Personnellement j'ai voulu intégrer l'ISM de Laval l'an dernier (donc pr 2010-2012). Mon dossier était top (j'avais fait des stages en librairie sur mes vacances scolaires), lors de la réunion avec quelques futures apprenties on a fait un test de culture littéraire et j'avais presque tout bon (du coup j'étais gênée pdt la correction de voir que je connaissais et répondais à presque tout, alors que les autres, non), et lors de la rencontre en privée avec la "prof principale", elle m'a dit que j'avais toutes mes chances de trouver une librairie.
Malheureusement on était déjà fin mai (au départ je comptais faire une Licence Pro métiers du livre et au dernier mmt j'ai découvert l'ISM de Laval), bref, j'ai galéré pour trouver une librairie, et c'est pas faute d'avoir démarcher dans ma ville, dans mon département, dans les grandes villes de l'Ouest qui m'intéressait et même à Paris, j'ai envoyé CV + lettre de motivation, j'ai téléphoné deux semaines après pour avoir une réponse (je déteste téléphoner), j'ai envoyé des mails quand ça ne répondait pas... Je me suis donnée à fond là-dedans (alors que je venais de me faire larguer par un mec super lâche après 3 mois de relation, donc j'étais pas en forme mais je me démenais vraiment pour m'en sortir et trouver une librairie.)
MAIS, je n'ai été prise nulle part. Dans ma ville, j'aurais pu avoir une place dans une librairie où j'avais fait un stage pendant 2 semaines, seulement leur apprenti (pas tellement intéressé par la vente de livres mais bon...) s'est résigné à bosser pour eux encore un an, plutôt que de changer d'orientation comme il m'avait dit qu'il le ferait.
Dans une autre librairie, je suis arrivée trop tard parce qu'ils avaient pris un apprenti-vendeur (donc le mec n'avait absolument rien à voir avec les livres, la littérature, bref pas un passionné comme moi), donc j'étais super dégoûtée.
J'ai eu 4 entretiens, un à Rambouillet, chez un libraire pédant (qui disait lire 500 livres par an... sachant qu'il n'y a que 365 jours dans une année j'ai du mal à y croire) et du genre à piéger, tester le candidat, c'était mon premier entretien et c'était affreux, je me suis sentie très mal à l'aise pendant les deux heures d'entretien. Un échec cuisant.
J'ai eu un second entretien près de Rennes, la libraire a été honnête, je faisais partie des deux personnes qu'elle retenait, seulement le gars qui était passé avant moi avait 25 ans et donc c'était la dernière année où il pouvait postuler à l'ISM de Laval donc elle a préféré lui donner sa chance à lui plutôt qu'à moi.
Début août 2010, j'ai eu un entretien dans une librairie à Alençon, le mec était cool, mais m'a clairement dit qu'il valait mieux que je finisse ma licence. Sympa... mais je pense qu'il disait ça en connaissance de cause, puisqu'il m'a parlé de ses enfants et de leur avenir... blablabla, ça tenait la route.
Et pour finir, le dernier entretien qu'on m'a proposé, je l'ai annulé au dernier moment (comme une connasse oui oui), parce que c'était dans un coin paumé de la Bretagne, que c'était un Espace Culturel (et que pour moi ce n'est pas ça ma conception de la librairie) et qu'ils ont malheureusement tendance à prendre des gens en BTS vente qui n'en ont rien à faire des bouquins (oui je sais c'est contradictoire, j'aurais dû y aller, vu comme le mec étant pressant je pense qu'il m'aurait prise quoiqu'il arrive, mais bon j'ai mes principes...) et je dois avouer qu'à ce moment-là j'étais avec mon ex, toute heureuse, et je pensais plutôt soit rester dans ma ville (voir plus bas pourquoi), soit être prise qq part à Paris pour envisager l'avenir avec lui là-bas puisqu'il pensait trouver du taf plutôt à Paris qu'ailleurs (au final il n'en a toujours pas hin hin hin - rire mesquin-)
La prof de l'ISM de Laval est restée en contact mail avec moi tout l'été, et pour ça, je trouve ça carrément sympa et agréable d'être soutenue. Seulement malgré tous mes efforts (et ses efforts à elle, de m'orienter vers des libraires qu'elle connaissait, ou dont elle savait qu'il cherchait qqn) je n'ai pas été prise.
J'ai eu un soupçon d'espoir quand fin août, une librairie BD de ma ville m'a dit que leur futur apprenti ne s'était pas manifesté de l'été et qu'ils n'avaient pas encore eu son contrat de travail à signer, et que si jamais ce silence se continuait, ils reviendraient vers moi, pour m'engager. C'était ma dernière chance, j'avais été les voir plusieurs fois pendant l'été (mon ex vivait en face de leur librairie donc c'était pratique), et ils avaient pu constater ma motivation, mon sérieux, et donc ils ne comptaient pas me faire passer d'entretien. Mais voilà, leur apprenti s'est manifesté au dernier moment et donc je n'ai plus eu aucun espoir d'être prise quelque part.
J'ai dû me résoudre à suivre mon plan B, retourner en fac et obtenir ma licence. Sauf que les choses ne se passent pas comme prévu, je ne suis pas retournée en fac, j'ai fait une dépression, et j'ai remis clairement mon orientation en question.
Pourquoi voulais-je être libraire ? par passion pour les livres ? ok, mais on peut être passionnée par les livres sans en faire son métier. Je me suis aussi dit que mes stages m'avaient permis de voir que c'était un métier ingrat : on passe son temps à transporter des bouquins, à faire des inventaires (même si j'adore ça), on se casse le dos à longueur de journée, et quand on est dans une grande librairie, autant dire qu'on fait du sport (avec tous les escaliers), renvoyer les livres à la maison d'édition c'est super chiant aussi, faut vérifier depuis quand le livre est en rayon, décoller toutes les étiquettes, mettre ça dans le logiciel, etc, et c'est super mal rémunéré pour tout ce travail. Et c'est la première chose qu'on m'a dite quand j'ai fait mes stages. Tu peux pas espérer une grande carrière, parce que tu touches un peu plus du SMIC. Alors oui c'est un argument qui peut paraître vénal, mais c'est la réalité. Sans compter, qu'avec les Ipad, et autres livres numériques, le livre papier va se vendre de moins en moins bien (déjà que ça a été le cas à cause de la crise : le budget livre d'une famille fait partie du budget culture et quand on est ric-rac c'est ce budget-là qu'on élimine en premier). Donc voilà, j'ai passé une petite période à Pôle Emploi, et être au chômage quand on n'a jamais travaillé de sa vie, qu'on n'a pas d'expérience ce n'est pas drôle du tout, c'est démoralisant, et faut voir que le secteur du livre n'est plus porteur d'avenir. Les librairies ferment les unes après les autres, les grandes surfaces, ou Fnac engagent des BTS vente et prennent le monopole (lire la BD de Leslie Plée "Moi vivant vous n'aurez jamais de pause") , quelle chance avons-nous d'être prises même si on a un Brevet Professionnel de Libraire ?
Je dépeins les mauvais côtés mais il faut y réfléchir aussi, le métier de libraire va évoluer, il n'est plus le métier "génial" qu'on peut s'imaginer. Je ne compte pas en décourager certaines, mais je souhaite montrer la réalité de la chose. Y'a peu d'avenir dans ce secteur et moi je ne veux pas être une victime de cette réduction de personnel qui aime réellement les livres.
(et désolée pour ce super long post, c'est important de dire que même en voulant être apprenti on galère pour trouver - et souvent à cause le crise - donc le ministère de l'Emploi qui fait des pubs pour promouvoir l'apprentissage, va peut-être falloir songer à revoir ça et donner les moyens aux petites et moyennes entreprises d'engager des apprentis !)