@annecat51 Anne-Catherine ? C'est Simone. Je te fais un énorme câlin.
Je vis à Bruxelles et je suis encore sous le choc. C'était facile de se distancer avec les attentats à l'aéroport, mais celui à la station de métro, putain. C'est une ligne que mes parents, mes amis et moi prenons tout le temps, j'ai des amis qui passent plusieurs fois par jour par cette station. L'idée que ça aurait pu être l'un d'eux dans cette rame de métro me fait froid dans le dos, c'est atroce. Je n'ose même pas imaginer ce que les proches des victimes ressentent.
Hier, une connaissance recherchait son frère. Plus d'une centaine de personnes ont partagé son post sur Facebook. Je me souviens du soulagement collectif quand on a eu des nouvelles, quand on a su qu'il était à l'hôpital.
Ce matin j'ai appris qu'il était mort. Je le connaissais pas, je ne lui ai jamais parlé, mais il était dans ma vie. On était dans la même école, je le voyais dans les couloirs où on s'est peut être bousculés, je l'ai vu jouer sur scène au côté de mes amis, je connaissais son frère, avec qui j'ai eu des conversations et échangé des rires. Souffrir avec le reste de Bruxelles et la Belgique est déjà horrible et quand quelqu'un de son petit monde est touché, c'est un choc en plus. Chaque publication Facebook d'un journal où je vois son visage, à la vue de tout le pays, est comme une gifle. Ils ne méritaient pas ça, ni lui, ni ses proches, personne ne méritait ça. Comment est-ce qu'on peut en arriver à tuer des innocents, et de sang froid qui plus est ?
Malgré ça, j'ai encore du mal à réaliser la gravité des ces évènements. Quand c'était à Paris, je ressentais une indignation profonde et une immense tristesse, parce que je me rendais compte à quel point c'était grave. Maintenant, il n'y a que quand je vois les tweets et instas de gens à l'autre bout du monde, avec leur prières et hashtags, et les photos de bâtiments illuminés de nos couleurs, que je me rends vraiment compte que c'est comme pour Paris. C'est tellement irréel de penser que quelque chose d'aussi grave nous arrive, que ça
puisse nous arriver. C'est comme un mauvais rêve.
Aujourd'hui je n'ai pas peur de vivre ma vie. Au contraire, j'ai envie de sortir, pour me sentir vivante et pour leur montrer que tout ce qu'ils font, toute cette violence, ne les fera pas gagner, loin de là.
Mais j'ai peur que d'autres gens aient peur de vivre, que la terreur règne. D'un point de vue plus pratique, j'ai peur pour les commerces et restaurants. Paris a déjà été un coup dur pour eux, là l'impact que ça aura sur leurs vies est encore plus grand.
J'ai peur de l'amalgame, que plus de cons mettent les musulmans dans le même panier, alors que la religion n'est qu'une lamentable excuse servant à masquer leur violence sous une "noble" cause. Les musulmans sont ici des victimes, ils seront encore plus victimes de la discrimination, on les regardera comme des suspects, des criminels. Et c'est exactement ce que les terroristes veulent.
En plus de cela, je suis dégoûtée que des ignorants osent encore blâmer les réfugiés, alors que c'est exactement ce qu'ils fuient. Ca me donne envie de vomir.
Mes larmes et mon amour vont à tous les proches des victimes et tous ceux qui vont à présent vivre dans la peur. D'un autre côté, la solidarité dont font preuve les gens me réchauffe le coeur et me redonne foi en l'humanité. Merci à tous ceux qui ont tendu les bras et envoient des messages d'amour !
Nous sommes plus forts que quelques petits lâches. Nous nous avons le rire, le respect et l'amour, et c'est infiniment plus puissant que la haine (dixit Dumbledore) et les armes.