Il saisit le papier blanc froissé empli de lignes d'écriture, le reposa. Mais pourquoi avait-il choisi ce sujet, quand ce matin, son prof de lettres modernes avait demandé à sa classe d'effectuer une présentation pour le lendemain sur un thème d'actualité ?
Il avait choisi l'IVG.
Pour lui, cela allait de soi qu'une femme devait pouvoir faire ses propres choix concernant son corps. Mais ce que le prof n'avait pas précisé, sans quoi l'exercice aurait été trop aisé, c'est que l'exposé devrait supporter la thèse inverse, en s'appuyant sur un document imposé.
Jean chercha à se motiver. La tasse de thé qu'il avait avalée, il y a une heure, gisait inerte sur son bureau. Après sa dure journée estudiantine, il n'avait même pas eu le courage de se lever pour la déposer dans l'évier, qui débordait déjà de vaisselle depuis plusieurs jours, à l'approche de ses partiels.
Il reprit le journal que lui avait attribué le professeur. Pour se motiver, il commença par lire la BD en bas de la Une. Cela commençait bien : une blague salace prétendait que les femmes étaient incapables de prendre des décisions responsables.
Sérieusement, se demanda Jean ; qui pouvait bien écrire ce tissu d'âneries ?
Luttant pour ne pas refermer d'un coupe sec le journal qui commençait à se déchirer autour des plis du papier, il chercha la critique que le prof lui avait indiquée.
Il la lut rapidement en diagonale. L'article était plein de contradictions et de préjugés sexistes.
Rien que la lecture de cet article lui tordait les entrailles. Un mois plus tôt, il avait dû accompagner sa petite amie dans une clinique. Quand elle lui avait appris qu'elle était enceinte, il avait été un moment sous le choc : certes, à leur âge ils n'avaient pas les moyens d'élever un enfant, mais aussi étrange que cela puisse paraître, il avait toujours voulu avoir des petits bouts de chou à câliner, le soir en rentrant du travail. Si la journée de travail était plutôt une journée étudiante, qu'est-ce que cela pouvait bien changer ?
Mais son amie, Clara, n'avait pas eu le même avis. Elle venait d'un quartier difficile, où elle croisait souvent des filles-mères, et elle pouvait constater leur difficultés au quotidien. Elle avait décidé d'avorter.
Jean n'avait pas compris tout de suite ; mais comme il tenait à Clara plus que tout, il l'avait laissée faire son choix et l'avait accompagnée, soutenue jusqu'à la fin de ce moment difficile.
Et là aujourd'hui, il était là : un stylo posé sur sa copie vierge, à se demander ce qu'il allait bien pouvoir écrire à partir de ce document sexiste et anti-progressiste.
Voilà voilà, vous en pensez quoi ?
Il avait choisi l'IVG.
Pour lui, cela allait de soi qu'une femme devait pouvoir faire ses propres choix concernant son corps. Mais ce que le prof n'avait pas précisé, sans quoi l'exercice aurait été trop aisé, c'est que l'exposé devrait supporter la thèse inverse, en s'appuyant sur un document imposé.
Jean chercha à se motiver. La tasse de thé qu'il avait avalée, il y a une heure, gisait inerte sur son bureau. Après sa dure journée estudiantine, il n'avait même pas eu le courage de se lever pour la déposer dans l'évier, qui débordait déjà de vaisselle depuis plusieurs jours, à l'approche de ses partiels.
Il reprit le journal que lui avait attribué le professeur. Pour se motiver, il commença par lire la BD en bas de la Une. Cela commençait bien : une blague salace prétendait que les femmes étaient incapables de prendre des décisions responsables.
Sérieusement, se demanda Jean ; qui pouvait bien écrire ce tissu d'âneries ?
Luttant pour ne pas refermer d'un coupe sec le journal qui commençait à se déchirer autour des plis du papier, il chercha la critique que le prof lui avait indiquée.
Il la lut rapidement en diagonale. L'article était plein de contradictions et de préjugés sexistes.
Rien que la lecture de cet article lui tordait les entrailles. Un mois plus tôt, il avait dû accompagner sa petite amie dans une clinique. Quand elle lui avait appris qu'elle était enceinte, il avait été un moment sous le choc : certes, à leur âge ils n'avaient pas les moyens d'élever un enfant, mais aussi étrange que cela puisse paraître, il avait toujours voulu avoir des petits bouts de chou à câliner, le soir en rentrant du travail. Si la journée de travail était plutôt une journée étudiante, qu'est-ce que cela pouvait bien changer ?
Mais son amie, Clara, n'avait pas eu le même avis. Elle venait d'un quartier difficile, où elle croisait souvent des filles-mères, et elle pouvait constater leur difficultés au quotidien. Elle avait décidé d'avorter.
Jean n'avait pas compris tout de suite ; mais comme il tenait à Clara plus que tout, il l'avait laissée faire son choix et l'avait accompagnée, soutenue jusqu'à la fin de ce moment difficile.
Et là aujourd'hui, il était là : un stylo posé sur sa copie vierge, à se demander ce qu'il allait bien pouvoir écrire à partir de ce document sexiste et anti-progressiste.
Voilà voilà, vous en pensez quoi ?