Polanski n'a pas le statut de réfugié du tout. Le statut de réfugié est très précis :
"Le terme de réfugié s'applique à toute personne craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays; ou qui, si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels évènements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner"
Tu ne peux donc pas être réfugié dans ton propre pays. Or, Polanski a la nationalité française et polonaise et il peut circuler librement dans ces deux pays. De plus, la France n'a pas pour habitude de considérer les Etats-Unis comme un pays peu démocratique donc elle n'a pas raison de craindre que Polanski soit "persécuté" pour une opinion politique puisque le problème est un crime reconnu et donc même s'il n'était pas français, il n'aurait pas le statut de réfugié.
La France refuse d'extrader un ressortissant français vers les US, ce qui se fait fréquemment. Les pays protègent parfois leurs propres ressortissants de l'extradition,le choix d'extrader un ressortissant est généralement politique, une façon de montrer une bonne volonté envers le pays demandeur ou de montrer une fermeté particulière sur un sujet.
Habituellement, les pays ont des politiques d'extradition et théoriquement, la France refuse l'extradition vers des pays où la personne concernée serait exposée à un risque de torture ou de peine de mort, ou une peine pire que ce qui existe en France, mais ici, ce n'est pas le cas de Polanski (ça peut arriver dans certains cas concernant l'extradition vers les US puisque ce pays applique la peine de mort).
Après dans les faits, la France ne respecte plus trop ses principes d'extradition et de protection des réfugiés depuis un moment puisqu'elle n'hésite pas à renvoyer des étrangers vers des pays qui les torturent, les persécutent et pratiquent la peine de mort donc bon.
Le droit international dépend presque exclusivement de la bonne volonté des pays qui y adhèrent. Donc en gros, si un pays ne veut pas appliquer une demande internationale, personne ne peut l'y forcer sans entrer en guerre et prendre possession du pays. D'autres pays peuvent faire pression (pression économique, sanctions internationales, refus de satisfaire certaines coopérations, etc.) pour que le pays "rebelle" applique un point de droit international, mais le pays ne va pas forcément céder, et dans ce cas, tu ne peux pas faire grand-chose de plus que d'essayer d'autres pressions qui ne marcheront pas forcément si tu ne veux pas entrer en guerre. C'est pour ça qu'une pression n'est pas toujours exercée quand un pays ne répond pas à ses obligations internationales car ça peut être risqué politiquement pour un pays d'essayer de faire preuve d'autorité si l'autre en face ne fléchit pas.
Dans le cas de Polanski et d'Interpol, la France a choisi de ne pas livrer Polanski à Interpol et les Etats-Unis ne font pas vraiment pression sur elle pour qu'elle change de position (ce serait extrêmement risqué politiquement de se mettre à dos la France juste pour Polanski), donc ça en reste là. Après, ça pourrait changer un jour si par exemple, la France veut quelqu'un aux Etats-Unis et que les Etats-Unis disent "ah ben non, vous nous avez pas donné Polanski", si cette personne est très importante pour la France, elle pourrait envisager de livrer Polanski, mais ça serait politiquement très casse-gueule vu que ça fait 40 ans qu'elle le protège, donc peu de chance que ça arrive prochainement.
En plus dans le cas d'Interpol, il ne s'agit pas réellement d'une obligation internationale. C'est plus un pays qui dit "je recherche cet individu, coopérez avec moi SVP" et les autres pays qui décident ou non s'ils jugent cette demande valide. Donc la France a tout à fait le droit de considérer que l'extradition de Polanski n'est pas justifiée.
Bref, tout est une question de relations diplomatiques et de politique dans ce genre de cas. Si un jour, un gouvernement décide de montrer que sa priorité, c'est mettre fin à l'impunité des violeurs, il pourra proposer l'extradition de Polanski mais ce sera vraiment un choix très fort que d'extrader un Français très soutenu pour défendre cette cause, et il demandera sûrement des garanties des Etats-Unis que Polanski ne soit pas exposé à certaines peines trop dures.