La question du secours des migrants en mer est encore un exemple flagrant de comment on scie la branche sur laquelle on est assis quand on bafoue les droits humains de certains groupes.
Le droit de la mer repose sur des principes très anciens, en partie une sorte de code de l'honneur des anciens marins, qui impose à tout bateau en mer de porter secours à n'importe quelle autre embarcation en détresse qu'il croise, peu importe son pays et ses priorités. Il est ensuite tenu de débarquer les personnes en détresse dans un port sûr. Ce droit de la mer est absolument fondamental pour protéger la vie en mer, et c'est pour ça qu'il est très ancien. La navigation est une pratique extrêmement dangereuse par nature, et ce danger, s'il peut être réduit, ne pourra jamais être supprimé car la mer est imprévisible. Par conséquent, c'est absolument vital que quand on part en mer, on sache qu'on trouvera assistance auprès de n'importe quel autre bateau, même si c'est un bateau d'une nation dont on n'est pas très proche, et que ce bateau pourra nous ramener à bon port. C'est presque un principe sacré.
Du coup, voir des Etats européens qui découragent les bateaux d'aller porter secours à des embarcations en détresse (certains équipages ont été arrêtés et placés en détention pour être aller sauver des vies en mer) et des Etats européens refuser d'accueillir les personnes qui ont été recueillies, c'est déjà très grave sur le point de vue des droits humains, mais aussi lourd de conséquence pour n'importe quelle personne qui compte un jour mettre les pieds sur un bateau, que ce soit pour voyager, pour ses loisirs, pour son travail ou pour commercer.
Le fait que la population ne se révolte pas plus face à cette violation de principes vitaux pour tout le monde montre bien à quel point la déshumanisation des étrangers et des migrants va de pair avec une désensibilisation générale qui nous conduit petit à petit à un grignotage des droits de tout le monde, y compris de ceux qui ne veulent pas accueillir les migrants en détresse.