Veille Permanente Sexisme

23 Décembre 2012
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antigone_;4406532 a dit :
:hello:

L'une d'entre vous a-t-elle lu "Reflets dans un oeil d'homme" de Nancy Huston ?

J'ai pas mal lu sur les gender studies et du coup, j'ai trouvé intéressant de me pencher sur la lecture d'un point de vue différent (ici, l'auteur est plutôt opposée à tout cela, considérant que les gender studies se plantent allègrement et qu'elles ont un côté irresponsable, dangereux) mais je ne parviens pas à me forger une opinion.
D'un côté, je ne connais pas des masses l'auteure (je ne sais pas ce qu'elle 'vaut' intellectuellement, même si je la sais adorée à chaque sortie de romans and co), j'ai tendance à m'étrangler lorsqu'elle sort des énormités (genre : toutes les femmes fragiles ayant un rapport 'biscornu' au sexe l'ont parce que dans l'enfance, le rapport au père était """"anormal"""") mais je la rejoins sur d'autres points (notamment, lorsqu'elle considère irresponsable pour une femme de ne pas tenir compte du contexte et d'au nom de l'égalité, prendre des risques énormes en sortant seule, dévêtue la nuit dans de sales quartiers (tout en le regrettant, hein)), bref je suis paumée.

Ca m'intéresserait d'avoir d'autres opinions :)

Je ne connais pas très bien Nancy Huston mais à chaque fois que je l'ai vue, elle m'a fait penser à une bourgeoise fantasque, issue d'un monde privilégié mais qui se croit ailleurs (ou alors c'est l'image qu'elle veut renvoyer à sa cible, je sais pas).

En tout cas, de ce que tu me dis, je pense que son livre risque d'être très désagréable à lire pour moi. Concernant le point avec lequel tu es d'accord, moi je ne le suis pas du tout et je vais expliquer pourquoi.

C'est vrai qu'on pourrait penser que c'est du bon sens de faire attention à où et comment on sort si on part du principe que les femmes sont souvent en danger et menacées le soir et dans la rue, et surtout plus que les hommes.
SAUF QUE. On en a déjà parlé ici à plusieurs reprises, ce présupposé est faux. Les femmes sont agressées dans des lieux familiers, chez elles (plus de 60% des viols ont lieu chez la victime ou l'agresseur), par des gens qu'elles connaissent, à n'importe quelle heure. Les hommes, en revanche, sont agressés dans la rue et y meurent plus de cause violente que les femmes. Quant à la tenue, toutes les enquêtes sur le viol montre qu'elle est très très rarement un élément déterminant dans le viol, or j'imagine que si Huston évoque les vêtements "dévêtus", c'est que l'agression qu'elle a en tête, c'est le viol.
Ce qui est aussi un cliché de la violence contre les femmes dans la rue car les chiffres des agressions visant les femmes montrent que les viols ne représentent "que" 12% des agressions dans l'espace public d'Ile-de-France où le taux d'agression est globalement plus élevé qu'ailleurs. Ainsi, on a 7 à 8 fois plus de risques de se faire voler un sac ou tabasser que de se faire violer... c'est quoi le rapport avec les fringues du coup?
Si, j'en vois ptete un, ne pas mettre des fringues chères ou se balader avec le dernier IPhone pour ne pas tenter les voleurs en leur montrant qu'on a des choses de valeur sur nous... mais alors pourquoi les conseils sont tournés exclusivement vers les femmes et sur le degré de chair qu'elles montrent? Et pourquoi ne dit-on pas aussi aux hommes d'éviter de se promener seul la nuit ou même de se promener tout court... vu qu'ils ont plus de chances de mourir que nous?

Ensuite, le sujet n'est pas simplement de dire "je suis l'égale des hommes donc je fais tout pareil même si c'est dangereux". Si certaines filles ont ce principe, il y a autre chose derrière.
D'abord, obliger les gens à déconstruire ces clichés. J'habite à l'Ile Maurice où le harcèlement de rue est rarement physique mais très oppressant. J'en ferai peut-être un compte-rendu ici où j'expliquerai comment en quelques mois, cette pression constante a fait baisser ma confiance en moi, m'a poussé à aimer de moins en moins mon corps (à me trouver de moins en moins belle) voire, je le soupçonne, à prendre du poids... Mais ce n'est pas tout-à-fait le sujet donc je passe aux discours sur ce harcèlement.
J'en parlais à un collègue qui m'a répondu "je sais, les hommes mauriciens sont comme ça, c'est pour ça qu'on dit aux filles autour de nous de faire attention". C'est la réponse classique chaque fois qu'une fille se plaint du comportement déplacé d'un garçon "il faut faire attention" avant le "quel connard". A la vue des réactions d'autres collègues (qui semblaient se faire tout petit), j'ai compris qu'ils étaient nombreux à harceler les filles "pour rigoler" tout en expliquant en parallèle à leurs soeurs et copines de ne pas sortir et de se méfier des hommes.
Bref, peut-être qu'ils n'ont pas envie qu'elles subissent ça, mais à force d'entendre "les filles doivent faire attention", ces garçons finissent par penser que c'est aux filles de prendre en charge cette violence et d'y trouver une parade. Quand je soulève ce point, on me répond toujours "les hommes ont des pulsions, ils n'écoutent pas quand on leur dit d'arrêter", ce qui fait que les jeunes garçons entendent ça aussi et croient aussi que ce n'est pas à eux de se bouger pour que ça change.
Quand on dit "les filles ne devraient pas sortir seule, c'est dangereux" au lieu de dire "les hommes ne devraient pas laisser leurs amis se comporter ainsi, c'est irrespectueux", on ne fait que perpétuer une norme qui veut que les filles doivent être moins libres pour leur bien.

Mais soit, imaginons que dans l'immédiat, le monde ne change pas, et qu'il faut bien protéger les filles. Le truc c'est que ces conseils de prudence créent une psychose insidieuse.
En arrivant ici, les gens m'ont gavé de conseils de prudence : "ne rentre pas en taxi seule", "ne va pas à la plage seule", "ne marche pas dans la rue à la nuit tombée (après 17h quoi)", "ferme tous les barreaux de tes fenêtres, verouille la porte à triple-tour et mets l'alarme quand tu vas te coucher car tu vis seule" etc.
Du coup, la peur à commencer à m'habiter, moi qui suis toujours sortie seule à n'importe quelle heure. Rationnellement, je savais que le taux de criminalité est inférieur dans mon quartier que n'importe où ailleurs où j'ai vécu. Mais intimement, j'étais très inquiète. Je n'osais plus sortir seule après 18h, j'hésitais à prendre un taxi pour un trajet de 10 minutes à pied quand je rentrais tard, je déclinais des invitations si le bar était à plus de 15 minutes de chez moi et je demandais qu'on me raccompagne (ce que je n'ai jamais fait avant).
J'ai dû me forcer à reprendre mes habitudes et j'avoue que je me suis sentie bête après car c'est vraiment un quartier tranquille avec des hôtels donc des gens éveillés 24/24 à proximité.
Maintenant, je rentre à 4h du mat sans crainte mais quand j'ai dit à un ami à 20h que je pouvais marcher chez moi, il m'a répondu, les yeux écarquillés : "tu n'as pas peur que quelqu'un soit caché dans un buisson?". Pourquoi quelqu'un irait se cacher dans un buisson à côté de chez moi??? Mais malheureusement, c'est ce que pensent beaucoup de gens "et si jamais... on ne va pas prendre de risques en laissant les filles sortir dehors!".

En gros, cette idée de dire "un peu de bon sens, ne tentez pas le diable", c'est 1) faux, 2) ça donne aux hommes la sensation qu'ils n'ont rien à faire contre ça personnellement, 3) ça limite la liberté des femmes et les encourage à rester chez elles, 4) ça entretient un climat de psychose.
Aussi, derrière tout cela, il y a l'idée que la pire agression possible est un viol parce que quand on parle de vêtements et de femmes, c'est l'obsession du viol qu'on a.
C'est plus dramatique que sa fille se fasse violer plutôt que son fils se fasse mutiler ou tuer. Il vaut mieux vivre recluse ou accompagnée d'un chaperon que de prendre un risque limité d'être violée dans la rue. Toute cette échelle de valeur entretient l'idée qu'un viol est un crime que la société veut éviter parce qu'il attire la honte sur la femme, qu'il la défait de son honneur. Un viol c'est pire que tout parce qu'on est "tâchée" à vie... Or ce type de raisonnement fait beaucoup de mal aux victimes et beaucoup de mal à la lutte contre le viol parce qu'il en fait un tabou qu'on préfère taire.

En gros, je validerais cette idée de "du bon sens" si tu connais les statistiques de viol de nuit en pleine rue dans le quartier où tu passes et que, forte de cette connaissance, tu décidais de prendre des précautions appropriées.

Malheureusement, les gens se basent rarement sur des faits concrets mais plutôt sur l'émotion et les préjugés quand ils tiennent ce genre de discours.
 
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antigone_;4406532 a dit :
:hello:

L'une d'entre vous a-t-elle lu "Reflets dans un oeil d'homme" de Nancy Huston ?

J'ai pas mal lu sur les gender studies et du coup, j'ai trouvé intéressant de me pencher sur la lecture d'un point de vue différent (ici, l'auteur est plutôt opposée à tout cela, considérant que les gender studies se plantent allègrement et qu'elles ont un côté irresponsable, dangereux) mais je ne parviens pas à me forger une opinion.
D'un côté, je ne connais pas des masses l'auteure (je ne sais pas ce qu'elle 'vaut' intellectuellement, même si je la sais adorée à chaque sortie de romans and co), j'ai tendance à m'étrangler lorsqu'elle sort des énormités (genre : toutes les femmes fragiles ayant un rapport 'biscornu' au sexe l'ont parce que dans l'enfance, le rapport au père était """"anormal"""") mais je la rejoins sur d'autres points (notamment, lorsqu'elle considère irresponsable pour une femme de ne pas tenir compte du contexte et d'au nom de l'égalité, prendre des risques énormes en sortant seule, dévêtue la nuit dans de sales quartiers (tout en le regrettant, hein)), bref je suis paumée.

Ca m'intéresserait d'avoir d'autres opinions :)
Ce qui me gêne le plus là-dedans est le mot "irresponsable" et tout le jugement moral que ça implique. Supposons que je sorte le soir en mini-jupe et rentre seule chez moi alors que je vis dans un quartier généralement jugé craignos (scoop: j'ai fait ça régulièrement pendant un an). Mes risques d'être violée ne sont pas si élevés que ça, pour les raisons expliquées par @morganegirly. Par contre, en effet, les risques de me faire siffler/emmerder sont plus importants que si je portais un pantalon et rentrais avec un homme. Bon, et si je décide que c'est pas une raison pour me priver de sortir/mettre des jupes, je ne pense pas que Nancy Huston se fasse harceler par ma faute, les conséquences c'est uniquement moi qui les assume, donc elle n'a pas à me taxer d'irresponsable. J'ai le droit de décider toute seule si j'accorde assez d'importance aux remarques des mecs qui tiennent les murs pour vouloir limiter mes déplacements par leur faute. Et dans mon cas, la réponse est non, absolument pas.

Ah, et en fait: j'ai jamais eu à me plaindre d'aggressions, même verbales, en rentrant seule tard le soir. Le simple fait d'adresser un signe de tête et un "bonsoir" poli aux gens que tu croises, ça suffit souvent à désamorcer un échange violent avant même qu'il n'ait commencé.
 
18 Septembre 2011
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Metz
Je viens de voir un reportage dans le JT de France 2 sur le sexisme à l'assemblée. Apparemment, alors qu'une députée intervenait hier soir sur la réforme des retraites, un député UMP aurait "caqueté" (oui oui, comme une poule) à plusieurs reprises malgré que la députée qui avait la parole s'est interrompue pour lui faire une remarque et que le président de l'assemblée ait rappelé le député à l'ordre.
Défense de l'UMP: "euh ouais d'accord c'était nul de faire ça, mais pas pire que le bras d'honneur de tel élu de gauche à tel élu de droite"...On se serait cru dans une de mes classes de 6ème. C'est lamentable!
 
7 Novembre 2012
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mamiecaro;4406195 a dit :
ce qui est ridicule puisque le cunni existe depuis bieeeen longemps, et que pendant des siècles, personne ne disait "beurk j'ai le nez dans les poils, rase-moi tout ça, souillon".
Oui, c'est ce que je voulais dire. Qu'en gros, la pratique du cunni dont parle le prof n'est pas celle qui se pratiquait (et se pratique encore vu que toute les femmes ne sont pas intégralement épilés). Le marketing a créé un besoin et une "nouvelle vision" du sexe. Or comme on en parle plus, qu'il y a une libération à ce niveau, j'ai l'impression que s'épiler le maillot devient un jeu de séductions, au même titre que les dessous sexy, ou les sexe toys. C'est un peu le serpent qui se mord la queue mais pour moi le marketing a créer un besoin, qui a créé de nouvelles pratiques sexuelles, qui en se démocratisant font le jeu du marketing qui essai d'en profiter pour en faire la norme.
Après oui je sais pas s'il pensait aussi loin, mais même sans ça sa remarque montre bien qu'il parle d'une pratique du cunni qui est pas la même que celle d'il y a des siècles.
 
23 Décembre 2012
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mamiecaro;4406866 a dit :
@morganegirly : MERCI, j'avais pas le courage de me relancer dans cette explication, et tu l'as fait avec brio !
Je me suis dit aussi que t'avais pas le courage quand j'ai vu ta réponse bien plus courte que d'habitude mais qui n'en disait pas moins ;)

antigone_;4406871 a dit :
A la base, j'ai acheté son bouquin parce qu'il est enfin sorti en poche et que je considère qu'il n'est jamais mauvais de se confronter à des opinions différentes que celles que l'on défend. Je ne voudrais pas, au final, me sentir bernée parce que je ne me serais biberonnée qu'au féministe constructiviste, par exemple. Je précise que jusqu'à aujourd'hui, c'est celui dont je me sens la plus proche.

Rationnellement, je comprends/connais et rejoins tes arguments. C'est d'ailleurs quelque chose qui me chiffonne depuis longtemps, parce que j'ai l'impression d'être hypocrite, du coup. Je défends l'idée que les risques encourus par les femmes sont parfois amplifiés, dans le but de nous enfermer un peu plus, je sais également que les viols et diverses agressions sexuelles sont majoritairement le fait du conjoint/d'un membre de la famille ou du cercle amical.
Il n'empêche que la nuit, dans de nombreux endroits, je ne suis pas à l'aise. Je ne pense pas qu'aux viols lorsque je parle d'agression (et en lisant Huston, je crois qu'elle englobe aussi la façon désagréable dont on peut être regardées, les agressions verbales, le jeu de pouvoir etc que ne subissent pas tellement les hommes) mais d'agression en général : insultes, dragues lourdes, ceux qui s'amusent à faire peur et j'en passe.

Si je prends l'exemple de la ville dans laquelle j'étudie, il est de notoriété publique que prendre le métro le soir, pour un homme, c'est risqué, pour une femme, suicidaire.
Qu'on s'entende bien : je trouve ça scandaleux, je rêve de trouver le moyen de changer les choses, et de participer à ce changement. Mais si je pouvais rester vivante et non violée, ça m'arrangerait aussi. Dans ce sens, je rejoins Huston quand elle dit que les gender studies qui se "contentent" de dire : "hommes/femmes, tout est construit, réapproprions nous la rue sans tenir compte du contexte" sont irresponsables. Je ne sais pas si je suis claire ?

Intellectuellement, je pense qu'effectivement, les trois/quart des différences H/F sont construites. Ca ne m'empêche pas de craindre certains lieux, où je suis continuellement agressée (jusque là, verbalement et un 'simple' tirage de vêtements - aha, voilà à quoi j'en suis réduite : en être soulagée- pas physiquement) par des inconnus, toujours masculins, en groupe, qui jouent du contexte, justement.

Après, lire Huston m'intéressait car j'espérais trouver des réponses d'une féministe (je crois qu'elle a été plutôt radicale par le passé) qui se penche sur la biologie. Mais elle fait trop de généralités, ça manque de sources et de nuances, d'où mes interrogations ici :)

Je trouve que c'est une bonne démarche de lire d'autres courants. C'est important de remettre en cause les concepts du féminisme en permanence, même les plus évidents : ce n'est pas parce qu'ils sont très bien reçus qu'ils sont paroles d'Evangile, bien sûr ;)
J'essaye de le faire aussi mais j'avoue qu'en matière de féminisme, ya vraiment des trucs, JE PEUX PAS lol.
Ceci dit, j'en ai déjà parlé mais une de mes idoles d'adolescente c'était Elizabeth Badinter mais j'ai un peu "tué la mère" depuis :cretin:. Elle a clairement orienté une grande partie de ma réflexion et pendant longtemps, c'était ma Bible... Mais depuis, voilà, j'ai accepté de lire autre chose, de m'en détacher partiellement et ça a fait progresser ma pensée!

Ensuite pour revenir au sujet, quand tu dis que tu n'es pas à l'aise et que tu adoptes des comportements d'évitement face au harcèlement, je comprends parfaitement.
Il fait 30° chez moi et je me trimballe en jean-basket polaire à longueur de journée alors que mon armoire déborde de mini-jupes que je ne mets JAMAIS. C'est mon comportement d'évitement : dans l'espoir de réduire le harcèlement, je choisis d'adopter certaines tenues trop couvrantes.
Par contre, je ne considère pas que je fais un choix "sûr" ou "responsable". Je fais ça parce que j'ai pas le courage et la force d'affronter les remarques et les regards (qui sont là de toute façon mais psychologiquement, je me sens moins livrée en pâture avec les jambes couvertes). C'est mon choix personnel, un peu par défaut d'ailleurs et ça fait des mois que j'espère trouver le courage de remettre des vêtements courts.
Je n'irais jamais dire que c'est une "erreur du féminisme" que d'encourager des filles à faire l'inverse de moi ou qu'elles se mettent en danger, qu'elles ne sont pas responsables.
Le harcèlement de rue est psychologiquement et symboliquement violent, moins souvent physiquement, et dans de nombreux cas certainement pas susceptible de te mettre en "danger".
Donc je ne vois pas de quoi se mêle Nancy Huston à dire que les filles ne devraient pas faire ça, que c'est "irresponsable". C'est quoi son problème? Si une fille a le courage d'affronter les insultes et les regards salaces, en quoi elle prend "des risques énormes"? Pourquoi on cherche à empêcher les femmes de réagir, à les pousser à rester passive et invisible sous prétexte que "ça pourrait éventuellement mal tourner" alors qu'on encourage les hommes à tenir tête? C'est quoi la différence d'horreur dans ce qui peut leur arriver, si ce n'est pas la menace du viol qui préoccupe tant les donneurs de conseils?

Quand tu dis "c'est de notoriété publique que c'est dangereux", ça veut dire quoi "de notoriété publique"?
Parce que parfois, la notoriété publique n'est pas si fiable ;)

Ensuite "réapproprions-nous la rue sans tenir du contexte" me parait être une lecture faussée du discours sur l'espace public. L'idée n'est pas de balancer les filles dans la rue en leur disant "allez les meufs, il suffit de marcher pour que les mains au cul régressent!" mais d'éduquer les hommes et les femmes à admettre que l'espace public est à tout le monde et qu'il peut être utilisé sans devoir se justifier ou s'excuser.
Et ça passe aussi par encourager les filles à sortir, à montrer que c'est aussi leur territoire. Et si je peux me permettre, pas besoin des conseils de Nancy Huston pour être sûre que les filles qui iront se promener dans la rue la bouche en fleur au nom du féminisme là où les insultes pleuvent et les tripotages sont légions, il y en a relativement peu parce que nous sommes bien peu à être capables de tolérer ça bien longtemps... Donc encore une fois, merci à ceux qui disent doctement "allons allons, n'oublions pas le contexte" car le contexte, on est loin de l'oublier, on le subit tous les jours et les gender studies en sont justement très conscientes!

EDIT : Je viens de voir que tu as précisé pour @Tessy. ça change un peu l'orientation de ma réponse mais pas entièrement. Disons que les gender studies n'encouragent pas les filles à se mettre en danger parce que si on parle de "danger", il est en grande partie fantasmé.
Et sinon je pense que @Tessy ne cherchait pas à te culpabiliser mais à démontrer que le harcèlement n'est pas un danger mortel puisque dans la plupart des cas, il n'y a pas de passage à l'acte. Cela n'empêche pas qu'on puisse se sentir oppressée et agressée.

Et c'est marrant parce que pour moi, Nancy Huston était avant tout une romancière chouchoute des intellos parisiens branchés et pas spécialement une féministe :confused:
 
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Sur le débat des genders studies qui poussent les jeunes femmes à se mettre potentiellement en danger, honnêtement, je commencerais à prendre au sérieux ce genre de déclaration quand on s'inquiètera aussi de ces jeunes hommes inconscients qui osent sortir après minuit.

Et les homos qui se tiennent par la main dans la rue, ne seraient-ils pas aussi "irresponsables" à ce compte-là ?

Bref, je suis comme @morganegirly : lire des critiques du féminisme qui sont intéressantes, oui, mais une pensée qui dit "les gender studies c'est dangereux", je dis non. Les études qui essayent de décortiquer la société, ça ne peut être "dangereux" que si on n'a pas envie de savoir ce qui risque d'en ressortir.
 
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antigone_;4407476 a dit :
tessy;4407271 a dit :
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L'une d'entre vous a-t-elle lu "Reflets dans un oeil d'homme" de Nancy Huston ?

J'ai pas mal lu sur les gender studies et du coup, j'ai trouvé intéressant de me pencher sur la lecture d'un point de vue différent (ici, l'auteur est plutôt opposée à tout cela, considérant que les gender studies se plantent allègrement et qu'elles ont un côté irresponsable, dangereux) mais je ne parviens pas à me forger une opinion.
D'un côté, je ne connais pas des masses l'auteure (je ne sais pas ce qu'elle 'vaut' intellectuellement, même si je la sais adorée à chaque sortie de romans and co), j'ai tendance à m'étrangler lorsqu'elle sort des énormités (genre : toutes les femmes fragiles ayant un rapport 'biscornu' au sexe l'ont parce que dans l'enfance, le rapport au père était """"anormal"""") mais je la rejoins sur d'autres points (notamment, lorsqu'elle considère irresponsable pour une femme de ne pas tenir compte du contexte et d'au nom de l'égalité, prendre des risques énormes en sortant seule, dévêtue la nuit dans de sales quartiers (tout en le regrettant, hein)), bref je suis paumée.

Ca m'intéresserait d'avoir d'autres opinions :)
Ce qui me gêne le plus là-dedans est le mot "irresponsable" et tout le jugement moral que ça implique. Supposons que je sorte le soir en mini-jupe et rentre seule chez moi alors que je vis dans un quartier généralement jugé craignos (scoop: j'ai fait ça régulièrement pendant un an). Mes risques d'être violée ne sont pas si élevés que ça, pour les raisons expliquées par @morganegirly. Par contre, en effet, les risques de me faire siffler/emmerder sont plus importants que si je portais un pantalon et rentrais avec un homme. Bon, et si je décide que c'est pas une raison pour me priver de sortir/mettre des jupes, je ne pense pas que Nancy Huston se fasse harceler par ma faute, les conséquences c'est uniquement moi qui les assume, donc elle n'a pas à me taxer d'irresponsable. J'ai le droit de décider toute seule si j'accorde assez d'importance aux remarques des mecs qui tiennent les murs pour vouloir limiter mes déplacements par leur faute. Et dans mon cas, la réponse est non, absolument pas.

Ah, et en fait: j'ai jamais eu à me plaindre d'aggressions, même verbales, en rentrant seule tard le soir. Le simple fait d'adresser un signe de tête et un "bonsoir" poli aux gens que tu croises, ça suffit souvent à désamorcer un échange violent avant même qu'il n'ait commencé.

Je précise qu'elle ne dit pas que les femmes qui sortent tard le soir (ou font un tas d'autres trucs dont elle parle dans le bouquin) sont irresponsables. Elle dit que les genders studies, en décrétant qu'homme = femme, que tout est construit, sont irresponsables parce qu'incitent les femmes à se mettre potentiellement en danger.

Je comprends mieux comme ça, mais je continue à désapprouver cette thèse: les gender studies, il me semble, ne nous apprennent pas qu'une femme=une homme dans la société actuelle. Elles nous apprennent comment se construisent des différences bien réelles, et comprendre est la première étape pour savoir s'en protéger. Comprendre pourquoi on te harcèle parfois dans la rue, être persuadée que personne n'en a le droit quel que soit ta tenue, savoir que l'éducation des filles nous donne trop rarement les armes pour s'en défendre source 1; source 2; tout ça, ça t'aide à te protéger. Il y a bien sur des limites, des situations où quand les gens sont vraiment décidés à agresser la première personne qui passe, parfois, tu peux pas esquiver et tu peux préférer ne pas être la personne qui passera par là. Mais le plus important dans tout ça, ça reste la notion de choix éclairé.
 
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lady-l;4408229 a dit :

"Le député sera privé d'un quart de son indemnité parlementaire pendant un mois"

Eh, Philippe Le Ray...

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