J'ai commencé
Les Thibault de Roger Martin du Gard (une longue saga en 5 tomes). Gide a dédié les
Faux Monnayeurs à R. Martin du Gard et je comprends pourquoi, dès la première page la ressemblance est flagrante : adolescent qui découvre son homosexualité dans le milieu bourgeois parisien, d'un côté catholique, de l'autre protestant, tentation de l'Algérie et de ses éphèbes, tout y est... Ca me plaît beaucoup.
Néanmoins, j'avais envie d'un roman prenant et efficace, du coup je me suis tournée vers une de mes valeurs sûres et j'ai acheté
Je suis vivant et vous êtes morts d'Emmanuel Carrère. Il s'agit d'une sorte de biographie de Philip K. Dick. Pour moi, une bonne biographie donne envie de laisser tomber la lecture pour se (re)plonger dans l'oeuvre de l'auteur dont il est question, et on peut dire que ça fonctionne. C'est aussi très bien fichu car j'ai lu deux romans de Philip K. Dick (
Coulez mes larmes, dit le policier (top dix des meilleurs titres de roman non ?) et
Ubik) et ça m'avait mise mal à l'aise, à un point... Et là, la narration de Carrère qui reprend les codes de la SF telle que Dick la pratique ajoutée aux résumés des romans de ce dernier, ça me fait le même effet, je me sens horriblement mal en lisant et j'en fais des cauchemars... C'est vraiment stupide, j'en viens à regarder mon chat d'un mauvais oeil, genre "est-ce qu'il ne ferait pas lui aussi partie d'un grand complot visant à m'éliminer ?"
Plus sérieusement, je suis assez insensible au suspens, à l'horreur, enfin ça me fait l'effet escompté mais sans plus, mais la science fiction bien menée comme celle de Dick, pas avec les petits bonhommes verts mais avec la paranoïa, les complots, l'univers inquiétant,
das Unheimliche comme dirait Freud, le quotidien qui échappe ou qui devient de manière infime mais récurrente incohérent, c'est juste beaucoup trop pour mon esprit rationnel qui flippe complètement
.
Bon, quoi qu'il en soit, Carrère, bien qu'il n'ait pas un style à tomber par terre, a vraiment l'art de la narration et de la construction romanesque, j'ai du mal à lâcher ses livres avant la fin quand je les commence.
Ah et j'ai aussi commencé la biographie de Camus,
Une vie, écrite par Emmanuel Todd, qui va m'occuper un moment puisqu'elle fait quand même mille pages mais... Camus quoi. L'enfance m'a moyennement intéressée car il a cherché l'essentiel de ses renseignements dans Le premier homme que j'ai lu, mais j'en suis à ses vingt ans là, et c'est super intéressant.