mais de la burqa.
Comme l'a dit cette jeune fille de la conférence, l'idée du droit des femmes serait surtout de donner la possibilité à toute femme de faire des choix éclairés et prendre en main son destin, pas de les empêcher ou de les forcer à faire des choses au nom d'autres "qui souffrent" et n'ont pas demandé qu'on les honore comme ça!
 
22 Janvier 2013
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Bon, je viens de finir Beauté fatale, que j'avais commencé il y a longtemps et laissé trainer. (pour les nouvelles de la vps, il est dispo ici gratuitement).

Lecture super fort, c'est le moins qu'on puisse dire; faut croire que certaines parties ont eu des résonnances fortes en moi vues que je les ai lues en pleurant...

Comme mon esprit de contradiction n'aime pas le repos, je vais quand même chipoter un tout petit peu sur un point: "S’y ajoutent d’autres éléments concordants, comme l’insistance d’un Molière à tourner en dérision les prétentions intellectuelles des femmes (Les Femmes savantes, Les Précieuses ridicules).".

Ne confondez pas les idéaux de Molière et les concessions au goût de la cour qu'il a du faire pour se faire un public, faire vivre sa troupe, et aussi, ne pas finir sur le bûcher au vu de la violence de son opinion sur la religion. Je pense que c'est à la fois l'auteur le plus célèbre et le plus mal interprété de la littérature française. Donc, plutôt que Les précieuses ridicules, lisez L'école des femmes où il défend ardemment l'idée qu'il vaut mieux épouser une femme intelligente et se retrouver cocu plutôt que passer sa vie avec une idiote. Ou alors [insérez ici le titre de la moitié de ses pièces] où l'héroïne se bat pour choisir elle-même son mari au lieu d'être une oie blanche dont le tuteur dispose à son gré.
 
4 Février 2010
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Paris
Je ne sais pas si ce tumblr a déja été évoqué ici, à vrai dire je ne crois pas l'avoir vu mais il est vrai que je rate quelques trucs parfois donc désolé si vous l'avez déja vu :)

http://the-invisible-men.tumblr.com/

Je ne sais pas quels sont vos avis à toutes sur la prostitution, j'ai le mien et bon de toute façon ce n'est pas le débat mais ce tumblr met en lumière les avis laissés sur des prostituées, c'est assez édifiant de voir comment les hommes en parlent...
Parfois, ca me donne même la nausée...
 
3 Septembre 2011
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Paris
Je voulais avoir votre avis sur cette vidéo, qui vient d'être postée dans un article de MadmoiZelle (super, au passage !) : http://www.ted.com/talks/eve_ensler_embrace_your_inner_girl.html

Je trouve très juste ce que dit Eve Ensler : les caractéristique culturellement considérées comme "féminines" sont constamment dévalorisées. Il ne faut surtout pas montrer de la faiblesse et pour cela, ne pas montrer de l'empathie, ne pas se montrer vulnérable et sujet à l'erreur, ne pas être émotif, ne pas être "trop" gentil, ne pas accorder "trop" d'importance à ce qui a trait à l'amour et autres sentiments, etc. En gros, une personne qui aurait ce type de personnalité, vue comme "girly", serait considérée comme peu intelligente, trop superficielle et inapte au succès. Eve Ensler insiste pour qu'au contraire, ces traits de personnalité soient valorisées : ils permettraient la construction d'un monde meilleur, moins violent, moins égocentrique, etc.
Et je suis tout à fait d'accord avec tout cela.

Je m'interroge en revanche sur son utilisation de l'expression "la fille qui est en nous".
Elle précise bien que cette "fille" se trouve en chacun de nous, homme ou femme.
Mais le terme me semble poser problème. Sa distinction est claire et on comprend qu'elle ne se situe pas dans une perspective essentialiste, mais à force d'user de ce terme genré (je ne parle pas là de son allocution en particulier : je l'ai souvent entendu utilisé pour résumer des éléments culturellement féminins), surtout si c'est fait dans un cadre où on n'a pas le temps de bien expliquer la différence entre essentialisme et constructionnisme, où ça peut être repris ensuite sans précision, l'idée qu'hommes et femmes sont naturellement différents et que certaines caractéristiques appartiennent plus à un sexe qu'à un autre, est renforcée, alors qu'elle est déjà largement répandue.
Ca me gêne d'autant plus qu'à la fin de son intervention, quand elle déclame son texte "I am an emotional creature" la distinction ne me semble plus très claire...

Je ne suis pas sûre non plus d'avoir compris la distinction qu'elle perçoit dans les éducations genrées des filles et des garçons : elle dit que "la fille intérieure" est détruite autant chez les femmes que chez les hommes, puis elle nuance en disant qu'on fait encore plus de mal aux hommes en tuant cette "fille" qu'ils ont en eux.
Je suis d'accord sur le fait que les hommes font l'objet d'une énorme pression pour ne surtout pas montrer la moindre sensibilité (ou bien un peu quand même, parce que ça plaît aux filles, mais que dans les cas extrêmes, et surtout pas trop !).
Mais je pense que justement cette "fille intérieure" dont elle parle, on la valorise énormément chez les filles : on enjoint les femmes (en les éduquant de cette manière, en faisant pression si elles s'écartent de la norme, par les modèles qu'on leur offre) à plaire, à se montrer douce, calme, empathique, etc. Et on les punit en même temps de l'être puisque ce sont les valeurs culturellement masculines qui dominent dans notre société.

Du coup, je me demande comment en sortir, vue qu'il y a à mon sens deux problèmes :
- L'éducation genrée : le fait de rattacher des valeurs différentes en fonction du sexe
- La valorisation des valeurs dites masculines par rapport aux valeurs dites féminines
Et je me demande si régler le second problème fait aussi partie du féminisme.
Parce que si l'on combat :
1) le fait qu'on rattache des valeurs aux genres (but : la douceur, l'empathie, etc. ne seraient plus rattachées au féminin, et la force, la logique, etc. ne serait plus considérées comme masculines, ni culturellement, ni naturellement, sauf dans une perspective historique), 
2) et qu'on prône l'égalité hommes/femmes (du coup, même si pour une raison ou une autre les caractéristiques des hommes et des femmes se trouveraient être statistiquement différentes, on ne valoriserait pas celles des hommes par rapport à celle des femmes).
Alors le fait de valoriser telles ou telles valeurs pour avoir un monde meilleur n'a plus rien à voir avec le genre et le féminisme mais juste avec ce qu'on voudrait pour notre société. Et on tombe dans l'idéalisme où chacun pourrait dire "je pense que le courage est meilleur" ou "je pense que l'écoute de l'autre est meilleur" etc.

Bref, selon vous, doit-on aussi tenter de valoriser les valeurs dites "féminines" au nom du féminisme ? Ou bien simplement démontrer qu'elles sont dévalorisées parce qu'appartenant culturellement aux femmes (dans un autre pays où ces mêmes valeurs seraient conçues comme masculines, elles seraient valorisées) ? Faudrait-il donc combattre la dévalorisation des femmes et non des valeurs féminines ? Il faudrait combattre les valeurs dites masculines ou bien tendre à un équilibre non genré ou bien inciter les femmes à avoir des valeurs dites masculines ? Pensez-vous au contraire que c'est les caractéristiques qu'ont majoritairement les femmes qui les empêchent de réussir ou bien que c'est parce que tout ce qui est considéré comme féminin est mal vu ?
And so on... (je ne suis pas sûre d'être très claire)
 
Dernière édition :
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solemnia;4365461 a dit :
Je ne sais pas si ce tumblr a déja été évoqué ici, à vrai dire je ne crois pas l'avoir vu mais il est vrai que je rate quelques trucs parfois donc désolé si vous l'avez déja vu :)

http://the-invisible-men.tumblr.com/

Je ne sais pas quels sont vos avis à toutes sur la prostitution, j'ai le mien et bon de toute façon ce n'est pas le débat mais ce tumblr met en lumière les avis laissés sur des prostituées, c'est assez édifiant de voir comment les hommes en parlent...
Parfois, ca me donne même la nausée...

C'est un super lien merci!
Bon malheureusement je n'arrive pas à savoir comment les témoignages sont choisis.

Hier sur Libé un article a été publié sur la pénalisation des clients + un portrait d'une jeune fille qui a fait science po pour faire du X et se prostituer.

Évidemment les commentaires disaient que c'était "le plus vieux métier du monde", "un job comme un autre", "utile" et "nécessaire" qui donne "jouissance et plaisir", les femmes qui le font "ont fait ce choix", "elles sont libres", etc. Donc j'essayais d'interroger les gens en leur demandant : si c'est un métier comme un autre qui rapporte bien, pourquoi ce sont à 85% des immigrées, 90% des femmes, dont la moyenne d'âge est de 14 ans qui le font???? Pourquoi si c'est si "banal" *  il n'y a pas plus de chômeurs qui sautent sur l'occasion...

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On me dit qu'elles "aiment ça" et là j'ai souvent du mal à convaincre. Souvent quand on dit que la prostitution choisie c'est une infime partie du visage réel de ce qu'est la prostitution, et qu'il serait donc intéressant de dresser d'autres portraits que celui de la fille qui trouve ça "trop cool"**, on nous accuse de noircir le tableau, de victimiser des femmes qui n'ont pas besoin qu'on les présente comme des filles fragile, etc. etc.

Avec ce tumblr on voit bien que c'est glauque (on voit bien qu'elles n'ont pas envie, on voit bien qu'il n'y a pas toujours de protection, et que les mecs acceptent difficilement quand elles refusent quelque chose, etc), sauf que là c'est l'avis des clients.
(le nombre de filles enceinte au passage o_O)


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saphiah;4366624 a dit :
Je m'interroge en revanche sur son utilisation de l'expression "la fille qui est en nous".
De la façon dont je l'ai perçue (qui reste très subjective), Eve Ensler utilise le mot "fille" pour parler d'un ensemble de comportements qu'on ne valorise pas dans notre société et qui pourraient franchement nous sauver la mise à bien des points. Le fait de ressentir. On nous dit que ressentir, avoir des sentiments forts, se servir de sa compassion, de sa douleur pour se construire en tant qu'individu, d'accepter que nos sentiments soient valides, c'est mal. C'est être une fille. C'est particulièrement visible lorsqu'elle parle de ne pas prendre les choses pour soi je crois. Il n'est pas question ici de l'étiquette girly mais juste d'accepter des émotions qu'on dit féminines (sensibilité, compassion et autres) parce qu'elles nous responsabilisent et nous ancrent dans la réalité.

On nous demande de rationaliser autant que possible et si on ne le fait pas, si on montre une émotion, alors on a deux solutions. Tu es un homme, tu es une fillette, tu es une femme tu as tes règles. Je le rapprocherais en fait de l'expression féministe hystérique, quand une féministe s'énerve après la quinzième bullshit de la journée. On nous demande d'être douces et pédagogues mais uniquement quand ça arrange les oppresseurs.

D'autre part quand tu t'impliques dans un processus émotionnel comme la compassion, que tu vas penser aux autres en tant qu'êtres humains sensibles (il ne s'agit pas de se laisser marcher sur la tête hein) il est plus compliqué de céder à des comportements de type harcèlement. On se sent plus facilement responsable des choses qu'on fait aux autres ou à la planète par exemple.

Le discours d'Eve Ensler me semble plutôt tourner autour des processus de déshumanisation qui profitent largement aux systèmes oppresseurs. En reconnaissant la validité de cette cellule fille (et de tout ce qu'elle est censée contenir), en autorisant les gens à l'utiliser, on résoudrait une grande partie des problèmes (comme les excuses c'est pas moi c'est le système).

Je ne sais pas si j'ai été très claire moi non plus là.
 

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