J'ai lu
Les jardins statuaires de Jacques Abeille, un livre pas très connu qui mériterait de l'être bien plus...
Ce livre est d'une beauté incroyable, probablement un des plus poétiques et stupéfiant que j'ai jamais lu de ma vie. Je ne sais pas bien comment en parler en étant à la hauteur de l'émotion que j'ai ressenti en le lisant.
On y suit un voyageur, dont on ne sait rien, ni qui il est, ni d'où il vient, ni comment il est arrivé là. Ce voyageur arrive dans la province des jardins statuaires, une contrée composée d'une multitude de domaines où poussent des statues. Les habitants du lieu, les jardiniers, se dédient à cette culture particulière. Le voyageur découvre ce pays et on le découvre avec lui au fil des pages. Avec ses questions, son regard sur cette civilisation libéré des carcans des traditions, le voyageur interroge ce pays et son fonctionnement, notamment sur la ségrégation des femmes qui sont invisibles partout où il va. Pendant des pages et des pages, il ne se passe rien d'autre que cette visite et ces questionnements, on a l'impression de lire une étude anthropologique qui serait superbement écrite, quoi que de façon étonnamment désuète.
Puis apparaît une menace, dans le peuple des "barbares" nomades qui vit au nord de ces contrées, ou peut-être dans la personne seule du voyageur étranger... Et le vieux monde que nous venons de rencontrer si longuement se retrouve au bord du gouffre.
C'est une livre magnifique, qui parle de civilisations en déclin, du poids des traditions. Qui parle aussi de création artistique, et de la vanité des choses, sans doute. j'en suis ressortie avec un sentiment de mélancolie, de tristesse douce et de solitude.
C'est le premier tome d'un "Cycle des contrées", dont j'ai hâte de lire la suite. Et j'espère que j'aurais donné envie à certaines d'entre vous de le lire.